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Publié dans : #matiere a reflexion

GAUCHE : PAS D’ACHARNEMENT THERAPEUTIQUE

 « La Gauche est morte »... doit-on crier « vive la Gauche » ? Nombreuses et nombreux seraient, après s’être lamenté comme il se doit, tenté-e-s de le faire. Pourtant s’ouvre devant nous une occasion exceptionnelle de faire le bilan de près d’un siècle d’erreur stratégique et de trahison en matière de changement social, et de poser une problématique nouvelle en rupture avec les erreurs du passé.

UN BILAN HISTORIQUEMENT DESASTREUX

Quand on regarde, avec le recul de l’Histoire, l’histoire de la Gauche on ne peut que faire un constat plus que nuancé de son action.

La défense des « travailleurs » - La Gauche a joué un rôle extrêmement ambigu. Il faut cependant distinguer deux situations :

- dans l’opposition : la Gauche s’est toujours présentée comme le « fer de lance » du progrès social. Elle s’est quasi systématiquement opposé à tout ce qui allait dans le sens de la régression sociale. Elle a toujours eu soucis d’incarner l’« espoir pour les plus humbles » et la morale dans l’action politique.
- au pouvoir - la Gauche a pris des mesures, ou plutôt adopté des réformes, incontestablement progressistes allant dans le sens de l’amélioration du pouvoir d’achat, de la réduction du temps de travail... elle a toujours dans les premiers temps de son accession au pouvoir donné à croire que ses promesses seraient tenues (Front Populaire, Libération, Mitterrand). Les choses se sont ensuite très rapidement dégradées... et ce au nom d’un « réalisme politique » qui consistait, du moins dans un second temps, à proclamer que « tout n’était pas possible », puis enfin, à faire carrément une politique digne de la Droite (4e République et Mitterrand). La tare essentielle de la Gauche est d’avoir fait croire qu’elle pouvait-être le moteur du changement social, l’instrument du passage d’un système d’exploitation, « le salariat », à un système de non-exploitation... alors qu’elle n’a fait que gérer le système.

Toutes les composantes de la Gauche ont eu cette dérive, avec des rythmes différents, des discours différents, des références différentes, une intensité différente, mais la conséquence a toujours été la même, leurs intérêts, au-delà de tous les discours de dénégation, sont devenus celui du système marchand. La structure même de la pratique politique des organisations de Gauche a abouti aux mêmes aberrations que celles des partis de la Droite : constitution d’une bureaucratie coupée de la réalité sociale.

Tous ces partis, ces organisations, qui à un moment donné de leur histoire se sont proclamés les instruments d’une politique de changement sont devenus des bureaucraties qui n’ont eu de cesse que de se reproduire, de prospérer et de défendre les intérêts de leurs membres. Le système, dans son ensemble, a très bien joué en favorisant, dans ses propres institutions la formation de ses gestionnaires, pompeusement proclamés « élites ». Ainsi, l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) a formé, et forme, le prototype même du gestionnaire du système marchand, produisant, par delà les valeurs et les idéologies, des individus qui font de la rationalité marchande la seule philosophie de la pratique politique. La gestion de la cité a été confisquée au citoyen par cette technocratie... l’appartenance à la Droite ou à la Gauche n’étant qu’un superflu idéologique.

Tous les partis de Gauche se sont rapidement « coulés » dans les institutions du système, investissant les différentes assemblées et jouant parfaitement le jeu pervers et manipulatoire de la représentation parlementaire qui a confisqué toute initiative citoyenne.... Allant jusqu’à cautionner, par exemple,une assemblée telle que le Sénat, véritable lieu de rente pour politiciens et leurs partis et parasite de la démocratie. Le pouvoir a été exercé par la Gauche avec la même morgue et les mêmes dérives qu’avec la Droite : détournement de fonds, trafic d’influence, népotisme, affaires troubles, écoutes téléphoniques, complicité avec le monde des affaires, mensonges, secrets, fonds secrets, politiques coloniales et néo-coloniales, marketing politique, promesses non tenues, complicité avec des chefs d’Etat criminels, impunité judiciaire, manipulation de l’information,...

La gauche n’a pas été pire que la Droite, elle a été comme elle au point qu’aujourd’hui on ne voit plus très bien la différence, dans les comportements et même dans les projets politiques. Le seule grande différence c’est que la Gauche a pu faire passer (grâce à son discours pseudo progressiste et sa complicité avec les syndicats), sans heurts, des mesures que la Droite n’aurait pas osé.

Qu’il y ait eu dans la Gauche des femmes et des hommes sincères dans leurs convictions et leur tentative d’action en faveur du changement, c’est probable et même certain... mais en l’absence d’une démission (rares sont celles et ceux qui sont allés jusque là), ils se sont rendus complices du bilan. Qu’il y ait eu, et qu’il y ait, de parfaits cyniques, manipulateurs et arrivistes qui ont profité du pouvoir c’est également probable et même certain...

Il ne reste aujourd’hui plus à la Gauche qu’une référence historique, celle qui relate l’époque où sa « défense des exploités » constituait alors son projet politique. C’est d’ailleurs par l’évocation de cette période qu’elle essaye de continuer à faire encore illusion.... Mais l’artifice est usé et le masque tombe. La Gauche n’a jamais envisagé, jamais favorisé, ni même créé, les conditions du changement social. Le modèle d’action politique qu’elle propose en vue d’un hypothétique « changement » n’est qu’un leurre qui permet simplement la gestion et la reproduction du système marchand.

Le bilan est globalement négatif... Tous les acquis sociaux, sans exception, a laquelle elle a contribué, souvent sous la pression populaire, sont aujourd’hui menacés.(voir l’article « ACQUIS SOCIAUX : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS ! »). Historiquement il s’agit d’une faillite.

LES NOUVEAUX « ARCHITECTES »

Que faire face à une telle situation ? Les « repreneurs » de l’affaire ne manquent pas.

D’abord au sein même de la Gauche, celles et ceux qui mesurent lucidement l’ampleur du désastre, dont ils sont d’ailleurs responsables, essaient de sauver leurs meubles :

- Au sein du PS : certains veulent rénover l’édifice vermoulu en lui insufflant de nouvelles idées et en promouvant une nouvelle bureaucratie au look plus avenant... on leur souhaite bien du plaisir.

- Le PCF : brisé par la disparition du grand frère soviétique, sa compromission et sa collaboration dans la gestion du système, essaye, tout en tentant de faire oublier son passé, d’apparaître comme novateur... qui peut croire à un tel miracle ?

- Les Verts, aussitôt créés, aussitôt compromis, ont toutes les peines du monde à se débarrasser de leur image de collaborateurs, incompétents et arrivistes. Ces deux dernières organisations essayent frénétiquement d’utiliser le mouvement social pour se construire une nouvelle virginité politique.

En dehors de la Gauche, principalement la LCR qui, quoi qu’avec un discours radical n’offre véritablement comme seule issue que... les élections et s’apprête, après son aventure sans lendemain avec LO, à passer compromis avec les débris du PCF.

Toutes ces organisations nous concoctent, avec des variantes il est vrai, la même logique qui nous conduit au désastre et qui peut se résumer à peu près à : « votez pour nous et vous allez voir ce que vous allez voir ». En effet en dehors de « voter », rien, aucune perspective sauf pour la LCR la « lutte » (terme vague, essentiellement propagandiste et sans aucun contenu stratégique).

POUR UNE NOUVELLE PROBLEMATIQUE

Le risque qui nous guette est en fait de reproduire le schéma classique de l’action politique et qui peut se résumer : construire une organisation et voter pour elle aux prochaines élections. C’est très exactement le piège que nous tend le système marchand depuis son avènement et qui, politiquement, a tout fait pour que cette logique n’aboutisse à... aucun changement... et il a parfaitement réussi jusqu’à présent.

Il ne s’agit donc pas de ranimer ou de ressusciter une Gauche qui a totalement failli, non pas pour la punir... le problème n’est pas là, mais parce que sa logique est une logique absurde et stérile dans le domaine du changement social. et politique.

Reconstruire la Gauche serait recommencer les erreurs que nous avons déjà commises : construire une organisation, permettre à une bureaucratie de se créer, de s’installer, de s’intégrer à l’appareil de l’Etat et le jour où nos représentants sont élus ils ne font... rien ou pas grand-chose. Or, les organisations déjà citées nous entraînent inévitablement sur cette pente. De plus, et l’Histoire nous l’enseigne, ce n’est pas de la sorte que les choses changent.

Le changement ne se fait pas spontanément par une simple volonté, aussi sincère et authentique soit-elle (ce qui n’est pas toujours le cas), mais par la mise en place d’une alternative en matière de rapports sociaux. En effet, une fois le pouvoir pris, que va-t-il se passer ?... c’est généralement là que les choses se gâtent.(voir l’article « TRANSITION »)

L’urgence est donc, non pas les prochaines élections... qui n’apporteront rien, que l’on y soit ou pas, mais la mise en place d’une nouvelle problématique de fonctionnement économique.

Il s’agit non seulement de s’interroger sur le modèle de production et de distribution des richesses produites, mais de concrètement expérimenter et pratiquer des relations sociales nouvelles par le développement de « circuits courts » dans le domaine de la distribution, un rapport différent producteur-consommateur, et travailler à la généralisation de ces rapports.

Ces pratiques qui seront modestes au début, pourront s’étendre, constituer un véritable tissu social et économique alternatif. La fédération de ces actions doit fonder la nouvelle pratique politique. Alors, mais alors seulement, l’organisation politique , et ce sans préjuger de sa forme, prendra tout son sens.

Une occasion historique se présente désormais à nous. Evitons de reproduire les erreurs du passé. Ne nous laissons pas bercer par les vaines promesses qui nous ont conduit là où nous en sommes aujourd’hui. Sachons et ayons le courage de rompre avec les devins et diseurs de bonnes aventures politiques. Sachons tirer les leçons du passé et de comprendre comment fonctionne l’Histoire.

30 décembre 2004                                                                 Patrick MIGNARD

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DELEGATION DE POUVOIR ET DEMOCRATIE

Critique de la démocratie représentative et perspectives pour une nouvelle démocratie

Le fonctionnement actuel et même passé de notre système politique, basé sur la délégation de pouvoir est une caricature de fonctionnement démocratique. La confiance qui devrait exister en l’élu-e et le citoyen n’existe quasiment plus. La situation est tellement dégradée que nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui refusent désormais la pratique de la délégation de pouvoir... se ralliant pour certains à une conception libertaire de démocratie directe, voire pour nombre d’entre elles à un désintéressement des affaires publiques. Pourtant, si le constat est exact, la réponse est loin d’être évidente.

Ce repli sur des positions de principes, tels ceux de la démocratie - directe et de l’autogestion, qui ont pour but de préserver l’intégrité de pensée de chaque individu est tout à fait honorable et compréhensible. Cependant proclamer le principe de la « non délégation » comme la solution absolue et définitive au fonctionnement politique n’est pas, concrètement simple à réaliser ? En effet, dans toutes les époques de l’Histoire et en particulier celles au cours desquelles le fonctionnement démocratique de la collectivité a été « le plus démocratique qu’il soit »... en particulier l’Espagne des collectivités rurales. En 1936-37, le recours à une certaine délégation de pouvoir a été nécessaire.

PRINCIPES THEORIQUES ET CONTRAINTES PRATIQUES

« Que votre OUI soit OUI, que votre NON soit NON ». Ce principe de base de tout fonctionnement démocratique n’est pas simple à appliquer. Pourquoi ? Tout simplement, si l’on peut dire, parce que matériellement on ne peut consulter tout le monde à tout instant. Ceci n’est évidemment pas vrai pour de petites collectivités, mais dès que le nombre de participants augmente, le problème des modalités de la consultation se pose. Il est apparu logique, et ça l’est, de contourner cette difficulté en ayant recours au système de « représentation » : on délègue son pouvoir à une personne en laquelle on a confiance. Cette personne va bien entendu concentrer dans ses propres mains, le pouvoir (délégué) de plusieurs personnes et donc acquérir une légitimité (elle sera l’expression de ces personnes)... lui conférant ainsi un pouvoir dépassant celui de chaque personne qui lui a fait confiance.

Cette situation est-elle dangereuse ? Certainement, et même lourde de risque de dérives, ne serait que parce qu’il y a concentration de pouvoir en une seule personne... d’où risque d’abus, d’autonomisation et donc violation de la confiance de l’autre, de celle ou celui qui a délégué. C’est d’ailleurs cette dérive là qui a atteint la « représentation parlementaire » au point d’en faire une caricature de démocratie.

Cette dérive prend la forme d’une « confiscation démocratique du pouvoir »... c’est exactement ce que nous vivons dans les « pays démocratiques » ou l’accès au pouvoir est verrouillé par une bureaucratie politique qui s’assure de toute impossibilité de changement politique.

Cette situation est reconnue par le plus grand nombre mais faute de trouver/proposer un autre système et devant l’impossibilité d’organiser, par la voie légale, un contrôle et une limitation des mandats (jamais les élus en place ne l’accepteront... et pour cause) elle perdure en se dégradant.

Le recours à la « démocratie directe » qui éviterait toutes ces dérives est préconisée par certain. Une telle conception est bien sûr combattue par les profiteurs du système en place. Elle ne rencontre cependant pas de nombreux échos en dehors de la classe politique et inspire plutôt le scepticisme et la méfiance. Pourquoi ? Par ce que l’on ne voit pas très bien, du fait de la configuration de notre société comment on pourrait rendre opérationnel un tel système et d’autre part le système marchand se satisfait parfaitement de ce mode de fonctionnement.

Autrement dit, en l’absence d’un changement radical de notre mode d’existence sociale et d’une remise en question des rapports sociaux actuels, on ne voit pas très bien comment peut s’améliorer un système dit démocratique qui ne satisfait plus une bonne partie de la population résignée et fataliste.

RAPPORTS DE PRODUCTION ET FONCTIONNEMENT POLITIQUE

Bien évidemment, le problème du fonctionnement de la démocratie et en particulier du système d’exercice du pouvoir n’est pas qu’un problème technique, n’est pas qu’un problème d’organisation. Il est lié à la nature du rapport social qui le sous-tend.

Le rapport marchand est un rapport fondamentalement inégalitaire (voir l’article LOGIQUE MARCHANDE OU LOGIQUE SOCIALE : FAUT CHOISIR !) qui ne saurait survivre à un fonctionnement véritablement démocratique de la société. De même que le système féodal ne pourrait fonctionner avec un système politique tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il y a donc un lien entre « nature du rapport de production » et « forme de l’organisation politique de la société ». Il est donc illusoire de vouloir changer en profondeur le fonctionnement politique du système marchand. Ceci ne veut évidemment pas dire qu’il ne faille pas être vigilant sur la défense et la préservation d’un certain nombre d’acquis (liberté d’expression,...).

La disponibilité en temps du citoyen joue également un rôle important dans l’exercice de la démocratie. Une population indisponible, manquant de temps, obligée d’être au travail une bonne partie de la journée aura tendance à « déléguer » son pouvoir à des représentants qui feront « fonctionner la société ». Or la présence au travail, l’organisation du travail, le partage du travail n’est pas un problème technique, il est avant tout et essentiellement un problème d’organisation économique et sociale, un problème politique surtout dans notre société ou les capacités de production ont atteint un niveau susceptible, à la fois de répondre aux besoins humains et libérer les femmes et les hommes d’un certain nombre de tâches.

La classe politique a donc tout intérêt à ce que la majorité de la population soit « occupée » afin de se réserver le monopole de l’exercice du politique. Bien évidemment les choses ne sont jamais présentées de la sorte, et l’incitation au travail est justifiée par un soit disant impératif à produire toujours plus ( ???)... logique dont on sait ce qu’elle donne (voir l’article « LA CROISSANCE ? QUELLE CROISSANCE ? »)

UNE NOUVELLE PRATIQUE SOCIALE POUR UNE NOUVELLE PRATIQUE POLITIQUE

Ce n’est donc pas à partir d’une amélioration, une réforme du système politique actuel que l’on pourra mettre en place un système véritablement démocratique.

Tous les discours officiels sur la « modernisation de la démocratie » ne sont que des aménagements de circonstances en vue de donner l’illusion d’un accroissement du pouvoir des citoyen-ne-s... on sait ce qu’il en est dans les faits.

Le véritable fonctionnement démocratique ne peut se faire que sur une base constituée de rapports de production qui ne seront pas fondés sur l’instrumentalisation de l’individu, mais dans lesquels, la concertation tiendra lieu de principe de fonctionnement. Cette condition, si elle est nécessaire n’est cependant pas tout à fait suffisante. Au moins deux autres conditions doivent être réalisées :

- constituer de petites unités de vie pour éviter toute concentration de pouvoir... ce qui ne veut, bien entendu, pas dire une vie autarcique de ces unités,
- mise en place d’un système de délégation temporelle de pouvoir, non renouvelable et en permanence sous contrôle. C’est donc à un bouleversement complet de la manière de produire, de consommer, de se déplacer que nous devons procéder pour établir une véritable démocratie. (voir l’article « TRANSITION »). Alors la délégation de pouvoir apparaîtra non plus comme une pratique perverse, ce qu’elle est aujourd’hui, mais une commodité de fonctionnement politique ainsi qu’un véritable engagement citoyen de chacune et chacun.

Certain-e-s trouveront dans cette perspective un brin d’utopie... pourquoi pas ? Encore que cela paraisse utopique en référence au système dans lequel nous vivons actuellement. Cette perspective n’est pas plus utopique que celle qui aurait consisté à parler de liberté syndicale à des esclaves de l’Antiquité.

10 décembre 2004                                                               Patrick MIGNARD

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L’HEURE DES CHOIX

Le référendum sur la Constitution Européenne au sein du PS a au moins l’avantage de la clarté : il clarifie la philosophie politique de ce parti. C’est le choix du libéralisme qui a été fait. Cette situation clarifie également le débat politique et va redistribuer les cartes sur l’échiquier politique.

Le double discours dans lequel se complaisait le PS entre social et libéralisme n’a plus lieu d’être. Ce référendum interne nous fourni une nouvelle grille de lecture.

DITS ET NON DITS

La victoire du « oui » au référendum au sein du PS a probablement d’autres raisons que la simple adhésion des militants à l’option libérale du texte de la Constitution. Dans tout parti largement bureaucratisé, les conflits de pouvoir et les ambitions personnelles ont joué un rôle non négligeable dans la décision de celles et ceux qui se sont exprimés. Les perspectives de l’élection présidentielle et le choix à venir du candidat du parti n’étaient certainement pas absents des esprits... la personnalité du leader du « non », libéral notoire, a joué à coup sûr un rôle.

La victoire du « oui » au PS ancre, en dépit de tout cela, ce parti dans la grande mouvance libérale de la construction européenne. Celles et ceux qui osaient espérer une singularité du PS dans la dérive libérale de la social démocratie européenne, en sont pour leur frais. Le PS a rejoint cette mouvance et s’apprête, au côté des partis les plus conservateurs, de nous construire une Europe du capital dont nous voyons déjà les dégâts.

Le PS va-t-il une nouvelle fois nous rejouer, pour l’Europe, la comédie qu’il nous a joué pour accéder au pouvoir en France ?... il y a tout lieu de le craindre. Comment va-t-il pouvoir se dépatouiller de la double contradiction dans laquelle il s’est mis :

- une grosse minorité de ses militant-e-s s’est prononcé pour le « non »... vont-ils militer désormais pour le « oui » ? La « discipline républicaine » comme ils disent, devrait l’imposer. Ca promet d’être cocasse.
- mais surtout comment va-t-il se distinguer de ses soit-disant adversaires politiques, mais désormais alliés, durant la campagne du référendum ? Quelle va être la valeur de la crédibilité de son discours quand il nous parlera de « danger libéral » ?

Les « non dits » auront-ils la même importance que les « dits ». Déjà que la « langue de bois » est la langue la mieux utilisée dans les organisations politiques, elle risque de s’enrichir de nouveaux concepts dans les mois à venir.

AVEC QUI SORS-TU CE SOIR ?

Ce « oui » du PS va avoir des conséquences sur les alliances politiques traditionnelles.

La Gauche est la principale concernée et va probablement voler en éclat... si ce n’est déjà fait il est vrai,... mais tout rabibochage éventuel, ou tentative, risque d’être problématique.

Le PCF déjà en lambeaux, qui a toutes les peines du monde à exister perd, dans cette affaire, son principal allié, celui qui lui permet d’exister électoralement... par les alliances électorales locales et nationales. Va-t-il pouvoir continuer à pratiquer ce genre d’exercice avec un partenaire qui a si ouvertement trahi ? La question mérite d’être posée. Si oui, il se déconsidère. Si non il s’affaiblit. A moins qu’il ne cherche d’autres appuis...

Les Verts, complètement divisés sur la question de l’Europe perdent également leur principal allié.

On peut faire confiance dans les bureaucraties de ces deux partis pour « retomber sur leurs pieds » et faire en sorte que « compromis politiques » et défense de leurs intérêts coïncident... Mais que va -t-il en être de leurs militant-e-s les plus conscients ? Des forces centrifuges sont déjà à l’œuvre dans ces organisations...

La LRC quant à elle attend son heure : l’effondrement de la Gauche, la déliquescence du PCF et des Verts fait son affaire... Elle est prête à prendre la place laissée toute chaude... la « nouvelle Gauche » dont elle parle à demi-mots c’est elle... elle en est convaincue... prête à récupérer les militants déçus et à nouer de nouvelles alliances.

En dehors de toutes ces magouilles, le mouvement social, et les quelques organisations qui ont la prétention de le représenter, vont avoir leur rôle à jouer.

ATTAC, la principal et la plus bruyante, déjà l’objet de toutes les convoitises va être soumise à forte pression. Les rescapés de la gauche vont s’y accrocher comme à une bouée de sauvetage (ça a déjà commencé !). Les dirigeants de cette organisation, qui se prennent déjà pour des « sages », vont avoir leur « ego » qui va exploser. Réticent à s’engager sur le plan purement politique, quoique assidûment courtisée et noyautée dans ses instances dirigeantes par les organisations de la gauche et de l’extrême gauche (mais chut, faut pas le dire !), elle va être largement sollicitée. En manque de projets que va-t-elle décider ? Va-t-elle constituer bon grés, mal grés, un pôle de résistance au « oui » ? Probablement... mais sous qu’elle forme ? Cette nouvelle fonction ne va-t-elle pas l’entraîner dans une mutation ? Affaire à suivre et attentivement...

PEUT-ON SE FOUTRE DE TOUT CELA ?

Ce vote du PS on pourrait parfaitement l’ignorer en considérant que ce n’est que manœuvres et magouilles bureaucratiques. Certes, mais ce n’est pas aussi simple.

Une nouvelle situation s’ouvre : ce qui pouvait paraître comme une alternance (beaucoup de gens y croient encore,... ben oui, c’est ainsi !), la Gauche, est entrain de disparaître complètement. Autrement dit la disparition d’un espoir d’alternative va devenir évidente aux yeux du plus grand nombre. Question : que doit-on faire ?

L’Europe qui se met en place va démultiplier les drames sociaux que nous connaissons, les riches vont devenir de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres... d’ailleurs les statistiques officielles le confirment déjà. La répression va prendre le pas sur la prévention et l’Etat va avoir de moins en moins les moyens de se payer la « paix sociale ». Quelle perspective ?

L’Histoire du 20e siècle nous apporte quelques réponses... je ne m’y étendrai pas, elles sont connues.

Imaginez quel peut-être le poids d’un discours populiste dans une société bloquée, minée par les inégalités, les dérives communautaristes, submergés par les chômeurs et les exclus,... ? Que reste-t-il au citoyen qui n’a comme seul moyen d’action que le bulletin de vote ? A qui va-t-il confier son avenir ?... Dois je en dire plus ?...

Les médias nous imposent les mêmes pitoyables marionnettes dont l’horizon n’est borné que par leurs prétentions électorales, qui nous ressassent les mêmes discours, dans lesquels ils nous font, sans rire, les mêmes promesses, où ils nous prodiguent les mêmes flatteries pour s’assurer de nos voix. (voir l’article « PEUT-ON AVOIR CONFIANCE DANS LES HOMMES/FEMMES POLITIQUES ? ») Fini la solidarité, place à l’individualisme.

Notre avenir et celui des générations futures n’est certainement pas dans ces élucubrations ridicules . A nous de mettre en place de nouvelles solidarités, de nouveaux rapports sociaux, d’organiser de nouvelles alternatives sociales (voir l’article « TRANSITION » et « DECADENCE »)

On est loin du référendum au PS. Finalement non... il est une étape supplémentaire vers le chaos social que nous réserve le système marchand et sa conception libérale. Le défi qui se pose aujourd’hui est moins celui des politiciens, que le notre... Il y va de notre avenir et de celui de celles et ceux qui nous succèderont.

5 décembre 2004                                             Patrick MIGNARD

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UKRAINE : LIBERALISME CONTRE STALINISME

A écouter les grands médias, les choses seraient simples, il y aurait les anciens contre les modernes, les orientaux contre les occidentaux, les pro européens contre les pro russes, bref ... les bons contre les méchands. Est-ce aussi simple ?

Au premier abord les « oranges » sont plus sympathiques que les « bleus » et ce pour une simple raison : on veut leur voler leur victoire. C’est un fait désormais incontestable que les « bleus » ont bourré les urnes et ont fait usage de toutes les manipulations les plus anti démocratiques pour faire triompher leur candidat. Mais que se joue-t-il derrière ces manœuvres, en un mot derrière cette élection ?

POUR LA RUSSIE UN ENJEU STRATEGIQUE

Enjeu stratégique sur plusieurs points :

- économique : l’Ukraine, ancien grenier à blé de l’URSS, son potentiel industriel (complexe minier),
- stratégique : ouverture sur les mers chaudes (Mer Noire),
- politique : la perte de l’Ukraine est un pas supplémentaire vers ce qu’était l’ancien empire soviétique si cher à la bureaucratie du Kremlin et une marque de son affaiblissement sur le plan diplomatique. C’est d’autre part un renforcement de l’Europe face à la Russie.

L’Etat russe, véritable maffia, mais officielle, issue de l’ancienne nomenklatura soviétique (elle-même maffieuse), n’est pas prêt à avoir un fonctionnement économique au sens libéral-marchand du terme, il suffit pour s’en convaincre de voir comment il traite les « hommes d’affaires » russes qui, quand ils sortent de leurs prérogatives purement économiques, sont politiquement cassés, voire éliminés... sans parler des journalistes qui dénoncent cette situation. Véritablement parasite, cette maffia fonctionne en grande partie sur l’ancien modèle soviétique et a besoin pour exister internationalement de sauvegarder une bonne part de ses possessions. Ayant vu lui échapper, au moment de la « chute du mur de Berlin », une partie de son empire (l’Europe de l’Est et les Républiques Baltes), n’ayant pu retenir la Géorgie, elle s’accroche à ce qui lui reste. Elle écrase, sous prétexte de terrorisme la Tchétchénie ... au risque de perdre tout le Caucase. Elle tient la Biélorussie par une dictature purement stalinienne... reste l’Ukraine qui tente de lui échapper...

L’ENJEU DES ELECTIONS

Dans les médias on nous présente les « oranges » comme des gens comme nous (occidentaux), raffinés, ayant soif de liberté et de « modernité ». Le prototype des « bleus » par contre c’est le mineur de l’Ukraine de l’est du pays, personnage crotté, pour le moins antipathique, prêt à faire le coup de poing et méprisant l’Ouest.

Les « bleus » : manipulés par Poutine, veulent rester dans le giron russe. Leur chef, en liaison avec le « boucher de la Tchétchénie », et partageant ses intérêts avec les siens, freine des quatre fers quant à une ouverture vers l’Europe. Le risque d’une telle ouverture pour eux étant une remise en question du pouvoir central ukrainien au bénéfice des milieux d’affaires ouverts sur la mondialisation marchande. D’ailleurs, les mineurs de l’Est ne s’y sont pas trompés qui craignent, à juste titre, une rentabilisation du bassin minier avec licenciements massifs à la clef en cas de victoire des « oranges ».

Les « oranges » : ils veulent un système marchand à l’occidentale. Le fer de lance de ce mouvement est évidemment la frange « bourgeoisie marchande » qui veut sa part de gâteau à l’échelle internationale. Elle entraîne dans son sillage (phénomène classique), une bonne partie de la population qui croit dans l’aspect « liberté » du « libéralisme »... mais qui évidemment fera à terme les frais de la rentabilisation de l’économie modernisée.... chômage, exclusion,...

L’ « émancipation » au regard du « grand frère » russe dont ont bénéficié les républiques de l’ancien glacis soviétique et dont n’avait pas profité l’Ukraine, c’est maintenant qu’elle veut se réaliser... mais les temps ont changé depuis 1989.

La réaction des USA et de l’Europe est d’ailleurs très intéressante. Ils ont beau jeu de dénoncer les fraudes... qui sont une réalité, mais leur réaction n’est pas seulement motivée par le souci de la démocratie... Arracher l’Ukraine à la Russie c’est affaiblir cette dernière et ouvrir le champs de la mondialisation.

L’enjeu des élections n’est donc pas la victoire pour les « bons » ou les « méchants », l’enjeu, comme dans toute élection est la prise de pouvoir d’un groupe sur un autre. Les intérêts sont différents, les méthodes sont différentes, mais le résultat est toujours le même... c’est le citoyen de base qui paie.

2 décembre 2004

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