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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LA PREUVE PAR L’ECONOMIQUE ?

Vous ne le saviez peut-être pas mais il va falloir s’y faire : le bonheur du peuple passe par l’économique. Et il va falloir aussi se faire à l’idée que cet économique ce n’est pas n’importe quoi, c’est sérieux, c’est l’affaire d’ « experts ». Un seul hic, l’environnement.

On nous fait de brillantes démonstrations, toutes les plus alléchantes les unes que les autres pour gagner nos suffrages. Les candidats, quelle que soit l’élection, font appel à notre « bon sens », notre « esprit de responsabilité » et pour être sûr de nous convaincre à une panoplie d’ « experts » qui bien entendu ne sont pas d’accord entre eux.

Nous ne sommes pas suffisamment intelligents pour comprendre les subtilités de l’économie mais suffisamment quand même pour voter pour eux.

ESPRIT ECONOMIQUE ES-TU LA ?

La « science économique » est une science ambiguë, elle s’ampute, ou plutôt on l’ampute, d’une partie essentielle de ce qui la constitue, le social.

On nous présente l’économie comme une technique, quelque chose de l’ordre de la physique avec ses lois naturelles, ses principes intangibles, ses contraintes, ses savants, ses « prix Nobel ».

Pour bien s’en convaincre et en convaincre le bon peuple, les « économistes » ont même inventé de toute pièce un « Prix Nobel » qui en fait n’existe pas puisqu’il s’agit d’un prix accordé depuis 1968 par… la Banque de Suède (banque, institution neutre comme chacun sait !)…. Et quand on voit un certain nombre de lauréats de ce prix et la nature de leurs travaux, on est édifié.

La dimension sociale de la société ne serait finalement qu’un rajout plus ou moins flou, plus ou moins subjectif sur quelque chose de solide et de rationnel, l’économique. Et pour vous en convaincre, les « économistes » ne manquent pas d’arguments.

Par exemple le « bien être » peut-il être mesuré, évalué ? Bien sûr que non !... et bien pour cela les économistes ont pourtant ce qu’il faut. Ils ont inventé le PIB. Le Produit Intérieur Brut qui est la mesure monétaire de la valeur ajoutée (différence entre les biens et services produits et les consommations intermédiaires, c’est-à-dire ce qu’il a fallu dépenser pour les produire).

Plus on crée de valeur marchande, que l’on mesure avec le PIB, lui-même à la base du calcul de la fameuse et sacro sainte croissance, plus on accroît, en principe, le bien être… pourtant rien n’est dit quant à sa répartition et encore moins sur tout ce qui échappe à la mesure monétaire : travail domestique, associatif, activités sociales mais aussi dégâts sur l’environnement de l’activité économique.

C’est cette « logique » qui est à la base de tous les raisonnements et discours des économistes « sérieux » et des politiciens gestionnaires du système marchand.

Ne dit-on pas que le moral des ménages est en hausse quand la consommation est en hausse et inversement quand elle est en baisse ?

On peut même démontrer à des pauvres qui se sentent pauvres, et qui sont pauvres, qu’en fait statistiquement ils se sont enrichis en divisant le PIB par le nombre d’habitants… ou que le chômage baisse alors que l’on licencie massivement, que les jeunes ne trouvent pas d’emploi et que l’on délocalise les entreprises…

Les « économistes » nous démontrent même, repris en cela par les politiciens démagogues, qu’il est logique de travailler plus, alors qu’il y a de plus en plus de chômeurs et que l’on peut produire de plus en plus avec de moins en moins de travailleurs… « Vous ne comprenez pas ? Pas étonnant,... vous êtes nuls en économie !... Mais n’oubliez pas d’aller voter, pour cela vous êtes suffisamment intelligents ».

Il est évident que celle ou celui qui ne comprend pas cela est incompétent-e en économie, il reste certes un citoyen à le droit de s’exprimer à condition de se taire.

Les « économistes » se passeraient bien du social, mais apparemment les citoyens y tiennent (ils se demandent d’ailleurs bien pourquoi ?), alors il faut bien faire avec !…

J’exagère ? Ecoutez bien les « économistes-experts » et les politiciens qu’ils servent.

L’ECONOMIQUE CONTRE LA CITOYENNETE

Ainsi, doctement, on nous explique d’un côté que les faits économiques sont donnés, nous sont imposés, que « c’est comme cela », que « l’on n’y peut rien » qu’il « faut être réaliste », que c’est « la mondialisation », que « ce sont les statistiques qui le montrent », qui bien sûr sont neutres ( ?)… etc.

D’un autre côté, on nous affirme, la main sur le cœur et l’œil sur l’urne, que nous sommes des citoyens et que les « affaires de la cité sont nos affaires »… sauf que les contraintes économiques sont telles que l’on n’y peut pas grand-chose et que si on s’y intéresse, on ne comprendra rien.

C’est la démarche idéale pour nous faire croire que l’ « on fait quelque chose alors que l’on ne peut agir sur rien ». Il faut reconnaître que c’est très fort.

Vous allez en conclure que l’on nous prend pour des imbéciles… Mais bien évidemment, c’est exactement la conclusion qui s’impose. On nous prend pour des imbéciles. Le problème, c’est que, jusqu’à présent, on n’a rien fait pour le démentir. La preuve ? Leur combine marche à tous les coups ! et, tenez-vous bien, elle va encore marcher cette fois…. J’exagère ? Bon, rendez-vous le soir des élections !

Autrement dit, le système économique dans lequel nous vivons ne serait qu’une machine actionnée par des mécanismes complexes et sur lesquels nous n’avons finalement que peu de possibilités d’action.

Oh certes, on peut s’exprimer sur ces mécanisme, mais il vaut mieux passer par des gens qui comprennent, des « experts » parce que généralement quand on fait une observation on nous signale poliment que l’on a dit une « connerie »… ou que l’on n’ « a pas une vision globale de la situation », ou…

Ce n’est pas que ce que l’on dit n’est pas intéressant, surtout pas, c’est même à prendre en considération,… mais dans les limites du possible, autrement dit du système marchand tel qu’il est sans jamais toucher à ses principes.

La citoyenneté est ainsi en liberté surveillée. Surveillée par qui ? Mais par les principes intangibles du système dans lequel nous vivons.

LE TROUBLE FETE : L’ENVIRONNEMENT

Rien ne semble arrêter la folie, ou plutôt le « tsunami » de la production et par voie de conséquence de la consommation. Le développement des forces productives apparait pour tous comme à la fois une fatalité, mais aussi un désir qui permet, en principe, de satisfaire tous les besoins et d’assouvir tous les désirs.

Un premier bilan, dans le dernier quart du 20e siècle, montre clairement que le développement du système marchand, ne correspond décidément pas aux espoirs qui avaient été mis en lui. Ce constat, qui avait été subodoré par une minorité largement raillée, venait juste d’être fait, et largement et stupidement contesté par les gestionnaires du système, qu’un autre constat, beaucoup plus inquiétant sonnait le tocsin : la dégradation dramatique de l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles.

On peut raconter, en effet, n’importe quoi au bon peuple et lui faire prendre des vessies pour des lanternes en le flattant et en l’impressionnant avec des discours d’experts et des statistiques,… la Nature elle, on ne peut pas lui raconter n’importe quoi.

Tricheries et autres mensonges qui trompent les salariés sur les salaires, la protection sociale, le chômage, les services publics, sont inefficaces quant aux impacts du système marchand sur le climat et l’environnement.

L’économique est ici pris en défaut et ne peut plus tricher…

La dégradation de l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles remettent de fait en question les principes mêmes du fonctionnement du système marchand et réinterroge le sens de celui-ci. La contestation n’est plus simplement dans le domaine de l’idée et du choix politique sociétal, mais directement matériel et physique… C’est la survie des espèces vivantes et la pérennité du modèle de développement qui est en jeu et non plus la question de la répartition des richesses produites.

La sacro-sainte croissance qui est entrain de rendre exsangue notre planète est directement remise en question par la planète qui, a coup d’inondations, de cyclones et autre augmentation de la température de l’atmosphère tire, en quelque sorte, la sonnette d’alarme.

Devant les inquiétudes exprimées par les associations, les opinions publiques et les scientifiques,… les gestionnaires du système ont pris des dispositions en prenant bien soin de ne pas écorner le moins du monde les principes du système en place. Ainsi, des chimères telles que le développement durable ont vu le jour pour apaiser les craintes. Les discours économiques ont été repeints en vert afin d’être présentables électoralement. Le tout emballé et présenté par des « écologistes de Cour » suffisamment médiatiques pour endormir les méfiances.

Cet économique qui constitue la clé de voûte de tous les discours politiques est directement mis sur le banc des accusés.

Comment donc concilier, pour les politiciens, cette croissance écologiquement impossible, mais politiquement nécessaire ? Là est toute la question !

En jonglant avec les mots.

En tenant le discours de la croissance optimale en contradiction totale avec la limitation désormais nécessaire et vitale des ressources naturelles et des rejets polluants.

En inventant des chimères médiatico-écologiques du genre le « développement durable » ou la « croissance maîtrisée » ( ?), tout en prêchant la liberté totale des entreprises et grands groupes « écologicides ».

En incitant à la consommation marchande, c’est-à-dire au gaspillage illimité.

Bref en saupoudrant leurs « programmes » d’un peu de conscience écologique.

Ainsi, l’économique passé à la moulinette de l’écologie s’est transformé en bouillie généreusement servie au buffet électoral…. A consommer sans modération.

Ne vous faites aucune illusion, l’économique tel qu’il vient d’être défini sera le grand arbitre, quoique pas le seul, des prochaines consultations électorales.

Les discours sont donc aujourd’hui, sur l’ensemble de l’échiquier politique, écologiquement normalisés, « écologiquement modifiés ». L’économie a été « relookée ». Toutes et tous vont nous raconter les mêmes histoires, seule la couleur du ruban du cadeau va changer : plus de croissance, plus d’emplois, moins d’impôts, plus de pouvoir d’achat, plus de respect de l’environnement. Ils ont les mêmes recettes à quelques variantes près, en fonction de leur clientèle,… pardon, de leur électorat.

30 mars 2007                                                                        Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« DES CHIFFRES ET DES IDEES »

« LA DICTATURE DES APPARENCES »

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Publié dans : #matiere a reflexion

LA CONSCIENCE EN MIETTES

Les élections ne changeront rien, c’est une évidence, mais elles sont tout de même le révélateur de ce qui se passe dans notre société.

S’il n’y a aucun intérêt à essayer de comprendre celles et ceux qui sont directement intéressées par la pérennité du système en place, il est par contre intéressant d’examiner le comportement de celles et ceux qui veulent le renverser.

Ce qui s’est passé à la « gauche de la gauche » c’est un peu comme si on avait voulu mélanger dans un récipient différents produits et, qu’à la suite de ce brassage laborieux, on retrouve les mêmes produits chacun de leur côté ( ?). Si cela se produit sur le plan physique, on en conclura simplement que les produits ne peuvent pas se mélanger, trop différents « de nature ». Toute schématisation est bien sûr hasardeuse mais, la comparaison est-elle soutenable avec le brassage de la « gauche de la gauche » dans les fameux collectifs ? En partie oui.

LA FAUSSE THEORIE DU « DENOMINATEUR COMMUN »

Cette « théorie » se fonde, consciemment ou inconsciemment, sur une vision réductrice, et pour le coup schématique, de ce qu’est une conscience collective. Elle analyse celle-ci comme un ensemble inerte qui serait composé de strates différentes, d’où les différences des uns et des autres, reposant sur un socle qui constituerait ce fameux « dénominateur commun ». Ce serait effectivement facile si les êtres humains fonctionnaient comme cela. Le problème c’est que ce n’est pas du tout le cas.

Le « désir de changement » est à la fois quelque chose de concret et d’abstrait…

Concret, car il s’agit de remplacer un système par un autre système, et quand on regarde l’Histoire on voit concrètement ce que cela veut dire,… la fertilité de l’imagination permet de « voir » ce système en fonction de ses désirs, de ses valeurs, de son éthique,…

Abstrait, parce que si l’on sait le « pourquoi ? », on ne sait par contre rien sur le « comment ? » et sur le « quoi ? »

Le « comment » fait intervenir des appréciations, des analyses, forcément divergentes, une ou des stratégies, elles aussi divergentes, des tactiques qui ne correspondent pas aux intérêts immédiats de toutes et tous… la discussion purement théorique ne peut que s’enliser, ou aboutir à un compromis stérile.

Le « quoi » reste toujours dans le vague, et pour cause, il est concrètement largement dépendant du « comment »…

Autrement dit le fameux « dénominateur commun » n’a de « commun » que le nom. C’est certes un dénominateur mais qui ne repose sur rien de concret, simplement sur des espoirs, des déclarations d’intention… Rien de concrètement sérieux pour établir une stratégie opérationnelle.

LE MARCHE ELECTORAL

Le champ électoral est particulièrement propice à cette abstraction des attitudes.

Le champ électoral est essentiellement abstrait, en effet, il est une espèce de vaste « marché » dans lequel il y a des « offres » et des « demandes ».

Les « demandeurs » ce sont bien sûr les électeurs qui formulent leurs besoins, leurs désirs et souhaitent, comme un consommateur, qu’ils soient satisfaits… chacune et chacun défendant ses intérêts, son petit domaine…

Les « offreurs » se sont les candidats qui, s’ils veulent être élus doivent plaire et promettre. Ils « démarchent » auprès des électeurs-demandeurs comme des représentants de commerce vantant la qualité de leur produit.

Et l’on s’étonne que les candidats fassent de la surenchère ? Mais c’est le contraire qui serait surprenant.

En fait, et concrètement, l’élection repose sur une transaction implicite entre l’offreur et le demandeur. Dans la mesure ou l’offreur arrive à convaincre le demandeur qu’il est le seul à pouvoir lui procurer ce dont il a besoin, ce dernier est de fait contraint de « passer le marché »… ceci est illustré par la remarque que l’on entend souvent : « De toute manière on n’a pas d’autre choix… » ou « Il vaut mieux ça que rien !... »

On a atteint là un degré de non conscience civique total. Notre réaction tient plus du réflexe pavlovien que de la réflexion….. Le réflexe nous est imposé par le choix que l’on a fait pour nous et qui nous explique que « c’est comme cela et pas autrement… et que c’est ça la démocratie( ?) » et il est provoqué par la nécessité, dite « civique », de ne s’en tenir qu’à ce choix : « Voter est un droit, mais aussi un devoir ». A ce stade, le citoyen ne mérite même plus le qualificatif de « citoyen ».

Cette maxime : « Voter est un droit, mais aussi un devoir » est, quand on y réfléchit un minimum, plus une injonction qu’un principe démocratique.

LES FAUX SEMBLANTS

Qu’un candidat, alternatif, altermondialiste, contestataire, qui sait « payer de sa personne », « ait une image médiatique », « ait du charisme »…., se présente aux élections présidentielles, ne change évidemment rien au raisonnement précédent… pas plus d’ailleurs, sur le fond, aux conséquences du résultat de l’élection.

Sur la forme c’est différent. Par exemple, un tel candidat va permettre à la multitude de celles et ceux qui, à juste titre, ne font plus confiance aux partis politiques, de s’exprimer en votant… mais que vont-ils réellement exprimer par ce vote ? La défiance envers les partis ? Le fait qu’« ils en ont marre » et qu’« ils voudraient que ça change » ? Bien ! Et alors ? C’est tout ? C’est vrai qu’ils vont pouvoir « se compter »… Et alors ? Que feront-ils de ce chiffre à valeur toute relative ?

Or c’est cette « forme » qui donne l’illusion que l’on modifie le « fond ».

Satisfaction éphémère qui garde closes les portes de l’avenir.

« Mais ça fait du bien de dire ce que l’on pense et de voir que l’on est nombreuses et nombreux à le penser !… »

Alors soit, si l’on pose le vote en terme de « plaisir » on peut comprendre, mais alors disons le tout de suite : l’élection est un défouloir et seulement un défouloir.

De même que le Carnaval était en plein Carême un moment où l’on pouvait s’éclater, transgresser la norme, dire, hurler,… et le lendemain tout redevenait comme avant, … l’élection apparaît comme un tel moment… une fois les feux de la rampe éteints… tout redevient comme avant, le carrosse électoral se transforme en citrouille de la quotidienneté.

RECONSTRUIRE LA CONSCIENCE

Cette véritable lobotomie politique que nous subissons aujourd’hui, qui transforme le citoyen en machine à reproduire le rapport social dominant n’est pas une fatalité. Tous les systèmes dans l’Histoire ont eu recours à cette méthode, la violence, la religion, le droit, la morale, la rhétorique,… en étaient les instruments, l’Etat, et ses valets, en était l’acteur.

Sommes nous éternellement condamnés à cette situation ? Si l’on s’y prend de cette manière, c’est-à-dire en nous contentant du dispositif officiel mis en place, très certainement…

Comment alors le dépasser ?

Si le système fonctionne selon sa propre logique politique, qu’il verrouille et contrôle et que nous mettions, de notre côté, en place une pratique sociale alternative, alors il y a tout lieu de penser que le dépassement du système est au « bout du chemin ». On peut même, éventuellement, contrairement à ce que pensent certains, utiliser tactiquement le système officiel, mais encore faut-il que nous ayons une pratique qui fonde la stratégie du mouvement et lui donne un sens historique.

La conscience critique si elle se construit à partir de l’analyse critique du système en place, devient une conscience politique opérationnelle lorsqu’elle s’enracine dans une pratique sociale qui prouve que les rapports sociaux que l’on souhaite existent et s’avèrent supérieurs aux rapports dominants… Ce n’est pas autrement que la bourgeoisie commerçante a réussi à imposer son système de domination, et c’est à contrario par l’ignorance d’un tel principe que les expériences soviétiques et des gauches ont toutes échouées.

La puissance du discours ne saurait remplacer la puissance déterminante de la pratique. Les beaux parleurs qui nous vendent leur camelote progressiste ne nous proposent que du vent… c’est pour cela que chaque fois… nous nous enrhumons !

23 mars 2007                                                                    Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« VICTOIRE DE « LA » POLITIQUE, MORT « DU » POLITIQUE »

« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »

 

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Publié dans : #matiere a reflexion

LE JOKER

Etre abstentionniste n’empêche pas d’essayer de comprendre, bien au contraire, ce qui se passe dans la démarche électoraliste d’une grande partie des citoyens-nes qui vont tout de même aller voter, même s’ils ne se font, pour la plupart, aucune illusion.

 Une telle démarche nous permet d’évaluer les dégâts causés par le système politique électoral actuel et de prendre conscience de la nécessité de repenser le politique.

La percée politique de François.Bayrou n’est pas simplement due à un effet médiatique. Que les médias amplifient le phénomène, c’est certain, mais à la base il y a des changements de comportements induits par la dégénérescence du milieu de la politique.

La présence d’un parti majoritaire à Droite et d’un parti majoritaire à Gauche n’est évidemment aucune garantie, malgré les discours, d’une possibilité de changement… Ceci fini par engendrer une véritable lassitude civique pouvant déboucher sur le « dégoût de la politique » et finalement sur l’abstention. Il faut dire qu’il faut être particulièrement attentif, voire extralucide pour déceler, sur le fond, des différences de programmes du candidat de Droite et de la candidate de la Gauche.

Certes Bayrou n’apporte rien non plus, mais au niveau formel, et c’est là qu’hélas ça se joue, il rompt la routine… et permet d’imaginer, pour une opinion publique agacée et déboussolée, quelques solutions, plus ou moins miraculeusement, inattendues

Le désir de « rupture » avec celle-ci, imposée par le processus électoral, se fait sentir depuis quelques années. Le premier à en bénéficier a été le Front National…mais, largement et efficacement combattu, il a fait long feu et sa flamme est en passe de redevenir une braise.

L’option Front National, après avoir donné des sueurs froides, est largement relativisée :

- le relookage du FN est insuffisant par rapport à ce qu’il représente

- tout le monde, et même ses partisans, sait qu’il n’a aucune chance dans ce type d’élection – le 29 avril 2002 a été un test.

- la politique du candidat officiel de la Droite a largement mordu sur son électorat ou du moins sur celles et ceux qui étaient, ou pouvait être attirés par lui.

Le « paramètre Bayrou », lui, permet de faire varier l’ensemble sans jamais le déstabiliser. Avec Bayrou, contrairement qu’avec Le Pen, on peut se donner le grand frisson de la « dissidence » sans prendre trop de risques, ni avec le passé, ni avec le futur… Giscard, en son temps, a su profiter de ce type de situation.

C’est d’ailleurs la force politique, parfois aussi sa faiblesse, du « centre » d’avoir un pied de chaque côté. Ceci est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour qu’il gagne, encore faut-il que Droite et Gauche n’inspirent plus confiance.

Or c’est bien cela qui se produit aujourd’hui. Le désir de « changement » se heurte à deux formations qui ont parfaitement montré qu’elles en étaient incapables. La gauche de la gauche ne représentant aucune alternative crédible et le FN définitivement barré pour la victoire,… la solution « mi chèvre-mi chou » a sa chance.

L’ILLUSION SECURISANTE DU « CHANGEMENT SANS RISQUE »

Est-ce à dire que Bayrou puissent procéder au « changement » espéré ? Bien sûr que non. Par contre il peut donner l’illusion, l’impression du « changement »

Encore faut-il, allez vous dire très justement, que l’on s’entende sur le terme de « changement ».

Or précisément, le « changement », l’idée qu’on en a, sa conception, et encore plus les conditions de sa réalisation, sont extrêmement floues ;… et est pour ces raisons la chose la mieux partagée. En l’absence d’une alternative concrète crédible, le changement est une sorte d’auberge espagnole ou chacun apporte ce que bon lui semble… et à défaut de réellement changer, on va se contenter de brouiller les règles du jeu électoral imposé par les deux principaux partis. On va pouvoir se faire le plaisir enfantin de donner un « coup de pied dans la fourmilière » de la classe politique pour voir les visages défaits de ces êtres arrogants que l’on méprise, le soir des élections… et on appellera ça le « changement » à défaut de pouvoir lui donner un autre contenu … Rappelez vous le soir du 10 mai 1981 !.

François Bayrou n’est certes pas un « homme neuf », mais ce qu’il fait, qui séduit, c’est qu’il prend le risque de s’ « opposer » à la domination des deux partis majoritaires figés, sectaires et jaloux de leurs privilèges… En ce sens il donne l’impression de briser un tabou, de bousculer le jeu ce qui peut prendre, et qui prend, l’allure, l’illusion d’une « voie nouvelle ».

La candidature Bayrou permet à l’électeur, qui n’a aucune perspective sérieuse de changement, de se défausser par rapport aux deux principaux candidats et d’avoir l’impression de faire du neuf ou du moins d’y contribuer.

Mais ne nous y trompons pas, François Bayrou est au changement ce que la mongolfière est à l’exploration spatiale.

Il perturbe le jeu des « chaises musicales » de la politique mais il a les mêmes objectifs et les mêmes recettes que les gestionnaires du système de droite comme de gauche, dont il fait partie. Les opportunistes de tous poils commencent d’ailleurs à retourner leurs vestes… et ce n’est probablement qu’un début… la course au fromage est lancée !

Si François Bayrou accède au pouvoir, seules les cartes seront redistribuées, certainement pas les richesses… Le système marchand restera ce qu’il est, un système d’inégalité et d’exclusion… et cette nouvelle donne n’entravera pas la marche vers un bipartisme, garantie institutionnelle, mais au combien fragile, de la pérennité du système en place.

La montée de Bayrou n’est que le révélateur du piège dans lequel le système a enfermé les électeurs.

Il est le Joker du jeu politique garant du système en place. Il fait partie d’un jeu où ce sont toujours les mêmes qui ramassent les mises. Il fait partie des cartes maîtresses qui peuvent éviter un blocage institutionnel voire, ce qui serait plus grave pour le système, une désertion par les citoyens-nes champ de la politique, c’est-à-dire de l’acceptation des règles d’un jeu qui les gruge systématiquement..

16 mars 2007                                                                      Patrick MIGNARD

 

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Publié dans : #RIMES CONTESTATAIRES

RAFLES

 

 

Le voici revenu le temps de l’innommable,

Le temps où l’être humain est traîné dans la boue,

Où il est arrêté dans son lit, à sa table,

Le respect de la vie ne vaut plus rien du tout.

 

La chasse aux sans papiers se fait à grande échelle.

Elle est la diversion d’un régime pourri,

Qui pour masquer à tous l’odeur de ses poubelles,

Poursuit le sans papier, le cloue au pilori.

 

Des gens en uniforme font la sale besogne,

Exécutent fidèles les ordres scélérats,

Reprennent aujourd’hui, et cela sans vergogne,

Les ignobles méfaits pourtant qu’on condamna.

 

Valets obéissant ils exécutent l’ordre.

Ils ont comme toujours l’alibi de la loi.

Jamais ne leur viendrait l’impératif de mordre,

Cette main assassine qui désigne leur proie.

 

Ils frappent à l’école pour arrêter des gosses,

Les prennent dans leurs classes, les envoient, inhumains,

Dans des centres fermés gardés par des molosses,

Les mettent dans l’avion vite le lendemain.

 

Peu sont les courageux aux fonctions officielles,

Qui osent publiquement dénoncer, s’opposer.

Préférant obéir, ils obstruent leurs cervelles,

Ramper comme un serpent ça évite d’oser.

 

Tout ça se fait ici, « Patrie des Droits de l’Homme »

Terre où dans le passé l’ignoble s’est produit,

Dire « Plus jamais ça ! » n’a aucun sens en somme

En ce début de siècle tombe déjà la nuit.

 

De la masse anonyme sortent pourtant des Justes,

Qui cachent les enfants dans leurs appartements,

Ils s’opposent enfin aux décisions injustes,

Et montrent qu’on peut vivre ici humainement.

 

Un jour viendra c’est sûr où les salauds, les traîtres,

Auront à rendre compte de leurs ignominies,

Et la tête baissée ils iront comparaître,

Devant un tribunal comme Papon le fit.

 

 

2008                                                                 La Belette

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Publié dans : #matiere a reflexion

DES CHIFFRES ET DES IDEES

Il ne viendrait pas à l’idée de journalistes de demander un « chiffrage » de son programme à des candidats « mineurs » à l’élection présidentielle. Par contre c’est la démarche essentielle concernant les candidats « majeurs ».

 Aux dires de nombreux journalistes, les choses ne deviennent sérieuses qu’avec les chiffres des recettes et des dépenses. Ainsi le « chiffrage » est, ou serait, le critère de sérieux officiel pour qualifier un programme de « sérieux » ou de « secondaire ».

CHIFFRER POUR EVITER DE DECHIFFRER

Il ne faut pas confondre les torchons et les serviettes ou plutôt les chiffres avec les idées. Les idées c’est bien, ça fait causer, ça fait réfléchir, mais bon… ça va un moment. Il faut au bout d’un certain temps avoir les pieds sur terre et revenir à la réalité…. Comme chacun sait, les idées, c’est sympa, ça fait rêver,…mais, pour les gens « sérieux » et « responsables »,… c’est du vent !

« Avez-vous chiffré votre programme ? Non, bon, vous repasserez à la session suivante ! » « Non mais, faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Faut voir si les propositions sont réalistes ! » « C’est donc le chiffre qui serait réaliste et pas les idées ? » « Non, ce n’est pas ce que l’on veut dire, mais enfin soyons sérieux il faut que les choses soient équilibrées » ( ?) Mais les chiffres sont-ils la réalité ou la représentation d’une certaine réalité. ? Et qu’appelle-t-on « l’équilibre d’une situation » ?

Les « gardiens du temple », pardon « du système » vont me répliquer aussitôt qu’un compte et un compte et qu’un compte se moque bien des idées et des idéologies. On ne parle pas philosophie avec une calculette, pas plus que le plan comptable n’est un traité de savoir vivre, et qu’un « bilan d’entreprise » n’a pas d’états d’âme.

Pour être un « bon » candidat, un candidat « sérieux », un candidat « crédible », il faut être un bon comptable, un bon gestionnaire. La gauche au pouvoir n’a-t-elle pas toujours pris grand soin d’être une excellente gestionnaire et même à faire la preuve qu’elle était meilleure gestionnaire que la Droite ?

LA DICTATURE DE LA GESTION

Ainsi, le citoyen, dans une « démocratie moderne » n’a pas à dire ce qu’il souhaite, mais ne doit souhaiter que ce qui est « possible ».

Et ce « possible », qui le défini ? Mais le système lui-même, ses lois et ses contraintes. Sortir de ce champs du « possible » c’est faire preuve d’irresponsabilité, d’utopie, d’aventurisme…

On n’est alors plus dans une vraie démocratie, mais dans une « démocratie à géométrie variable » dont les variables sont contrôlées, non pas par le citoyen, mais par le système dans lequel il vit et qui s’impose à nous, indépendamment de notre volonté. C’est une démocratie sous contrainte comme il y a une gestion sous contrainte.

Ainsi la gestion du système est baptisée « démocratie » ou, dit autrement, la démocratie revêt les habits de la gestion.

Il suffirait donc de s’entendre sur les principes de la gestion ?

Mais vous n’y pensez pas, ce n’est même pas la peine puisque ces principes existent déjà… pas la peine d’y revenir dessus, ils sont codifiés, ils sont même garantis par la loi et idéologiquement ils sont baptisés de « naturels » ( ?)

Le problème c’est que les chiffres sont les éléments objectifs d’une réalité qui, elle, ne l’est pas. Les chiffres n’expriment que ce qu’exprime cette réalité, or, celle-ci n’exprime pas un fait « naturel », mais un fait « social »… Autrement dit, une situation fondée sur des principes d’organisation sociale, d’une forme particulière d’organisation sociale : le salariat, le système marchand.

On expliquait autrefois à l’esclave qu’il ne pouvait pas être libre puisque la situation sociale, abusivement, décrétée « naturelle » faisait qu’il était esclave. De même au salarié licencié on lui explique qu’il ne saurait en être autrement, que ce qu’est sa situation, puisque la société est ainsi faite ( ?). Au citoyen-électeur on lui explique que sa volonté est bornée par les critères de la comptabilité privée et nationale, de la rentabilité de l’entreprise et par le respect indispensable des équilibres macro-économiques… Ainsi soit-il !

Tout un domaine, et le plus essentiel, échappe donc au citoyen. Autrement dit il n’a plus à se prononcer qu’à partir d’ « une bouillie pré digérée dans laquelle on lui demande s’il veut ajouter un peu de sel ou de poivre ».

S’il se rebiffe on va doctement lui expliquer que le domaine qu’il voudrait contrôler est beaucoup trop complexe, que c’est affaire de spécialistes, d’experts, et que de toute manière ce sont des phénomènes que l’on ne peut que subir et sur lesquels l’homme n’a aucune influence et qu’il ne peut que gérer ( ?)…

Accepter ce raisonnement c’est s’enfermer dans un piège redoutable, c’est devenir l’instrument de sa propre capitulation, de sa propre aliénation.

LE FAUX DEBAT POUR MASQUER LE VRAI

Tous les débats, toutes les discussions, les évaluations, les estimations, les prévisions sur les programmes politiques ne sont que l’aboutissement d’une gigantesque manipulation. Pourquoi ?

Parce qu’avant de parler chiffre il faut/faudrait parler principe d’organisation et éthique sociale.

Un exemple, le cas de l’entreprise : on explique au salarié que l’on licencie, que l’entreprise dans laquelle il travaille est obligée d’être compétitive pour survivre (ce qui est exact), que son salaire est un coût (ce qui est exact) et que dans le cadre de la réduction des coûts on doit le licencier (ce qui est exact) dans la mesure où l’on a acquis une machine qui a accrue la productivité du travail (ce qui est exact). Ce que l’on oubli de lui dire c’est que la motivation essentielle de la gestion de l’entreprise est exclusivement le profit en vue de la rémunération du capital, et que, de ce principe… tout le reste découle. Ainsi, accepter et entrer dans la logique posée, c’est perdre d’avance le combat que l’on engage.

Sur le plan macro économique il en est de même : qu’il s’agisse des salaires, des retraites, des impôts, des services publics, des inégalités, du financement de la protection sociale,… Tout chiffrage, encore faudrait-il qu’il soit rigoureux, est, de toute manière, l’habillage comptable de principes de gestion qui eux ne sont pas neutres, et sont fondamentalement inégalitaires.

Ainsi, par exemple, la réduction des inégalités n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui justement les produit ( ?).

Ainsi la lutte contre le chômage n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui est fondé sur la réduction permanente du temps de travail ( ?).

Ainsi, la défense du service public n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui veut la généralisation de la marchandisation des services et le désengagement de la puissance publique ( ?).

La magie des chiffres remplace la réalité des faits et des situations.

L’énormité des chiffres rend totalement abstraite la conscience de ce qui se joue.

L’abstraction des chiffres et des comptes fait démissionner le plus consciencieux des citoyens qui s’en remet « pour comprendre », en fait pour se décider, aux interprétations fumeuses de journalistes et autres experts…

Jamais, le soit disant équilibre « comptable » des programmes n’a permis de répondre aux problèmes posés dans la société… Ces problèmes ne sont pas de l’ordre du comptable, mais du politique.

Les chiffres, par leur caractère apparemment sérieux et « scientifiques » sont les outils parfaits de la manipulation politique. Invérifiables par la masse des citoyen-nes, ils donnent l’illusion d’extrapolations mirifiques qui sont censées être l’expression des désirs du plus grand nombre. Une fois l’élection passée ils sont sagement rangés dans les armoires et ne servent plus qu’à faire fonctionner le système comme s’il ne s’était rien passé… et en réalité il ne s’est rien passé.

Méfiez vous des chiffres et de ceux qui s’en servent, ils ne viennent qu’en appui de la démagogie politicienne !

10 mars 2007
                                                                                                       Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« VICTOIRE DE LA POLITIQUE, MORT DU POLITIQUE »

« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE TRAVAIL SUPER STAR

Ils veulent tous nous faire travailler, travailler plus longtemps. Mais qu’est ce qu’ils ont ?

On fini par se demander ce qu’avaient dans la tête nos prédécesseurs qui se sont battus pendant des générations pour la « réduction du temps de travail » (journée de 8 heures, congés payés, semaine de 40heures, puis trente cinq heures, réduction de l’âge de la retraite…). Etaient-ils des fainéants comme disent les nouveaux « adeptes de la valeur travail » ? On serait en mesure de le croire si l’on fait nôtre la véritable « folie besogneuse » des politiciens actuels.

Poser la question du travail comme la posent les politiciens, c’est-à-dire en terme de valeur absolue c’est éviter de poser la question essentiellement du sens, de la finalité du travail.

L’AMBIGUITE DU STATUT DE L’EMPLOI

Soyons clair : l’emploi n’a jamais été, dans le système marchand, la finalité de l’entreprise… au contraire, il n’est qu’un moyen pour atteindre l’objectif de toute entreprise : maximiser le revenu du capital : le profit. Ce n’est qu’à partir de son évaluation (celle du profit) que l’on traite la question de l’emploi.

La preuve ? Elle est très simple à faire et à comprendre : lorsque l’entreprise a besoin de salarié-e-s, elle embauche, quand elle n’en a plus besoin, elle licencie… Autrement dit, l’emploi salarié n’a de valeur, de sens, qu’en fonction du calcul économique que fait l’entreprise, et ce calcul n’a pour unique but que la maximisation du profit. Mais alors pourquoi cet « hymne au travail » ?

Si le travail est un moyen pour le système marchand de faire de la valeur en vue de la maximisation du profit, il n’en est pas moins l’élément structurant de la société.

Le salariat, qui n’est en fait que la forme marchande du travail, est en effet le rapport social dominant, c’est-à-dire celui qui « donne du/un sens » au lien social.

Le salariat est fondé sur une intégration sociale par le travail. A contrario, celle ou celui qui « perd son travail » est de fait exclu-e du lien social… et une quantité importante d’exclu-e-s entraîne inéluctablement une fragilisation de l’ordre social. Pauvreté, exclusion, inégalités, souvent maladie pas ou mal soignée, déprime, alcoolisme… sont liés au statut du travail dans notre société…. qui ne donne une place sociale qu’à celui ou celle qui a un emploi.

C’est cette situation qui explique l’attachement de tout un chacun à son emploi… même si les conditions de travail sont difficiles. C’est cette situation qui explique l’attachement du salarié à son entreprise. C’est cette situation qui explique le discours à la fois enflammé et apaisant et faussement rassurant des politiciens sur le travail.

La situation des gestionnaires du système est d’autant plus délicate qu’ils ne savent pas comment assurer la stabilité du lien social dans le cas d’une exclusion massive… Que faire de ceux qui n’ont plus d’emploi ?. Ils n’ont aucune réponse à cette question…. Parce que le système marchand ne peut pas répondre à cette question.

L’époque n’est plus où, dans les pays développés, la plupart des gens avaient un emploi… d’où la crainte des salariés qui risquent de perdre leur moyen de vie et d’intégration sociale et celle des politique qui redoutent plus que tout d’un effritement du tissu social…

LE TRAVAIL INSTRUMENT DE PROPAGANDE

« Travail-Famille-Patrie », « Le travail rend libre », « Le travail dans la joie », « La patrie des travailleurs »…

Le travail, depuis le 19e siècle, c’est-à-dire depuis l’apparition du système marchand dominant, est de toutes les propagandes, de toutes les mystifications, de toutes les démagogies.

Le concept de travail renvoie à une valeur symbolique de la vie dans le système marchand : celui qui travaille a sa place dans la société. Bien sûr, l’impasse est faite sur le sens de ce qu’est réellement le travail. Le silence est fait sur les conditions de l’emploi. Le « travail » est déconnecté de ce qu’il est en réalité, il est vidé de sa signification économique.

Celui ou celle qui travaille est considéré-e, inversement celui ou celle qui ne travaille pas est regardé avec suspicion… S’il reste en vie il profite forcément du travail des autres. (CQFD)

C’est là que les choses se compliquent pour le système : si le travail était libre, c’est-à-dire si il n’y avait aucun obstacle économique et social à l’obtention d’un emploi, alors on pourrait en conclure que celle ou celui qui n’en a pas s’en prive volontairement et préfère profiter du travail des autres. Or, dans le salariat, si le travailleur est libre, le travail lui ne l’est pas. Autrement dit c’est le marché « du travail » qui décide si l’on peut ou non travailler, si l’on a ou non un emploi.

Bien évidemment cette réalité est inavouable pour les gestionnaire du système qui préfèrent jeter la suspicion sur les chômeurs, les soupçonnant à mots couverts « de ne faire aucun effort pour travailler », de « préférer l’assistanat au travail »,…voire d’accuser les étrangers de « prendre le travail des français… ».

Ainsi le travail est utilisé à des fins de détournement de la colère des « honnêtes travailleurs » victime des « éternels assistés ».

Mais là n’est pas le seul paradoxe du discours sur le travail.

TRAVAILLEZ, PRENEZ DE LA PEINE !…

Si l’homme a exercé une activité productrice c’était pour subvenir à ses besoins. S’il a inventé l’outil, c’est pour moins se fatiguer au travail. S’il a développé l’outil c’est pour se fatiguer de moins en moins.

Aujourd’hui le développement de l’outil permet, ou permettrait, de travailler très peu pour pouvoir satisfaire ses besoins…

Et pourtant…

Plus le travail est efficace, plus la productivité du travail augmente et plus on veut nous faire travailler ( ? ).

On nous fait travailler de plus en plus alors que l’on a de moins et moins besoin de travail.( ??)

Quand on introduit une machine dans une entreprise qui économise la moitié du temps de travail, au lieu de réduire le temps de travail des salariés, on en licencie la moitié ( ???)

Plus on pourrait partir tôt à la retraite, plus on nous fait partir tard ( ????).

Il y a même des imbéciles qui nous disent : « Plus on travaillera, plus il y aura de travail » ( ?????)*

Et tous ces raisonnements absurdes fondent le culte du travail.

Mais sont-ils aussi absurdes que cela ?

Ils ne le sont plus si l’on se place dans la logique du système marchand. Dans cette logique, le travail n’est pas le moyen de satisfaire des besoins en général, mais n’est que l’instrument de la valorisation du capital ce qui fait par exemple :

Qu’il est alors « logique » de licencier des salariés remplacés par une machine plutôt que de réduire leur temps de travail.

Que l’accroissement de la productivité du travail ne sert pas à « réduire la peine des hommes » mais à augmenter les profits des actionnaires.

Ainsi le sens du travail, par la falsification de ce qu’il est vraiment dans le système marchand, devient un produit marketing pour les politiciens démagogues, un moyen de flatter les uns, de stigmatiser les autres, et de dédouaner à bon compte ce système d’inégalité et d’exclusion.

Débarrassée de la contrainte sociale marchande, l’activité économique, l’acte, l’activité de production pourrait prétendre non plus à satisfaire les besoins insatiables d’un système vorace en énergie, en ressources naturelles, en chair fraîche salariée, en temps de vie transformée en non-vie, mais à satisfaire les besoins dans le respect de l’homme et de son environnement.

Le travail célébré et déifié par les gestionnaires du système marchand n’est qu’un hymne mortifère

3 mars 2007

Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« LE TRAVAIL EN QUESTION » (1) (2) (3) (4)

 

 

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