Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

DES PAROLES… ET DES ACTES

Une fois les faits condamnés, ce qui est un impératif moral et civique catégorique,… il s’agit de comprendre comment notre société peut produire de tels évènements. C’est tout le sens de cet écrit.

Ces tragiques évènements de Toulouse ne sont pas un fait divers… Ils plongent leurs racines au plus profond de ce qui est notre société. Tout acte de violence publique – et même souvent privée - est forcément la résultante des forces qui agitent notre société.

La difficulté réside, quand on veut en faire l’analyse, à éviter les préjugés, les idées toutes faites, voire les fantasmes qui circulent et qui aboutissent à des conclusions rapides et erronées… cet article n’est d’ailleurs pas à l’abri de ce genre de dérive,… chacun/e en jugera . La difficulté est accrue lorsque l’on se place en pleine campagne électorale durant laquelle tous les coups sont permis, la désinformation courante, l’amalgame simpliste et les enjeux politiciens considérables.

D’UN BILAN DESASTREUX …

Il est un fait incontestable, c’est que, un des enjeux de cette campagne, porte sur l’appréciation d’un bilan présidentiel qui a duré cinq ans,… et ceci est d’autant plus vrai et indispensable que celui qui a occupé cette fonction est aujourd’hui candidat.

Passer à côté d’une analyse détaillée de ce qu’a été cette présidence est donc impossible.

Ce bilan, sur le plan politique, économique, social et même éthique est loin d’être positif. De l’épisode du Fouquet’s aux dernières déclarations scandaleuses du président-candidat, ces cinq années ont été ponctuées, de scandales, népotisme, mais aussi plus grave encore d’un véritable démantèlement d’acquis économiques et sociaux qui faisaient quasiment partie de notre patrimoine et constituait le tissu économique et social : démantèlement des services publics, atteinte au système des retraites, liquidation du système de santé, plus aggravation de la situation de l’emploi, du logement,… accroissement des inégalités.

Au nom d’un libéralisme débridé, d’une modernité trompeuse, de choix politiques délibérément favorables aux plus riches, le président-candidat ne peut que présenter un bilan désastreux à ceux dont il a l’outrecuidance de se qualifier de Président/candidat du peuple ( ?).

Alliant une maladresse coupable à une vulgarité et une inculture affligeantes, il a fini par donner une image sur le plan national, mais aussi international, catastrophique. Image aggravée par un entourage de groupies et courtisans qui le concurrence dans le domaine de la vulgarité et de l’incompétence.

L’argument de la crise financière dont il fait un usage abusif pour justifier son bilan, fait de moins en moins illusion ; en effet outre le fait qu’il est un des artisans de la déréglementation économique en Europe, il a montré qu’il était plus prompt à trouver une solution pour les banques que pour les problèmes sociaux qui s’aggravent, conséquences de sa politique.

… A UNE CAMPAGNE ELECTORALE OUTRANCIERE

Dans ces conditions, il a vite compris qu’il fallait trouver un nouvel axe pour sa campagne électorale et passer sous silence un bilan qui l’a conduit à un seuil d’impopularité jamais atteint, par un Président, sous la 5e République.

La frange de la population qui a été la plus atteinte par ses « réformes », sont les classes populaires,… qu’il avait réussi à séduire, en partie, lors de son élection.

Réflexe classique : jouer sur la peur qui peut être payante lors d’une consultation électorale… l’expérience l’a abondamment prouvé, en France comme à l’étranger, jouer sur la stigmatisation de l’autre, trouver un bouc émissaire. Le problème c’est que ce créneau est largement occupé par le Front National depuis des années. C’est donc à une surenchère sur les thèses du Front National que le candidat-président se livre depuis quelques semaines.

Cette surenchère a donné peu à peu naissance à une véritable escalade d’outrances, de propos scandaleux,… au point que les observateurs politiques en France, et même à l’étranger, se sont demandé qui était le plus à droite, le FN ou le Président de la République.

Que le Front National se livre à de telles outrances, on ne peut pas dire que c’est normal, mais on en a l’habitude et le combattre est devenu une nécessité politique. Mais qu’un parti de droite, qui se réclame de la République et se dise « droite républicaine » mette ses pas dans celui d’un tel parti et même essaye d’en faire plus pour lui subtiliser des électeurs, en dit long sur son éthique et le sens qu’il donne au mot « valeurs ».

De deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une simple attitude opportuniste, purement électoraliste, ou bien cela reflète la vraie nature de ce mouvement. Dans les deux cas la situation est grave, non seulement pour l’UMP, mais de manière générale pour la politique en France. En effet, c’est le Président de la République, avec son poids institutionnel qui parle en ces termes, et ce n’est pas rien aux yeux de millions de citoyens qui, fragilisés par une situation économique et sociale difficile, peuvent être influencés par un discours décomplexés en matière de racisme, d’exclusion, de violence… le 20e siècle est plein de ce genre d’exemple.

Or il y a des mots qui, indirectement, tuent, des attitudes qui incitent, qui permettent le passage à l’acte, qui libèrent des pulsions de mort pour soi (suicide) ou pour les autres (crimes).

Ce ne sont pas celles et ceux qui prononcent ces mots, qui ont ces attitudes qui sont directement responsables des évènements qu’ils déclenchent,… mais ils en portent une grande part de responsabilité.

C’est ce même mécanisme qui est à l’origine de l’assassinat de Jean JAURES en 1914, ou même du suicide de Roger SALENGRO en 1936.

Il y a aujourd’hui en France une atmosphère délétère sur fond de crise politique et sociale. Notre société est fracturée, divisée. Une partie de la population, une partie de la jeunesse, est strictement exclue du lien social et cherche par d’autres voies un autre sens à son existence. Le développement du communautarisme n’est qu’une conséquence de cet effondrement du lien social, d’une disparition des repères qu’offraient les valeurs de la République. Il est en passe de signer l’échec de l’intégration républicaine.

La marchandisation des activités économiques et sociales a entraîné la perte de sens du service public et de la solidarité et a détruit les valeurs humanistes qui fondaient/fondent la République. L’argent et la recherche frénétique du profit ne font pas bon ménage avec la morale et la solidarité.

L’Ecole de la République, principal facteur d’intégration, est aujourd’hui en perdition… méprisée par le pouvoir en place elle est soumise à des critères de rentabilité et de réduction de moyens qui ne lui permettent plus de jouer son rôle. Les familles, éclatées, écartelées, par les difficultés de la vie, le chômage ; les enseignants méprisés, traités de fainéants et de privilégiés par le pouvoir, ne peuvent plus remplir leur rôle.

La barrières morales, éthiques sautent les unes après les autres… l’abject devient possible.

Le débat politique qui devrait, en principe, permettre de dépasser cette situation, au contraire envenime, divise, fragilise, utilise les peurs, les fantasmes, les angoisses pour s’attirer les bonnes grâces et les voix des électeurs déboussolés. La classe politique transforme le débat politique en une « foire d’empoigne » où tous les coups sont permis, toutes les outrances tolérées…

La barbarie – comme le 20e siècle nous l’a montre – n’est pas un évènement extérieur à la société, pas plus qu’une création extraterrestre et extra humaine mais peut se produit dans n’importe quelle société constituée par des individus comme tout un chacun. C’est une chose que l’on a aujourd’hui oubliée.

« La France par sa générosité s’est enjuivée » Radio Paris 1942

« La France par sa générosité est en train de s’islamiser » Front National 2012

Ca ne vous donne pas à réfléchir ?

Mars 2012 Patrick MIGNARD

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LES DESSOUS, PEU RAGOUTANTS, DE LA CAMPAGNE ELECTORALE

Cette campagne électorale pue. Ce n’est pas nouveau, mais aujourd’hui cela atteint des sommets et de nombreuses narines… La tentation du Pouvoir et de ses privilèges se combine, dans une alchimie nauséabonde, aux perspectives qu’offre la crise aux démagogues de tous poils.

Cette lutte de places qui ne respecte même plus la plus élémentaire solidarité d’engagement partisan, donne une vision réaliste de la décadence de ce que l’on a coutume d’appeler le processus démocratique et qui n’a de démocratique que le nom.

L’ELECTION,… LE CONTRAIRE DE LA DEMOCRATIE

Longtemps sujet tabou, la remise en question de l’élection comme principe de la pratique démocratique est entrain de faire son chemin dans une opinion publique qui est en passe de ne « plus croire en rien ». Bien sûr des millions de citoyens iront encore aux urnes, mais plus par habitude, par réflexe social conditionné et par manque d’ « autre chose », que par conviction… Car de l’élection on n’attend plus rien,… sinon la reproduction d’oligarchies qui se relaient au pouvoir.

Comment le démontrer ? C’est très simple,… on sait, en gros, qui sera élu… Pas le nom précis bien sûr, mais ce n’est pas le plus important, encore que la marge d’erreur est réduite, mais on sait absolument que le résultat n’apportera aucun changement,… qu’un des deux clans qui truste le pouvoir « gagnera » et surtout que tout changement est, dans ce cadre, tout simplement impossible.

Bien sûr me dira-t-on, les électeurs ne veulent pas le changement ! Ce qui est faux !… Tout le monde, sauf quelques profiteurs, voudrait un changement. Qui peut se satisfaire aujourd’hui de la situation catastrophique (école, santé, retraites, services publics, environnement, pouvoir d’achat,…) dans laquelle nous sommes et surtout vers laquelle nous allons ? Qui peut se satisfaire d’une situation où la génération montante vivra moins bien que la précédente ? Qui peut se satisfaire de la liquidation massive des services publics, des acquis sociaux ? Qui peut se datisfaire d’une situation qui nous met entre les mains des marchés financiers ?...

Mais personne ne sait comment ? pour quoi ? et avec qui ? Or, tout est fait pour que l’on ne réponde jamais à ces questions, et l’on peut dire même que tout est fait pour que ces questions ne se posent jamais.

Le système électoral, en apparence juste, n’est qu’une machine à verrouiller la situation actuelle et donc à la reproduire.

Le soit disant « choix » du citoyen est guidé, prédigéré, distillé durant des mois par les partis et les médias. Les « faiseurs d’opinions », politologues et experts de tous poils nous assènent leurs vérités, nous « guident », nous conseillent, nous mettent en garde,… Bref, d’une certaine manière votent par nous interposés.

Pourtant à regarder superficiellement « nous sommes en démocratie »… On nous le dit sur tous les tons… ce qui peut rendre d’ailleurs, devant autant d’insistance, l’affirmation tout à fait suspecte.

A cette réalité du verrouillage institutionnel s’ajoute une atmosphère délétère de règlements de comptes.

DES RELENTS DE DECOMPOSITION

A l’approche de l’élection, le leader choisi – ou présumé - se donne une allure respectable,… les seconds couteaux font le « sale boulot » : agression verbale de l’autre clan, désinformation, enfumage, et même règlements de compte et déstabilisation dans son propre camps.

Inutile de citer des noms, chacun/e voit de qui il est question. Démagogie, mensonge, vulgarité, incompétence, népotisme,… un florilèges d’attitudes de la part de celles et ceux qui se nomment l’ « élite » (sic) et qui se permettent, du haut de leurs privilèges de donner des leçons au « bon peuple ».

Tous les coups sont permis. L’important n’est pas le débat d’idées,… encore faudrait-il qu’il y en ai des idées, mais la démolition de l’ « adversaire »… Une lutte de clans pour le spectacle électoral. « Cadavres dans les placards », dossiers secrets, petites phrases volées au détour d’un entretien ou lors d’une émission de télévision… faire « feu de tout bois » pour rabaisser, salir, déconsidérer… jeter la suspicion sur l’autre !

Les vrais problèmes, ceux qui concernent les gens dans leur vie quotidienne, ne sont évoqués qu’accessoirement/accidentellement au travers de ces pratiques sordides, des opportunités offertes à l’occasion de coups bas.

Les médias, qui se nourrissent de cette fange, en rajoutent,… font caisse de résonance et font de l’élection un match que le vocabulaire sportif transforme en championnat.

LE ROLE, PAS SI TROUBLE, DE L’EXTREME-DROITE

Les hurlements, trépignements et gloussements de vierges effarouchées de l’extrême droite ne doivent pas faire illusion. Elle n’est pas aussi méprisée par le « système » qu’elle veut bien le dire… Elle est en dernière instance sa « bouée de sauvetage »…. Elle l’a prouvé pendant tout le 20e siècle et continue à jouer ce rôle dans la crise actuelle : voir la Hongrie, l’Italie, la Grèce,… et de multiples exemples dans de nombreux pays. Elle n’a jamais remis en question les fondements du système,… au contraire elle a contribué partout à les pérenniser en portant gravement atteinte aux acquis sociaux et démocratiques et aux libertés publiques. Jamais elle n’a été et n’est aux côtés de ce qui luttent pour un monde meilleur. Ce n’est pas un hasard si elle fédère l’intégrisme religieux catholique, les anciens collabos, ceux de l’OAS, les néo-nazis,… Son credo est la haine et l’exclusion.

Après avoir été ultra libérale, la voici, ultra interventionniste,… son orientation, parfaitement opportuniste suit la tendance, les croyances, les fantasmes du temps. Elle se lave les mains dans la boue de la décomposition du « système » qu’elle semble honnir mais qu’elle n’a de cesse d’envier d’y appartenir.

Elle n’est qu’une variante des partis qui ont pour objectif de gérer le système marchand et sait toujours au moment où il le faut composer avec eux, voire leur prendre carrément la place si l’occasion se présente. Elle est le « bas fond » du système qu’elle prétend dénoncer.

En période de crise, l’extrême droite fait le « lièvre », dans un pseudo fuite en avant, elle sombre dans la démagogie et l’abjection. C’est sur le fumier de la crise, de la pauvreté, des inégalités, des fantasmes, qu’elle prospère et qu’elle a d’ailleurs toujours prospéré. Elle tient un discours radical – que l’extrême gauche ne sait plus tenir – en le mâtinant de fantasmes engendrés par la décomposition sociale : recours au bouc émissaire. Elle rabat les franges populaires les plus « apolitiques », les plus déstabilisées, les plus fragiles, les plus influençables pour finalement sauver le système. Elle a toujours agit ainsi.

Son discours n’est pas nouveau, il est simplement un peu plus nauséabond que celui des partis qui se succèdent au pouvoir et qui entendent y rester.

Ainsi va la « vie politique » dans ce que l’on appelle abusivement une démocratie moderne. Le choix qui est laissé au citoyen est entre l’insupportable et le pire.

L’infantilisation au travers des discours politiques et des médias assure une stabilité qui garantie que rien ne changera.

Les élections passent, les problèmes demeurent, voire s’aggravent.

Mars 2012 Patrick MIGNARD

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LA CRISE ?... LA BONNE EXCUSE !

La crise a décidément « bon dos » et en particulier en période électorale quand il s’agit, pour le sortant d’exposer un bilan catastrophique et pour tous, pour faire des promesses mirobolantes mais que l’on ne tiendra pas..

La crise, cette invitée de dernière heure qui permet de dire aux convives déjà à table qu’il n’y a plus rien à manger, mais que la maîtresse de maison n’y est pour rien,… est une aubaine pour les politiciens.

QU’EST-CE QUE LA CRISE ?

A écouter les « experts » en « économie officielle », les faiseurs d’opinions et les commentateurs attitrés des pouvoirs, la crise est une chose qui surgit à l’improviste, imprévisible et imparable. Un monstre froid et impersonnel qui dévaste les édifices sociaux consciencieusement et humainement élaborés par les femmes et hommes au pouvoir…. Ceux la même qui demandent l’adhésion du peuple et qui satisfont, ou auraient bien voulu satisfaire, ses désirs.

L’imprévisibilité de la crise ne peut qu’entraîner le dédouanement du politicien. L’édifice économique et social s’est écroulé, au mieux, a été endommagé par une force incontrôlable… Il faut subir la crise comme on subit un phénomène climatique ou sismique. On peut certes se protéger préventivement pour limiter les dégâts, mais on ne peut pas éviter que le phénomène se produire.

Bien sûr, les experts-économistes officiels ou apparentés, donneurs de leçons, prévisionnistes « extralucides », et surtout les politiciens vont, poussés dans leurs derniers retranchements, trouver quelques « coupables » : les spéculateurs, les traders, les prises de risques insensées, les paradis fiscaux, mais aussi et surtout la « gabegie des dépenses salariales et sociales ». Hormis cette dernière catégorie tous seront dédouanés. La charge reposera sur les « efforts à faire pour le peuple »,… banques, spéculateurs et paradis fiscaux pourront, après avoir été timidement montré du doigt, continuer leurs petites et grandes affaires financières.

Bref la crise c’est le résultat des « comportements collectifs qui ne sont que l’expression des égoïsmes individuels » ; et comme les politiciens ne sont que les représentant du peuple,… ils n’y sont pour rien. CQFD.

Ben voyons !

Le raisonnement est un peu schématique et sommaire, mais c’est l’ossature du discours que l’on entend dans la bouche des politiques et des médias.

LA BOUEE DE SAUVETAGE

Comme la plupart des citoyens peine pour savoir exactement ce qui se passe, ce qui se joue, quelle est la part de l’inévitable et du provoqué, le degrés d’implication des politiques, des financiers, ils s’en remettent aux discours officiels (de droite comme de gauche) et aux « experts » qu’ils voient à la télévision, entre une série débile et une rencontre sportive.

Ces derniers, une vingtaine, toujours les mêmes, traversent les périodes de calme et d’agitation bardés de leurs certitudes et de leurs statistiques, donnent moult conseils qui n’ont qu’un seul et unique objectif : pérenniser le système marchand. Car, dans leurs explications il ne saurait être question de remettre en cause ses fondements. La crise serait un mal qu’il faut soigner pour rendre le système sain… Les comparaisons avec la médecine ne manquent pas : crise de croissance, cancer, infection, partie saine, thérapie de choc, remède de cheval, trancher dans le vif, métastases….

On a toujours une petite crise sous le coude, ou quelque chose qui y ressemble, pour tout justifier… surtout l’injustifiable :

- crise de la dette souveraine au sujet de laquelle les pouvoirs interviennent, non pour améliorer la condition des peuples, mais rassurer les marchés financiers spéculateurs,

- « crise du système des retraites par répartition », pour justifier le recours à la capitalisation et donc a une gestion spéculative des retraites (rôle des fonds de pensions),

- « crise du système de santé » ce qui permet de liquider le service public de la santé et de développer le secteur privé essentiellement intéressé par l’argent,… dégradation de l’hôpital public !

- ….. et ainsi pour tous les secteurs (éducation, justice, énergie,…)

La crise est une aubaine pour « remettre les pendules à l’heure » et nier les contradictions qui minent les rapports sociaux, accroissent les inégalités et détruisent le tissu social (exclusion, chômage, inégalités,…). L’imagerie maritime est elle aussi largement utilisée : nous sommes sur le même bateau, la solidarité s’impose et pour éviter la catastrophe il faut que celles et ceux qui rament (pardon, les forces vives !) redoublent d’effort !.

Quiconque remet en question cette délirante explication est immédiatement qualifié de naufrageur.

La crise économique est une chose trop sérieuse pour être laissée au peuple… Il faut des gens compétents pour l’éradiquer.

LA DEMOCRATIE FACE A LA CRISE

Dans un système qui se dit démocratique, il est facile pour le pouvoir de se défausser sur les citoyens,… de même qu’il est difficile aux citoyens d’accuser le pouvoir.

Pourquoi ?

Parce que le pouvoir a une légitimité qu’il tient du peuple, ce qui veut dire que le pouvoir, et ses décisions, sont en principe l’expression du peuple. On comprendra que le peuple peut difficilement aller à l’encontre de « ses propres décisions », incarnées par le pouvoir qui est issu de lui…. Alors que dans un système totalitaire, donc sans légitimité populaire, le peuple peut toujours accuser le pouvoir d’agir à l’encontre de ses intérêts,… cela n’est plus possible dans un système qui se dit démocratique, et qui l’est aux yeux du peuple.

Pour rompre ce paradoxe il faut aller au-delà des évidences citoyens/pouvoir et faire de la crise quelque chose d’extérieur, une sorte de chose naturelle à laquelle se heurte la collectivité : le peuple et ses dirigeants.

C’est tout le sens de la conception libérale de l’économie. En effet, si le substrat économique de la société est déconnecté du politique, du social bref… de l’humain, s’il est considéré comme quelque chose de « naturel », donc d’insensible aux humains,… alors de fonctionnement économique de la société échappe à tout contrôle (un peu comme un raz de marée, une irruption volcanique ou un tremblement de terre). Conséquence : personne ne peut-être tenu pour responsable : c’est la loi du marché,….Seuls les experts peuvent analyser le phénomène et préconiser les mesures à prendre.

La démocratie existe, puisque le pouvoir est élu, mais les mesures à prendre échappent au peuple qui doit s’en remettre aux spécialistes.

Le tour de passe-passe est ainsi complet, l’illusion démocratique est assurée, et l’action « rationnelle » garantie par les experts. La crise n’est désormais plus qu’un dysfonctionnement du système qu’il s’agit de réparer pour retrouver tout son équilibre et sa fonctionnalité. Les mesures à prendre son impératives et ne peuvent qu’être acceptées par le peuple puisque ce sont ses représentant qui les cautionnent et les préconisent.

Il se peut même, que le peuple, dans son incohérence, son inconscience et son irresponsabilité exige des mesures qui vont à l’encontre des intérêts du système… et donc, officiellement, de ses propres intérêts. Il s’agit donc, pour rétablir la vérité, soit de convaincre, soit de réprimer les récalcitrants, forcément irresponsables.

Les politiques peuvent même, corriger les décisions aberrantes du peuple et faire l’inverse de ce qu’il a prévu (cas du Traité Constitutionnel Européen refuse par les citoyens français), ou bien encore refuser un référendum populaire sur les mesures à prendre (cas de la Grèce), ou bien faire prendre les décisions par des technocrates sans légitimité (cas général de l’Europe), ou bien …. A quoi d’ailleurs, à ce stade, sert la légitimité ?

On peut même changer le personnel politique ce qui donnera l’impression du changement.

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui en France et en Europe.

La crise est donc une aubaine pour « resserrer les boulons », liquider les acquis sociaux, liquider les services publics, faire travailler plus pour gagner moins,…

Droite et Gauche s’entendent comme larrons en foire pour gérer ce type de situation et pérenniser ce système qui nous conduit à la catastrophe. Elles agitent l’épouvantail de l’extrémisme de droite pour stabiliser la situation politique, extrême droite qui sera toujours à temps de prendre les commandes si le peuple se rebiffe trop.

mars 2012 Patrick MIGNARD

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LES LECONS NON RETENUES DE L’HISTOIRE

Il est bien sûr toujours dangereux de faire des comparaisons historiques car il n’existe pas, dans l’Histoire, deux situations identiques,… et l’Histoire ne se répète pas.

Cela ne doit pas nous empêcher de tirer un certain nombre de leçons sur des attitudes, des réflexes, des réactions prévisibles à des mécanismes, dés évènements, même s’ils ne sont pas identiques mais qui déclenchent à peu près les mêmes réactions à toutes les époques.

LE MEPRIS DES PEUPLES

Il peut s’exprimer aussi bien par cynisme et idéologie – le refus de l’autre considéré comme inférieur – que par une pure rationalité, au nom d’une logique supérieure… celle de marchés par exemple.

Aujourd’hui, sauf pour quelques imbéciles, il est difficile, et politiquement risqué, d’établir une hiérarchie entre les individus, les communautés, les civilisations. De même qu’à part les fanatiques – et ils sont encore très /trop nombreux - les différences entre croyances, religions ne constituent pas des critères pertinents de domination. La tendance, comparée au passé, très lente il est vrai, est l’acceptation de l’autre dans sa spécificité culturelle… ceci porte un nom : la laïcité.

Par contre on assiste à un phénomène, pas nouveau c’est vrai, mais qui prend de plus en plus d’importance, c’est de considérer l’autre au travers d’une « réalité économique » qui fini par l’instrumentaliser et finalement le nier en tant qu’être humain. Plus besoin dés lors d’idéologie, de croyance et autre manifestation plus ou moins subjective. Le calcul et les statistiques, les règles de la comptabilité et de la gestion donnent le la des relations sociales et des rapports entre les peuples.

Ainsi, la manière dont le peuple grec est traité depuis des mois en dit long sur cette pratique. Il lui est, de fait, dénié le droit d’exprimer réellement ses désirs, sinon au travers d’un système politique électoral complètement piégé et manipulé,… lui sont même confisqués les moyens d’une vie décente (santé, pouvoir d’achat, retraites, écoles,…) et ce, au nom d’une exigence économique fondée sur l’intérêt des marchés et de leur spéculation. En France la manipulation politique qui a annulé la décision populaire de refuser le Traité Constitutionnel Européen,… est du même genre.

On ne compte plus aujourd’hui les décisions arbitraires – sous couvert d’impératifs économiques et camouflées sous l’intitulé de « démocratie », les décisions prises par les gouvernements, les banquiers et les marchés, qui mettent en péril plus d’un demi-siècle de conquêtes sociales et oblitèrent l’avenir des générations à venir.

Au nom d’une prétendue « science économique » qui serait l’expression d’une réalité naturelle et indépassable,… et bien entendu incontestable, le système marchand asservi des peuples entiers, les condamne à la rigueur, à la pauvreté et les accule à la révolte.

Malgré, ou plutôt à cause, du camouflage démocratique, les pires pratiques sont « permises »… Les décideurs ont la « bonne conscience » de leur côté, la légitimité en prime et la certitude d’agir dans le « sens » de l’Histoire ( ?).

A toutes les époques nous trouvons des pouvoirs qui, ceint de telles certitudes, plus ou moins accommodées, soit à la sauce religieuse, mystique, patriotique, « démocratique », ont fait n’importe quoi, pratiquant les pires politiques, acculant des peuples entiers soit à la révolte contre eux, soit à l’affrontement entre eux.

Aujourd’hui, comme hier, mais sur des bases nouvelles, nous assistons à un processus de domination, cette fois des marchés, des experts, des spéculateurs, des politiciens qui ne peut qu’aboutir à la fracture sociale et politique. Le mécanisme inhérent au pouvoir du capital, sa domination et la logique de son extension marginalisent, voire excluent, absolument l’ensemble des peuples. Tout se fait à leur insu. Le lien social se délite, se décompose… A court terme, cette décomposition profite aux marchés, fonds de pensions, spéculateurs, banques et leurs valets politiciens… à moyen et long terme c’est l’effondrement de la société.

LA MONTEE DU TOTALITARISME

Il est aujourd’hui évident, malgré les rodomontades de certains, que la société civile n’a pas trouvé le moyen de dépasser cette situation. Les drames du 20e siècle ont quasiment tous cette origine… Révoltes, insurrections, coups d’Etat,… même la « révolution bolchevique », même les luttes de libération coloniales,… tout a échoué contre le capitalisme…. Sans parler des élections qui le renforcent systématiquement.

C’est toujours cette incapacité stratégique pour les exploités qui a aboutit au totalitarisme.

La force du Capital c’est la faiblesse de celles et ceux qui luttent contre lui.

Dans toute société, un rapport de forces dans lesquelles celles-ci sont équilibrées, c'est-à-dire que les classes sont fortes et y « trouvent leur compte »… comme les salariés dans les pays développés qui ont profité des miettes substantielles du capitalisme,… donne un système, contradictoire, mais stable.

Aujourd’hui la force du Capital est disproportionnée par rapport à celle de celles et ceux qu’il exploite, qu’il asservit, qu’il se permet d’exclure.

Aujourd’hui, les amortisseurs de ce qu’il est convenu d’appeler la crise, c’est le modèle social issu des luttes des salariés en Europe. La déréglementation, la libéralisation sont entrain de faire fondre comme neige au soleil les protections sociales qui rendaient supportable le système. Le fonctionnement actuel du système marchand remet à nu ses principes (on parle d’un retour au 19e siècle). Le social qui était une production des luttes disparaît. La condition humaine devient de plus en plus insupportable,… la révolte gronde.

Une classe capable de tout pour garder son pouvoir, face à une multitude – qui souffre - incapable de l’essentiel pour la renverser,… et nous avons là les ingrédients essentiels pour une aventure totalitaire. Le 20e siècle nous en donne des exemples édifiants.

C’est très exactement la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Lobotomisés par les pratiques « républicano-électorales », nous faisons, nous, comme les plupart des peuples, comme si….. Nous nous efforçons, à défaut d’autre chose, de croire que la solution (hypothétique) réside dans les vieilles formes de contestation et finalement dans… les élections.

Pendant tout ce temps les contradictions se développent, les conflits se multiplient, le tissu social se délite,… Pendant combien de temps cette déliquescence peut-elle durer ? Personne ne peut répondre. Mais l’on peut/doit penser, à juste titre, que ce processus ne peut éternellement se poursuivre… ça ne peut que « casser ».

« Casser » veut dire que la révolte – stérile – aboutira sur un désordre inacceptable pour les dominants, mais aussi pour les dominés. Seul, dans les conditions d’alors, un coup d’Etat, militaire ou militaro-policier ‘toutes les formules sont possibles), pourra assurer une stabilité politique, économique et sociale. Paix des cimetières, mais paix tout de même. Et aucune force – forcément inorganisée – ne pourra s’y opposer… Certains même, parmi le peuple aspireront à cette stabilité… L’exemple de la montée du nazisme en est une parfaite illustration. Lassitude et peur seront de puissants moyens de restabilisation sociale au travers d’un coup de force.

Ce raisonnement, ces exemples, on n’en parle jamais… Ils font peur. On préfère s’accrocher aux certitudes futiles – pour le moment – de politiciens patelins, sécurisants ou, si l’on est plus velléitaires, de tribuns plus ou moins contestataires qui séduisent par leur verve et leurs gesticulations médiatiques.

Nous ne savons pas tirer les leçons de l’Histoire, nous préférons nous laisser croupir dans le lit douillet – qui se délite – des acquis du passé, espérant que le froid calcul des intérêts égoïstes du Capital ne frappera que les voisins.

Le réveil va être brutal !

Mars 2012 Patrick MIGNARD

Voir aussi : « VERS UN TOTALITARISME RAMPANT»

Pourquoi ce site ?

fedetlib.overblog.com

Rédigé par PM

Pourquoi ce site ?

Articles récents

Archives

Hébergé par Overblog