Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LA TENTATION DE L’ETATISME

L’ « étatisme » a été non seulement une catastrophe sur le plan historique et aussi et surtout, d’abord, une erreur stratégique.

L’étatisme est devenue le terme référent de tout ce qui concerne le « public », le social. C’est autour de lui que s’est construite l’idée d’une société nouvelle et dès le 19e et surtout le 20e, le « socialisme ».

Les aberrations et les monstruosités du « socialisme réel », fondé sur l’étatisme, constituent un argument de choix pour que rien ne change et que s’étende sans partage le règne de la marchandise. L’étatisme et par voie de conséquence l’étatisation, est en effet devenue synonyme d’incompétence, de lourdeur bureaucratique et d’absence de liberté.

Il / elle est devenu-e le principal argument des libéraux et de manière générale, aujourd’hui, des gestionnaires du système marchand, pour jeter l’opprobre contre toute tentative de changement des rapports sociaux.

ÉTAT ET INTÉRÊT PUBLIC

Il est né d’une confusion tragique entre « État » et « intérêt public » dans le cadre du projet d’une nouvelle organisation sociale et économique.

S’il est exact que l’Etat, l’institution, constitue le lieu politique de l’expression du pouvoir de la classe dominante, c’est-à-dire de la catégorie sociale qui profite de manière prioritaire du système en place, et permet de « guider » les politiques économiques susceptibles d’assurer la pérennité du système, il est par contre tout à fait hasardeux, et même faux, de faire de l’Etat, l’objectif essentiel de toute stratégie politique de changement.

« Détenir » l’État n’est pas, à priori, contrairement aux apparences, et l’expérience nous le confirme, synonyme de détenir les clefs de l’avenir. Dans le système marchand, d’ailleurs pas plus que dans tout autre système, l’État n’est l’expression de l’intérêt public et donc, il n’est pas du tout évident que, « détenir » l’État, permette de défendre cet intérêt public, c’est-à-dire les intérêts économiques et sociaux de la majorité.

Or, la plupart des stratégies mises en œuvres au 20e siècle se sont fondées sur ce principe de « centralisation » du pouvoir et de « centralisation » de la gestion de la nouvelle organisation sociale et économique.

L’étatisme est fondé sur une double erreur :

-  l’Etat serait le centre de gravité de tout pouvoir,
-  il existerait une rationalité économique qui, exercée à partir de l’Etat assurerait la défense de l’intérêt public.

Contrairement aux apparences, la réalité des rapports sociaux ne se trouve pas concentrée dans l’Etat. S’il en est le garant, il n’en est cependant pas l’essence. Celle-ci est constituée par la réalité économique et sociale des rapports de production qui sont un produit de l’évolution historique, à un moment donné. Différentes formes, constitutionnelles, de l’Etat peuvent d’ailleurs s’adapter à différents moments de l’évolution de ces rapports (république, monarchie constitutionnelle, fascisme,…).

ÉTATISME ET STRATÉGIE POLITIQUE

L’étatisme procède logiquement d’une conception et stratégie politiques erronées.

Si l’on part de l’hypothèse que la prise du pouvoir d’Etat est l’élément essentiel du changement social, qu’il permet de confisquer le pouvoir économique des possédants, et que l’élément essentiel de la suppression de toute inégalité c’est que personne ne possède rien… alors l’étatisation est la solution. C’est ce raisonnement qu’ont tenu la plupart des révolutionnaires du 20e siècle… avec le « succès » que l’on sait.

De manière tout à fait aberrante, l’Etat tenait dans leurs analyses une place centrale qu’il n’a en réalité pas, celle que tiennent en fait les rapports sociaux réels entre les individus dans la société civile. L’Etat devient alors, dans leur raisonnement, la clef de voûte, non seulement de la stratégie de prise de pouvoir, mais aussi de toute l’organisation économique, sociale et même idéologique de la nouvelle société. Les germes du totalitarisme sont plantés ils ne demandent qu’à germer.

La germination sera assurée par deux facteurs étroitement liés :

-  la déconnexion entre la réalité politique artificiellement crée et la réalité sociale du terrain ;
-  la gestion par une bureaucratie de plus en plus éloignée de la réalité et sûre de détenir la « vérité ».

Ceci explique l’importance fondamentale de l’idéologie, et donc de la propagande, dans ce type de système. D’abord parce que l’Etat est tout, par principe, mais aussi parce que la réalité sociale imposée déforme, déchire, de plus en plus, l’image idyllique de la société nouvelle. L’Etat s’est en fait, et en droit, substitué à la réalité sociale et a « bâti » artificiellement, c’est-à-dire en dehors de l’Histoire, une société qui se veut idéale qui, si elle correspond aux intérêts des gestionnaires-bureaucrates, ne convient pas du tout au reste de la population. Le mythe des premières heures de la « révolution » est censé compenser la triste réalité qui peu a peu s’impose.

ÉTATISATION ET RATIONNALITÉ ÉCONOMIQUE

Si l’étatisme n’est pas un gage d’efficacité politique, au sens noble du terme, c’est-à-dire l’expression de la réalité des désirs d’une population à un moment donné, l’étatisation elle n’est pas non plus gage d’efficacité économique… « efficacité économique » pas au sens marchand du terme, mais simplement en terme de satisfaction des besoins…. l’exemple du « socialisme » avec ses collectivisations forcées - « on fait le bonheur des gens contre leur volonté »(sic) - en est un exemple flagrant.

La gestion centralisée des moyens de production, de la distribution, voire de la détermination des besoins et des désirs ne peut aboutir, et a abouti, à la catastrophe. Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons :

- l’Etat, après la prise du pouvoir, est devenu le lieu de tous les pouvoirs, y compris les plus intimes puisque l’idéologie qui l’habite est « juste » ;
- l’Etat se donne le pouvoir exorbitant d’être l’expression de tous les besoins et tous les désirs, il est donc à même, en principe, de pouvoir tous les satisfaire ;
- l’égalité étant la règle, personne ne possède plus rien, l’Etat possède tout et comme l’Etat est le peuple, le peuple a tout (CQFD).

L’étatisation est donc bien une réponse logique à un projet politique qui décrète une gestion centralisée, à tous les sens du terme, de la société.

Le problème c’est qu’une telle conception ne correspond ni à une logique de l’Histoire, celle de l’évolution des rapports sociaux, ni à l’évolution de la conscience humaine qui n’évolue que progressivement et n’obéit absolument pas à des règles strictes de rationalité… aussi éthiquement, morales et donc théoriquement souhaitables soient-elles.

Certains domaines, dans ces économies étatisées, ont pu, et ont effectivement été un immense progrès par rapport à la situation précédente mais également par rapport aux pays « capitalistes »… comme la santé et l’éducation. Domaines qui ont d’ailleurs terriblement régressés à la chute de l’empire soviétique. Mais globalement, historiquement, ces systèmes n’étaient pas viables… ils faisaient, à l’origine, un pari risqué, et perdu, sur une stratégie politique qui s’est avérée fausse et sur un état de la conscience humaine qui ne correspondait pas aux mesures prises.

Il n’y a pas de regrets à exprimer, il y a par contre à comprendre les erreurs commises pour éviter de les reproduire dans l’avenir…. Car, et c’est ce qui constitue l’impasse politique actuelle, toutes les stratégies actuelles qui prétendent « changer la société » sont sur cette même problématique, le même schéma de base : prendre le pouvoir, conquérir le pouvoir, accéder au pouvoir,… et changer la société.

15 décembre 2007                                                                  Patrick MIGNARD

 

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

CONTESTATION POLICIERE

Il est rare que la contestation, du moins sous la forme que l’on connaît habituellement, gagne les rangs de la Police. Généralement la « contestation policière » est beaucoup plus feutrée et se règle – quand elle se règle – sur les tapis moelleux des palais de la République entre responsables syndicaux et autorités.

Plus rarement, cette action prend la forme de manifestation. On assiste alors au spectacle stupéfiant de « policiers manifestants » contrôlés par d’autres policiers. Le clou du spectacle - et qui ne manque pas de sel - étant l’estimation du nombre de manifestants par les deux « camps ».

Il faut noter que les organisations politiques de « gauche » et d’ « extrême-gauche » sont d’une prudence de Sioux pour s’exprimer sur ces faits, quand ce n’est pas un silence éloquent qui les habite. Au delà de l’aspect « surréaliste » de ce type de manifestation et des réactions, ou non réactions qu’elles suscitent, se posent deux questions essentielles :

Quel sens véritable a ce type de contestation ?

Doit-on ou non soutenir ces revendications ?

SUR LE SENS

Le Policier en tant que fonctionnaire – c’est-à-dire employé de l’État – est un salarié qui a tous les problèmes des fonctionnaires : conditions de travail, moyens pour l’accomplir, grille indiciaire pour le traitement, avancement, mutuelle,… À ce titre on peut considérer ses revendications et les moyens – légaux – qu’il utilise comme « normaux » et légitimes. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’agissent les syndicats de Police, comme tout autre syndicat de salariés.

Il est sûr, et ce serait malhonnête d’affirmer le contraire, que les policiers ne sont pas avantagés – sur le plan matériel - de manière exorbitante par rapport aux autres fonctionnaires. Ils n’ont rien à voir avec ce que serait un groupe particulier qui, du moins sur le plan matériel, bénéficieraient de privilèges, car au service de la classe dominante. Les conditions de travail, d’avancement, et là-dessus les syndicats de police ont raison, sont loin d’être satisfaisantes,… on peut même parler d’économies faites sur leur dos et même d’exploitation.

La contestation syndicale a donc un sens au sens syndical et même salarié du terme. Et c’est bien cette situation qui est gênante pour celles et ceux qui éprouvent à la fois un sentiment de répulsion pour la fonction policière répressive et de compassion pour ces salariés en lutte pour leurs conditions de vie. Il est vrai que, de surcroît, lorsqu’un conflit les oppose au simple citoyen ils bénéficient d’une longueur d’avance car quasi systématiquement soutenus par leurs syndicats (ce qui est logique), mais aussi et surtout, leur hiérarchie et le Pouvoir en place… et c’est la Police qui enquête sur… la Police…

UNE CONTESTATION MOLLE

Manifestement la Police met moins d’ardeur à lutter contre la « politique du chiffre » du Gouvernement qu’à expulser des travailleurs de leur entreprise qu’ils occupent., ou à rafler les « sans papiers »… Cette « politique du chiffre » est aux policiers ce que les cadences sont aux travailleurs à la chaîne.

"Jour après jour, les policiers nationaux s’épuisent à réussir des objectifs inatteignables - la politique du chiffre - loin des réalités d’une délinquance mobile, violente, dont vous avez ou pouvez être victime" dit un tract distribué à Paris lors de la manifestation du 3 décembre 2009. La révision générale des politiques publiques (RGPP) est dans la ligne de mire, qui "n’a qu’un but : réduire les dépenses de l’État et démanteler les services publics essentiels".Précise-t-il et ajoute que la Police est la profession la plus touchée par les suicides. À lire de tels propos on ne peut qu’être admiratif devant autant de lucidité, mais au-delà de cette brillante analyse,… que fait ce corps qui est au cœur de l’autorité de l’État ? Rien,… erreur, il gémit : « Policiers usés, policiers démotivés » scandaient les manifestants parisiens.

On a peine à croire que cette force, et qui sait l’utiliser, se laisse asservir comme de vulgaires salariés rivés à leurs machines. Pourtant c’est bien cela qui se passe… Rares sont les débordements, rares sont les coups de gueule, rares – et même inexistantes - sont les occupations de commissariats et autres actions plus musclées. Ce grand corps si rapide à réprimer celles et ceux qui se battent est incapable de se battre pour ses propres revendications et appelle à son secours celles et ceux qu’il n’hésitera pas à réprimer au premier ordre qu’il recevra.

Le culte de l’obéissance et la certitude de l’impunité.

On est pour le moins hésitant à soutenir une telle profession.

SUR LE SOUTIEN

Il est, bien évidemment déterminé par la conception de la fonction que l’on a de la Police. Si on la considère, dans son ensemble, Gendarmerie comprise (quoiqu’elle ait un statut militaire), comme un service public – ce qui est la version officielle diffusée dans le public, alors il n’y a pas de différence entre un policier et un autre fonctionnaire... C’est l’attitude des principales formations politiques à vocation d’occuper le pouvoir : conservateurs, centristes et sociaux libéraux,… sans parler de l’extrême droite.

Si l’on considère par contre que la Police n’est pas un service public – au sens où on l’entend généralement – mais un groupe de mercenaires au service d’un système social inégalitaire et d’exploitation, alors, tout en reconnaissant le bien fondé matériel des revendications et même la situation de salarié, il est difficile et même impossible d’être solidaire avec la Police. Soutenir les revendications d’une force de répression est en effet difficilement acceptable, d’autant plus que l’on a affaire à cette même police lorsque l’on revendique comme elle, les mêmes conditions de travail et de vie.

« Mais la Police n’est pas que la répression » vont proclamer en chœur les syndicats policiers et leurs soutiens politiques… Certes, mais c’est essentiellement ça dans un système où règnent les inégalités, facteurs de délinquance et conflits sociaux…et la tendance actuelle s’accélère.

À moins de faire croire, ce que voudraient certains, ou d’être persuadé, que l’on vit dans une société plus ou moins harmonieuse, simplement perturbée par des délinquants agissant sans raison, on peut difficilement imaginer que la « paix publique » et la « sécurité » ne soient pas, surtout et avant tout, un problème politique et social. Or la police, n’entre pas dans ce genre de détail et ne pose les problèmes que de manière technique : matériels, effectifs, rythmes de travail,… et se fait d’ailleurs un « honneur » d’être neutre… ce qui est une douce illusion, ce qui entraîne une confusion extrême dans ce qu’elle croit être et ce qu’elle veut faire croire qu’elle serait.

Situation d’autant plus complexe, comme on vient de le noter que fonction de répression et opérations « humanitaires » s’enchevêtrent au point de ne plus parler des unes au profit exclusif des autres,… ce que tout Pouvoir s’attache consciencieusement à faire. Exemple : « Un CRS c’est quelqu’un qui risque sa vie sur la plage ou en montagne, mais pas du tout un cogneur de lycéen ou d’ouvrier ». « Un policier est toujours une victime, jamais un agresseur ». Tous les reportages officiels sur le sujet montrent des policiers bien intentionnés, serviables, polis, presque des travailleurs sociaux. On comprend difficilement, dans ces conditions, que les policiers violentent des journalistes et leur confisque les images d’intervention au nom d’un droit à l’image qui n’existe pas, du moins dans ce cas.

Devant une telle malvoyance ou mauvaise foi on ne peut que mettre en parallèle les revendications des policiers avec leur véritable rôle dans la cité et ce d’autant plus que l’aspect social et politique est totalement passé sous silence au profit d’une pratique des plus suspecte (chasse aux « sans papiers » par exemple)… ce qui ne veut d’ailleurs pas dire efficace.

La contestation policière, et elle ne le fait pas exprès, présente cependant un réel intérêt : elle est un signe, parmi d’autres, de la décadence du système dominant. D’une certaine manière, les conditions de travail et le mépris affiché par le Pouvoir peuvent être – tous ne sont pas obtus – à l’origine d’une prise de conscience. Une faille dans ce corps apparemment monolithique est donc à exploiter, encore faut-il le faire avec tact et non dans un but bassement électoral.

À n’en pas douter nous n’entraînerons pas la Police dans une dynamique d’alternative de rapports sociaux, elle demeurera le dernier garant du système, mais on peut faire douter certains de ses éléments et fragiliser ainsi le Pouvoir…

Ce sera toujours ça de gagné.

Patrick MIGNARD

14 Décembre 2007

Voir aussi :

« IL S’APPELLE ROLAND GATTI »

« POLICE-JEUNES : L’IMPOSSIBLE DIALOGUE »

« IMAGE DE LA POLICE / POLICE DE L’IMAGE »

« VIOLENCES POLICIÈRES ET LIBÉRALISME »

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

CONFLIT SOCIAL : UN AIR DE CALOMNIE

Un otage est une personne innocente, retenue prisonnière par un preneur d’otage, et dont la vie sauve et la libération dépend d’une exigence à remplir par une tierce partie

Article 224-4 du Code Pénal

« Si la personne arrêtée, enlevée, détenue ou séquestrée l’a été comme otage soit pour préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit, soit pour favoriser la fuite ou assurer l’impunité de l’auteur ou du complice d’un crime ou d’un délit, soit pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition, notamment le versement d’une rançon, l’infraction prévue par l’article 224-1 est punie de trente ans de réclusion criminelle. Les deux premiers alinéas de l’article 132-23 relatifs à la période de sûreté sont applicables à cette infraction. Sauf dans les cas prévus à l’article 224-2, la peine est de dix ans d’emprisonnement si la personne prise en otage dans les conditions définies au premier alinéa est libérée volontairement avant le septième jour accompli depuis celui de son appréhension, sans que l’ordre ou la condition ait été exécuté ».

LE SENS DES MOTS, LE CHOC DES INVECTIVES

Les politiciens si soucieux de la précision des termes employés et toujours prompts à dénoncer les écarts de langage, surtout quand ça les concerne, s’en sont donnés à cœur joie durant le conflit social de novembre pour couvrir d’invectives et d’injures on ne peut plus graves des salariés qui ne faisaient qu’exercer un droit reconnu par la Constitution, le droit de grève.

Que des usagers, évidemment gênés dans leurs déplacements et méthodiquement conditionnés par les médias aux ordres, anonent de telles absurdités,… on peut à la limite le comprendre, sans l’approuver. Mais que des responsables politiques qui se proclament garant de la paix civile, sociale, accusent de crime, car c’est bien de cela dont il s’agit, des salariés dans l’exercice d’un droit constitutionnel, ont probablement une idée derrière la tête.

Une telle accusation, aurait du logiquement, être suivie d’un dépôt de plainte. En effet, l’arsenal juridique de notre République ne manque pas d’outil pour réprimer ce genre de crime. Or, curieusement, aucune poursuite n’a été engagée contre les « délinquants-preneurs d’otages » avec qui, le Gouvernement légal, a même accepté de négocier… alors qu’il est de notoriété publique que le Gouvernement Français ne négocie jamais avec des preneurs d’otages… du moins officiellement.

Alors de deux choses l’une :

- ou bien le gouvernement a manqué à tous ses devoirs en permettant une prise massive d’otages,

- ou bien il ne s’agit pas d’une prise d’otage,… et le gouvernement ment et manipule

Cette guerre des mots : otage, galère,… le gouvernement a pu la mener en toute tranquillité. Les syndicats se sont opposés bien mollement à ce déferlement d’insultes. On est en droit de se demander s’il n’y a pas une sorte d’acceptation implicite de part et d’autre de l’inacceptable… chacun y trouvant son compte pour « en finir au plus vite ».

Il est d’ailleurs tout à fait curieux que les syndicats, « toujours prompts à défendre leurs adhérents », n’aient pas porté plainte pour dénonciation calomnieuse, puisque ces derniers étaient tout bonnement accusés d’un crime passible des assises : la prise d’otage.

CALOMNIEZ,… IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE !

Les méthodes diffamatoires utilisées par les politiciens au pouvoir sont révélatrices de deux choses :

  des comportements indignes, d’individus sans valeurs, qui n’hésitent pas à jeter l’opprobre sur leurs adversaires,
  le manque d’arguments crédibles pour mettre un terme au conflit.

L’accusation est évidemment absurde, n’a aucune valeur, aucun sens sur le plan politique et encore moins sur le plan juridique. C’est de la diffamation gratuite, ou plutôt tactique. Il s’agit tout bonnement de salir, de dresser une partie de la population contre une autre. Procédé totalitaire utilisé par les régimes sans scrupules.

Le procédé n’est cependant pas seulement crapuleux dans sa forme, et tactique à court terme, faire cesser la grève, ,… il a un objectif précis à plus long terme et d’une extrême gravité. Il s’agit tout bonnement de remettre en question le droit de grève, et même plus subtilement de le faire condamner par l’opinion publique. De faire entrer dans la tête des gens que l’exercice du droit de grève est un trouble à l’ordre public… et trouble d’autant plus inacceptable qu’il n’aboutit à rien. En effet, les grévistes ne peuvent même pas arguer le fait qu’ils ont obtenu la satisfaction de leurs revendications..

Le droit de grève est donc doublement inutile. Ainsi le seul moyen concret de défense et de lutte des salariés doit, aux yeux du pouvoir, disparaître.

Bien sûr, le pouvoir ne reconnaîtra jamais cet objectif. Spécialiste, nous en avons eu un échantillon significatif durant la grève, du double discours dans une stratégie à long terme en vue de la remise en question de la totalité des droits des salariés… Il n’attaque pas de front ce droit, mais de manière biaisée, maniant la carotte et le bâton, la répression et le « dialogue ».

FAUT-IL DÉFENDRE LE DROIT DE GRÈVE ?

Sur le principe évidemment, ne serait ce que parce cette attaque fait partie d’un plan concerté tendant à remettre en question tous les acquis des salariés. Cette défense de principe ne doit cependant pas masquer une réalité encore plus grave : la grève aujourd’hui est devenu une arme à double tranchant

Maniée, nous l’avons vu par des syndicats peu motivés et toujours trop prompts à la « négociation » de complaisance, elle constitue un excellent prétexte de diffamation du pouvoir et du patronat pour affaiblir le mouvement. Mais il y a plus grave.

La grève est aujourd’hui entrée dans les mœurs, s’est institutionnalisée,… et n’aboutit plus à l’essentiel. Devant un gouvernement inflexible et un patronat qui ne lâche plus rien, au contraire, elle s’émousse au point de devenir un rite qui conserve fantasmatiquement une charge affective, mais qui réellement atteint vite ses limites. Elle se termine alors lamentablement dans une débâcle, se perdant dans des pseudo négociations sur des revendications secondaires.

Les démarches et actions sérieuses avec les usagers entreprises (comme à Lille par exemple) par les grévistes peuvent se compter sur les doigts d’une main. Les directions syndicales arque boutées stupidement sur le « fait grève » contribuent puissamment, consciemment ou inconsciemment, à la dégénérescence d’une action qui a constitué dans le passé l’acte de résistance essentiel des salariés.

Une politique syndicale en direction des usagers et des clients, permettrait de donner un autre sens, une autre dimension, un autre souffle, à l’acte de grève. Mais c’est apparemment trop demander à des organisations qui trouvent leur compte dans les conflits avortés, les combats perdus et les négociations qui se prolongent à l’infini sans gain notables.

La rapacité économique du patronat, alliée à la perfidie politique du gouvernement, s’articule parfaitement avec la myopie et l’impuissance syndicale pour faire que 130 ans de conquêtes sociales sombrent peu à peu dans les eaux glacées de la rentabilité marchande et laissent les salariés transis dans leurs conditions sociales qui s’apparentent désormais à celles de leurs ancêtres du 19e siècle.

9 décembre 2007                                                         Patrick MIGNARD

Voir aussi :
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »
« NEGOCIER, MAIS NEGOCIER QUOI ? »
« LE DENI »

 

CONFLIT SOCIAL : UN AIR DE CALOMNIE

Pourquoi ce site ?

fedetlib.overblog.com

Rédigé par PM

Pourquoi ce site ?

Articles récents

Archives

Hébergé par Overblog