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Publié par PM sur

L’INEXORABLE CRIMINALISATION DU MOUVEMENT SOCIAL

Tous les systèmes d’exploitation ont eu, et auront toujours, des bandes de mercenaires pour défendre les intérêts des possédants. Bandes regroupant des individus sans scrupules prêts à toutes les tâches – faut-il citer des exemples très précis en France et au 20ème siècle ?

Ces bandes ont toujours été présentées par les pouvoirs comme les gardiennes de valeurs, d’éthique (sic), des corps d’élite (re-sic) au service de Dieu, du Prince, du Maréchal, de la « révolution », du Peuple.

Quel que soit leur pedigree, elles ont toujours servi aveuglément les maîtres qui les payait, ont eu du sang sur les mains et ont toujours bénéficié d’une large impunité.

La période actuelle ne fait pas exception.

FRAGILITÉ DE LA PAIX SOCIALE

Le pouvoir s’exerce par la force. Quelle soit brutale, physique, psychologique, idéologique,… il s’agit toujours d’une force dont l’ultime expression est la force physique.

La « paix sociale » est un compromis fragile entre les intérêts de la classe et du pouvoir en place et celles et ceux qui supportent/acceptent cette domination. Ainsi, au Moyen Âge, tant que les paysans croyaient dévotement en Dieu et respectaient sagement leurs maîtres, la « paix sociale », ou du moins la « stabilité » du système, était plus ou moins assurée. Dans notre système salarial, la promesse et l’obtention par les salariés d’avantages sociaux et salariaux ont permis une relative stabilité de la situation sociale.

La mondialisation du système marchand a complètement déstabilisé ce fragile équilibre entre la gestion du capital et les intérêts des salariés. L’exploitation salariale, plus ou moins acceptée, a cédé la place à une exclusion massive qui remet en question la stabilité sociale du système dans son ensemble.

Le pouvoir du Capital ne peut plus compter sur l’achat d’une paix sociale sous la forme d’acquis sociaux accordés aux salariés… la violence répressive tend à prendre de plus en plus la place de la négociation et de la concertation.

LES BASSES ŒUVRES DU POUVOIR

Acculé à gérer un système décadent, à la dérive, l’inavouable est désormais à l’ordre du jour de l’action du pouvoir politique.

Tout ce que la police peut avoir d’abject est entrain de ressortir : mouchards, provocateurs, hommes de mains,… qui ont pour mission de surveiller, dénoncer, intimider, voire terroriser et agresser…. Demain peut-être éliminer (ça c’est déjà vu dans l’Histoire, et en France !)

L’objectif ? Dissuader la contestation sociale, la criminaliser et la faire condamner par une Justice de plus en plus aux ordres du pouvoir.

Médias serviles d’un côté, police et justice aux ordres de l’autre côté,… le mouvement social est encadré et guidé vers des élections dont on sait qu’elles ne servent à rien sinon à reproduire « démocratiquement »(sic) le système.

J’exagère ? Mais alors quel sens prend l’utilisation systématique de la Brigade Anti Criminalité (BAC) dans les conflits sociaux… Brigade dont on ne compte plus les témoignages des méfaits. En quoi ces conflits sociaux présentent-ils un caractère « criminel » ?

Ce n’est évidemment pas une « erreur administrative » que de faire intervenir systématiquement une « unité anti criminalité » contre le mouvement social… c’est de toute évidence un choix politique.

Bien sûr l’État ne le reconnaîtra jamais. Il entretient consciencieusement la confusion, présentant les forces de répression sous leur meilleur jour : le brave gendarme qui assure la paix civile dans une paisible campagne, le CRS – en tenue sportive - sur la plage ou en montagne, la BAC poursuivant les « gangsters »… un peu comme l’Armée qui, dans ses spots publicitaires, apparaît comme quasiment une organisation humanitaire. Mais derrière ce masque, les contrôles musclés et canins des gamins dans les écoles, la cogne des jeunes dans les banlieues, les manifestations, la répression des grévistes et des licenciés, la chasse aux sans papiers... Tout cela dans le silence assourdissant des syndicats de police qui jouent les vierges effarouchées contre l’image « négative » que de mauvais esprits donnent de la police.

Toutes ces forces sont désormais mises au service de la défense du Capital, avec une différence notable par rapport à la période passée : elles sont désormais le dernier rempart en l’absence de toute autre solution économique et sociale.

L’ART DE LA « RÉPRESSION DÉMOCRATIQUE »

Dans un système totalitaire, la répression, si j’ose dire, va de soi, elle n’a pas à se justifier, elle est.

Dans un système qui se veut démocratique, les choses sont plus compliquées. Il faut que cette répression existe, mais qu’elle soit légalement et éthiquement justifiée. Tant que cette répression concerne des domaines qui font majoritairement consensus – grand banditisme, terrorisme, délinquance courante – elle peut s’exercer sans grande complication. Mais dès qu’elle touche le domaine social, les choses se compliquent. En effet réprimer d’ « honnêtes citoyens » qui ne veulent que pouvoir vivre décemment est difficilement accepté.

C’est donc progressivement et à doses homéopathiques que l’opération est menée.

Par exemple : on commence par fouiller des gamins dans des écoles pour soi-disant « chercher de la drogue » (ben voyons !), mais on se garde bien de faire la même opération dans un lycée ou l’Université où on aurait statistiquement plus de chance d’en trouver. Cette démarche, d’une lâcheté et d’une bassesse absolues, tant pour les autorités qui les commandent que pour les « hommes de mains » qui l’effectuent, est sans danger – les gamins ne se révoltent pas – Si la société civile ne réagit pas à cette ignominie, on passe au stade supérieur.

Autre exemple : le pouvoir prend l’habitude, et ainsi habitue, de faire intervenir la Brigade Anti Criminalité – brutes « déguisées » en civils qui mouchardent, provoquent et cognent - dans le cas de conflits sociaux – ouvriers, étudiants, lycéens - jetant le trouble, au travers de médias serviles et complaisants dans une opinion publique conditionnée.

On peut opérer de la même manière concernant l’information : on déclare par exemple vouloir contrôler Internet pour des questions de « pédophilie » (qui peut-être contre ?), mais on étend subrepticement ce contrôle à l’ensemble des échanges sur Internet, sans oublier évidemment le domaine politique.

Ainsi, petit à petit, on habitue l’opinion publique à accepter l’inacceptable, l’ignoble et l’infâme… Si celle-ci réagit violemment, le pouvoir peut toujours arguer que c’est pour le bien-être collectif (ben voyons !) qu’il agit, reculant momentanément, pour revenir plus tard à la charge.

Le Pouvoir est ainsi en passe de « criminaliser » l’ensemble des actions qu’il juge néfaste à ses intérêts, avec espère-t-il, sinon la bénédiction, du moins le silence, de ses propres victimes.

La Justice mise également de plus en plus sous tutelle condamne systématiquement les « délinquants », alors que la police est toujours mise hors de cause, couverte par le Pouvoir et, lorsqu’il y a litige, c’est la police qui enquête… sur la police.

La société civile est ainsi mise sous tutelle par un Pouvoir qui sauvegarde, pour un temps du moins, les apparences, élimine en « toute légalité » les gêneurs et peut continuer ainsi à jouer le rôle qui est le sien : assurer le fonctionnement du système marchand au-delà des crises qu’il génère.

Patrick MIGNARD

30 mars 2009

Voir aussi les articles :

« VERS UNE SOCIÉTÉ POLICIÈRE ? »

« VIOLENCE ET CHANGEMENT SOCIAL »

« LUTTE SOCIALE ET RÉPRESSION »

« VIOLENCES POLICIÈRES ET LIBÉRALISME »

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