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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

COPIER N’EST PAS JOUER

La copie des œuvres musicales et autres jeux électronique et logiciens sur Internet mais aussi par tout autres moyens de reproduction peut apparaître au premier abord comme une sorte de « pôtacherie ». Pourtant, le phénomène prend une ampleur qui met en alerte, et même en formation de combat, toute « l’industrie » qui vit de cette production. Non pas parce que le public déserte ses produits, bien au contraire, justement parce que l’attrait qu’ils représentent dépasse largement les bornes imposé par le système marchand : l’obligation d’achat.

L’offensive en ce printemps 2004 contre les "copieurs" sur internet en dit long sur les craintes des "marchands" de voir le premier venu satisfaire son besoin sans payer... ce qui est inacceptable dans le système marchand.

UN DESASTRE DE GRANDE AMPLEUR

« Mettez à la porté du peuple des instruments, il en fera n’importe quoi, et surtout pas ce pourquoi on les lui avait mis à disposition !... » c’est à peu prés cette leçon que tirent les grands producteurs de l’industrie musicale à travers le monde.

Le phénomène n’a pas échappé aux organisateurs du MIDEM (Marché International du Disque et de l’Edition Musicale) lors de son 37e salon qui s’est tenu à Cannes du 18 au 23 janvier 2003. Le mot d’ordre de l’ouverture de ce salon était sans ambiguïté : « Le défi de l’industrie musicale : transformer les consommateurs en consommateurs payants ». Ce qui justifie ce cri d’alarme et cet appel à l’offensive marketing c’est bien évidemment l’état du marché,... et que dit-il le marché ? il révèle une lente érosion des ventes de CD alors que l’on n’a jamais vu autant de gens écouter autant de musique. Mais comment font-ils ? Tout simplement ils copient. Ils copient sans arrêt, sur tous supports et à partir de toutes les sources possibles et imaginables et surtout aujourd’hui sur Internet. Ah les gredins, ils prennent leur pied sans payer... non mais !!!!

La morale marchande n’a pas tardé à sévir, et tout d’abord aux Etats Unis où la maladie est endémique. L’« industrie musicale » y mène une offensive tous azimuts. Le téléchargement y est traîné devant la justice Fin janvier, le tribunal de Washington a menacé les fournisseurs d’accès de complicité de « copiage » au nom du « non respect des droits d’auteurs ». Plus précisément, l’opérateur téléphonique Vérizon a été sommé de donner l’identité d’un de ses clients « soupçonné d’avoir téléchargé 600 titres en 24heures » et d’en avoir fait profiter le « tout venant ». Notons qu’en juin 2001, la justice avait eu la main lourde en ordonnant carrément la fermeture du site musical Napster.

Les patrons de cette industrie auraient pu continuer cette guerre qui se transformait peu à peu en guérilla judiciaire et dans laquelle, l’expérience l’a montré, les grosses machines militaires finissent par s’épuiser. Il ont préféré opter pour une manière plus douce, plus conforme à l’image qu’ils veulent donner, mais sans pour cela abandonner ce pourquoi ils produisent : faire de l’argent. Ainsi, Universal, Sony, BMG, EMI, Warner ont essayé de passer des accords avec ceux qui risquaient de « sauvagement » les pirater, la « civilisation » étant représentée par un « contrat » établissant, facilitant et organisant un « droit d’accès »... moyennant finance. Le seul problème dans tout cela c’est qu’il y a complet décalage entre les possibilités infinies du copiage gratuit et les contraintes marchandes des « contrats » payants proposés. Rien n’est résolu.

Mais il y a une loi dira-t-on ? Certes encore faut-il qu’elle soit appliquée. Pour cela il faut deux conditions : soit qu’elle soit respectée, soit qu’une autorité puisse garantir son application, soit les deux à la fois.

La première condition est loin d’être remplie. En effet pourquoi donner de l’argent, que parfois on n’a pas, à des entreprises qui se font un « fric fou » et qui font la « pluie et le beau temps » en matière de production. Etre moral avec des gens qui ne le sont pas, c’est très dur.

La deuxième condition n’est pas non plus remplie. Une autorité judiciaire, au territoire de compétence forcément limité (à l’Etat-nation), ne peut que très difficilement intervenir sur un système mondial comme internet. C’est un peu l’aspect négatif, les concernant, de la mondialisation qui favorise les entreprises pour piéger les salariés... ici c’est elle qui en font les frais.

Taxer les supports comme les CD et les cassettes (loi de 1985) peut apparaître conjoncturellement comme une « solution », mais se pose alors le délicat problème de la gestion des compensations et de leurs taux... l’évolution rapide des techniques obligeant en permanence un réajustement approximatif et insatisfaisant.

Autrement dit, le système marchand est incapable de trouver une solution marchande à l’évolution technique

LA GRATUITE ENNEMI MORTEL DE LA MARCHANDISE

Tout ce qui vient d’être dit révèle bien cette contradiction inhérente au système marchand et qui dans ce cas prend une dimension intéressante dans la mesure où elle met à nu l’aberration du système. Car le système est aberrant. Pourquoi ? Tout simplement (si je puis dire) parce que des biens existent, correspondent à des besoins mais ne peuvent pas être utilisés ou doivent être utilisés que dans certaines conditions, établissant ainsi un ségrégation entre les individus, et même, comble de l’absurde, qu’à la limite, même si le bien existe, on préfère qu’il ne serve à rien plutôt qu’il soit utilisé « gratuitement ».

Mais enfin c’est logique dira-t-on ? Comment pourrait-il en être autrement ?

Méfions nous des évidences.

C’est effectivement logique si l’on se place dans la « logique marchande » c’est à dire si l’on considère que le bien (ou le service) qui est produit prend tout son sens par l’argent qu’il peut rapporter à son producteur et non par la satisfaction du besoin qu’il peut apporter à celui qui l’utilise. Dans cette logique on trouvera donc« normal » que des gens ne puissent pas satisfaire leurs besoins alors que les biens et services existent effectivement.

Ce qui est intéressant dans le cas que nous étudions dans cet article c’est qu’un trouble nous saisi entre cette abondance extraordinaire de biens à portée de la main et la volonté farouche des producteurs d’en limiter l’accès. Ceci vient du fait qu’il s’agisse de ce que l’on appelle un « bien culturel ». Doit-on parler d’« industrie » ou de « culture ». La gène que l’on a à choisir entre ces deux termes en dit long sur l’ambiguïté qui est la nôtre. En effet, pour nous, « industrie » est étroitement, et fort justement, lié à production marchande, marketing, chiffre d’affaire, profit... alors que le mot « culture » raisonne plus de création, liberté, accessibilité à tous-tes.

Mais dira-t-on, il faut bien que celui qui produise soit payé ? Il a des frais ? Ca lui coûte ? Il est donc « normal » que l’on paye. Mais là se pose une double interrogation :

- seuls, celles et ceux qui ont les moyens financiers ont-ils accès à la culture ? En sachant tout de même que cette condition, la solvabilité, est liée à l’utilité qu’a chacune et chacun d’entre nous par rapport aux exigences économiques du système, et que c’est le marché du travail qui décide et lui seul : « je suis utile a une entreprise, je suis payé, je ne le suis pas, je suis chômeur ».
- est-il moralement et socialement acceptable que les produits culturels existant, une partie de la population ne peut y accéder sous prétexte qu’elle n’a pas les moyens financiers ?

Comment sortir du dilemme ? En se rendant compte que le statut de « marchandise » est incompatible avec une conception morale équitable des biens créés. On comprend dés lors tout l’enjeu du débat, souvent faussé, sur le problème de la « marchandisation des biens culturels ». Ce débat ouvre d’ailleurs la voie à une interrogation globale des problèmes que crée la marchandisation des biens et services ( par exemple le service public) dans une société qui peut les produire, et les produit en abondance.... C’est pour cela que ce débat est systématiquement amputé par les politiciens et les « économistes ». Nous y reviendrons...

30 avril 2004                                                                          Patrick MIGNARD

 

 

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TRAVAIL SOCIAL : MISSION IMPOSSIBLE ?

Les travailleurs sociaux ne savent plus exactement où ils vont dans leur pratique et ce que l’on attend réellement d’eux. Quelle est leur mission ? Quelle est la commande sociale à laquelle ils se doivent de répondre ? Quelles sont les limites de leur travail ? Les contradictions qui les font s’interroger sur l’efficacité, mais aussi sur la nature de leur travail. Le dernier épisode sur « la délation » a fini de jeter le doute sur un travail qui devient apparemment de plus en plus nécessaire et ... de plus en plus ambiguë.

Devant la dégradation de la situation sociale : exclusion, incivisme, accroissement de la pauvreté ...et les choix politiques qui sont faits : réduction des aides, des subventions, recours à la répression en place et lieu de la prévention,.... les travailleurs sociaux sont amenés à faire face à des situations qui dépassent largement, non seulement la capacité des moyens mis à leur disposition, mais révèlent sous un jour nouveau les limites et les ambiguïtés de leurs « missions ».

Le travail social, et par voie de conséquences, les travailleurs sociaux, ne sont pas détachés du contexte général, économique et politique dans lequel ils évoluent... ils ne sont pas les seuls dans ce cas, les enseignants, les médecins, par exemple,... sont dans le même cas. La spécificité pour eux c’est qu’ils sont au cœur des contradictions du système, à la « jointure », qui « grince » de plus en plus entre l’économique et le social... pour éviter que ça grince on va mettre de l’ « huile »... ce lubrifiant,...c’est eux.

LE TRAVAIL SOCIAL COMME REVELATEUR

Le développement considérable du travail social depuis, disons, trente ans, est un indicateur des tendances lourdes du système marchand. Institutionnaliser massivement le travail social peut apparaître comme un progrès fait dans la recherche par les pouvoirs publics d’un « mieux être dans le domaine social ». En fait cette tendance à l’hypertrophie de ce secteur signifie que le système dans son fonctionnement a de plus en plus de difficulté à produire du « lien social »... c’est-à-dire de la relation qui donne un « sens » à l’existence sociale et à la place de l’individu en son sein. Le processus d’exclusion, de marginalisation, d’échec qui accompagne depuis les années soixante-dix la mutation du système marchand dans les pays développés, processus conséquence de la mondialisation marchande (licenciements, restructuration, délocalisations, raréfaction des emplois, déréglementation du marché du travail,...), génère un déchirement de la relation sociale salariale avec son lot de déviances (perte de repères, marginalisation, économies parallèles, trafics, délinquance, drogue, alcoolisme, suicides,...).

Tous ces phénomènes, présents dans le passé, n’avaient qu’un caractère conjoncturel, voire sectoriel, en tout cas passagers,... aujourd’hui le phénomène est structurel : c’est le système qui le produit, de manière massive et durable. Une telle situation est évidemment dangereuse pour la stabilité du système : perte de confiance, esprit de révolte, incivisme, discrédit du système, individualisme, désintérêt de la vie sociale, ...

Pourtant, malgré son désir de stabilité, l’Etat est incapable de déroger aux lois du système marchand dont il est le garant... et justement parce qu’il en est le garant. Ainsi, il est incapable de s’opposer, par exemple aux liquidations d’entreprises, aux restructurations, aux délocalisations. Il est donc contraint non pas d’agir sur les causes de cette situation, mais sur les conséquences... et comme il est exclu pour lui de remettre en question les lois de fonctionnement du système, il va résoudre le problème d’une des manières qu’il connaît, l’argent.(l’autre étant la répression). Pour cela il va « se payer » un corps de professionnel qui aura pour objectif de faire, ou tenter de faire, ce que le système ne fait plus, ou fait de moins en moins, tisser lien social, donner du sens à la vie sociale d’individus exclus ou en passe de l’être.

La commande sociale qui est faite, aux travailleurs sociaux, par l’Etat, ou les collectivités locales, ou tout autre organisme employeur, dépasse donc le simple stade de l’aide individuelle et passagère, contrairement à ce qui nous est présenté... il s’agit en fait d’un véritable raccommodage de la trame du tissu social, que le système ne produit plus et qu’il déchire par le développement de ses contradictions. Ainsi, la prise en charge des jeunes, des exclus, l’élaboration de « projets de vie », la mise en place d’ « actions d’insertion »,... sont des actes effectués par les travailleurs sociaux alors qu’en fait c’est le système salarial, par son fonctionnement, qui devrait les assurer et dont il est incapable. Ainsi les « aides » financières distribuées par les travailleurs sociaux ne sont que l’expression de l’impossibilité pour de nombreuses personnes de pouvoir subvenir à leurs besoins.

LE TRAVAIL SOCIAL PARTIE INTEGRANTE DU « MAINTIEN DE L’ORDRE »

Il s’agit bien entendu du « maintien de l’ordre » au sens large... de l’ordre social. Pour qu’un système social « fonctionne », il est indispensable que les conséquences de ses contradictions soient contenues dans des limites acceptables. Acceptables d’abord, économiquement, pour le système lui-même... il faut que les affaires puissent continuer. Acceptables aussi socialement et politiquement : on ne peut pas agir n’importe comment (par exemple on ne peut pas exterminer les chômeurs, écraser dans le sang une manifestation... du moins plus...ou pas encore).

En fonction des acquis sociaux, politiques, de l’idéologie, de la présence ou non d’une opinion publique,... l’Etat se doit de gérer les contradictions du système.

La démarche, de la part des pouvoirs publics, de vouloir faire collaborer les travailleurs sociaux à ce qu’ils considèrent des « tâches de police » n’a rien que de très logique. Eléments connaissant parfaitement le terrain, ayant la confiance de leur public, les travailleurs sociaux sont « techniquement » et « pédagogiquement » particulièrement précieux pour savoir, connaître et observer... ce sont des « personnes ressources » potentiellement efficaces sur le terrain. Mais, va-t-on dire, c’est les faire collaborer avec la police et l’administration ! . Bien évidemment... mais comment pourrait-il en être autrement dans une logique de contrôle social, dans une logique qui tend à « juridiciariser » les conflits sociaux, les déviances,... Les travailleurs sociaux ne sont qu’un élément dans le cadre de la maintenance de l’ordre social.

Dans certains cas (régimes autoritaires, voire dictature) l’Etat peut « régler » les problèmes par l’utilisation de mercenaires (voir l’article « VERS UNE SOCIETE POLICIERE ? »). D’ailleurs, le discours officiel qui tend à « socialiser », ou du moins à privilégier, la fonction répressive tout en relativisant la fonction préventive et sociale tend habilement à créer la confusion des genres en faisant subrepticement glisser la seconde vers la première. Là est le problème.

Alors que les mercenaires « ne se posent pas de problèmes » quand à leur fonction : ils obéissent aux ordres, les travailleurs sociaux, eux, fonctionnent différemment : leurs motivations, leurs formation, leur engagement parfois en font des individus qui s’interrogent sur le « sens » de leur action.... Ils sont donc amenés à comprendre, à apprécier, à juger les situations et les décisions. Leur action est fondée sur une éthique qui n’a rien à voir avec une obéissance aveugle à l’obéissance à des ordres. On comprend dès lors le malaise qu’ils ressentent quand on veut simplement les instrumentaliser en vue d’action qui transgresse leur éthique et sape le fondement de la confiance qu’ils ont établi avec leur public.

UNE SITUATION CONTRADICTOIRE

En fait, le travail social révèle, mais est aussi révélé, par la situation contradictoire de tout individu dans l’économie de marché : à la fois citoyen, c’est-à-dire, en principe, juridiquement et politiquement libre, mais aussi économiquement instrumentalisé par le système. Cette situation contradictoire qui a pu être maîtrisée jusqu’à présent, l’est aujourd’hui de moins en moins (voir l’article « DECADENCE »). Or, ce que le système ne peut plus faire comme, intégrer les individus, donner un sens social (même s’il est conflictuel) à leur existence,... le travail social le peut-il ? Certainement pas, du moins de manière durable. En effet comment le travail social pourrait-il agir sur le marché du travail pour intégrer l’exclu, le chômeur, le licencié, l’handicapé ? Car le système salarial intègre de cette manière, par l’emploi... mais cette maîtrise de l’emploi échappe complètement au travail social comme d’ailleurs l’ensemble des rouages de l’économie, d’où une situation contradictoire entre un objectif d’intégrer et une impossibilité fondamentale de pouvoir le faire.

Notons que le travailleur social n’est pas le seul à être dans ce type de contradiction. Ainsi l’enseignant qui forme une force de travail qui ne trouvera peut-être pas à s’employer. Ainsi le médecin déchiré entre soigner et rentabiliser le système de soins. Ainsi l’infirmière, le salarié du service public...

Cette situation révèle véritablement l’essence du système marchand qui, à l’image de ce qu’est la marchandise sacrifie l’usage au pécuniaire, privilégie la rentabilité à la finalité de la satisfaction des besoins.

Notons enfin que le travailleur social est aussi une force de travail qui représente un coût pour son employeur et qu’à ce titre il subit les mêmes contraintes que tous les autres salariés : précarité accrue, licenciement, rentabilisation,...ce qui accroît son désarroi et son incompréhension du sort qui lui est fait.

LE TRAVAIL SOCIAL EST-IL DEVENU INUTILE, VOIRE NUISIBLE ?

Pour le système il est et demeure un élément essentiel dans la manière de « non résoudre » les problèmes sociaux, de faire durer la situation, d’éviter l’explosion sociale. La France et la plupart des pays développés peuvent se « payer la paix sociale » en finançant un corps de professionnels qui ont pour objectif de créer le lien social que le système n’arrive plus à produire... mais il est vrai que si le choix est fait de la répression, on substituera des mercenaires aux travailleurs sociaux ou bien ces derniers devront accepter de le devenir.

Pour le travailleur social c’est plus compliqué car, si tout ce qui vient d’être dit est vrai, il ne peut que s’interroger sur le caractère apparemment pervers de son action... autrement dit il apparaît comme une béquille du système, voire un collaborateur, certains même disent que le travail social donne l’illusion de..., en trompant l’usager.... Mais nous l’avons vu il n’est pas le seul dans son cas. Une telle situation renvoie ainsi à une réflexion non plus sur ce qu’est le travailleur social, mais le système marchand lui-même.

Cela dit, le travail social permet de travailler avec des victimes du système et là se pose un choix délicat et difficile à assumer : doit-on simplement fournir une aide... à la limite par simple humanité... ce qui est tout à fait respectable ; ou doit-on, dans le cadre de son action, aller plus loin et « conscientiser » l’usager pour lui faire prendre conscience de ce qu’il est dans le système, autrement dit en faire un citoyen actif et même réactif par rapport à un système qui l’exclu ? Question délicate qui renvoie à l’engagement de chacun et probablement à une réflexion entre toutes et tous. Le problème devient politique (au sens noble du terme).

Ne nous berçons pas d’illusions, l’humanisme de la démocratie marchande est à géométrie variable et cette variabilité a pour paramètres les conditions et les exigences du système qui la sous-tendent et dont la finalité est, reste et demeure, la valorisation du capital. Le social n’est pas une valeur, pendant de l’économique au temps de la croissance, il en devient aujourd’hui un prétexte. Il est devenu la condition de la stabilité du système dans son ensemble... il est au système ce que la respiration artificielle est au noyé.

Les travailleurs sociaux sont au cœur de cette contradiction, ils en ont conscience... encore faut-il pour être efficace transformer cette conscience en pratique.

21 avril 2004                                                                         Patrick MIGNARD

 

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VIOLENCE ET CHANGEMENT SOCIAL

La question de la violence est récurrente de tout processus de transformation sociale. La violence est partout dans l’Histoire, sa condamnation aussi d’ailleurs, et il est de bon ton aujourd’hui de croire, de faire croire ou de feindre de croire que, la transformation sociale étant terminée (que mettre à la place du marché ?), la violence doit l’être également.

L’Etat, l’autorité, s’est toujours attribué le monopole de la violence, du moins de la violence légale ; de la violence légitime, et a toujours déclaré illégitime la violence qui s’opposait à lui. Un tel constat ne règle pas le problème posé par la violence, mais au contraire le repose indéfiniment.

On associe trop facilement « force » à « puissance » voire à « justice »... c’est vrai dans le monde animal du moins pour les deux premiers termes... le troisième n’y ayant aucun sens. Dans la société humaine le problème est beaucoup plus complexe car, contrairement au monde animal, l’acte individuel et/ou collectif se fait consciemment et au nom de « valeurs ». Ainsi, la violence humaine n’a rien à voir avec la violence animale. La première est consciente, sociale et politique alors que la seconde est essentiellement instinctive... et ce qui fait l’ « inhumanité » de la violence humaine, c’est justement le fait qu’elle est humaine...

SUR LA LEGITIMITE DE LA VIOLENCE

Il n’existerait aujourd’hui, dans la société, que deux types de violence, la bonne, la légitime, la juste et l’autre, la mauvaise, l’illégitime, la perverse et inacceptable.

Au-delà de l’argument fallacieux qui fait de toute autorité le dépositaire légitime de la violence, le statut de la violence, de la force, dépasse le cadre strict de celui de la légitimité du pouvoir. En effet, tout pouvoir a toujours su fonder, et justifier, sa légitimité, de même qu’il a toujours su justifier, avec les meilleurs arguments du monde, l’utilisation de la violence contre ses opposants. Notons que la légitimation de la violence passe par la prise et la possession du pouvoir par ceux qui exercent celle-ci...Exemple ? La violence des nazis durant la République de Weimar est « devenue légitime » dés 1933... On peut multiplier les exemples historiques à l’infini. La légitimité de la violence change quand change le pouvoir. Ce n’est donc pas sur ce terrain que l’on peut arriver à comprendre quel est le statut de la violence.

La question essentielle serait plutôt : Que préserve réellement un système économique au point d’être susceptible d’utiliser la violence ? Il faut alors dépasser le cadre du simple discours idéologique qui masque la réalité du pouvoir, et du système, et examiner quels sont les mécanismes, les principes, de son fonctionnement.

L’économie de marché, ou la démocratie marchande, met en avant la légitimité populaire du pouvoir. La légitimité du pouvoir étant fondée sur le peuple, toute violence exercée contre le pouvoir s’exerce donc contre le peuple (on peut tenir le même raisonnement quand c’est Dieu qui légitime le pouvoir). Raisonnement logique, mais volontairement incomplet. Le fait que le pouvoir soit légitimé par le peuple n’exclu absolument pas que le système qui le sous-tend soit un système d’exploitation qui instrumentalise l’individu... le salariat en est la plus parfaite démonstration. Or, par sa nature même, ce système va être, et est, générateur de conflits, parfaitement identifiés, fondés sur les conditions de production et de répartition des richesses, bref d’existence. Rapport qu’il cache, comme l’ont fait tous les systèmes de domination dans l’Histoire, derrière le paravent d’une morale qu’il a ajusté à ses intérêts et d’une idéologie mystificatrice. La manipulation consiste en effet à affirmer le caractère « naturel » et « indépassable » de ce système, et l’organisation politique basée sur une alternance factice, qui le perpétue, sans pour cela résoudre les conflits, d’où une situation apparemment paradoxale d’un peuple qui conteste systématiquement un système dont il reconduit non moins systématiquement au pouvoir ses gestionnaires

Cette situation aboutit à un paradoxe surréaliste : la violence populaire est déclarée illégitime par un pouvoir légitimé par le peuple. L’ambiguïté est totale et tout à fait propice au statut quo, mais aussi, ce à quoi nous assistons aujourd’hui, à la juridiciarisation, voire criminalisation de la contestation sociale (voir l’article « VERS UNE SOCIETE POLICIERE ? »).

LE PIEGE DU SPECTACLE DE LA VIOLENCE

L’image de la violence est mystificatrice. Renvoyant dans notre inconscient aux rapports de force entre animaux, répondant probablement à la partie animale de notre cerveau, elle est l’expression d’un stade d’évolution que nous avons dépassé. Nous l’avons vu, les rapports humains sont des rapports conscients et politiques... ils ont dépassé le stade de l’instinct.

Pourtant, et peut-être à cause de cela, le spectacle de la violence nous fascine et nous trompe sur son efficacité réelle. Dans un rapport de force politique (au sens large), la violence n’est qu’un paramètre, autrement dit, elle n’est que l’ élément d’un tout, et c’est la structure de ce « tout » qui lui donne son sens. Ainsi, la violence (l’instrumentalisation de l’individu) qui est à la base du système marchand disparaît en tant que spectacle dans la rationalité de celui-ci, de même que la soumission au Moyen Age disparaissait dans l’allégeance dans la foi en la divinité. L’exploiteur s’est toujours appuyé sur le consentement de l’exploité à se complaire dans l’illusion du « naturel », du « logique », de la « fatalité » qui fonde sa soumission... à défaut il lui a toujours fourni des arguments pour s’en convaincre (Dieu, la patrie,...).aujourd’hui, le marché.

Le système marchand a atteint un haut degré de sophistication en matière de justification morale de ses principes. Il a pour cela la « rationalité », celle qui déclare « équitable » l’échange marchand, « qui pourrait remettre en question le calcul économique aux bases mathématiques ( ?) incontestables ( ?) »... et de cette « équité » basée sur la logique, il passe logiquement à l’ « équité » sur le plan moral. Quoi donc trouver de mieux qu’une rationalité scientifique fondant une valeur morale... Cette dernière est forcément universelle, incontestable et...harmonieuse, et donc exempte de tout germe de violence La mystification n’a plus à s’inventer des Divinités et autres entités au fondement « scientifique », et pour cause, fragile. On peut dire que la « mystification » est scientifiquement fondée et justifiée... c’est ce qui fait la force de persuasion de ce système. La rationalité du système masque le rapport de domination (le salariat) sur lequel il se fonde. De même que la foi justifiait et masquait l’exploitation, la rationalité du système marchand justifie et masque le rapport de domination qui le fonde.

Il faut donc inverser la vision de la réalité. La violence primaire n’est pas celle qui s’exerce pour combattre l’exploitation, mais c’est l’exploitation elle-même. C’est l’institutionnalisation (en système économique) de la violence sociale et économique qui masque sa vraie réalité et qui révèle en fait une autre violence qui n’est que son expression « en creux ». Ainsi la violence exercée par une révolte n’est que l’image symétrique de l’exploitation qu’elle combat.

Tout système a donc tout à fait intérêt, et il ne se gène pas, à présenter la violence exercée contre lui comme une remise en question, un atteinte à l’ordre... dont il est le représentant et le garant... ce qui, d’un certain point de vue et tout à fait exact... oubliant simplement d’expliquer l’origine et le sens de la contestation dont il est l’objet.

LA VIOLENCE EST-ELLE NECESSAIRE ?

Contrairement à ce qui nous porterait spontanément à croire que l’ « on combat la violence par la violence », l’Histoire nous montre que la violence brutale, physique, primaire, ne saurait être considérée comme l’élément essentiel du changement, elle en est tout au plus un élément marginal, en ce sens que ce qui fait le changement ce n’est pas la violence, mais au contraire la construction, l’élaboration de nouveaux rapports sociaux... ce qui est, il est vrai, une forme de violence faite au système en place. Une révolte, aussi violente soit-elle n’a jamais rien changé, du moins de matière fondamentale et déterminante. Que dans cette œuvre de construction, de nouveaux rapports, la violence s’exprime, c’est quasiment inévitable, et ce pour une raison simple : tout édifice social, nie ses contradictions et résiste aux forces du changement... et en dernière instance, il utilise la force brutale.... Et alors il se dévoile dans ce qu’il est réellement.

La non utilisation de la violence n’est donc absolument pas garantie.

Remettre en question le système marchand c’est lui faire exprimer à un moment donné ce qu’il est par essence : un rapport de violence devenu insupportable. Le remettre en question, en envisageant une alternative sociale et politique ne peut que lui faire exprimer les véritables intérêts et objectifs qui sont les siens. Montrer, démontrer concrètement qu’il est condamné par une structure économique et sociale fondée sur d’autres principes éthiques entraînera une riposte, expression de la violence qui le fonde. Alors les apparences tombent et il révèle sans fard ce qu’il est : un rapport de domination, une structure d’instrumentalisation des hommes, des femmes,... de la Nature, qu’il soumet à ses intérêts.

Attaqué par la violence seule, la force, l’insurrection, voire le terrorisme, un système économique et social, à l’échelle de l’Histoire n’a aucune chance de le mettre à bas... l’exemple soviétique en est la plus parfaite illustration. Un système ne s’abat pas sous les coups d’une force, mais par la putréfaction des rapports sociaux qui le fondent. (voir l’article DECADENCE). L’élaboration de nouveaux rapports sociaux est l’élément essentiel de cette décomposition. La stratégie du changement consiste donc plus à construire des rapports sociaux alternatifs qu’à attaquer de front le système et ce d’autant plus qu’il bénéficie de deux avantages non négligeables : il a la force brutale matérialisée par la possession du pouvoir protégé par ses mercenaires armés (police-armée) et il a son idéologie qui a pour fonction de délégitimer aux yeux du plus grand nombre la violence qui lui est faite.

La pratique violente pure, même accompagnée de tout un discours incantatoire, véhément et idéologique (souvent fondé sur rien de concret) est donc, même si elle peut faire illusion (par sa brutalité), historiquement, inefficace. Le terrorisme de masse (attentats aveugles) ou individuel (assassinats ciblés) en tant que pratique politique en vue d’un changement est politiquement absurde. On ne construit pas un monde nouveau sur la terreur.

Le fascisme (forme de terrorisme d’Etat) est la forme politique qu’a pris le système marchand quand il a pensé que ses intérêts étaient menacés... contrairement aux discours pseudo humanistes officiels qui veulent nous faire croire que le fascisme est une aberration de l’Histoire (demandez à Papon qui a servi les deux formes !.).

Sans pour cela en arriver au fascisme (encore que... faudra voir l’avenir), le système marchand est prêt à tous les crimes et toutes les infamies pour sauvegarder ses intérêts vitaux. (demandez aux pays coloniaux et/ou néo colonisés ! demandez aux exclu-e-s,...)

La violence exercée comme moyen de défense à l’encontre d’un système oppresseur, comme moyen de protection d’un mouvement de libération, pour défendre des valeurs, est moralement et historiquement juste. Mais elle ne saurait cependant constituer la forme unique et essentielle du combat, elle est tout au plus, à l’échelle de l’Histoire, un moyen de préserver les acquis et un moyen de protection des nouvelles structures (éléments essentiel du changement) mises en place. Cette violence prendra alors un véritable sens pour celles et ceux qui l’exerceront... et y gagnera une légitimité.

Le choix de l’adoption du principe, du moment et de la forme de l’exercice de la violence renvoie à la question de la légitimité historique de celle-ci, c’est-à-dire de sa place dans le processus de changement des rapports sociaux et du degré de résistance de l’ancien régime. Plus les forces du changement seront fortes dans l’élaboration de nouveaux rapports sociaux, plus la violence de l’adversaire sera dérisoire et moins nous aurons à l’exercer. Faisons en sorte que l’utilisation de la violence, de la part de l’adversaire, soit l’expression et l’aveu implicite de sa faiblesse politique face à une situation qu’il ne contrôle plus...

16 avril 2004                                                                   Patrick MIGNARD

 

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VIOLENCE ET CHANGEMENT SOCIAL

La question de la violence est récurrente de tout processus de transformation sociale. La violence est partout dans l’Histoire, sa condamnation aussi d’ailleurs, et il est de bon ton aujourd’hui de croire, de faire croire ou de feindre de croire que, la transformation sociale étant terminée (que mettre à la place du marché ?), la violence doit l’être également.

L’Etat, l’autorité, s’est toujours attribué le monopole de la violence, du moins de la violence légale ; de la violence légitime, et a toujours déclaré illégitime la violence qui s’opposait à lui. Un tel constat ne règle pas le problème posé par la violence, mais au contraire le repose indéfiniment.

On associe trop facilement « force » à « puissance » voire à « justice »... c’est vrai dans le monde animal du moins pour les deux premiers termes... le troisième n’y ayant aucun sens. Dans la société humaine le problème est beaucoup plus complexe car, contrairement au monde animal, l’acte individuel et/ou collectif se fait consciemment et au nom de « valeurs ». Ainsi, la violence humaine n’a rien à voir avec la violence animale. La première est consciente, sociale et politique alors que la seconde est essentiellement instinctive... et ce qui fait l’ « inhumanité » de la violence humaine, c’est justement le fait qu’elle est humaine...

SUR LA LEGITIMITE DE LA VIOLENCE

Il n’existerait aujourd’hui, dans la société, que deux types de violence, la bonne, la légitime, la juste et l’autre, la mauvaise, l’illégitime, la perverse et inacceptable.

Au-delà de l’argument fallacieux qui fait de toute autorité le dépositaire légitime de la violence, le statut de la violence, de la force, dépasse le cadre strict de celui de la légitimité du pouvoir. En effet, tout pouvoir a toujours su fonder, et justifier, sa légitimité, de même qu’il a toujours su justifier, avec les meilleurs arguments du monde, l’utilisation de la violence contre ses opposants. Notons que la légitimation de la violence passe par la prise et la possession du pouvoir par ceux qui exercent celle-ci...Exemple ? La violence des nazis durant la République de Weimar est « devenue légitime » dés 1933... On peut multiplier les exemples historiques à l’infini. La légitimité de la violence change quand change le pouvoir. Ce n’est donc pas sur ce terrain que l’on peut arriver à comprendre quel est le statut de la violence.

La question essentielle serait plutôt : Que préserve réellement un système économique au point d’être susceptible d’utiliser la violence ? Il faut alors dépasser le cadre du simple discours idéologique qui masque la réalité du pouvoir, et du système, et examiner quels sont les mécanismes, les principes, de son fonctionnement.

L’économie de marché, ou la démocratie marchande, met en avant la légitimité populaire du pouvoir. La légitimité du pouvoir étant fondée sur le peuple, toute violence exercée contre le pouvoir s’exerce donc contre le peuple (on peut tenir le même raisonnement quand c’est Dieu qui légitime le pouvoir). Raisonnement logique, mais volontairement incomplet. Le fait que le pouvoir soit légitimé par le peuple n’exclu absolument pas que le système qui le sous-tend soit un système d’exploitation qui instrumentalise l’individu... le salariat en est la plus parfaite démonstration. Or, par sa nature même, ce système va être, et est, générateur de conflits, parfaitement identifiés, fondés sur les conditions de production et de répartition des richesses, bref d’existence. Rapport qu’il cache, comme l’ont fait tous les systèmes de domination dans l’Histoire, derrière le paravent d’une morale qu’il a ajusté à ses intérêts et d’une idéologie mystificatrice. La manipulation consiste en effet à affirmer le caractère « naturel » et « indépassable » de ce système, et l’organisation politique basée sur une alternance factice, qui le perpétue, sans pour cela résoudre les conflits, d’où une situation apparemment paradoxale d’un peuple qui conteste systématiquement un système dont il reconduit non moins systématiquement au pouvoir ses gestionnaires

Cette situation aboutit à un paradoxe surréaliste : la violence populaire est déclarée illégitime par un pouvoir légitimé par le peuple. L’ambiguïté est totale et tout à fait propice au statut quo, mais aussi, ce à quoi nous assistons aujourd’hui, à la juridiciarisation, voire criminalisation de la contestation sociale (voir l’article « VERS UNE SOCIETE POLICIERE ? »).

LE PIEGE DU SPECTACLE DE LA VIOLENCE

L’image de la violence est mystificatrice. Renvoyant dans notre inconscient aux rapports de force entre animaux, répondant probablement à la partie animale de notre cerveau, elle est l’expression d’un stade d’évolution que nous avons dépassé. Nous l’avons vu, les rapports humains sont des rapports conscients et politiques... ils ont dépassé le stade de l’instinct.

Pourtant, et peut-être à cause de cela, le spectacle de la violence nous fascine et nous trompe sur son efficacité réelle. Dans un rapport de force politique (au sens large), la violence n’est qu’un paramètre, autrement dit, elle n’est que l’ élément d’un tout, et c’est la structure de ce « tout » qui lui donne son sens. Ainsi, la violence (l’instrumentalisation de l’individu) qui est à la base du système marchand disparaît en tant que spectacle dans la rationalité de celui-ci, de même que la soumission au Moyen Age disparaissait dans l’allégeance dans la foi en la divinité. L’exploiteur s’est toujours appuyé sur le consentement de l’exploité à se complaire dans l’illusion du « naturel », du « logique », de la « fatalité » qui fonde sa soumission... à défaut il lui a toujours fourni des arguments pour s’en convaincre (Dieu, la patrie,...).aujourd’hui, le marché.

Le système marchand a atteint un haut degré de sophistication en matière de justification morale de ses principes. Il a pour cela la « rationalité », celle qui déclare « équitable » l’échange marchand, « qui pourrait remettre en question le calcul économique aux bases mathématiques ( ?) incontestables ( ?) »... et de cette « équité » basée sur la logique, il passe logiquement à l’ « équité » sur le plan moral. Quoi donc trouver de mieux qu’une rationalité scientifique fondant une valeur morale... Cette dernière est forcément universelle, incontestable et...harmonieuse, et donc exempte de tout germe de violence La mystification n’a plus à s’inventer des Divinités et autres entités au fondement « scientifique », et pour cause, fragile. On peut dire que la « mystification » est scientifiquement fondée et justifiée... c’est ce qui fait la force de persuasion de ce système. La rationalité du système masque le rapport de domination (le salariat) sur lequel il se fonde. De même que la foi justifiait et masquait l’exploitation, la rationalité du système marchand justifie et masque le rapport de domination qui le fonde.

Il faut donc inverser la vision de la réalité. La violence primaire n’est pas celle qui s’exerce pour combattre l’exploitation, mais c’est l’exploitation elle-même. C’est l’institutionnalisation (en système économique) de la violence sociale et économique qui masque sa vraie réalité et qui révèle en fait une autre violence qui n’est que son expression « en creux ». Ainsi la violence exercée par une révolte n’est que l’image symétrique de l’exploitation qu’elle combat.

Tout système a donc tout à fait intérêt, et il ne se gène pas, à présenter la violence exercée contre lui comme une remise en question, un atteinte à l’ordre... dont il est le représentant et le garant... ce qui, d’un certain point de vue et tout à fait exact... oubliant simplement d’expliquer l’origine et le sens de la contestation dont il est l’objet.

LA VIOLENCE EST-ELLE NECESSAIRE ?

Contrairement à ce qui nous porterait spontanément à croire que l’ « on combat la violence par la violence », l’Histoire nous montre que la violence brutale, physique, primaire, ne saurait être considérée comme l’élément essentiel du changement, elle en est tout au plus un élément marginal, en ce sens que ce qui fait le changement ce n’est pas la violence, mais au contraire la construction, l’élaboration de nouveaux rapports sociaux... ce qui est, il est vrai, une forme de violence faite au système en place. Une révolte, aussi violente soit-elle n’a jamais rien changé, du moins de matière fondamentale et déterminante. Que dans cette œuvre de construction, de nouveaux rapports, la violence s’exprime, c’est quasiment inévitable, et ce pour une raison simple : tout édifice social, nie ses contradictions et résiste aux forces du changement... et en dernière instance, il utilise la force brutale.... Et alors il se dévoile dans ce qu’il est réellement.

La non utilisation de la violence n’est donc absolument pas garantie.

Remettre en question le système marchand c’est lui faire exprimer à un moment donné ce qu’il est par essence : un rapport de violence devenu insupportable. Le remettre en question, en envisageant une alternative sociale et politique ne peut que lui faire exprimer les véritables intérêts et objectifs qui sont les siens. Montrer, démontrer concrètement qu’il est condamné par une structure économique et sociale fondée sur d’autres principes éthiques entraînera une riposte, expression de la violence qui le fonde. Alors les apparences tombent et il révèle sans fard ce qu’il est : un rapport de domination, une structure d’instrumentalisation des hommes, des femmes,... de la Nature, qu’il soumet à ses intérêts.

Attaqué par la violence seule, la force, l’insurrection, voire le terrorisme, un système économique et social, à l’échelle de l’Histoire n’a aucune chance de le mettre à bas... l’exemple soviétique en est la plus parfaite illustration. Un système ne s’abat pas sous les coups d’une force, mais par la putréfaction des rapports sociaux qui le fondent. (voir l’article DECADENCE). L’élaboration de nouveaux rapports sociaux est l’élément essentiel de cette décomposition. La stratégie du changement consiste donc plus à construire des rapports sociaux alternatifs qu’à attaquer de front le système et ce d’autant plus qu’il bénéficie de deux avantages non négligeables : il a la force brutale matérialisée par la possession du pouvoir protégé par ses mercenaires armés (police-armée) et il a son idéologie qui a pour fonction de délégitimer aux yeux du plus grand nombre la violence qui lui est faite.

La pratique violente pure, même accompagnée de tout un discours incantatoire, véhément et idéologique (souvent fondé sur rien de concret) est donc, même si elle peut faire illusion (par sa brutalité), historiquement, inefficace. Le terrorisme de masse (attentats aveugles) ou individuel (assassinats ciblés) en tant que pratique politique en vue d’un changement est politiquement absurde. On ne construit pas un monde nouveau sur la terreur.

Le fascisme (forme de terrorisme d’Etat) est la forme politique qu’a pris le système marchand quand il a pensé que ses intérêts étaient menacés... contrairement aux discours pseudo humanistes officiels qui veulent nous faire croire que le fascisme est une aberration de l’Histoire (demandez à Papon qui a servi les deux formes !.).

Sans pour cela en arriver au fascisme (encore que... faudra voir l’avenir), le système marchand est prêt à tous les crimes et toutes les infamies pour sauvegarder ses intérêts vitaux. (demandez aux pays coloniaux et/ou néo colonisés ! demandez aux exclu-e-s,...)

La violence exercée comme moyen de défense à l’encontre d’un système oppresseur, comme moyen de protection d’un mouvement de libération, pour défendre des valeurs, est moralement et historiquement juste. Mais elle ne saurait cependant constituer la forme unique et essentielle du combat, elle est tout au plus, à l’échelle de l’Histoire, un moyen de préserver les acquis et un moyen de protection des nouvelles structures (éléments essentiel du changement) mises en place. Cette violence prendra alors un véritable sens pour celles et ceux qui l’exerceront... et y gagnera une légitimité.

Le choix de l’adoption du principe, du moment et de la forme de l’exercice de la violence renvoie à la question de la légitimité historique de celle-ci, c’est-à-dire de sa place dans le processus de changement des rapports sociaux et du degré de résistance de l’ancien régime. Plus les forces du changement seront fortes dans l’élaboration de nouveaux rapports sociaux, plus la violence de l’adversaire sera dérisoire et moins nous aurons à l’exercer. Faisons en sorte que l’utilisation de la violence, de la part de l’adversaire, soit l’expression et l’aveu implicite de sa faiblesse politique face à une situation qu’il ne contrôle plus...

16 avril 2004                                                                               Patrick MIGNARD

 

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ACQUIS SOCIAUX : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS !

Le 15 mars 1944 le Conseil National de la Résistance adoptait un programme militaire, économique et social. Ces deux derniers volets allaient constituer les principes de la reconstruction nationale et déterminer une grande partie de la vie économique et sociale durant le demi siècle qui allait suivre. Ils allaient surtout constituer l’ossature d’une véritable « philosophie économique et sociale » qui plaçait, dans le cadre du système marchand, au centre de la problématique économique, l’intérêt général (nationalisations, service public), mais aussi la solidarité (retraites, sécurité sociale,...)... un défi qui n’a pas résisté aux lois implacables de ce système.

Que reste-t-il et que peut-il rester des mesures prise à cette époque dans des circonstances exceptionnelles ?

QU’EST CE QU’UN "ACQUIS SOCIAL" ?

C’est une conquête sociale, c’est-à-dire un avantage social qui a été obtenu généralement par la lutte, en faveur des salariés et qui a été entériné soit par le droit social, soit par des accords de branches ou conventions collectives. C’est un « progrés », une « avancée », une amélioration par rapport à la situation antérieure, qui doit être à la fois exemplaire et porteur d’avenir en vue d’autres conquêtes. Au sens large ce sont des mesures qui portent aussi bien sur les augmentations de salaires, les conditions de travail, la protection sociale, mais aussi sur des transformations structurelles (aux conséquences sociales évidentes) de l’appareil économique comme la création d’entreprises de services publics (voir par exemple le programme économique et social du Conseil National de la Résistance-CNR). Cette définition correspond à celle que peuvent en donner les salarié-e-s... mais ceux qui ont été contraints d’accorder cet acquis raisonnent de manière différente. Pour eux, un acquis social peut-être une « réforme » qui a été imposée par un rapports de force auquel ils ont du céder (grève, occupation,...), soit également à une mesure préventive pour désamorcer un conflit (cas des assurances- vieillesses accordées par Bismarck au 19e siècle aux ouvriers allemands pour « couper l’herbe sous les pieds » des sociaux-démocrates), soit parce que la mesure est opportune pour relancer l’économie (le fordisme).

LES « ACQUIS SOCIAUX » SONT-ILS DEFINITIFS ?

A l’échelle d’une vie humaine ils peuvent le paraître, mais en fait, à l’échelle des intérêts historiques d’un système ce n’est pas du tout le cas. Nous venons de le voir, les « acquis sociaux » sont conquis à l’occasion de divers évènements de l’Histoire, les conjonctures particulières, les crises et les conflits. Il est évident que les fluctuations et les changements dans le développement du système marchand influent sur la manière dont celui-ci va essayer de dépasser ses conflits et ses contradictions - en accordant ou en refus (en fonction de la seule considération de ses intérêts) des « avancées sociales ». Une fois acquises, ces « avancées », du moins de la part des salariés, sont considérées comme définitives, s’intègrent dans le « patrimoine de la collectivité ». Ainsi, salaire minimum, congés payés, retraites, protection sociale, service public,... sont devenus plus de que mesures, presque des valeurs qu’il est impensable, dans la conscience collective, de remettre en question.

Croire au caractère définitif des « acquis sociaux », c’est croire que le système marchand est enfin arrivé au sommet de son développement qui serait d’assurer le « bien être général ». Or, rien n’est plus faux. Ce système n’a jamais eu cet objectif. Sa vraie finalité c’est : la valorisation du capital... l’utilisation de la force de travail n’étant qu’un moyen. On doit donc considérer les « acquis » comme des concessions faites à un moment donné soit par la pression des salarié-e-s, soit par l’opportunité. En fait, rien n’est définitif...

C’est cette douloureuse constatation que nous sommes entrain de faire aujourd’hui à propos du droit du travail, des retraites, de la protection sociale, des services publics, de la santé,...

Le système marchand ne reculera devant rien pour assurer historiquement ses intérêts.... Ne pas le comprendre c’est accepter de se laisser encore plus instrumentaliser par lui.

LES "ACQUIS SOCIAUX" SONT-ILS NEGOCIABLES ?

Il est juste de renvoyer la question à celles et ceux qui en bénéficient.

Dans le système salarial, le premier combat que mène le salarié c’est celui de l’amélioration de ses conditions de travail en particulier, et de vie en général.... Une fois acquis de nouvelles conditions, il est difficile d’envisager un retour en arrière.

Cela dit, affirmer que les « acquis sociaux » ne sont pas négociables est une condition nécessaire de leur maintien, mais largement insuffisante. En effet, il est nécessaire de se convaincre qu’il est inconcevable d’accepter une « baisse de qualité de vie », surtout dans un monde qui a les moyens techniques de satisfaire l’ensemble des besoins. Mais l’affirmer, le proclamer, le manifester n’est pas suffisant, encore faut-il contrer concrètement le système dans sa volonté de les détruire. Le problème est donc essentiellement politique (au sens large).

Dire que les « acquis sociaux » sont négociables, ou peuvent faire l’objet de négociations, c’est, de facto, reconnaître qu’il sont à mettre au service (puisque remis en question) d’une rationalité autre que celle qui les fondent : l’intérêt général. Or cette autre rationalité ne peut-être que celle qui fonde le système marchand : la valorisation du capital. Autrement dit peut-on remettre en question l’ « intérêt général » au nom des « intérêts du capital » ? C’est comme cela que la question se pose et s’est toujours posé depuis le 19e siècle.

Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est que les forces politiques susceptibles d’être au pouvoir et quand elles sont au pouvoir, refusent de poser le problème en ces termes et servent aux citoyens à une espèce de « soupe théorique » qui mélange, à dessein, tout et aboutit à ce que nous connaissons aujourd’hui : le sacrifice de l’intérêt général sur l’autel de la valorisation du capital.

Les « acquis sociaux » ne sont donc évidemment pas négociables... c’est la finalité du système marchand qui est à remettre en question.

LE FALLACIEUX PRETEXTE DE LA « MODERNITE »

Les « acquis sociaux » seraient des privilèges, seraient passéistes, voire ringards ( ???)... bref, ils ne seraient pas adaptés à une économie moderne. Et pour en rajouter, les gestionnaires de l’économie marchande culpabilisent les bénéficiaires de ces acquis, en les comparant à celles et ceux qui n’y ont pas accès... aussi bien au niveau national qu’à l’international. Autrement dit la lutte pour la défense des « acquis sociaux » serait immorale ( ???) puisque entérinerait une inégalité. Ainsi ce ne serait pas le système marchand qui produirait les inégalités mais celles et ceux qui veulent améliorer leurs conditions de vie ( ???) .... Extraordinaire manipulation et qui dans pas mal de cas, fonctionne !

Mais qu’est ce qu’une « économie moderne » ? Ce serait une économie dans laquelle les lois du marché dicteraient strictement les conditions de la production et de répartition des richesses. Tout ce qui est intervention des pouvoirs publics, intervention citoyenne,... sont strictement prohibées et jugées néfastes car contraires ou entravant les lois (décrétées naturelles) du marché.

Donc pour « être moderne », il faut se plier aux lois du marché... et qui ne veut pas être moderne ? Qui veut se complaire dans le passé ? Qui n’a pas le courage d’envisager l’avenir ? Dis comme cela, personne évidemment... donc, vous savez ce qui vous reste à faire : ne croyez qu’au marché, ne faites confiance qu’au marché... Ainsi une nouvelle religion (la « pensée unique ») est née : la modernité qui désarme le salarié et le soumet intégralement au marché. CQFD.

Il ne reste plus qu’à prendre ces mesures « modernes » :

Dérèglementer (en particulier le marché du travail-salaire minimum, conventions collectives...) livre ainsi les rapports de production et les relations sociales aux seules lois du marché, fragilisant voire détruisant les « acquis ». La privatisation est une manière indirecte d’abolir le service public, supprimant le contrôle de la collectivité et livrant le capital de l’entreprise aux seules lois de la rentabilité. Capitaliser les retraites substitue la recherche du profit financier à la solidarité intergénérationnelle. De même, rentabiliser les services de santé livre celle -ci aux lois du capital....

Tout cela a des conséquences que l’on peut facilement imaginer... mais c’est paraît-il très moderne (sic).

Les « acquis sociaux » sont-ils irrémédiablement condamnés ?

On pourrait répondre à cette question par : dans l’Histoire rien n’a jamais été et n’est irrémédiable.

Cependant, en l’absence d’un sursaut collectif, leur condamnation est quasiment assurée. Se battre pour les conserver va bien au-delà de la sauvegarde de mesures sociales, ou de défense d’intérêts sectoriels, c’est l’expression d’une éthique qui s’oppose à celle de l’économie de marché Ce n’est pas, et tout le monde en est conscient, avec de simples protestations que nous parviendrons à nos fins, mais en mettant dés à présent en chantier une pratique alternative à l’échelle de l’Europe (voir l’article TRANSITION).

Si l’on échoue aujourd’hui, il faudra de toute manière les reconquérir... mais à quel prix et avec quelles garanties de les conserver cette fois définitivement ? Ce n’est qu’en dépassant le système marchand qu’on pourra y parvenir... alors il ne s’agira plus d’ « acquis » toujours menacés, mais d’une société nouvelle.

8 avril 2004                                                                Patrick MIGNARD

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NEGOCIER ? ... MAIS NEGOCIER QUOI ?

Les marges de manœuvres, politiques, et surtout économiques dont dispose un système pour se pérenniser et assurer son équilibre en dit long sur son état général et en particulier sur le degré de développement de ses contradictions. L’indicateur est d’autant plus fiable quand le système politique est dit démocratique. Or, aujourd’hui, dans les pays développés, et en France en particulier, c’est bien de cela dont il s’agit, de la volonté mais aussi des possibilités de négociation dont disposent les pouvoirs publics en matière de politique économique et sociale.

Le pouvoir actuel est caractérisé par une double attitude, inquiétante : la tendance à la liquidation des acquis sociaux et économiques (service public, législation du travail, retraites,...) et l’obstination à « ne pas/plus entendre » les protestations. Cette attitude à une conséquence logique : elle limite ce qu’il est convenu d’appeler, le « champ des négociations ». Or, la négociation, dans un système qui se veut démocratique est une pratique de dialogue social, essentielle, c’est d’ailleurs autour d’elle que se structurent les instances et les stratégies de « dialogue social » activées en cas de conflit (essentiellement les syndicats et les associations diverses).

QUE RESTE-T-IL A NEGOCIER ?

Dans le système marchand, la négociation est inévitable. Comme dans chaque système, basé sur un antagonisme économique et social (intérêts économiques et sociaux divergents entre groupes sociaux), la négociation est le premier instrument de régulation pour sortir d’un conflit et pour éviter tout durcissement voire généralisation de celui-ci.

A l’époque de la souveraineté de l’Etat-nation et dans une économie « non ouverte » (par opposition à la mondialisation que nous connaissons aujourd’hui), les pouvoirs publics, l’Etat, avaient une double qualité pour négocier : ils avaient la compétence sur leur territoire et avaient « de quoi » négocier.

La compétence était la conséquence même de l’existence de l’Etat-nation : une autorité qui avait autorité sur le territoire et ce à l’exception de toute autre. Cette autorité, dans un système démocratique représentant le peuple, on en concluait que le peuple avait « autorité » sur les décisions étatiques.

Ce qui se négociait c’était la rémunération de la force de travail, ses conditions d’existence (hygiène, sécurité, temps de travail, protection sociale, retraites,...)... entre autres.

Aujourd’hui :

La compétence a été diluée à la fois dans la mondialisation du capital... le pouvoir économique a largement dépassé le cadre national qui borne la zone d’influence de l’Etat national, mais aussi dans la construction européenne qui a déclaré compétentes des instances supranationales, installées il est vrai avec l’accord des Etats. La situation est aggravée par le choix politique des Etats de fonder le fonctionnement de l’économie, non plus sur un contrôle citoyen, mais en faisant confiance aux stricts mécanismes du marché.

Quant à la « matière » même de la négociation, elle a fondu comme neige au soleil. En effet, la mondialisation marchande, par l’ouverture de nouveaux pays producteurs (à bas coûts) et l’ouverture de marchés à l’échelle planétaire (pratiquant des prix défiant toute concurrence), interdit désormais ce qui hier était possible : augmenter des salaires, garantir l’emploi, assurer la protection sociale,...Toutes ces mesures qui autrefois ont fait les « conquêtes sociales », les « acquis sociaux » et ont évité les conflits majeurs,... toutes ces mesures sont (dans le cadre du système marchand), aujourd’hui impossibles à prendre.

Autrement dit, il faut se rendre à l’évidence : si l’on voit toujours, et encore, « qui » peut négocier, on ne voit plus très bien « quoi » négocier. Le système marchand n’a plus rien à négocier avec les salarié-e-s.

Cette situation fait voler en éclat les conditions d’établissement d’un consensus social qui trouvait ses fondements, en cas de conflit, dans la négociation. Les syndicats sont impuissants à assumer une situation pour laquelle ils n’ont jamais été faits. Quant à l’Etat, qu’il soit de Droite ou de Gauche, qui est garant de ce système, on comprend parfaitement pourquoi il hésite à faire des réformes (Gauche) ou pourquoi, il passe, ou essaye de passer, en force (Droite). On comprend enfin pourquoi les réformes vont toutes dans le sens de la dérèglementation et que la Droite comme le Gauche ne peuvent y échapper.

Malgré cela, l’Etat garant du système marchand se doit de maintenir la « cohésion sociale » ou du moins un semblant, et comme il doit aussi sauver les apparences démocratiques, il ne peut pas agir uniquement sur le plan répressif....

LA « COMMUNICATION » COMME MOYEN DE SAUVEGARDER LES APPARENCES

Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui ont été surpris par la remarque des membres du gouvernement qui, en chœur, ont expliqué doctement qu’il y avait un « déficit de communication »... autrement dit, les réformes passent mal parce qu’elles sont « mal expliquées ». Surprise également quant à l’attitude du gouvernement qui manifestement a l’intention de continuer les « réformes » Certaines et certains en ont conclu que le gouvernement prenait les gens pour des imbéciles et des demeurés... il y a de ça, mais pas uniquement.

Le gouvernement, malgré tous les risques de troubles sociaux, ne peut pas ne pas continuer sa politique : contrainte du marché, contrainte des engagements internationaux (OMC, Europe)... c’est tout le sens de la phrase : « Il faut réformer la France ». Il est donc indispensable de faire « passer ces réformes dans l’opinion publique »... il faut donc faire preuve de persuasion. Tout et bon, et tout sera bon : remaniement ministériel, désavoeu du gouvernement précédent, promesses (encore !), appel à la sagesse, la responsabilité, la volonté, au réalisme, etc... Bref rien de très nouveau mais parfaitement illusoire.

Le temps va être mieux utilisé : au lieu d’injecter massivement on va faire du goutte à goutte, jouer sur les contradictions des bureaucraties syndicales, la lassitude des salariés, des usagers, les périodes de vacances, les grandes campagnes médiatiques qui dilueront l’attention de l’opinion publique : attentats, catastrophes, réunions sportives, évênements poeple, etc....Bref de la C-O-M-M-U-N-I-C-A-T-I-O-N !

La Gauche surfe d’ailleurs démagogiquement sur cette situation, faisant croire que si elle était au pouvoir elle ferait différemment ( ???)... ce qui est un pieu mensonge et une manipulation... il suffit de voir comment elle a agit au gouvernement hier... et à fortiori si elle y était aujourd’hui... décidée à gérer ce système elle n’aurait pas le choix. Elle va essayer de se refaire une virginité politique sur les probables échecs du gouvernement et va entraîner l’opinion publique dans des manifestations ridicules qui n’auront qu’un seul et unique objectif : la ramener au pouvoir.

Enfin, si la « communication », c’est-à-dire la persuasion et la manipulation n’arrivent pas à ces fins, il reste la répression, la contrainte... c’est ce qui explique le recours de plus en plus fréquent aux mesures coercitives et à la juridiciarisation des conflits sociaux (voir l’article : VERS UNE SOCIETE POLICIERE ?).

ET ALORS ?

Le fait que le système marchand n’ai plus rien à négocier ne veut évidemment pas dire que l’alternative, en terme de l’instauration d’un autre système, est prête, encore faut-il que des rapports sociaux nouveaux prennent le relais, et qu’il y ai une volonté politique, quelle que soit sa forme, pour l’assurer. C’est d’ailleurs là que réside l’essentiel du problème de l’alternance, d’autant plus que l’action de la Gauche va être stérilisante et destructrice pour celles et ceux qui veulent le changement.

Il est dés à présent indispensable de procéder à une analyse de la situation qui nous fait sortir de la gangue politicienne et électoraliste et pose les problèmes, non pas en terme de prise du pouvoir (pour quoi faire ?), mais de mise en place de relations sociales alternatives et de formes de luttes nouvelles qui posent le véritable problème de la marchandisation (voir l’article TRANSITION)

Si tout ce qui est écrit dans cet article est juste, c’est la seule voie possible qui s’ouvre à nous.

3 avril 2004                                                     Patrick MIGNARD

 

 

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LA « PUB » OU LA VIE

La publicité s’est emparée de la vie pour l’insuffler à un objet mort, la marchandise.

La publicité croit être la vie (il suffit d’entendre parler les publicitaires !) alors qu’elle la tient prisonnière comme le possesseur d’un oiseau qui projette sur l’animal encagé ses visions de liberté. Elle envahie notre univers et apparaît comme l’expression de la vie alors qu’elle n’en est que l’occupante indésirable.

L’expression de nos désirs trébuche en permanence sur la publicité au point d’en faire des désirs « hors de nous-mêmes », au point de nous rendre complices non consentant de décisions, de plaisirs étrangers à nous-mêmes.

Consommer devient alors un acte de trahison de nos propres désirs. La publicité nous dépossède de notre libre arbitre, de l’image que nous avons de nos propres besoins et désirs. Elle est l’œil impudique et totalitaire qui nous renvoie en permanence la réalité de notre soumission à la marchandise.

On ne consomme plus « pour… », mais on consomme « parce que… ». Le « vu à la télé » donne une dimension mythique à l’objet qui en fait un élément indispensable de la reconnaissance sociale. Consommer permet de « passer (symboliquement) à la télé »… c'est-à-dire exister aux yeux des autres dans la logique de la société d’images qui est la notre.

La publicité est un instrument de torture qui tourmente celle ou celui qui n’est pas dans la norme marchande, autrement dit celle ou celui qui ne peut pas payer. Elle lui renvoie le besoin de satisfaction de son besoin comme un interdit social. Elle lui rappelle qu’il n’est pas de ce monde, celui de la marchandise, qu’il est, en tant qu’exclu, inutile à la production marchande, autrement dit qu’il n’existe pas. Elle le sanctionne dans ce qu’il y a d’essentiel pour un individu : la reconnaissance sociale.

La publicité jette un voile pudique sur les conditions sociales de la production, sur l’immense gâchis de notre environnement, sur le monde détruit qu’elle nous prépare.

Elle nous trompe en jonglant habilement avec sa valeur d’usage et sa valeur d’échange en nous faisans miroiter le fameux « rapport qualité/prix » comme la quintessence de la rationalité en matière de comportement économique du consommateur. En fait, la qualité n’a de sens qu’au regard de la valeur marchande qu’elle permet de faire réaliser, de même que le prix n’a de sens qu’au regard du coût de la production et du rapport de force qu’il permet d’établir vis-à-vis des concurrents… Le soit disant avantage dont bénéficie le « client », n’est qu’un sous produit, souvent avarié, de conditions auxquelles il est parfaitement étranger.

Elle nous interdit le choix parce qu’elle le guide. Elle prend notre libre arbitre en otage. Quoi qu’on choisisse elle est là pour nous dire que c’est elle qui a décidé et nous donner l’illusion que c’est nous.

La publicité est le masque dont se pare la marchandise pour nous asservir.

L’acharnement des pouvoirs publics à lutter contre les campagnes anti publicitaires, par justice interposée évidemment, est tout à fait logique. Le système n’est pas fou, il a tout de suite senti la dimension subversive de telles actions qui ont désormais dépassé le stade de la simple dénonciation. Action d’autant plus subversive qu’elles se font suivant des schémas pas du tout conventionnel: il n’y a pas d’organisation, de chefs ou de mots d’ordre… c’est de l’action spontanée au sens le plus positif du terme. Action d’autant plus dangereuse qu’elle est sympa, conviviale et non violente. L’ensemble de celles et ceux qui y participent sont mus par la conscience et non par un réflexe bureaucratiquement réfléchi dans ses dimensions tactiques et stratégiques par des appareils clairement identifiés et présentant toutes les garanties de l’inoffensivité.

S’en prendre à la marchandise c’est s’en prendre à l’image sociale de la valeur d’échange de la marchandise, autrement au cœur du système marchand, à ce qui lui donne un sens. S’en prendre à la publicité dans un système marchand, c’est s’en prendre à l’image de l’idole ou de Dieu dans une religion. Ce n’est pas l’affiche qui est salie ou son support, ce n’est pas le créateur de l’affiche qui est insulté c’est l’idole qu’elle représente qui est foulée au pied: la marchandise… la marchandise dans ce qu’elle doit, croit, avoir de plus désirable, sa valeur d’usage, mais qui n’a de sens dans ce système que par sa valeur d’échange. Toucher à sa valeur d’usage c’est mettre en péril la valeur d’échange… La marchandise est une dans l’ambivalence des valeurs qui l’a constituent.

Il importe donc, dans les plus brefs délais (le temps c’est de l’argent), d’identifier celui ou celle qui est à la base du complot, d’abord et surtout pour le faire cesser. Le système ne comprend l’action que par l’existence d’instigateur, à l’image de l’entreprise qui ne saurait se passer d’un chef. Trouvez le chef, trouvez le meneur et le trouble cessera. Il faut aussi trouver le chef pour faire un diagnostic du mal, savoir par exemple si c’est une action traditionnelle, autrement dit bien encadrée et donc à terme contrôlable, ou s’il s’agit d’une autre forme de contestation, non dirigée et donc beaucoup plus dangereuse, signifiant une prise de conscience individuelle à dimension collective

Consciemment ou pas (peut-être est ce une réaction purement épidermique) celles et ceux qui ont entrepris cette action ont touché le coeur du système. Ils, elles ont touché ce qui est essentiel dans ce système.

Nous devons méditer cette expérience et nous demander si elle n’ouvre pas une voie nouvelle dans la lutte que nous menons, au même titre que la lutte pour la gratuité ou la mise en place de rapports sociaux nouveaux et non marchands. A l’heure d'une campagne électorale où l’on va nous bombarder d’informations, de pseudo analyses, de promesses, de projets tous plus minables les uns que les autres, cette bouffée d’oxygène devrait nous permettre de reprendre le souffle d’une action qui serait cette fois (enfin!) plus prometteuse que les vieilles lunes électoralistes que l’on nous sert régulièrement.

        1er avril 2004                                                      Patrick MIGNARD

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Publié dans : #matiere a reflexion

LE SERVICE PUBLIC A L’EPREUVE DU MARCHE

Le service public « fond », aujourd’hui, « comme neige au soleil ». Attaqué de toutes parts par les gestionnaires du système marchand, il est en passe de succomber à la marchandisation généralisée . Victime de la loi du marché et des discours trompeurs et mensongers sur l’efficacité et la rentabilité, les « usagers » vont devenir des « clients »... désormais il ne faudra plus « avoir besoin de... », mais « pouvoir et/ou devoir payer ».

Le service public fait partie de notre culture politico-économique. Héritier des heures marquantes du Front Populaire et surtout de la Libération, il constitue un des repères essentiels du cadre de notre vie quotidienne. Sa remise en question, sujet tabou pendant des décennies, nous atteint tant sur le plan pratique que sur le plan moral et civique. On a l’impression de perdre quelque chose d’important sinon d’essentiel, on a l’impression de perdre de ce qui fait de la justice de l’équité et de l’égalité, bref, une partie de ce qui fonde les valeurs de ce que l’on appelle la République.

QU’EST-CE QUE LE SERVICE PUBLIC ?

Il n’existe pas de définition stricte, et à fortiori juridique de ce concept. Certains l’ont même qualifié de « nébuleuse juridique » autrement dit on peut y mettre à peu prés n’importe quoi. Ce flou n’est cependant pas le fruit du hasard. En effet, ce terme fait référence à deux notions lourdes de signification : la collectivité et l’impératif du service à rendre. Ce qui signifie que le service public peut se résumer à « l’impératif de rendre un service à la collectivité », et « au nom de la collectivité ».

Que voilà donc une bien étrange chose dans un monde où il est de plus en plus question que de marché, de rentabilité, de profit et de solvabilité du consommateur !

Quelle différence y a-t-il entre une production de service dans le cadre d’un service public, et une production hors de ce cadre ?

Dans le cadre strictement marchand, la production est exclusivement motivée par la demande solvable (ne consomme que celui qui peut payer), c’est à dire adapter (rentabilisation) et réaliser la production uniquement en vue de la réalisation d’un profit (pour rémunérer le capital et réaliser les investissements d’adaptation de la production aux conditions du marché). C’est le fondement même du système marchand. On parlera de « client » de l’entreprise.

Produire avec une « contrainte de service public » (notez le terme « contrainte » qui en dit long....) privilégie d’abord la production en vue de la satisfaction d’un besoin. La production est considérée comme un impératif, devant se faire même si les conditions financières ne sont pas réalisées. Autrement dit même si la production n’est pas rentable. On parlera d’« usager » du service public.

« Client » et « usager » sont donc deux termes qui ont chacun un sens bien particulier, et ce n’est pas un hasard si l’on abandonne peu à peu le terme d’ « usager » au profit (si j’ose dire) de « client ».

Il y a donc bien une différence fondamentale entre la « philosophie » de la production marchande et celle du service public. Mais alors, pourquoi donc faire apparaître cette notion de service public concernant certains secteurs d’activité ?

La réponse est à la fois économique et historique . Certains secteurs de l’activité économique (énergie, transports, communication) sont apparus à la fois comme stratégiques et pas forcément rentables à court terme... c’est le cas du chemin de fer dans les années 30 et du charbon et de l’électricité dans les années d’après la Libération. L’Etat, garant du fonctionnement du système a trouvé tout à fait rationnel de nationaliser ( par exemple en totalité EDF en 1946, ou en partie SNCF en 1937 puis en totalité en 1983) et d’en faire à la fois un élément de stratégie globale pour le système et de satisfaction des besoins pour l’ensemble de la population. Mais à joué également, et souvent parallèlement, un autre facteur : la volonté politique et même idéologique de ne pas mettre des secteurs essentiels de l’économie entre les mains du privé. Ce n’est pas un hasard si l’on assiste à l’éclosion du service public à des moments clef de notre histoire (Front Populaire, Libération). Attention tout de même à ne pas confondre entreprise « publique » ou « nationalisée » et entreprise de « service public ». Une entreprise peut-être publique sans avoir ce que l’on appelle la « contrainte de service public » (par exemple les banques publiques Crédit Lyonnais et BNP, nationalisées, n’avaient pas de contraintes de service public). De même que des entreprises privées peuvent passer des accords avec l’Etat ( des concessions) s’engageant par un « cahier de charges » à assurer un quota de services (les compagnies d’autoroutes)... mais peut-on véritablement parler à ce stade de service public ?. On peut donc voir que la notion de service public a été rendue « très élastique » par le système marchand. Et comme chacun sait... un élastique peut casser. ... surtout si l’on tire trop dessus.

POURQUOI LE SERVICE PUBLIC EST-IL EN DANGER ?

Pour une raison qui découle tout simplement de ce qui vient d’être dit : le service public dans son principe « transgresse » le principe de fonctionnement du système marchand. Tant que la notion de service public a servi le système marchand, dans son développement, pour surmonter des crises ou pour satisfaire la plus grande masse afin de s’assurer la paix sociale, il a été accepté. Aujourd’hui, ces entreprises devenant rentables, ou en voie de l’être, il n’a plus, en tant que tel, d’intérêt pour le capital, sur le plan économique : pourquoi laisser de côté des secteurs qui peuvent s’avérer financièrement juteux, et sur le plan idéologique : ça donne de mauvaises habitudes aux « usagers » qui exigent un service constant et de qualité, et ce, indépendamment de contraintes gestionnaires. De plus, joue aujourd’hui en sa défaveur un choix politique et idéologique : le choix libéral qui fait que seul le marché peut réguler les fonctions de production des richesses et leur distribution. Le service public est donc déclaré hors jeu.

Porter atteinte au service public n’est cependant pas simple, et plus particulièrement en France, parce qu’il a été intégré dans notre « culture sociale », il est vécu, à juste titre, comme un « acquis » (voir l’article « ACQUIS SOCIAUX : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS ») ; il est vécu comme un élément essentiel de la justice sociale. Il faut donc le déconsidérer aux yeux de l’immense majorité des citoyens-nes. Pour cela plusieurs méthodes ont été développées par les gestionnaires du système :

- On déclare la main sur le cœur que l’on ne touchera pas au service public...c’est la Gauche qui a tenu ce discours, c’est même Juppé qui, en 95, avait même parlé d’un « service public à la française » ( ????)... et voulait même le citer dans le préambule de la Constitution... ce qui n’engage a rien (voyez le « droit au travail » qui y est)
- On ne dit rien mais on ouvre doucement le capital des entreprises de service public au capital privé en disant qu’il s’agit simplement d’une « question technique » (ben voyons !)... c’est la Gauche qui a utilisé le plus hypocritement cette méthode (on comprend pourquoi)...argumentation reprise aujourd’hui par le ministre de l’économie.
- La méthode la plus radicale et imparable : l’alibi de l’Europe. Alibi qui d’ailleurs n’est pas faux et qui consiste à dire : la France a ratifié démocratiquement le traité de Maastrich en 92, or ce traité stipule explicitement qu’il doit y avoir (non pas la suppression des services publics) mais l’ « ouverture à la concurrence » et au marché de tous les secteurs de la production de biens et de services, ce qui de manière détournée est la condamnation à mort du service public (demandez aux anglais !!!).

UNE DEFENSE DIFFICILE

La spécificité du service public implique que sa défense revête un caractère plus politique (au sens noble)... disons le mot « éthique », que simplement technique. C’est plus une conception du « rapport production-consommation » que l’on défend qu’une simple revendication sectorielle, voire corporatiste comme essaye de le faire croire ses adversaires. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les forces politiques qui disent, parfois démagogiquement, défendre le service public, font exactement le contraire... quand elles sont au pouvoir. Le problème c’est que les grands syndicats de salariés s’en tiennent à des discours sans conséquence ou, ce qui est catastrophique, à une défense purement catégorielle, voire statutaire des agents de ces entreprises. Autrement dit le service public est actuellement seul devant ses détracteurs qui petit à petit le mettent en pièce.

Sa défense pose, ou repose, la question, de la structuration politique du mouvement social et ce aussi bien du point de vue de la défense des acquis, que de la forme des luttes et de la transition à assurer pour qu’une « autre monde soit possible » (voir les articles TRANSITION et DROIT DE GREVE ET SERVICE PUBLIC).

Le service public se réduit au rythme du développement de la mondialisation marchande, et de la rationalité du marché... décrétée comme seule forme de structuration sociale. Cette mise à mort est orchestrée à l’échelle internationale par l’Organisation Mondiale du Commerce qui met en place, avec l’accord de tous les Etats, l’ « Accord Général sur le Commerce et les Services ».

 1er avril 2004                                                                     Patrick MIGNARD

 

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