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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

VERS L’ABIME ? (2)

Nous avons vu dans le précédent article « VERS L’ABIME ? (1) » le mécanisme de la décadence du système dominant dans ce qu’il est convenu d’appeler la société civile. Le panorama ne serait pas complet si l’on omettait d’évoquer la crise financière qui accélère cette décadence.

La dimension financière dans le capitalisme n’est certes pas nouvelle mais elle a pris aujourd’hui un dimension nouvelle – comparée par exemple à la crise des années 30 – ne serait ce que du fait de la mondialisation du capital et des techniques, aussi bien quantitatives que qualitatives, de valorisation du capital financier.

LA NOUVELLE DONNE

En plus d’un siècle, le capitalisme, tout en fonctionnant sur le même principe, a largement évolué et a perfectionné les moyens pour atteindre toujours le même objectif : faire de l’argent.

Limités jusqu’au années 50 aux « Etats nations » industriels qui détenaient technologie, capitaux, main d’œuvre et en réserve les ressources de leurs empires coloniaux, les « capitalismes nationaux » règlent leurs comptes sur le plan intérieur par des politiques économiques relativement indépendantes et la répression et sur le plan extérieur par la diplomatie aboutissant souvent à la guerre.

Le lendemain de la 2e guerre mondiale, tout en conservant le système, modifie la donne :

- le dollar devient monnaie de réserve, rattaché à l’or, et de ce fait stabilise les taux de change ;

- le capital déborde les frontières nationales, aidé en cela par le développement des moyens de communication, de transport et la décolonisation généralisée ;

- tous les marchés se mondialisent – y compris le marché de la force de travail.

Les politiques interventionnistes, utilisées pour riposter à la crise des années 30 et assurer la reconstruction, deviennent rapidement obsolètes devant la mondialisation du capital et la perte relative du pouvoir économique des Etats.

La voie est ouverte pour le libéralisme.

De 1945 à 1971 il n’y a pas de crise financière… Ce sont les « Trente Glorieuses » dernière période faste pour les vieux pays industriels…

Notons que le camp dit « socialiste », durant cette période, s’il joue un rôle sur le plan diplomatique, n’interfère absolument pas de manière déterminante, sur le plan économique, avec le capitalisme occidental.

L’EXPLOSION LIBERALE

Le 15 août 1971, les USA détachent (récession, Vietnam,…) leur monnaie de l’or… mettant du même coup à bas le système monétaire mis en place en 1944 à Bretton Woods. Conséquence : les taux de change jusque là fixes, devient variables, désorganisant le commerce international… d’où un recherche de stabilité dans les « couvertures de risques »… donnant naissance à une véritable « industrie financière » de la gestion des risques… fondée sur la spéculation.

Cette pratique spéculative favorise l’émergence de nouveaux marchés : ceux des « produits dérivés ». Adossés aux produits d’assurance de couverture de risque, ils s’étendent à tout ce qui est échangeable sur le marché : matières premières et surtout, contrats d’assurance, garanties de recouvrement de créances…

Avec la généralisation de la déréglementation des taux d’intérêt, c'est-à-dire du coût de l’argent emprunté au système bancaire, au début des années 80 (sous l’impulsion de Reagan –Thatcher) et de la libéralisation européenne, l’industrie financière se hisse à un sommet jamais atteint.

« En 2007, les transactions concernant l’économie réelle représentent seulement 1,6% des échanges interbancaires du monde entier ».

(« Un Monde sans Wall Street ? » de François MORIN)

Désormais, avec la déréglementation, tout est possible pour faire de l’argent facile, une multitude de produits financiers voit le jour et qui vont être les instruments d’une spéculation effrénée.

On entre alors de plein pied dans un capitalisme financier qui soumet l’économie réelle à ses exigences, qui détruit les solidarités (caisses de retraites spéculatives), qui marchandise les services publics (privatisations), qui spécule sur les ressources essentielles à la vie des populations (céréales, énergies, matière première, santé…).

L’appât du gain n’est plus simplement fondé sur l’exploitation industrielle de la force de travail, mais surtout sur la spéculation financière. L’essentiel des profits effectués le sont dans la sphère financière… banques, fonds de pensions, Hedge Funds en sont les principaux bénéficiaires.

Les bulles financières ainsi constituées, fondées sur la couverture de risque et la spéculation, fondées sur une véritable mutation de la pratique bancaire qui substitue les pratiques de marché au crédit, constituent un système à la merci du moindre incident financier.

Parallèlement, les Etats ont abandonné leurs prérogatives en matières monétaires et se sont soumis volontairement pour leurs politiques budgétaires aux marchés financiers,… d’où les dettes actuelles.

La crise est le prolongement logique de ce fonctionnement.

LA CRISE

Elle était prévisible, mais encore fallait-il décrypter les données. La sonnette d’alarme a été tiré depuis longtemps. Plusieurs incidents bancaires graves en ont été les précurseurs. Les économistes officiels, politiciens, « experts », professionnels de la finance, élus,… n’ont rien dit pendant des années. Ils portent de ce fait une écrasante responsabilité.

La crise des subprimes a révélé l’ampleur des dégâts de la généralisation des instruments financiers de couverture de risque. La pratique de la titrisation et l’usage des paradis fiscaux par tous les agents financiers tout en facilitant les pratiques obscures, en ont aggravé les conséquences.

Les politiciens et leurs « experts » ont vu leurs « théories » économiques et leur déréglementation prises en défaut.

L’ensemble du système bancaire touché (gorgé de produits financiers toxiques), c’est l’économie réelle qui en fait les frais, celui-ci bénéficiant des largesses des Etats pour se reconstituer au frais de l’argent public. On a trouvé en quelques jours des sommes que l’on est incapable de réunir pour lutter contre la pauvreté, les maladies et la faim dans le monde. (1er scandale).

Ceux qui ont cru que la crise était passée en ont été pour leurs frais. Non seulement les produits financiers toxiques – surtout des CDS (Credit Default Swap) sont dans tout le système bancaire mondial, prêts à resurgir,… mais les Etats se sont pris à leur propre piège d’avoir recours aux marchés financiers pour leurs dettes. N’ayant aucun pouvoir, et n’en voulant aucun, au nom du libéralisme, sur le système bancaire, l’émission de monnaie, les agences de notation et les paradis fiscaux, ils se retrouvent comme les simples agents pris au piège de la finance,… n’ayant comme seul recours que de faire payer leurs citoyens.

La crise des dettes souveraines, celle qui consiste à ne plus pouvoir combler les déficits publics est autrement plus grave que celle déclenchée par les subprimes, car cette fois ce ne sont plus simplement des particuliers qui sont en faillite, mais des Etats. De plus, les sommes en jeu, et les réserves pour sauver les Etats ne sont plus disponibles. D’où le bricolage actuel.

QUE FAIRE ? OU ET COMMENT ?

Face à cela le citoyen est totalement démuni. Il peut s’indigner, manifester, dénoncer les élus, s’affronter à la police, faire grève, pétitionner…cela ne change rien à la situation.

Les dirigeants qui l’ont mené au bord du gouffre ont été élus par lui,… il est donc constitutionnellement, légalement et même démocratiquement mal placé pour les critiquer – dans le cadre de lois qu’il accepte - et ce d’autant plus qu’il les reconduit systématiquement au pouvoir depuis des année.

Les peuples sont aujourd’hui victimes des discours démagogiques qu’ils ont cautionné et des limites de la « démocratie représentative » qui dans le cadre du capitalisme n’est qu’une escroquerie… la preuve sous nos yeux aujourd’hui.

Ceci explique certainement le véritable désarroi des peuples qui, trop longtemps confiant dans les institutions, se voient trahis par ceux qu’ils considéraient comme quasiment sacrés, leurs élus. Ceux-ci, qui ont su se barder de privilèges, leur font payer leur excès de confiance en liquidant tous les acquis sociaux laborieusement conquis (retraites, services publics, santé,…).

« On ne sait plus quoi faire », telle semble être la réflexion générale. Et d’ailleurs à défaut de « ne plus savoir quoi faire » on s’apprête à recommencer les mêmes erreurs, « réélire les mêmes ou d’autres… pires ».

J’exagère ?... Voir ce qu’il s’est passé au 20e siècle entre les deux guerres.

Se heurter de front au système financier apparaît comme « mission impossible » et elle l’est ; et ce n’est pas en occupant Wall Street que l’on va faire chuter la finance globalisée ou en signant des pétitions exigeant des explications sur la dette. Les flambées de colère et d’indignation, si elles illuminent un instant les pensées noires d’une opinion publique déboussolée, n’éclairent en rien l’avenir.

Certes ces mouvements d’humeur sont respectables, significatifs, révélateurs, justes, fondés,… mais pas du tout porteur de la moindre stratégie de changement. Sans pour cela les ignorer, l’essentiel ne peut que se passer ailleurs.

Mais où et comment ?

- en rejetant d’abord le jeu stérile des élections qui donne une légitimité aux profiteurs du système, par l’intermédiaire d’élus complices. Des noms ?

- en repensant des relations sociales nouvelles qui mettent dans un rapport différent, que celui imposé par le système, producteurs et consommateurs.

- en refusant la fatalité de la liquidation d’entreprise, en en prennent la direction et la faisant fonctionner dans un cadre nouveau – exemple du mouvement des reprises d’entreprises en Argentine.

Les jeunes, et les moins jeunes, qui sont exclus ne trouveront pas leur avenir dans les banques et dans les entreprises qui licencient et délocalisent.

Nous avons été pendant des décennies éduqué/es dans des pratiques politiques, syndicales, économiques et sociales qui sont aujourd’hui obsolètes. Les méthodes à mettre en œuvre ne sont pas inscrites dans les vieux grimoires poussiéreux de la démocratie parlementaire et ses institutions vermoulues.

L’avenir n’est inscrit nulle pas… à nous de l’inventer

novembre 2011 Patrick MIGNARD

Voir aussi : « VERS L’ABIME (1) »

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VERS L’ABIME ? (1)

Bien sûr, il est toujours dangereux, voire contreproductif de « crier au loup ». Pourtant, en certaines circonstances cet appel est nécessaire parce que le loup est effectivement là.

La sonnette d’alarme a été activée depuis longtemps au point que le cordon nous est resté entre les mains et que, petit à petit, nous nous laissons, par notre impuissance à analyser les situations, à accepter les solutions « prédigérées », et à notre incapacité à concevoir des stratégies nouvelles,… glisser vers le chaos.

UN POURRISSEMENT GENERAL

Les « affaires » et scandales d’Etat qui se multiplient, n’en finissent plus et occupent l’essentiel de l’actualité pourraient paraître anecdotiques si elles ne touchaient que la classe politique, traditionnellement corrompue. En fait le mal est nettement plus profond et plus grave. C’est l’ensemble du corps social, de la société civile, qui entre en décomposition,… les « affaires d’Etat » n’étant qu’un révélateur du mal qui ronge notre société.

L’Histoire est pleine de ce genre d’épisodes où, lentement, subrepticement, sans que l’on s’en rende vraiment compte, les esprits se corrompent, les consciences s’obscurcissent, voire s’éteignent, le sens critique s’émousse et la fatalité gagne au point de laisser, à une bande de parvenus et de démagogues sans scrupules, les affaires publiques.

Le mensonge, la félonie, le népotisme, l’injustice, l’arrivisme, la démagogie… sont érigés en pseudo « valeurs » morales sous le sobriquet ridicule de « droite décomplexée »… ou de « gauche réaliste ».

Le dialogue, aussi vain qu’il puisse paraître, entre les dirigeants et le corps social est quasi totalement rompu. Seuls, des médias complaisants à l’égard de ceux-ci entretiennent la fiction d’un fonctionnement qui se veut transparent et démocratique de l’ensemble social. La pression, le chantage, le mensonge, l’espionnage, la désinformation et la violence sont devenus des méthodes quotidiennes de gouvernement…

La pseudo adhésion à la classe politique n’est en fait que l’expression d’un désarroi qui fait dire à beaucoup : « Qui pouvons nous ?... Faut bien qu’il y ai quelqu’un ! Celui là ou un autre !... »

Tout ce que le mouvement social avait conquis, d’amélioration des conditions de vie, depuis un demi-siècle est en voie de liquidation pour satisfaire les puissances économiques et financières assoiffées de profits… sans que, en dehors de quelques protestations symboliques (grèves de 24 heures et manifestations folkloriques à répétition) la moindre réaction sérieuse et conséquente n’ai lieu.

Ce pourrissement général entraîne, comme l’Histoire du 20e siècle nous l’a montré, l’émergence sur le plan politique, de forces qui, sachant habilement exploiter la misère, l’écoeurement général et la perfidie des tenants du pouvoir, essaye d’instaurer un état fort au profit d’une nouvelle maffia sans changer évidemment les fondamentaux du système. L’expérience du 20e siècle montre que ce processus n’avait rien d’hypothétique et qu’il pourrait, une fois encore, et sous la pression des évènements, se reproduire.

UN TISSU SOCIAL EN DECOMPOSITION

Prenons trois exemples très significatifs de cette décomposition.

Le monde du travail

Il est aujourd’hui à la dérive, aussi bien dans ce qui le structurait que dans ses perspectives.

Le lien social salarial, nécessitant, pour l’appareil de production capitaliste, d’une force de travail et son utilisation dans le cadre national a assuré pendant des décennies une relative stabilité de l’ensemble – les conflits internes au système ne l’ont jamais remis en question. Ceci a donné naissance à une société ; certes conflictuelle (revendications diverses…), mais somme toute stable, voire offrant une relative sécurité aux salariés (emploi, santé, retraites, services publics,…).

L’ouverture massive au monde, du capital, la décolonisation, le développement des moyens de transports et de communication, ont brisé, pour les anciens pays industrialisé, cette relative stabilité.

L’internationalisation du capital a rendu obsolètes les politiques économiques nationales. Les marchés, y compris celui de la force de travail, sont devenus mondiaux.

Ce qui faisait la spécificité nationale du lien social a été anéanti : on peut trouver ailleurs une force de travail moins chère, voire en faire venir en la payant moins.

Le consensus économico-social, quoique conflictuel, a été rompu, la lente perte des acquis sociaux a commencé.

Le syndicalisme, qui constituait le fer de lance de la défense des salariés et de leurs désirs de conquêtes sociales, est exsangue, non seulement incapable de conquérir de nouveaux acquis sociaux, mais même de conserver les anciens. Souvent, devant le chantage patronal à la liquidation d’entreprise, ils – les syndicats - sont désavoués par les salariés qui préfèrent assurer leur emploi. Les syndicats sont de fait devenus obsolètes.

La pensée ultra libérale, fondée sur une rationalité à courte vue et confortée par une légitimité acquise à coup de démagogie, détruit ce qui reste de lien social. La société devient une véritable jungle où c’est désormais « chacun pour soi ».

Travailleurs pauvres, statuts précaires, chômeurs, assistés, sont en passe d’être la norme d’un système fondé essentiellement sur la réduction des coûts et les gains à tout prix,… sans égard pour les dégâts sociaux provoqués.

Un exemple significatif de ces dégâts sont les banlieues aujourd’hui.

Les banlieues

Pour quiconque veut être lucide et s’informer, elles sont au bord de l’explosion.

Les anciennes cités ouvrières ou régnaient des activités culturelles, syndicales, associatives sont devenues en quelques décennies des ghettos de pauvres, d’exclus où se crée un « nouveau lien social », celui des bandes et des dealers, celui des trafics et la recherche d’une nouvelle identité au travers de la religion.

Ce « nouveau lien social », qui s’étend, exclu à son tour celles et ceux qui le refusent,… qui partent,… surdéterminant le processus de ghettoïsation de la cité.

Le « système d’intégration républicain » a complètement fait faillite.

Le recours à la répression apparaît alors n’être que la seule réponse des politiciens à une situation qu’ils acceptent, qu’ils gèrent pour donner le change à une opinion publique qui s’interroge sur les raisons d’une telle décadence sociale. Avec l’appui complaisant de la plupart des médias, ils donnent le spectacle de la fermeté dite « républicaine »,… le temps d’un évènement monté en épingles devant les caméras,… et de préférence la veille d’élections. L’essentiel des aides sociales – sensées compenser les inégalités et l’exclusion – est abandonné aux associations caritatives, de charité,… ce qui permet de réduire – conformément à la pensée libérale – les budgets sociaux.

La situation actuelle des banlieues, conséquence logique du fonctionnement du capitalisme, donne une idée de la tâche à accomplir : une refonte complète du système de relations sociales… ce qu’aucune force politique n’envisage sérieusement, et n’est d’ailleurs capable.

L’écologie

La découverte officielle des ravages causés sur l’environnement par les conditions de la production marchande, ne s’est fait que sur le tard,… et encore parée de bien des hésitations.

Les gestionnaires politiques du système, de droite comme de gauche, se sont alors trouvé devant un dilemme :

- soit reconnaître le bien fondé des accusations de destruction de l’environnement par le fonctionnement du système dont ils sont les garants ;

- soit nier en bloc.

La sensibilisation de l’opinion publique – et donc l’impact probable sur les résultats électoraux (seule chose qui les intéresse ! ), a obligé les politiciens à tenir compte de ces nouveaux paramètres.

Ne reniant en rien les fondements d’un système fondé sur l’exploitation illimitée des ressources naturelles et la maximisation des profits, ils ont usé et usent toujours du double discours… repeignant subtilement en vert, un appareil économique toujours aussi nocif pour la planète.

L’écologie,… ou plutôt les écologistes, se sont parfaitement intégré au folklore politicien, et même pour certains, elle est devenue un instrument de promotion politique et un véritable looby politique et idéologique. (Des noms ?)

UNE OPPOSITION ETEINTE

Le système dit « démocratique » a abouti à une seule chose : déresponsabiliser le citoyen… ce qui, peu à peu, a donné naissance à une classe politique parasite qui se reproduit au sein de véritables « syndicats d’intérêt », les partis politiques, et dont le seul objectif est la survie du système en place et par la même le sien.

Ainsi, Droite et Gauche, et apparentés se relaient pour assurer sa pérennité.

L’opposition radicale, celle qui voulait un changement radical du système a vite cédé la place à une « opposition de consensus implicite » : sa seule radicalité, du moins à celle qui en a, c’est son discours,… pour le reste elle se coule dans les vieilles pratiques obsolètes : élections, participation, manifestations, pétitions..

Une telle attitude a pu faire illusion tant que, dans le cadre national, le « Capital pouvait payer »… Le Capital ne cédait rien, il ne faisait que s’ « acheter la paix sociale »…. Ce qui correspondait aux intérêts immédiats de celles et ceux (les salariés) qui voulaient améliorer leurs conditions de vie (avantages sociaux / acquis sociaux).

On croyait ces acquis sociaux comme définitifs… Erreur !

La mondialisation du Capital, nous l’avons vu, a rompu ce bel équilibre. Ainsi les marges de manœuvre d’une éventuelle opposition – du moins officiellement reconnue et acceptable par le système – se sont considérablement réduites.

Aucune opposition n’est en réalité capable aujourd’hui de garantir , si elle parvenait au pouvoir, la récupération des acquis sociaux détruits ces dernières années (retraite à 60 ans, services publics, système de santé,…), la sauvegarde de ceux qui existent encore et à fortiori, la conquête de nouveaux.

L’expérience des « gauches » au pouvoir en Europe, ces dernières années, en est la triste confirmation.

Il n’y a donc pas/plus de véritable opposition pouvant offrir une réelle alternative. Le discours oppositionnel est un discours convenu, qui se coule dans le moule de « démocratie formelle », qui garanti d’abord les intérêts fondamentaux du système, mais qui permet aussi, par le mécanisme de la représentation et des promesses électorales, de donner l’illusion au peuple d’une maîtrise, par lui, de son propre destin.

L’expérience a toujours montré qu’il n’en était en réalité rien,… et qu’une fois l’enthousiasme et les illusions passées, … tout redevenait comme avant. Rien n’avait changé sur le fond.

Il n’existe pas d’instrument ou de méthodes capables de mesurer le degré de patience, de possibilité d’accumulation de frustrations, de glissement progressif vers le désespoir d’une population. Mais l’Histoire montre que tout fini par exploser.

L’explosion n’est d’ailleurs pas synonyme de changement. Les systèmes résistent, en général, facilement aux forces centrifuges de la révolte. Seule, la lente transformation des relations sociales, des pratiques alternatives, se substituent efficacement au pourrissement du système en place. Elles seules peuvent assurer concrètement un changement durable, en instaurant des modes de vie, de production, de distribution des richesses, mais aussi ce qui est indispensable en façonnant des comportements, un état d’esprit, de nouvelles valeurs.

L’abîme, c’est lorsqu’on laisser jouer les contradictions du système sans perspective d’alternative.

Or, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. L’action politique se résume à des déclarations plus ou moins velléitaires, sans lendemain,… ou à des coups de gueule sporadiques. (Des noms ?… Des exemples ?).

L’abîme c’est quand un système s’écroule, miné par ses contradictions et qu’aucun relais n’est pris. C’est le cas de l’Empire Romain qui à sa chute a vu l’installation d’un chaos politique et social avant qu’un nouveau ordre social s’impose par la force : la féodalité.

L’abîme ça peut être aussi la réaction du système en place qui, craignant pour sa survie, impose un pouvoir autoritaire dont on connaît tous les dangers potentiels – voir l’exemple du 20e siècle.

C’est aujourd’hui dans ce cadre incertain que nous évoluons.

L’avenir n’est pas assuré,… pas plus qu’il n’est rassurant.

Octobre 2011 Patrick MIGNARD

Voir aussi : « MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE »

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