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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

CITOYENNETE ET « LEGITIMISME REPUBLICAIN »

Le légitimisme, au sens commun du terme, est une forme de conservatisme qui se fonde sur le caractère définitif de certaines valeurs et principes, et sur la manière de les appliquer, qui est celle du pouvoir en place. Celle-ci, une fois établie ne saurait évoluer quelles que soient les conditions historiques.

L’instauration de la « démocratie » et de la République, révolutionnaire en son temps, a ainsi instauré un « système de pouvoir » qui s’est sclérosé au point d’être, aujourd’hui, incapable d’évoluer.

LE « CLAIR-OBSCUR » DES LUMIERES

Les Lumières en combattant l’obscurantisme religieux, l’intolérance et l’absolutisme en politique, ont effectivement fait évoluer l’esprit humain dans le sens de l’instauration de systèmes politiques fondés sur la raison et la tolérance… Ce qui a fondé ce que nous appelons aujourd’hui la démocratie.

Pourtant, contrairement aux apparences, l’esprit des Lumières n’a pas totalement façonné l’Histoire dans le sens philosophique qui était le sien. Il a en fait aidé à l’émergence d’un système de relations sociales – le système marchand – et à asseoir son hégémonie. De ces valeurs – celles des Lumières - ce système en avait besoin pour abattre l’ancien, au point que c’était dans ses cités qu’elles avaient émergé et s’étaient développées.

En fait, l’esprit des Lumières a nourri en son sein un système d’organisation sociale qui, tout en apparaissant comme un immense progrès par rapport aux systèmes précédents, allait se révéler particulièrement nocif pour ces mêmes valeurs… nous en sommes aujourd’hui les témoins.

Sans pour cela nier le rôle des Lumières, ne s’en tenir qu’à son aspect purement philosophique, c’est n’aborder qu’un aspect des choses et laisser dans l’ombre les véritables fondements historiques d’un système dans lequel nous vivons aujourd’hui et dont on peut juger de ses conséquences.

Or, ce « coté obscur » des Lumières est consciencieusement ignoré par la pensée officielle – de Droite comme de Gauche - qui ne s’en tient qu’aux principes philosophiques quotidiennement et systématiquement écornés. Le « coté clair » tenant d’alibi au « côté obscur ».

C’est dans cette vision « boiteuse » de la réalité historique qu’est coulée la « morale civique », celle qui fonde le Citoyen.

On en arrive ainsi, à la situation paradoxale où le « progressisme républicain » issu incontestablement des Lumières, devient de fait un conservatisme.

UN « CONSERVATISME PROGRESSISTE »

Cet oxymore qualifie bien la logique politique actuelle.

Celles et ceux qui se qualifient de « républicains » sont en fait de parfaits conservateurs… Pourtant, à leurs yeux, ils sont des progressistes… Il est vrai qu’au regard de ce qu’était l’Ancien Régime, le système monarchique, voire féodal, la République est un progrès sur le plan moral comme sur le plan politique. Mais peut-on en rester à ce simple constat ? Certainement pas,… et ce pour deux raisons :

- le « clair-obscur » des Lumières. Nous venons de le voir, ne s’en tenir qu’à l’aspect formel et flamboyant des Lumières c’est faire l’impasse sur la réalité sociale du système réel qui en a émergé. Or les analyses et discours des « républicains » authentiques, progressistes, humanistes,… se fondent plus sur une interprétation et exigence rigoureuse, et au demeurant respectables, des principes des Lumières, que sur une véritable analyse critique du système marchand. Sans remettre en question les fondements de ce système, ils se limitent souvent au constat - tout à fait juste – qu’il viole allègrement et impunément des valeurs des Lumières. Ce constat tenant, en quelque sorte lieu, à leurs yeux, de remise en question ce qui est parfaitement illusoire.

- le verrouillage politique du système marchand. Très tôt, le système marchand a donné toute la mesure de ce dont il était capable. C’est au nom des valeurs des Lumières qu’il les a consciencieusement piétinées par sa pratique – voir l’histoire des 19e et 20e siècles – Cette extraordinaire mystification idéologique lui a permis de verrouiller toute véritable contestation et démarche critique. La faillite des expériences « socialistes », fondées sur une analyse fausse de ce qu’il était, et de ce qu’il y a avait lieu de faire pour le dépasser, a été, et constitue un puissant argument de verrouillage politique.

Toute la conscience civique est fondée sur cette ambiguïté. Le raisonnement politique ne peut ainsi que tourner en boucle : la critique du système ne pouvant se fonder que sur des valeurs dont il serait le garant, il est donc impensable de le remettre en question au risque de violer celles-ci…

Le citoyen est prisonnier de sa propre logique.

L’IMPASSE

La suite, nous la connaissons et la vivons tous les jours.

Le citoyen, sensé être le sujet de sa propre histoire en est simplement réduit à être un simple instrument, un électeur… l’élection étant un résumé fulgurant et dérisoire de ses droits et de ses prérogatives, mais aussi de son impuissance.

L’élection, en effet, représente un double avantage pour le système :

- elle respecte formellement les grands principes des Lumières : liberté, égalité, tolérance… de ce fait elle ne peut-être remise en question ;

- elle verrouille en fait toute possibilité de changement par le conditionnement politique, l’accaparement de fait de l’information par l’argent, la constitution d’une classe politique parasite qui, en pratiquant l’alternance, évite toute sortie du système.

L’élection illustre parfaitement non seulement ce qui reste au citoyen pour exister politiquement – du moins officiellement- mais justifie aussi le « légitimisme républicain »…. Le citoyen croyant, en toute bonne foi jouer un rôle essentiel par cet acte se contente uniquement d’exercer un droit formel qui n’offre aucune perspective de changement.

Cette situation illustre l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Elle conforte un sorte de confort passif qui, en l’absence de contradictions explosives, du moins pour le moment, permet une continuation, sans grands soubresauts, de la situation sociale et politique.

La République, mot magique qui a remplacé Dieu, dans l’inconscient collectif se suffit à lui-même et permet toute les manipulations et dérives politiques. La croyance citoyenne en un absolu institutionnel fige l’action politique dans une attitude de soumission au bénéfice d’un système qui peut ainsi se pérenniser.

Le concept de citoyenneté est vidé de son sens originel.

Septembre 2010 Patrick MIGNARD

Voir aussi :

« LE FAUX HUMANISME DE LA MARCHANDISE »

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LES BAS FONDS DE LA POLITIQUE

On savait que les pouvoirs, quels qu’ils soient, sont capables de tout pour se justifier et assurer leur pérennité… pourtant, nous sommes toujours surpris devant la bassesse dont sont capables certains hommes du Pouvoir pour atteindre leurs objectifs.

Il est des périodes plus propices aux dérives de tels mécanismes. Essentiellement des périodes de crises, de décadence où les pouvoirs en place s’avèrent incapables de dépasser les situations conflictuelles qui mettent en péril la paix sociale, mais aussi des moments où il est indispensable de masquer les scandales du Pouvoir.

LE SYNDROME DU « MAL NE »

L’Histoire est pleine de ces individus sans scrupules qui, croyant être obligés ou opportun, aux yeux de la collectivité, de « racheter » leur condition et/ou de renforcer leur étoile déclinante, persécutent celles et ceux qui ont la même origine qu’eux… C’est un mécanisme psychologique classique à la fois de défense et de séduction.

De défense, dans la mesure où ils ont fait leur la devise : « La meilleure défense est l’attaque ». Loin de se retirer du regard public, ils l’affrontent, inversant les valeurs et satisfaisant les plus bas instincts de celles et ceux qui seraient susceptibles de leur « demander des comptes », de les montrer du doigt. L’outrance de l’attitude en impose à la multitude, c’est bien connu !

De séduction, en déviant l’attention de la multitude sur des objets ou attitudes mystificateurs - discours démagogiques, compagnes faire-valoir séduisantes, esprit de conquête, « pipolisation » de sa vie privée, promesses, gouaille populaire, effets d’annonce, coups médiatiques, dénonciation de boucs émissaires,,… Leurs pratiques révèlent ce qu’ils sont réellement,… des arrivistes sans scrupules.

Quand, en plus, ces individus, souvent complexés, ne correspondent pas aux canons de la beauté physique de l’époque, sont vulgaires dans leurs attitudes, deviennent l’objet de caricatures grotesques et souvent réalistes – pas besoin d’avoir une petite moustache ridicule et une mèche frontale – et que, de surcroît, leur culture et leur niveau intellectuel laissent manifestement plus qu’à désirer – guerre à tout ce qui pense, à bas l’intelligence -, tous les ingrédients sont présents pour qu’ils jouent à contre emploi la comédie de la légitimité.

Quand un individu fonctionne sur ce mécanisme, n’a aucun scrupule – sinon dans ses discours et devant des médias,… et pense trouver un intérêt personnel – pour lui et les siens - à ce genre de politique,… tout est à craindre,… surtout le pire.

En effet, une fois au pouvoir, il n’hésite pas, sa mégalomanie, son incompétence et son manque d’éthique aidant, à détruire les acquis sociaux et culturels historiques et à ravaler la société dans laquelle il opère, à une collectivité soumise, reniant les valeurs qui étaient les siennes.

Un tel individu ne peut jouir que de la blessure qu’il provoque. La difficulté, l’angoisse et la douleur de l’autre – le bouc émissaire - sont proportionnelles au degré de satisfaction et de jouissance, factices, de la multitude, savamment excitée, qui le plébiscite, ainsi trompeusement apaisée dans ses craintes. Quant à ses courtisans, ses obligés, ses vassaux,… ils jouent le rôle de miroir narcissique.

Cette répugnante attitude est toujours, évidemment, justifiée par des raisons logiques, impératives, historiques, nationales, sociales, financières, économiques, sécuritaires, hygiéniques, écologiques, voire dans certains cas religieuses et même raciales. Raisons reprises et amplifiées par des médias aux ordres. Le qualificatif utilisé dépendant des conditions spécifiques de l’époque… L’individu n’a que l’embarras du choix ; son habileté politique et son succès, dépendent de la validité, aux yeux de la multitude, de ce choix.

LA BANALITE « DEMOCRATIQUE » DU MAL

La conquête du pouvoir et sa conservation reposent sur des facteurs spécifiques aux différentes époques. Il y a cependant une constante : tous sont les marionnettes des puissances d’argent, tous ont pour « amis », protecteurs, des féodalités financières. Certains le cachent et sont discrets, d’autres, assurément les plus stupides, le revendiquent et le montrent ostensiblement dans des manifestations aussi ridicules qu’indécentes.

L’argent leur permet de financer leurs ambitions, mais aussi d’avoir accès aux médias,… autrement dit à l’opinion publique et à la possibilité de la manipuler.

Pas besoin d’un « coup de force » pour conquérir le pouvoir, le régime « démocratique » convient parfaitement pour réaliser ce projet. Une population déboussolée, craintive dans l’avenir et sans perspective est prête à croire n’importe quoi et suivre n’importe qui.

Bien sûr, la conquête et la conservation du pouvoir ne sont pas des entreprises individuelles. Outre les protecteurs financiers, qui recevront au centuple les bénéfices de leur soutien, une équipe, un mouvement, un parti sont indispensables. En cela, pas trop de problèmes, les profiteurs, arrivistes de tous poils, hommes de mains, potentats locaux, revanchards frustrés dans leur jeunesse, idéologues de salon, intellectuels de Cour, aigrefins en recherche d’amnistie, artistes et sportifs serviles… sont légion, prêts à se vendre pour quelques miettes de préférence substantielles. Des postes distribués à bon escient, des promesses alléchantes et quelques solides dossiers susceptibles d’alimenter des chantages, permettent avantageusement d’avoir à disposition une armée de « collaborateurs dévoués et peu regardants ». On peut même, se payer le luxe de débaucher, dans l’autre clan, les éléments les plus complaisants et vénaux.

Une fois au Pouvoir, pas de problème pour se faire obéir. La bêtise, le légitimisme, la lâcheté,… dans le moins pire des cas, la routine bureaucratique et la passivité de la plupart des fonctionnaires et autres agents subalternes assurent le quotidien. Plus tard, dans quelques années, la plupart de ces soutiers de l’abject diront simplement qu’ils « n’ont fait qu’obéir aux ordres ». Quant aux responsables et autres « préfets Papon », ceux qui n’auront pas eu la délicatesse et la décence de disparaître avant, aujourd’hui plein de morgue et de certitudes, ils seront jugés, à grand spectacle, et serviront le même argument : « je n’ai fait qu’obéir aux ordres et respecter à la loi ». Dans tous les cas, la société des bien pensants dira, dans un soupir d’apaisement : « Plus jamais ça »… jusqu’à la prochaine fois.

L’élection n’est qu’une formalité. Depuis deux cent ans le bon peuple croit, naïvement, qu’il décide alors qu’il ne s’agit manifestement que d’une affaire de lutte de clans dont il est l’arbitre éternellement abusé. C’est le clan, le plus à même d’assurer la pérennité du système en place, qui aura l’appui des financiers et donc disposera d’un maximum de moyens pour promettre, tout et n’importe quoi, conditionner, séduire et gruger les électeurs (des exemples ?).

Ainsi, la légitimité est la rançon de la peur et de la vénalité. Mais la légitimité, comme l’argent, n’a pas d’odeur…

L’exercice du pouvoir se fait en toute impunité, souvent même au mépris des lois qu’il est censé garantir.… Les forces de répression, affublées de toutes les qualités « républicaines », maintiennent le troupeau à distance de ses bergers « légitimes ». A partir de là, toutes les dérives sont possibles, les outrances et vilenies permises,… toutes justifiées par la « légitimité » du pouvoir en place.

Le peuple n’a plus, officiellement, qu’une chose à faire, en méditant sur sa naïveté, et « jurant mais un peu tard que ne l’y prendrait plus »,…attendre les prochaines élections !

Ainsi soit-il !

Septembre 2010 Patrick MIGNARD

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