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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

MAFFIA ET SYSTEME MARCHAND

Pour une économie politique de la Maffia

Peu de gens le savent mais le fait est particulièrement significatif et n’a jamais fait les « gros titres » : lorsque les forces anglo américaines ont débarqué en Sicile en juillet 1943 c’est avec l’aide, certes de la résistance sur place, mais aussi avec le soutien actif de la Maffia sicilienne.

L’État fasciste italien, véritable maffia totalitaire, avait en effet réussi à mettre, en grande partie, « hors jeu » cette organisation. C’est donc tout naturellement que les maffieux – ceux de la Maffia - voyaient le « rétablissement de la démocratie » comme le retour de leur domination…. Ce qui s’est effectivement produit. De même que le système soviétique, qui fut également très rapidement, et jusqu’à la fin, une maffia totalitaire, a ouvert la voie, par sa chute, à la multiplication des maffias, dont l’une, issue de lui est au pouvoir.

MAFFIA ET SYSTÈME MARCHAND

Qu’est ce qu’une maffia ? C’est une organisation sociale fondée sur des rapports de force, d’exploitation et de solidarité à base essentiellement familiale et personnelle.

Maffia et système marchand ne sont, nous allons le voir, absolument pas incompatibles. Ce qui semble séparer les deux c’est la sacro sainte légalité. Mais cette dernière, nous le savons bien, est à géométrie variable. On peut tout faire sous le couvert de la légalité, le meilleur comme le pire, et en affaire, car c’est bien de cela dont il s’agit ici, celui-ci supplante le plus souvent celui là.

La légalité, contrairement à ce que l’on nous raconte officiellement, n’a de sens que si elle protège un rapport social donné, en l’occurrence, le salariat, expression sociale du rapport marchand. Or, le rapport maffieux, hormis son rapport à la légalité officielle, est aussi fondé sur l’exploitation, la possession et le rapport de force… Il n’est qu’une expression du rapport marchand, ce qui explique les nombreux rapports entre « milieux officiels » et « milieux maffieux », rapport évidemment jamais reconnus, sauf lors d’affaires retentissantes ou dénoncés par une presse indépendante – des noms ? des dates ? des affaires ?

Malgré cela le rapport maffieux pose problème au système marchand et à sa représentation officielle. Pourquoi ?

Le système marchand, pour structurer la société, asseoir son autorité, a besoin de donner des gages de moralité, de donner l’illusion de l’équité, de la légitimité, de la probité et de la solidarité. Pour cela il a mis au point toute une batterie de processus juridiques, moraux, idéologiques et politiques qui se substituent à la violence des rapports qu’il représente, qu’il contrôle et qu’il cautionne... Ce qui ne l’empêche pas, dans une certaine mesure, de passer outre les lois qu’il a établi pour défendre ses intérêts, généraux et/ou particuliers – des exemples ?

Le système maffieux ne s’encombre pas de telles subtilités et règle sans artifices ses problèmes de fonctionnement.

Le décalage entre les deux « systèmes » est purement formel. L’un négocie, l’autre tranche. L’un règle ses comptes à coups de fusils, l’autre les englue dans des procédures judiciaires et les compromis politiques. Bref l’un apparaît moral et respectable, l’autre immoral et condamnable.

ÉTAT ET MAFFIA

On comprend dès lors l’antinomie qu’il peut y avoir entre les deux, mais aussi les liens qui peuvent exister.

Dans la mesure où l’État a une vision nationale, et historique, du développement marchand, du développement du capital, le caractère étriqué de la relation familiale ne correspond pas aux intérêts de celui-ci… à moins que ce dernier coïncide à la dimension nationale. C’est le cas du capitalisme familial fondé sur les dynasties des « grandes familles »… capitalisme qui évolue, et a évolué, vers des structures dépassant largement ce cadre.

Rien n’interdit cependant l’État d’être un « concentré institutionnel d’une maffia », l’exemple des États africains, latino américains et même, à certains égard d’États dits démocratiques, est là pour le démontrer. Dans le cas d’un État maffieux, ce caractère est évidemment nié et, tout est fait, « constitutionnellement », pour donner l’aspect d’une légalité respectueuse de l’intérêt général, souvent d’ailleurs avec la complicité des États dits « démocratiques » qui trouvent leurs comptes politiques, économiques, diplomatiques et stratégiques dans des telles compromissions.

Dans les états dits « démocratiques », le caractère maffieux est peu prononcé parce qu’il existe un droit, une opinion publique et des forces d’opposition, mais, et la France en est un bon exemple, népotisme, favoritisme, magouilles et autres activités plus ou moins légales, même sous couvert du « droit » et de la « légalité », donnent plus que l’impression de pratiques maffieuses… (des faits et des noms ?).

La légitimité « officielle » dont se targue le pouvoir politique, comme d’ailleurs peut aussi le faire la maffia (elle est alors non officielle), est purement formelle – voir la Russie, les États latino américains, africains ; voir aussi les manœuvres, conditionnement médiatiques, et manipulations dans les « démocraties ».

LE LIBÉRALISME BÉNÉDICTION POUR LA MAFFIA

La perte progressive des pouvoirs économiques de l’État, caractéristiques de son évolution libérale actuelle, apparaît donc comme particulièrement favorable au développement des maffias… l’exemple russe en est la plus parfaite illustration ainsi que la pénétration toujours plus importante de celles-ci dans les économies européennes.

L’effondrement de l’empire soviétique est en effet un « laboratoire » intéressant des pratiques maffieuses, officielles et non officielles.

Le totalitarisme soviétique a été remplacé, à la tête de l’État par une maffia « officielle » issue de l’ancienne nomenklatura, elle-même maffia – voir les pratiques du bureaucrate Elsine et du bureaucrate-flic Poutine. Dans la société civile russe s’est développé un capitalisme sauvage qui a abouti à la constitution de maffias locales, tolérées jusqu’à un certain point, par le pouvoir central. Cette tolérance se limitant simplement aux conflits d’intérêts.

La libéralisation du système économique européen a favorisé et favorise, nous en avons des exemples tous les jours, l’extension des pratiques maffieuses – dans les secteurs traditionnels, drogue, prostitution, jeux… mais aussi des activités économiques « honorables » comme l’immobilier, voire carrément « prestigieuses », comme la finance avec les prises de participations au capital d’entreprises d’assurances, banques, casinos, etc…

Le lobbying par exemple, pratique particulièrement prisée et développée dans la communauté européenne, n’est qu’un aspect « respectable » de rapports « soft » maffieux entre les lobbys et les élus – dénaturant en cela totalement la conception de la « représentation populaire ».

La volonté sordide – et toujours pas démenties malgré les discours tonitruants motivés par la crise financière - des états « démocratiques » d’accepter et de favoriser l’existence de « paradis fiscaux », où se rencontrent incognito les différents acteurs de ces pratiques, est une preuve incontestable de la collusion entre maffias, milieux d’affaires et, bien évidemment, milieu des politiciens de tous poils, qui finissent par trouver des avantages financiers, ou en nature, dans ce genre de rapports.

Ceci explique que la lutte contre la Maffia est un combat perdu d’avance… trop de similitudes existent entre l’institution maffieuse et le rapport marchand. Ceci montre, s’il en était besoin, les limites dites « morales » de ce qu’est celui-ci.

Bien sûr, on utilisera comme argument pour expliquer une telle impuissance le respect de la « légalité »… Et comme par hasard, on n’arrive pas à conjurer la maffia alors que l’on arrive sans problème à mettre par millions des salariés au chômage, et en utilisant la « force publique » si nécessaire... Et comme par hasard on dénonce les trafics maffieux mais l’on fait tout pour ne pas unifier les législations anti maffieuses et l’on tolère les « paradis fiscaux ».

Le rapport maffieux et le rapport marchand ne sont que les deux faces d’une même pièce. Le discours légaliste des autorités officielles ne saurait cacher cette réalité. Seul, un changement radical des fondements des relations sociales, en rupture avec les principes marchands peuvent éviter cette dérive.

Patrick MIGNARD

13 avril 2009

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