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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

DE LA CONTESTATION

 

Le droit de critique, de contestation, de l’expression est un droit fondamental de la « démocratie ». Nul ne peut en être privé et la constitution le garanti... tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes démocratiques.

La contestation est aujourd’hui une dimension de l’action politique parfaitement intégrée, digérée, acceptée par le système de démocratie marchande. On peut dire qu’elle est un élément et une garantie de son fonctionnement de sa régulation, de son existence.

La contestation peut prendre différentes formes, passant de la non violence à la violence... son utilité est hélas, généralement mesurée par l’impact médiatique qu’elle produit.

DE LA CONTESTATION-SPECTACLE

La contestation s’aliène aux médias. S’aliéner n’est pas une exagération car, même si, pour celles et ceux qui contestent, leur action a un sens politique et civique, le spectacle qu’ils donnent et qui se veut pédagogique et politique est réduit à l’état de spectacle par l’entreprise médiatique qui s’en empare et le traite comme bon lui semble, toujours en fonction de ses intérêt idéologiques et médiamétriques.

Si nous sommes maîtres du spectacle que l’on donne, nous ne sommes pas maître du spectacle que l’on transmet, autrement dit, de l’image qui est diffusée, or c’est cette dernière qui détermine la réaction de l’opinion publique à l’égard du message que l’on veut faire passer, qui donne une image politique du message. La contestation-spectacle, aussi élaborée soit-elle nous est irrémédiablement confisquée. Pour celles et ceux, les politiciens-es, pour qui le spectacle de leur image suffit, cette forme de contestation est suffisante... c’est ce qui explique que ces gens là accourent systématiquement dans tous les types de manifestations médiatisées,... de préférence devant les caméras de télévision et partent en même temps qu’elles. Ils sont les principaux bénéficiaires, de la politique-spectacle et peu leur importe... à la limite, le sens réel du message transmis. Leur existence politique est liée à la transmission de leur image, de leur apparence (voir : VIOLENCE ET CHANGEMENT SOCIAL)

Il y a un décalage total entre la réalité de la manifestation et ce que la collectivité en perçoit et cela nous l’avons parfaitement intégré dans notre manière d’organiser les choses... au point que dans de nombreux cas, ce que nous préparons, ce n’est plus une action politique, mais la « mise en scène » d’une action... au point même de choisir l’heure en fonction des journaux télévisés. Dans notre désir d’être « lisible » nous nous aliénons totalement à l’appareil médiatique.

Ce décalage est peu à peu devenu une coupure au point que la réalité et la nécessité du spectacle a transformé, a changé, la nature de la manifestation. A la limite on crée l’évènement pour en faire une manifestation que l’on met en scène. Pour se rendre compte de ce processus il suffit de raisonner comme s’il n’y avait pas de médias : « Que ferions nous s’il n’y avait pas transmission de l’évènement ? »... Il est probable que nous agirions différemment.

Par exemple, la systématisation des manifestations, leur caractère répétitif dans certains cas donne l’illusion de la mobilisation, de l’action de masse, de l’efficacité... mais ce n’est qu’une illusion entretenue par le spectacle, créé par nous, de la manifestation. L’ampleur du caractère visuel, amplifié par les médias, prend le pas sur le caractère essentiel de ce qui la motive et nous fait abandonner toute autre action... moins médiatique... Et l’on s’étonne que l’on échoue quant à l’essentiel ?

Le spectacle médiatique a une valeur en soi, étrangère à l’évènement relaté. Or c’est à cette valeur que nous répondons, abandonnant par là même l’essence même de l’évènement.

En fait, le poids social et politique du spectacle médiatique nous conduit à dénaturer l’évènement, notre participation à l’évènement, la manière de nous y comporter et finalement l’authenticité et l’efficacité de celui-ci.

La manipulation des médias n’est pas unipolaire, nous en sommes aussi les acteurs consentants.

DE L’ABANDON DE LA PRAXIS

Il n’est pas question évidemment de nier l’existence des médias, mais sachons qu’en tout état de cause ils ne sont que des éléments marginaux de l’Histoire. L’Histoire s’est déroulé jusqu’à aujourd’hui sans leur intervention.

En aucun cas nous ne devons considérer les médias comme le cœur, et à fortiori le cerveau de l’action. On peut agir avec eux, voire parfois contre eux, mais jamais pour eux. Ce ne sont pas les médias qui font l’histoire sociale des être humains, ils n’en sont qu’un constituant temporel.

La démocratie marchande nous a totalement piégé dans la manière de concevoir la contestation qui peut, et doit, lui être faite. Déterminant une bonne fois pour toute, et dirais je, sans contestation possible, que le système est démocratique, la contestation ne peut-être en fait que de la « remarque » ou aimable observation. C’est en fait faire fi du caractère instrumentalisant du système qui réduit l’individu à un simple objet qui doit se plier à son objectif principal : valoriser le capital.

Le caractère envahissant et le pouvoir amplificateur des moyens de communication et d’information modernes ont fait croire, à tort, que l’expression même de la contestation avait une portée pratique et historique... Ne parle-t-on pas de « 4e pouvoir » à propos des médias ? ( ?)... ce qui nous a entraîné à la plus funeste des décisions, l’abandon de la pratique, ou plus exactement de la praxis.(voir : DECADENCE & TRANSITION)

Le discours politique incantatoire, la dénonciation véhémente, la pétition circulante, l’affiche et autres pratiques politico-militantes, autrement dit les formes modernes reconnues, acceptées, légalisées voire institutionnalisées de la contestation ont remplacé l’essentiel de ce qui fait l’Histoire : la pratique concrète et consciente de la mise en place de nouveaux rapports sociaux, la praxis.

La contestation officielle nous fait faire l’économie de l’Histoire, ne nous permet plus d’être des « sujets » de notre histoire, mais des metteurs en scène de notre « mal vivre », le système marchand nous fournissant les décors et nous permettant d’écrire le scénario. Le théâtre de la société fonctionne, nous en sommes à la fois les acteurs et les spectateurs complaisants... nous collons même les affiches qui ne sont que le reflet de nos propres illusions et de nos capitulations futures.

La critique des médias devrait commencer par la critique de ce que nous sommes devenus en tant qu’acteurs sociaux, en tant que citoyens ou plutôt de « non-citoyens ».

La pratique de notre contestation se moule parfaitement dans les espaces aménagés par le système pour assurer sa pérennité. A petites mobilisations, petites victoires, à grandes mobilisations, élections... Rien dans ce que nous faisons socialement et collectivement (peut-être individuellement pour certains) n’expriment la volonté concrète d’un changement. Nous nous complaisons dans la plainte et dans la mortification de l’échec. Notre contestation met en scène le spectacle de notre propre capitulation.

L’avenir ne nous est pas acquis. La conscience que nous avons de l’Histoire, contrairement à nos ancêtres, nous a privé, paradoxalement, du pouvoir de « faire l’Histoire ». Cette conscience s’est commuée en un discours stérile en ce sens qu’il nous exempte de toute pratique sociale. Nous avons adhéré au discours mensonger du caractère indépassable du système marchand. Nos ancêtres auraient eu la même démarche il n’y aurait pas eu d’Histoire.

30 septembre 2004

 

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE TRAVAIL EN QUESTION (3)

Le salaire rémunère-t-il le travail ?

C’est une question théorique qui a pas mal préoccupé économistes et philosophes et, comme toujours en cette matière, les avis sont partagés. La question n’est pourtant pas seulement théorique, en effet elle permettrait de savoir dans le cas d’une baisse ou d’une augmentation du temps de travail si l’on doit, s’il est légitime, s’il est logique, s’il est juste, s’il est acceptable… de baisser ou d’augmenter le salaire.

La question est implicitement posée lorsque l’on allonge la durée de travail sans augmentation de salaire - voir l’article « LE TRAVAIL EN QUESTION (2).

Le premier réflexe du salarié, dans cette situation, est de vouloir « gagner plus » puisqu’il « travaille plus »… Il fait donc un lien direct entre salaire et quantité de travail fourni… D’ailleurs la pratique courante dans l’entreprise est de payer plus si l’on travaille plus, comme dans le cas des heures supplémentaires par exemple. Le réflexe correspond bien à une pratique sociale couramment admise. Pourtant à y regarder de plus près la chose est moins évidente qu’il n’y paraît.

COMMENT SE FIXE LE SALAIRE ?

Question : Est ce le travail effectué qui est payé par le salaire ?

Imaginons que ce soit le cas. Toute la valeur produite est distribuée sous la forme de salaires. Dans ce cas, l’employeur ne gagne rien par la vente de sa production. Il n’y a pas de profit, à moins que le profit ne soit que spéculatif c'est-à-dire obtenu en vendant systématiquement le produit au dessus de sa valeur. Cette hypothèse, même si elle peut s’envisager conjoncturellement, ne peut pas expliquer l’accumulation réelle de richesses dans la société. Il faut donc que toute la valeur créée dans l’acte de production ne soit pas intégralement distribuée aux salariés. Les salariés ne reçoivent donc qu’une partie de la valeur qu’ils ont créé par leur travail.

Mais alors, s’il en est ainsi, le salaire ne peut pas être la rémunération du travail, il ne correspond qu’à une partie de la valeur créée… mais à quoi correspond cette partie ?

Supposons qu’il n’y ai pas de salaire minimum, de conventions collectives, bref qu’il y ai un « marché du travail » non réglementé…Lorsqu’un demandeur d’emploi sollicite une embauche, ce qui l’anime au premier abord c’est de gagner une somme d’argent lui permettant de vivre dans des conditions socialement acceptables. Ce qui intéresse l’employeur c’est d’avoir un salarié, possesseur d’un « savoir faire », et qui puisse vivre pour pouvoir travailler…. Cela est vrai indépendamment de la durée du travail qui n’intervient que dans un second temps.

Ainsi, ce qu’achète l’employeur c’est la capacité de travail du salarié, directement liée à sa capacité à se procurer une partie des richesses produites… c’est le salaire qui y pourvoi. Réciproquement ce que vend le salarié c’est sa capacité de travail qu’il ne peut assurer que s’il a les moyens de vivre. Autrement dit, ce qui se vend et s’achète sur le « marché du travail », ce n’est pas du travail, mais de la capacité de travail pour l’employeur et une capacité de vie sociale pour le salarié. C’est à celle là que correspond le salaire.

L’apparence de rémunération du travail par le salaire n’est qu’illusoire. Ce n’est donc pas ce qu’il produit qui lui est payé au salarié mais la valeur de sa capacité de travail… ce qui est complètement différent.

LE STATUT « MARCHANDISE » DE LA CAPACITE DE TRAVAIL

Cette capacité de travail que vend le salarié sur le « marché du travail » et qu’achète l’employeur moyennant salaire fait l’objet d’une transaction. L’employeur n’achète que s’il en a besoin et ce besoin est déterminé par le calcul économique (c’est rentable ou pas ? telle est la question déterminante ). C’est ce qui explique qu’une capacité de travail ne trouve pas forcément un emploi ; encore faut-il que l’employeur en ai besoin. S’il n’en a pas besoin, il ne l’achète pas… c’est le chômage. S’il trouve mieux ailleurs et moins cher il ira ailleurs… comme dans le cas des délocalisations.

Ainsi la capacité de travail acquière un statut de marchandise, elle se négocie sur un marché comme tout autre marchandise. Son prix, le salaire est fixé par « ce qu’a besoin l’individu pour vivre socialement » et fluctue en fonction de l’offre et de la demande. Elle peut–être achetée, comme délaissée, par l’employeur, en cas de sur abondance. C’est à ces fluctuations qu’est soumis le salarié. L’employeur est libre d’acheter ou pas comme tout intervenant sur un marché. On notera que c’est la capacité de travail de l’individu qui est marchandise et pas lui-même en tant qu’individu. (voir à ce propos l’article « MARCHANDISE CONTRE CITOYENNETE »)

Les salariés ont évidemment, par la lutte, depuis le 19e siècle, imposé des garanties de stabilité et de progression de leurs salaires (salaire minimum, primes, conventions collectives, grilles de salaires en fonction de la formation, de la compétence, surévaluation de la rémunération de certaines heures de travail,…). Certaines de ces mesures ont même été imposées par l’employeur pour diviser les salariés et les affaiblir dans leurs revendications (hiérarchie des salaires, primes). Tout cela a fait perdre peu à peu, dans la conscience collective, ce qu’était véritablement le rapport salarial et l’origine du salaire. Or, ces acquis sont entrain de tomber les uns après les autres et la véritable nature du système marchand réapparaît au grand jour.

LE « RETOUR AUX SOURCES »

On reconnaîtra, en effet, dans ce qui est entrain de se passer – voir l’article « LE TRAVAIL EN QUESTION (2) » concernant l’allongement de la durée du travail sans augmentation de salaire un véritable retour aux « fondamentaux » de la marchandise. C’est « tout naturellement » que le patronat propose un allongement de la durée du travail sans toucher au salaire avec l’air de dire aux salariés : « Vous avez de quoi vivre, votre salaire, et c’est l’essentiel, si vous voulez le conserver il faut travailler plus ». Autrement dit « Je vous paye à votre valeur, j’ai le droit d’utiliser la marchandise achetée(votre force de travail), comme bon me semble ». Démarche purement marchande et qui correspond bien à ce qu’est le rapport salarial : un rapport marchand.

Devant l’alternative qui lui est imposée, travailler plus ou être licencié, le salarié tient symétriquement, le même raisonnement : « L’essentiel pour moi c’est le salaire, j’accepte que le patron m’utilise comme bon lui semble ». Il vit cette situation comme une régression, mais il sauve l’essentiel, son salaire.

Le tour est joué et est imparable.

On comprendra que cette situation est une extraordinaire victoire pour l’employeur qui trouve ainsi le moyen d’éradiquer peu à peu deux siècles de conquêtes sociales ; et cette éradication se fait avec l’ « accord » des salariés qui n’ont pas le choix et en faisant un extraordinaire « pied de nez » aux syndicats qui se voient ainsi « mis sur la touche » et désavoués si ils insistent.

C’est un véritable « coup d’état social » qui est entrain de s’effectuer sous nos yeux et dans une indifférence à peu prés générale. Deux siècles de conquêtes ouvrières sont entrain de « passer à la trappe ». Les stratégies traditionnelles de luttes syndicales sont aujourd’hui totalement obsolètes et impuissantes à enrayer cette nouvelle offensive anti sociale. C’est tout le système marchand, avec sa puissance d’organisation qui passe à l’offensive pour faire sauter les « entraves » que des décennies de luttes ont mis sur sa route (service public, protection sociale, législation du travail,…) – voir l’article « NEGOCIER ? MAIS NEGOCIER QUOI ? ».

Septembre 2004 Patrick MIGNARD

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE TOTALITARISME MARCHAND

Patrick Le Lay, PDG de TF1, a déclaré :
« A la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont vocation de le rendre disponible. C'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du cerveau humain disponible ».



Cette déclaration, qui entrera, à n’en pas douter, dans une anthologie des moyens de communication au 21e siècle, reflète une profonde vérité. Elle illustre les conditions sociales modernes des conditions de la réalisation de la valeur marchande.

Elle illustre mieux que de longs discours ce qu’est le règne de la marchandise au faîte de sa domination.


DE LA PUBLICITE A… LA MANIPULATION MENTALE


Notre cerveau ne serait, aux dires de Monsieur LE LAY « pas disponible », puisque, comme il le dit il s’agit « de le rendre disponible ». Mais qu’est ce qu’un cerveau « non disponible » selon lui ? C’est certainement un cerveau autonome, qui réfléchit, qui se pose des questions, qui est capable de dire « oui » ou « non »… autrement dit un cerveau libre… un esprit libre. Or cette situation est intolérable au regard des exigences de la marchandise.

Le cerveau humain devient ainsi le support de la réalisation de la marchandise. Monsieur LE LAY enrichi l’analyse du concept de marchandise en introduisant une troisième dimension aux conditions de sa réalisation et donc de son existence. On connaissait la « valeur d’usage » qualité intrinsèque à l’objet et susceptible de satisfaire le besoin, la « valeur d’échange » qui fait de la marchandise la « cristallisation » de la valeur travail… il rajoute la condition sociale de la réalisation de la valeur.

On savait jusqu’à aujourd’hui que le « besoin » déterminait l’ « achat » permettant ainsi la réalisation de la valeur. Ce besoin pouvait être « aidé », « forcé », surdéterminé par la publicité qui, sous couvert d’information conditionnait, et conditionne toujours, à l’achat (voir aussi l’article « LA PUB OU LA VIE »). La publicité agit sur un objet extérieur à la conscience pour séduire cette dernière… il y a donc, encore, un part de libre choix : on peut refuser la publicité, ou du moins ce qu’elle veut nous faire faire.

Une étape nouvelle est franchie avec les révélations du PDG de TF1. On n’agit plus désormais sur l’extérieur du cerveau, mais carrément sur le cerveau lui-même. On manipule tout simplement le mental.

Monsieur LE LAY reconnaît ainsi, explicitement, l’aliénation de la liberté individuelle à la domination de la marchandise. On ne sollicite plus le cerveau en lui présentant la marchandise, quitte pour lui de se déterminer « librement » pour l’achat ou le « non achat », mais on transforme le cerveau au point de le rendre disponible à une sollicitation extérieure. La manipulation mentale est ici explicitement reconnue.

Il s’agit d’une véritable entreprise de formatage du cerveau.

Les véritables usagers de la télévision ne sont pas les téléspectateurs comme vous et moi, mais les annonceurs publicitaires. C’est à eux que s’adresse la chaîne, c’est pour eux qu’elle existe, c’est à eux qu’elle vend et ce sont eux qui achètent… et il se vend et s’achète quoi ? des cerveaux formatés, nos cerveaux. Formatés pour quoi faire ? pour acheter . Ainsi la boucle est bouclée. La marchandise verrouille tout le processus. Ce n’est pas nous qui instrumentalisons la marchandise, comme on le croit, mais c’est elle qui nous instrumentalise… le mythe de la télévision « librement disponible » entretenant l’illusion.


LA MACHINE A DECERVELER


L’aveu est de taille : la télévision n’est pas un instrument d’information. On le savait mais le fait est reconnu et pas par n’importe qui.

L’information n’est plus qu’un prétexte, un moyen pour prédisposer le cerveau à l’achat.

On comprend dés lors que les notions d’ « objectivité », de « rigueur », de « sérieux » de l’information n’ont aucun sens. L’information, du moins telle qu’on l’entend généralement, elle même n’a aucun sens… elle n’est qu’un élément, un instrument, du formatage du cerveau. On peut même se poser la question de savoir si l’information est finalement utile… à quoi cela sert-il d’informer ? Un « cerveau disponible » au sens de Monsieur LE LAY a-t-il besoin d’être informé ? A quoi cela lui sert-il ? Au contraire, un cerveau bien informé risque de ne plus être disponible, il risque de produire un « esprit libre ».

On comprend désormais pourquoi les politiciens, qui font un usage immodéré du marketing, se précipitent dans les émissions « people » où ils peuvent s’exhiber entre deux messages publicitaires. Ils participent eux aussi à la « mise à disposition » des cerveaux pour les prochaines élections… ils « divertissent et détendent » les cerveaux-citoyens qui, comme on peut le constater, font régulièrement les « bons choix »… on vote comme l’on achète.

On comprend pourquoi le service public de l’audio visuel est menacé. Un « service public » a en principe des exigences de qualité, une éthique, bref tout ce qui est dangereux pour la marchandise… Il est temps de passer du « service public » au « service marchand »… patience, ça vient !

Les esprit chagrins qui voyaient dans la multiplication des messages publicitaires une dégradation de la télévision peuvent être rassurés : ce n’est pas la publicité qui pollue la télévision, c’est ce qu’il y a entre les messages publicitaires. La télévision et la publicité ne font qu’un, elles ne sont que les deux faces d’une même chose : la marchandise.

La télévision est devenue, sous le règne de la marchandise un véritable cancer social qui étire ses métastases dans le moindre foyer, atteignant du nouveau né au vieillard l’ensemble de la population. Instrument extraordinaire de communication, elle est un extraordinaire instrument d’asservissement.


Et les journalistes ? Il est en effet curieux que les journalistes n’aient pas réagi violemment à de tels propos. Silence total de la part de gens qui ont pourtant pour métier de s’exprimer. .Peut-être sont–ils les premières victimes de ce formatage cérébral ? Peut-être sont-ils complices ? Peut-être ont-ils un « cerveau trop disponible » pour émettre la moindre observation !


Patrick MIGNARD

 

22 Septembre 2004

 

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LE TRAVAIL EN QUESTION (2)

« TRAVAIL – RENTABILITE – PROFIT »

On est en droit de se demande pourquoi le MEDEF , et le patronat en général, en Europe, n’a pas réussi à imposer cette devise qui, bien qu’elle soit le crédo du système marchand depuis ses origines, est en passe de fonder une véritable « éthique sociale ».

La soumission à cet « impératif économique catégorique » devient désormais la règle et rend incongrue toute revendication sociale.

La politique d’augmentation de la durée du travail, sans augmentation de salaire, inaugurée par SIEMENS en juin 2004 et ce, en échange de la promesse de « ne pas délocaliser », est probablement une étape essentielle dans la manière dont le système marchand compte assumer ses contradictions et les faire supporter aux salarié-e-s. Le raisonnement qui conduit à cette mesure est implacable de rigueur et de rationalité au point de laisser sans voix les syndicats qui se trouvent, du moins pour ceux qui s’opposent, complètement piégés.

LES DONNEES DU PROBLEME

Elles peuvent se résumer en une phrase : il s’agit pour les salariés d’ « accepter » une augmentation de la durée du travail sans augmentation de salaire. Situation inimaginable il y a encore quelques années…

SIEMENS (Allemagne) – La direction menace de délocaliser 5000 emplois (le groupe emploi 170 000 salariés en Allemagne) en Europe de l’Est et en Chine si des mesures de réduction de coût ne sont pas prises sur certains sites. Riposte du syndicat IG Metall devant ce « chantage » : manifestation de 25 000 salariés le 18 juin. A la suite de quoi un accord-cadre est signé entre partenaires en vue de : « préserver et développer l'emploi, la compétitivité et l'innovation » - texte de compromis qui ne règle rien. A la suite de quoi encore un « accord local » permet de « sauver » la moitié des effectifs sur deux sites (Bocholt et Kamp-Linfort en Rhénanie-du-Nord-Westphalie) soit 2000 postes qui risquaient de partir en Hongrie.

Le « prix à payer » pour ce « sauvetage » : passer de 35 heures hebdomadaires à 40 heures, plus suppression des primes de Noël et de vacances, remplacées par une prime de résultat… La réduction des coûts salariaux est évaluée à 30%. Et la direction d’expliquer « Ces sites sont désormais aussi compétitifs que ceux de Hongrie, nous avons comblé les lacunes de productivité ». Les négociations continuent à propos de 3000 autres emplois…

BOSCH (France) 10 700 salariés en France – Usine de Vénissieux (Rhône). Une augmentation de six jours de travail dans l’année, sans augmentation de salaire, est proposée aux salarié-e-s et ce pour « éviter » la délocalisation de l’entreprise en République Tchèque. Mais déjà, plus de la moitié des salariés a accepté de passer à 36 heures. La direction de son côté s’engage à « sauver » 190 emplois parmi les 300 postes qui devaient être supprimés d'ici à 2008.

La porte est ouverte… le patronat s’engouffre dans la brèche.

L’ IMPLACABLE LOGIQUE MARCHANDE

Herder von Pierer, président de Siemens, a qualifié l’accord de « victoire de la raison ». C’est dur à admettre mais, d’une certaine manière, il a, du point de vue du système,…raison. On n’est plus en effet dans la configuration classique où l’on peut satisfaire une revendication ouvrière quitte ensuite à tout récupérer par l’augmentation des prix ou des cadences de production. La mondialisation marchande, impose des règles plus drastiques aux producteurs, et permet des solutions plus radicales pour maintenir les profits. La délocalisation.est l’arme quasi absolue.

On n’est plus dans la situation où les salariés pouvaient voir satisfaites leurs revendications en imposant au patronat une restriction de ses profits, une situation dans laquelle le dit patronat n’avait pas le choix devant la mobilisation de ses salariés, une situation dans laquelle il n’avait aucune échappatoire.

Aujourd’hui, non seulement le patronat peut faire valoir des éléments de concurrence totalement extérieurs à l’économie nationale et qui s’imposent à lui, mais encore il a les moyens de « contourner » le refus de ses salariés d’accepter ses conditions en s’expatriant à l’étranger.

Les syndicats, nous allons le voir, n’ont rien à opposer à cette logique, c’est donc tout logiquement que l’entreprise joue « cartes sur table » et les met devant un choix qui n’en est pas un. C’est à prendre ou à laisser.

« Je suis sûr que nous réussirons à sceller, au niveau local, de nouvelles alliances pour le travail » rajoute Dieter Hundt, président de l’association des entrepreneurs à propos de l’accord Siemens/IG Metall, et il a raison… les syndicats n’ont plus le choix.

LES SYNDICATS PIEGES

L’Etat britannique (gouvernement Tatcher), dans les années 80 avait été obligé pour obtenir le même résultat de mener une guerre difficile contre les syndicats ouvriers (la grève des mineurs avait duré un an). Aujourd’hui les Etats français et allemands, et ceux qui suivront n’ont même plus besoin de se « salir les mains » et de risquer le coût politique de mesures impopulaires. Les syndicats ne vont même pas être brisés, ce qui fait désordre dans le paysage politique, mais ils vont soit devenir complices, poussés en cela par la masse des salariés désormais le « couteau sur la gorge », soit se marginaliser du fait de positions qui apparaîtront irréalistes (sauvegarder des emplois « bien rémunérés » face à la concurrence internationale).

Quand le président d’IG Metall déclare « Si quelqu’un pensait à présent en faire une règle générale, nous nous y opposerions » on ne peut qu’être sceptique. « Si quelqu’un y pensait… »… mais tous les chefs d’entreprise y pensent et même ne pensent qu’à ça… C’est une véritable « autoroute » qui s’ouvre devant eux et ils ne vont pas se priver de l’emprunter et ce d’autant plus que les salariés n’ont plus le choix. Les syndicats protesteront, c’est certain,… mais ils n’iront pas plus loin… et le patronat le sait.

Les syndicats sont aujourd’hui complètement dépassés par la situation. Ce qu’il y a de pire pour eux c’est, qu’en l’absence d’alternative politique à cette situation, la masse des salariés, pour sauver leur emploi, est obligée de céder au diktat de l’entreprise mettant leur syndicat devant le choix, suivre, et donc collaborer, ou être désavoué. Certains syndicats ont désormais fait le choix de la collaboration, d’autres sont décidés à résister, du moins en parole et en sachant très bien qu’ils seront, à terme, amené à capituler.

Ainsi le droit au travail -voir l’article « LE TRAVAIL EN QUESTION (1) - passe pour les salariés par la soumission aux conditions imposées par la valorisation du capital. Il leur est nettement spécifié que ce droit est « conditionnel », renvoyant ainsi la balle dans leur camp ; le patronat et les gestionnaires du système marchand les mettent en demeure de choisir eux-mêmes entre l’emploi « au rabais » ou l’exclusion. L’Etat, et les pouvoirs publics en général, sont ainsi déchargés d’une tâche lourde de conséquences sur le plan politique : la dégradation des conditions de travail. Quant aux syndicats, ils n’ont le choix qu’entre collaboration ou désaveu.

Telles sont aujourd’hui les nouvelles données du problème. Il est évident que la nouvelle situation nécessite de la part des salariés une autre stratégie que la vieille stratégie syndicale héritée du 19e siècle. Sauront-ils la trouver ? là est toute la question.

septembre 2004 Patrick MIGNARD

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE TRAVAIL EN QUESTION (1)

DROIT AU TRAVAIL ? QUEL DROIT ? QUEL TRAVAIL ?

Le travail est un droit ou plutôt « serait un droit ». C’est dit, c’est proclamé, c’est rarement contesté, c’est même inscrit dans la déclaration des Droits de l’Homme de 1948 et repris dans le préambule de la Constitution française de 1958, reprenant en cela celle de 1946.

Le travail est un droit pourtant on peut en être tout à fait privé et aucun tribunal ne peut faire respecter ce droit. Alors ?

Alors la chose est plus compliquée qu’il n’y paraît.

Quand on parle de « droit au travail », on fait une confusion. Ce n’est pas réellement du « droit au travail » dont il s’agit mais plutôt du droit à l’ « existence sociale ». D’ailleurs toute société qui se prétend démocratique ne peut pas ignorer ce droit. Le problème c’est que dans la société marchande, l’ « existence sociale » est intimement liée au travail. En effet c’est la possession d’un travail, d’un emploi, qui détermine les conditions de cette existence. Or, l’accès au travail est très problématique et soumis à des conditions particulières.

UN DROIT OU UNE OBLIGATION ?

La société se doit d’offrir des conditions d’existence « décentes » à tout membre de la collectivité. Ceci procède de la reconnaissance d’une éthique sociale imposée au cours des siècles par de multiples luttes et est proclamé dans les différentes déclarations des droits de l’Hommes depuis le 18e siècle. Il y a donc bien à cet égard une obligation morale de la société envers chacun de ses membres.

Cette obligation morale de la société est devenue, du côté de l’individu une revendication qui par abus de langage et imprudence de la part de la société, s’est transformée en un droit formel. Or, si une obligation morale est seulement morale et ne peut être exigée, un droit peut demander à être appliqué… un droit est plus qu’une obligation morale.

Se pose alors la question de la réalisation des conditions permettant d’assurer cette obligation transformée en droit. Dans une économie de marché, la condition est claire et précise : c’est par le travail que l’individu s’intègre, acquière un statut social, une reconnaissance sociale et peut profiter d’une partie des richesses produites. Et c’est là que les difficultés commencent.

L’obtention d’un travail, d’un emploi se fait dans des conditions rigoureuses : la force de travail d’un individu n’est qu’un moyen de la production dont la finalité est la valorisation du capital. Il n’y a donc pas forcément similitude entre besoin de travail, pour le salarié, et offre de travail de la part de l’employeur. Cette situation, on le comprendra, rend caduque cette obligation, et à fortiori ce droit. En effet, qui peut garantir que chacun-e aura un travail ? Evidemment personne. Ni l’entreprise, dont ce n’est pas la fonction, ni l’Etat qui non seulement n’a aucune obligation, surtout pas celle-la, à imposer à l’entreprise mais de plus est le garant de ce système.

UN DROIT QUI N’EN EST PAS UN

Un droit qui est en contradiction avec le principe de fonctionnement du système marchand et qui ne peut être garanti par aucune autorité n’est à proprement parler pas un droit. Autrement dit, le droit au travail n’existe pas et ne peut pas exister dans ce système. Le revendiquer c’est ne pas comprendre comment fonctionne le système marchand. Vouloir le faire respecter c’est se donner les moyens de remettre en question les principes de fonctionnement de ce système.

Pourtant, même si l’Etat sait que le droit au travail ne peut pas être respecté, il sait aussi que l’impossibilité pour le système marchand de fournir à chacun-e les conditions de son existence ne peut, à terme, et dans le cas d’une extension importante du phénomène, que générer des troubles sociaux. Or c’est exactement ce qui est entrain de se produire.

Tant que le système a pu créer des emplois, les conflits sociaux ont pu se limiter à des revendications qualitatives (salaires, conditions de travail,…). La situation était certes conflictuelle, mais rattrapable… le patronat s’ « achetait la paix sociale ». Le chômage jouait le rôle de « régulateur » en matière d’emploi et pour ce qui était de la concurrence entre salariés. Aujourd’hui avec la mondialisation marchande la situation s’est aggravée. Certes, le chômage joue toujours le rôle de « régulateur », surtout dans la perspective d’une dérèglementation du travail, mais un phénomène plus inquiétant est apparu : la perte massive d’emplois due à l’accroissement de la productivité et à la concurrence de pays « salarialement plus intéressants ». Cette perte structurelle d’emplois a une conséquence déterminante : le déchirement du tissu social sur une grande échelle et de manière durable, une exclusion de masse avec pour conséquence une remise en question du « sens » de l’ensemble du système.

UNE REMISE EN QUESTION DU STATUT DU TRAVAIL

Le travail salarié, élément constitutif du tissu social dans notre société n’est plus à même de jouer son rôle. Que vaut le droit au travail pour quelqu’un qui n’en a pas et qui sait qu’il n’en trouvera pas ? Comment intéresser des jeunes au travail quand ils savent qu’ils ont une probabilité non négligeable de ne pas en trouver ? Comment vouloir maintenir un cohésion sociale, sans parler d’harmonie, quand l’élément essentiel de sa constitution fait défaut pour de plus en plus de citoyens ? (voir l’article « LA MARCHANDISE CONTRE LA CITOYENNETE »).

Le statut du travail salarié, critiqué comme moyen d’instrumentaliser l’Homme, a tendance à ne plus remplir non plus la fonction de permettre au salarié de vivre de son travail en touchant un salaire (voir l’article « DECADENCE »). C’est à une véritable remise en question de ce qu’est le travail dans le système marchand que nous sommes en train de vivre.

L’État est bien entendu incapable de poser le problème dans ses véritables termes. Il n’en a d’ailleurs pas l’intention. Il essaye de résoudre le problème par des expédients avec l’espoir de retarder les conflits sociaux et de sauver les apparences.

La question du travail est véritablement centrale en vue de l’alternative politique. Elle conditionne la manière dont doit se poser cette dernière. Elle s’articule avec la critique et le nécessaire dépassement de la marchandise. Les nouvelles formes de relations à la production et à la consommation doivent repositionner la question du travail, dépassant en l’abolissant le cadre salarial pour faire du travail non plus un élément d’aliénation et d’exclusion mais une activité librement consentie en vue de satisfaire des besoins libérés des contraintes marchandes.

septembre 2004 Patrick MIGNARD

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ANTI OGM : DE LA LUTTE OUVERTE A LA CLANDESTINITE

Ce qui s’est passé le 5 septembre 2004 dans le Gers lors de l’opération d’arrachage d’un champ d’OGM par des « faucheurs volontaires », marque un tournant dans l’histoire de cette lutte. C’est le jour où le pouvoir nous a dit : « En matière d’OGM, la rigolade est terminée. Nous avons décidé de passer en force. Les expérimentations en plein champs continueront, se développeront et nous nous donnerons les moyens de les assurer ».

Ce 5 septembre est un échec pour le mouvement mais il est surtout une leçon dont il va falloir tirer toutes les conséquences... Il n’est pas déshonorant de battre en retraite devant un adversaire supérieur en force.

Le mouvement de contestation des OGM est désormais devant un mur ou plutôt devant une alternative à trois solutions.

Soit il continue ses actions sous la même forme, arrachage au grand jour, annonce publique, action... et il va se heurter systématiquement à la violence d’Etat.

Soit il s’adapte à cette nouvelle donne et se radicalise en se donnant les moyens de faire face.

Soit il adopte l’action clandestine.

La première solution est à terme intenable. Le pouvoir a compris le 5 septembre qu’il pouvait faire reculer le mouvement par la violence... il n’a plus qu’à attendre son pourrissement. En effet, la répétition de ce genre d’action va peu à peu lasser les participant-e-s. L’échec répété est particulièrement démoralisant.

La deuxième solution n’est pas concevable dans le contexte actuel. Outre le fait que le mouvement des « faucheurs volontaires » est « non violent », le mouvement social, n’a pas aujourd’hui la capacité politique et matérielle de s’affronter à « armes égales » avec les mercenaires du pouvoirs.

Reste la troisième solution... qui d’ailleurs, dans plusieurs cas, en Haute Garonne, était conjoncturellement utilisée avec un total succès.

La généraliser pose un problème politique. En effet l’action clandestine, est d’une culture politique différente de celle que l’on connaît depuis quarante ans. La conception « fleur bleue » de la politique (« j’élis mon député et j’attends les prochaines élections ») diffusée par tous les partis politique nous a rendu étranger à cette conception de l’action qui n’a de sens que chez nos anciens de la Résistance (dans un autre contexte il est vrai) et celles et ceux qui ont fait du travail politique en solidarité avec les anti-franquistes.

Les avantages de cette solution : continuer le combat sous une autre forme que l’on maîtrise. Le pouvoir ne peut pas utiliser, du moins pleinement, son appareil répressif. D’autre part, et c’est l’essentiel, les plants d’OGM sont détruits... ce qui est l’objectif principal.

Les inconvénients : la populariser est plus compliquée que celle adoptée jusqu’à présent, ce qui se comprend aisément. Il faut repenser la popularisation, les rapports avec les médias. Il faut développer des réseaux de solidarité nouveaux, plus solides et plus fiables. Ne pas sombrer dans le culte du secret tout en préservant la discrétion. Eviter les dérives de marginalisation qui sont nombreuses. Il faut développer une logistique d’explication des actions particulièrement efficace pour éviter la marginalisation de celles-ci et toute dérive minoritaire. Bref, il faut repenser des actions de l’action politique que nous ne connaissons pas ou mal.

Le terme « clandestinité » a perdu ses lettres de noblesse et a été instrumentalisé par des causes plus que douteuses, des actions violentes, minoritaires et sectaires. Il n’a pas bonne presse dans un contexte de « démocratie libérale » qui est censée garantir le bonheur universel... Pourtant, c’est aux soubresauts autoritaires d’un système à bout de souffle auxquels nous assistons aujourd’hui... ses marges de manœuvres sont quasiment inexistantes pour faire accepter à l’immense majorité, les conditions de son fonctionnement : course au profit dans un contexte mondialisé qui remet en question les acquis sociaux et de manière générales les principes de précaution.

Aujourd’hui la soumission est la seule alternative qui nous est offerte par ce système, et ce, ce qui est un comble et d’un cynisme achevé... au nom de la démocratie ( ?).

Saurons nous nous adapter à ces nouvelles conditions ?

6 septembre 2004                                                           Patrick MIGNARD

 

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LA MARCHANDISE CONTRE LA CITOYENNETE

Il est de bon ton, par les temps qui courent, de se gausser du terme « citoyen » qui fait aux yeux de certain-e-s un peu vieillot et poussiéreux. Il faut dire que le terme a été largement galvaudé, détourné (il n’est pas le seul) par des personnages politiquement peu recommandables. Mais même, dans la bouche de personnages au dessus de tout soupçon il flotte, à son évocation, un parfum d’anachronisme.



Comme celles et ceux qui critiquent la défense des droits de l’homme on inventé par dérision le néologisme de « droit-de-l’hommisme », celles et ceux qui tiennent pour obsolète la citoyenneté, ont crée le « citoyennisme » faisant ainsi de la défense de la citoyenneté un idéologie dérisoire et dépassée.

Leur erreur c’est que leur critique de la citoyenneté se fait au nom de valeurs qui justement fondent celle-ci, montrant ainsi qu’ils n’ont rien compris ce qu’est véritablement la citoyenneté et n’ont pas fait l’effort nécessaire à l’analyse indispensable à la compréhension de l’ambivalence au centre de laquelle elle se trouve.


CITOYENNETE ET SALARIAT


Le citoyen n’est pas un être abstrait, c’est d’abord et avant tout un « être social », c'est-à-dire un individu qui se situe, et n’existe, que dans une relation sociale à/aux l’autre/s. La citoyenneté n’a de sens véritable qu’au regard de la nature de cette relation sociale. C’est elle qui en dernière analyse est déterminante. Dissocier les deux, la citoyenneté et le statut social, c’est diluer la réalité de ce qu’est l’individu dans une « vision borgne » source de toute les interprétations et dérives.

Il est vrai que tout le discours officiel, et en général celui des politiciens, sur la citoyenneté, est purement mystificateur. Celui-ci en effet ne retient de la réalité sociale que ce qui l’arrange, autrement dit ce qui arrange et est conforme aux intérêts du système marchand. Par exemple il nie la précarité et les conditions salariales, ou les considère comme « naturelles » et « intransformables » et met l’accent sur le statut de citoyen qui, en principe, fait de l’individu le fondement de tout pouvoir. Ainsi, il ne reste plus, aux yeux du discours officiel que « le citoyen », être doté de tous les pouvoirs et donc « responsable » de la situation qui est la sienne. Or, réduire l’individu-social au simple citoyen est une mystification. C’est en effet faire fi de la réalité sociale qui constitue l’essence même de l’existence de tout individu. Cette réalité sociale est déterminée par le rapport marchand dans lequel domine le rapport salarial. Et que stipule ce rapport ? Que la force de travail de chaque individu se négocie sur un marché dit « du travail », qu’elle n’est utilisée que si le système de production en a besoin, les conditions de l’embauche dépendant donc d’une chose étrangère au salarié : les conditions de valorisation du capital. Cette réalité économique relativise grandement la réalité politique qui fait de chaque individu un citoyen.

Cette contradiction éclate de manière dramatique dans le cas du chômeur et/ou l’exclu. En effet, comment concilier un statut social totalement « excluant » et un statut politique parfaitement « intégrant » ? Que signifie le statut de citoyen pour un individu qui n’a plus les moyens de gagner sa vie au nom des intérêts d’un système dont on lui dit qu’il est le fondement du pouvoir ????


LA CITOYENNETE FAIRE VALOIR DU SYSTEME MARCHAND


Cette dissociation, du statut de citoyen du statut de salarié, est systématique de la part de l’Etat, et pour cause. Elle permet en effet de créer et de maintenir le mythe du respect des valeurs qui fondent la citoyenneté : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, dans une société qui, par ses principes de fonctionnement économique ne peut que les nier. On comprend dés lors pourquoi tout le discours politique est essentiellement axé sur la notion de citoyenneté. C’est elle qui, dans l’idéologie de la démocratie marchande doit non seulement constituer l’essence même des rapports entre les individus, mais aussi doit justifier le fait que l’on ne touche pas à ce qui est pourtant essentiel : les rapports marchands de production et de distribution des richesses.

Ces rapports étant déclarés « naturels » et donc intouchables toute la dynamique sociale s’élabore sur un mythe, celui de la citoyenneté.

L’action citoyenne, la pratique citoyenne, se résumant quasi exclusivement à l’élection de représentants, le système se reproduit en donnant l’illusion d’un changement alors que seul le personnel politique change, laissant intact ce qui détermine en fait la vrai nature de la société : les rapports sociaux.

Du fait de la dégradation des conditions sociales (exclusion, remise en question des acquis sociaux, juridiciarisation des conflits,…), la citoyenneté apparaît, à juste titre, comme un élément de la mystification sociale puisqu’elle est un véritable « faire valoir » d’un système qui opère derrière ce paravent. En fait ce n’est ni elle, ni les valeurs qui la définissent qui sont à condamner mais le système qui l’utilise… « ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ».


COMBATTRE POUR LA CITOYENNETE C’EST COMBATTRE CONTRE LA MARCHANDISE


Le combat pour la citoyenneté n’est donc pas un faux combat ou une lutte dérisoire. Combattre pour la citoyenneté c’est se battre pour le respect de valeurs, d’une éthique fondée sur le respect de l’individu. Mais ce combat ne peut évidemment pas se faire en dehors de toute critique du rapport marchand qui le dénature. Elle ne peut d’ailleurs se faire qu’en combattant ce rapport marchand. Les véritables défenseurs de la citoyenneté ne sont pas celles et ceux qui l’on pris comme porte drapeau pour aggraver les conditions sociales des citoyens-nes. Leur puissance médiatique et leur pouvoir de pollution idéologie donnent l’illusion de la pureté de leurs intentions et de la justesse de leurs positions. Il n’y a qu’à cependant voir leur pratique du pouvoir politique pour mesurer le gouffre entre l’illusion qu’ils donnent et la réalité de ce qu’ils sont et font.

Le combat pour la citoyenneté est indissociable du combat contre la marchandise. Une des illustrations concrètes de cela est la lutte pour la défense du service public (voir l’article « LUTTES SOCIALES ET DEFENSE DU SERVICE PUBLIC »), cette lutte montre en effet comment les conditions de la production marchande sont en parfaite contradiction avec le respect des individus, donc en parfaite contradiction avec les valeurs qui fondent la citoyenneté.

La défense de la citoyenneté est indissociable de la lutte contre la marchandise.



Ne nous trompons donc pas de combat. Agissons en connaissance de cause. Ne nous laissons pas mystifier au nom d’une juste démystification que nous devons mener. Les valeurs qui fondent la citoyenneté sont nos valeurs mais elles ne prendront un véritable sens social, une signification politique que dans le cadre de rapports sociaux en conformité avec leur éthique. A nous de les construire pour faire vivre cet idéal.

Patrick MIGNARD

 1 Septembre 2004

 

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