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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE VRAI VISAGE DE LA CONCURRENCE MARCHANDE

  • CONCURRENCE = EXCELLENCE ?
  •  
  • L’un paraît-il ne saurait aller sans l’autre, du moins dans le cadre de la pensée libérale. C’est l’accouplement de ces deux termes qui justifie tous les excès de l’économie de marché et ce, dans l’objectif de faire « toujours mieux » ( ?).
  •  
  • Examinons ça de plus près….

 
LES FAUX SEMBLANTS DE LA CONCURRENCE


Pour bien combattre un adversaire il faut se placer dans son système de pensée et essayer de comprendre comment il raisonne, comment fonctionne sa logique.

 

Eliminons le fait que les libéraux (avoués ou camouflés – style sociaux libéraux) ont fait le choix idéologique de défendre l’économie de marché… c’est un a priori – quoi qu’important certes - qui n’explique pas le mécanisme de leur pensée.


Restons en à la clef de voûte du raisonnement résumé par l’affirmation : « La concurrence oblige à l’effort… donc à la recherche de la qualité pour pouvoir vendre ». Affirmation qui peut se décliner dans l’autre sens : «S’il n’y a pas de concurrence, il n’y a pas nécessité de l’effort, donc relâchement ». Dis comme cela c’est d’une logique formelle particulièrement convaincante. Et pourtant, en examinant de près cette affirmation elle n’est pas aussi évidente.


Ce brillant raisonnement oublie juste un détail non négligeable, c’est qu’il concerne une situation marchande, c'est-à-dire une situation ou la concurrence intègre certes la qualité, du moins jusqu’à un certain niveau, nous allons le voir, mais surtout des contraintes liées au coût de production. En effet, la sélection de la marchandise par l’acheteur, sur le marché, se fait d’abord par le coût… surtout, et c’est vrai pour le plus grand nombre, lorsque les budgets sont limités. Or, réduction des coûts n’est pas forcément compatible avec « qualité », à fortiori « excellence ». Pour bien comprendre, raisonnons jusqu’à l’absurde : imaginons qu’une entreprise fabrique une marchandise d’une telle qualité qu’elle soit quasiment inusable… la conséquence est évidente : au bout d’un certain temps elle n’en vendra plus.

Le maintien d’un marché, et donc d’une production, exige une marchandise à durée de vie limitée. Il faut que le cycle de la marchandise soit compatible avec le fonctionnement de l’entreprise… c’est donc consciemment que l’on produit à basse qualité, du moins à qualité limitée… c’est un des paradoxes, non avoué et non avouable, du système marchand.


Mais il n’y a pas que ça. Les exigences de la concurrence marchande qui se traduisent par une standardisation de la production, une utilisation de moyens de production toujours plus aux rabais ont également des répercussions sur la qualité de la production.

C’est cette situation qui nous fait constater la mauvaise qualité des marchandises, comparée par exemple à celles d’une époque où la concurrence était moindre. C’est cette situation qui a engendré les énormes scandales de ces dernières années : veau aux hormones, vache folles, grippe aviaire, accident dans le chemin de fer, le transport aériens,…

 
UNE LOGIQUE MORTIFERE


La concurrence marchande ne porte pas atteinte qu’à la qualité de la production, elle est source de déviances autrement plus graves au niveau économique global.


Elle est à l’origine d’un gaspillage inouïe de force de travail, de matières premières, d’une dégradation, sans commune mesure avec le passé, de qualité de vie sur la planète.


L’objectif de la concurrence marchande n’est pas de satisfaire des besoins, mais surtout et d’abord, de faire de l’argent…. Ce qui est le fondement même du système marchand. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, aussi bien les doubles, triples, quadruples et plus, processus de production pour un même produit. Processus qui demandent la mise en place d’une mobilisation considérable, en énergie, en force de travail, en infra structures, en prospection, en études de marché, en marketing-publicité, en traitement des déchets,.... Mais chaque processus, qui peut disparaître soudainement, sur simple décision des actionnaires, conséquence de la lutte acharnée qu’ils se livrent, réduit à néant des projets individuels et collectifs, désorganise des régions entières laissant des zones saccagées, polluées, désertifiées,…


La concurrence marchande n’est, en effet, cohérente qu’au niveau de l’entreprise, et encore, à celui des actionnaires, jamais au niveau de l’économie globale. Exemple : le démantèlement hospitalier dans les régions, soit disant pour des questions de sécurité ( ?) en fait pour des raisons de rentabilité des unités, place les futurs malades dans des situations impossibles et dangereuses.

 

Enfin, la logique de la concurrence marchande incite au viol (le mot n’est pas trop fort) des consciences. L’incitation à l’achat, à la consommation quasi forcée conditionne l’ensemble de la population, l’incitant à toujours plus consommer et toujours plus de manière futile et dérisoire… portant ainsi atteinte à la santé et à l’environnement. La publicité tient une telle place stratégique qu’elle en devient le support des relations de communications autour de laquelle la culture, la connaissance et la véritable information essayent de se frayer difficilement le chemin (voir les médias).


La concurrence fait partie du spectacle du système marchand, il en est avec le profit l’ « adrénaline » Elle donne un « look moderniste », dynamique, entraînant. Elle fait croire par un raisonnement ridicule que le consommateur a tout à gagner à la mise en concurrence, y compris des entreprises de services publics, les anéantissant au passage. Or l’expérience montre qu’il n’en est rien, bien au contraire. D’ailleurs, même les libéraux les plus acharnés savent que la logique de la « concurrence » à tendance à aboutir au monopole… ce qui est un comble… et la négation même de la concurrence. Et que faire dans cette situation ? Rétablir la concurrence… Et qui peut le faire ? L’Etat pardi.

 

Autrement dit, et pour nous résumer : la concurrence aboutit à sa négation, et pour l’éviter, le libéralisme n’a rien trouvé de mieux que faire intervenir l’Etat, institution à qui il dénie par principe tout droit à l’intervention dans le domaine de l’économique.

 

Les libéraux n’en sont pas, non à une, mais à deux contradictions prés !


Toute concurrence est-elle condamnable ?


Tout dépend de l’objectif fixé. S’il s’agit d’une confrontation fondée sur la recherche du bien être commun, même si elle permet une compétition entre individus ou équipes, alimentant même un certain narcissisme… pourquoi pas ? Le plaisir de bien faire, et même d’être le meilleur, d’être reconnu dans ses capacités et compétences ne saurait être socialement condamnable et est une des composantes de ce qu’est l’être humain. L’enjeu de la concurrence ne saurait être le

LE VRAI VISAGE DE LA CONCURRENCE MARCHANDE

  • CONCURRENCE = EXCELLENCE ?
  •  
  • L’un paraît-il ne saurait aller sans l’autre, du moins dans le cadre de la pensée libérale. C’est l’accouplement de ces deux termes qui justifie tous les excès de l’économie de marché et ce, dans l’objectif de faire « toujours mieux » ( ?).
  •  
  • Examinons ça de plus près….

 
LES FAUX SEMBLANTS DE LA CONCURRENCE


Pour bien combattre un adversaire il faut se placer dans son système de pensée et essayer de comprendre comment il raisonne, comment fonctionne sa logique.

 

Eliminons le fait que les libéraux (avoués ou camouflés – style sociaux libéraux) ont fait le choix idéologique de défendre l’économie de marché… c’est un a priori – quoi qu’important certes - qui n’explique pas le mécanisme de leur pensée.


Restons en à la clef de voûte du raisonnement résumé par l’affirmation : « La concurrence oblige à l’effort… donc à la recherche de la qualité pour pouvoir vendre ». Affirmation qui peut se décliner dans l’autre sens : «S’il n’y a pas de concurrence, il n’y a pas nécessité de l’effort, donc relâchement ». Dis comme cela c’est d’une logique formelle particulièrement convaincante. Et pourtant, en examinant de près cette affirmation elle n’est pas aussi évidente.


Ce brillant raisonnement oublie juste un détail non négligeable, c’est qu’il concerne une situation marchande, c'est-à-dire une situation ou la concurrence intègre certes la qualité, du moins jusqu’à un certain niveau, nous allons le voir, mais surtout des contraintes liées au coût de production. En effet, la sélection de la marchandise par l’acheteur, sur le marché, se fait d’abord par le coût… surtout, et c’est vrai pour le plus grand nombre, lorsque les budgets sont limités. Or, réduction des coûts n’est pas forcément compatible avec « qualité », à fortiori « excellence ». Pour bien comprendre, raisonnons jusqu’à l’absurde : imaginons qu’une entreprise fabrique une marchandise d’une telle qualité qu’elle soit quasiment inusable… la conséquence est évidente : au bout d’un certain temps elle n’en vendra plus.

Le maintien d’un marché, et donc d’une production, exige une marchandise à durée de vie limitée. Il faut que le cycle de la marchandise soit compatible avec le fonctionnement de l’entreprise… c’est donc consciemment que l’on produit à basse qualité, du moins à qualité limitée… c’est un des paradoxes, non avoué et non avouable, du système marchand.


Mais il n’y a pas que ça. Les exigences de la concurrence marchande qui se traduisent par une standardisation de la production, une utilisation de moyens de production toujours plus aux rabais ont également des répercussions sur la qualité de la production.

C’est cette situation qui nous fait constater la mauvaise qualité des marchandises, comparée par exemple à celles d’une époque où la concurrence était moindre. C’est cette situation qui a engendré les énormes scandales de ces dernières années : veau aux hormones, vache folles, grippe aviaire, accident dans le chemin de fer, le transport aériens,…

 
UNE LOGIQUE MORTIFERE


La concurrence marchande ne porte pas atteinte qu’à la qualité de la production, elle est source de déviances autrement plus graves au niveau économique global.


Elle est à l’origine d’un gaspillage inouïe de force de travail, de matières premières, d’une dégradation, sans commune mesure avec le passé, de qualité de vie sur la planète.


L’objectif de la concurrence marchande n’est pas de satisfaire des besoins, mais surtout et d’abord, de faire de l’argent…. Ce qui est le fondement même du système marchand. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, aussi bien les doubles, triples, quadruples et plus, processus de production pour un même produit. Processus qui demandent la mise en place d’une mobilisation considérable, en énergie, en force de travail, en infra structures, en prospection, en études de marché, en marketing-publicité, en traitement des déchets,.... Mais chaque processus, qui peut disparaître soudainement, sur simple décision des actionnaires, conséquence de la lutte acharnée qu’ils se livrent, réduit à néant des projets individuels et collectifs, désorganise des régions entières laissant des zones saccagées, polluées, désertifiées,…


La concurrence marchande n’est, en effet, cohérente qu’au niveau de l’entreprise, et encore, à celui des actionnaires, jamais au niveau de l’économie globale. Exemple : le démantèlement hospitalier dans les régions, soit disant pour des questions de sécurité ( ?) en fait pour des raisons de rentabilité des unités, place les futurs malades dans des situations impossibles et dangereuses.

 

Enfin, la logique de la concurrence marchande incite au viol (le mot n’est pas trop fort) des consciences. L’incitation à l’achat, à la consommation quasi forcée conditionne l’ensemble de la population, l’incitant à toujours plus consommer et toujours plus de manière futile et dérisoire… portant ainsi atteinte à la santé et à l’environnement. La publicité tient une telle place stratégique qu’elle en devient le support des relations de communications autour de laquelle la culture, la connaissance et la véritable information essayent de se frayer difficilement le chemin (voir les médias).


La concurrence fait partie du spectacle du système marchand, il en est avec le profit l’ « adrénaline » Elle donne un « look moderniste », dynamique, entraînant. Elle fait croire par un raisonnement ridicule que le consommateur a tout à gagner à la mise en concurrence, y compris des entreprises de services publics, les anéantissant au passage. Or l’expérience montre qu’il n’en est rien, bien au contraire. D’ailleurs, même les libéraux les plus acharnés savent que la logique de la « concurrence » à tendance à aboutir au monopole… ce qui est un comble… et la négation même de la concurrence. Et que faire dans cette situation ? Rétablir la concurrence… Et qui peut le faire ? L’Etat pardi.

 

Autrement dit, et pour nous résumer : la concurrence aboutit à sa négation, et pour l’éviter, le libéralisme n’a rien trouvé de mieux que faire intervenir l’Etat, institution à qui il dénie par principe tout droit à l’intervention dans le domaine de l’économique.

 

Les libéraux n’en sont pas, non à une, mais à deux contradictions prés !


Toute concurrence est-elle condamnable ?


Tout dépend de l’objectif fixé. S’il s’agit d’une confrontation fondée sur la recherche du bien être commun, même si elle permet une compétition entre individus ou équipes, alimentant même un certain narcissisme… pourquoi pas ? Le plaisir de bien faire, et même d’être le meilleur, d’être reconnu dans ses capacités et compétences ne saurait être socialement condamnable et est une des composantes de ce qu’est l’être humain. L’enjeu de la concurrence ne saurait être le rabaissement voire l’élimination de l’autre, et c’est à cet objectif que le groupe doit être attentif.

 

27 Mai 2006                                                                        Patrick MIGNARD

 

Voir aussi les articles :


« LA PUB OU LA VIE »


« L’ECONOMIE DU GASPILLAGE »

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

L'ETAT LIBERAL

 

L’expression semble être contradictoire dans ses termes… pourtant, paradoxalement la présence de l’Etat, dans ses fonctions régaliennes, se fait de plus en plus pressante alors que les libéraux nous annoncent de moins et moins d’Etat. Alors ?

En fait, ce problème renvoie à la nature de l’Etat.

 L’ETAT EST-IL NEUTRE ?

Disons le tout de suite : non, mais les apparences sont trompeuses. D’ailleurs l’Etat joue sur ces apparences pour paraître autrement que ce qu’il est en réalité.


L’Etat a une fonction qui peut se résumer à : il est garant du système en place. Ceci est vrai pour tous les Etats à toutes les époques de l’Histoire.


D’où vient l’apparente neutralité de l’Etat ? Du fait justement qu’il est le garant du système. En effet, celui-ci étant considéré officiellement comme un état de fait immuable et définitif, l’institution qui garantie sa pérennité ne peut-être que neutre… comme serait neutre le physicien au regard des lois de la physique.


Tous les systèmes économiques et politiques, dans l’Histoire, ont entretenu ce mythe de leur caractère « naturel » et « définitif »,… l’Etat ne faisant qu’incarner sur le plan institutionnel, cette « qualité ».


« Origine naturelle » et « caractère définitif » veut dire que le système est exempt de contradictions fondamentales qui, un jour ou l’autre, entraîneraient sa perte. L’Etat, donc, gère le système selon les principes qui le fondent, résolvant les conflits qui apparaissent, et le menacent, comme de simples dysfonctionnements passagers et techniques, et qui ne peuvent trouver de solution qu’en son sein.


Si l’on part de l’hypothèse qu’un système économique et politique est « socialement neutre », correspond à une rationalité (laïque ou religieuse), bref, si l’on fait l’hypothèse du caractère « naturel » d’un système alors, l’Etat, dans ce sens, est neutre. L’Etat n’est que l’instrument technique de la résolution de ses dysfonctionnements.


La faille de tout ce raisonnement c’est qu’un système économique n’est pas un « produit naturel ». L’organisation économique et sociale n’est pas « dictée » par la Nature, elle est une production humaine.

Un système économique est une organisation sociale issue de rapports de forces, de conflits de pouvoirs et d’intérêts, fondé sur des valeurs, des règles, des lois imposées par ceux qui ont, à un moment donné, imposé leur domination.

L’Etat est l’instrument de la cohésion à défaut de cohérence de cet édifice social. A ce titre il n’est bien évidemment pas neutre. Il représente l’intérêt du groupe dominant, c'est-à-dire celui qui détient les moyens de vie, les moyens qui permettent aux hommes et aux femmes de physiquement exister.

Aujourd’hui l’Etat est le garant de l’existence d’un système social particulier, le salariat, il a pour cela des règles, des lois qu’il entend faire respecter. Il est totalement exclu pour lui de les remettre en question et toutes les solutions qu’il propose pour résoudre les conflits (économiques comme politiques) ne peuvent se concevoir que dans le cadre du système qu’il représente et garanti. Ceci explique que rien ne change et rien ne peut changer, même si à la tête de l’Etat on change le personnel.

 

 
ETAT DU LIBERALISME…

Qu’est ce que le libéralisme ?


Ce n’est pas un système, mais il est le fondement du système marchand (voir l’article « LES HABITS FRIPES DE L’ANTILIBERALISME »).


Le système marchand s’est développé en Europe à partir du 11e siècle et s’est impose comme système dominant à partir du 19e siècle.


La marchandise s’est imposée en tant que fondement d’un rapport social par le développement des échanges marchands aboutissant à la valorisation des richesses considérables accumulées au cours des échanges : le capital.


Contrairement à l’Ancien Régime fondé essentiellement sur la possession de la terre et la production agricole, le système marchand appelé aussi capitalisme, s’est fondé sur la libre circulation du capital, circulation uniquement motivé par la réalisation de gains, le profit.


L’utilisation marchande de la force de travail a, dans ce cadre, donné naissance à un nouveau rapport social, le salariat, qui s’est imposé comme rapport social dominant dès le 19e siècle.


Cette notion de liberté que revendique à son origine le système marchand est donc liée à sa genèse. Dès lors, la liberté de circulation du capital, la liberté des affaires deviendra la règle de ce système.

Pourtant, les conditions historiques et géographiques du développement de ce système ont fait que ce principe de liberté a subi des aléas :

 

- le développement concurrentiel des « capitaux locaux » dans le cadre de l’Etat-nation a imposé des règles pour sauvegarder les intérêts nationaux de ces capitaux.

- les conflits nés du salariat ont imposé des limites, des réglementations pour les désamorcer et sauver l’essentiel : le système.


Ainsi l’Etat, tout en préservant la pérennité du système a imposé des règles qui ont donné l’illusion de son indépendance et sa neutralité à son égard. De fait, l’interventionnisme de l’Etat n’a été que de circonstance.

 

… LIBERALISME DE L’ETAT


L’institution garante du système marchand, autrement dit l’Etat est fondamentalement d’essence libérale. Pourquoi ? Mais parce que le système marchand l’est. Seules, des conditions particulières ont fait que l’Etat a été ou non interventionniste, un « état providence »,… mais il n’est pas dans sa nature de l’être… S’il l’est, c’est par nécessité pour sauvegarder les intérêts historiques du capital.


La mondialisation marchande apporte une confirmation sans ambiguïté à cette affirmation. En effet :

 

- comment expliquer la démission progressive de l’Etat au profit des exigences du capital aujourd’hui largement mondialisé ?

- comment expliquer que les Etats acceptent, dans le cadre de l’OMC, la déréglementation progressive des économies ?

 

Le capital n’a aujourd’hui plus besoin de béquilles institutionnelles qui puissent garantir ses intérêts – la seule chose dont il ai besoin c’est d’un « Etat gendarme », c'est-à-dire d’une institution qui garantisse par la force la soumission de la « force de travail » à ses intérêts – l’Etat devient, ce qu’il a d’ailleurs toujours été, mais sous des formes plus sociales – le gardien du système marchand.

 

VIA L’ETAT, POINT DE SALUT


On comprend que, dans ces conditions, le recours à l’Etat, comme ce fut le cas pendant des décennies, pour régler les problèmes d’inégalité, de protection sociale, de retraites, de garanties d’emploi,… est voué à l’échec.


Si l’Etat a joué ce rôle « protecteur » c’est parce qu’il y allait, à un moment donné, de l’intérêt du capital, ne serait ce que pour apaiser les conflits nés de la condition salariale et en fonction d’un rapport de force favorable aux salariés.

Le recours à l’Etat comme éventuel arbitre ou régulateur est donc aujourd’hui extrêmement problématique. Les salariés veulent aujourd’hui faire jouer à l’Etat un rôle qu’il ne veut plus jouer… C’est ce qui explique l’impression d’abandon, de trahison, d’incompétence dans l’esprit des citoyens à l’égard d’un Etat qui n’agit plus dans le sens de leurs intérêts. Encore faut-il comprendre que l’Etat n’a jamais joué fondamentalement que dans le sens des intérêts du capital et que, quand ces derniers coïncidaient avec les intérêts immédiats des salariés, l’illusion était parfaite.


L’essentiel du « pouvoir » n’est plus aujourd’hui dans l’appareil de l’Etat mais entre les mains du capital qui s’est affranchi en grande partie des limites des Etats, ne connaît aucune frontière et a des moyens de pressions économiques et sociaux sans commune mesure avec ceux, limités des Etats-nation.


C’est donc toute une culture politique qu’il nous faut remettre en question, toute une stratégie obsolè

L'ETAT LIBERAL

 

L’expression semble être contradictoire dans ses termes… pourtant, paradoxalement la présence de l’Etat, dans ses fonctions régaliennes, se fait de plus en plus pressante alors que les libéraux nous annoncent de moins et moins d’Etat. Alors ?

En fait, ce problème renvoie à la nature de l’Etat.

 L’ETAT EST-IL NEUTRE ?

Disons le tout de suite : non, mais les apparences sont trompeuses. D’ailleurs l’Etat joue sur ces apparences pour paraître autrement que ce qu’il est en réalité.


L’Etat a une fonction qui peut se résumer à : il est garant du système en place. Ceci est vrai pour tous les Etats à toutes les époques de l’Histoire.


D’où vient l’apparente neutralité de l’Etat ? Du fait justement qu’il est le garant du système. En effet, celui-ci étant considéré officiellement comme un état de fait immuable et définitif, l’institution qui garantie sa pérennité ne peut-être que neutre… comme serait neutre le physicien au regard des lois de la physique.


Tous les systèmes économiques et politiques, dans l’Histoire, ont entretenu ce mythe de leur caractère « naturel » et « définitif »,… l’Etat ne faisant qu’incarner sur le plan institutionnel, cette « qualité ».


« Origine naturelle » et « caractère définitif » veut dire que le système est exempt de contradictions fondamentales qui, un jour ou l’autre, entraîneraient sa perte. L’Etat, donc, gère le système selon les principes qui le fondent, résolvant les conflits qui apparaissent, et le menacent, comme de simples dysfonctionnements passagers et techniques, et qui ne peuvent trouver de solution qu’en son sein.


Si l’on part de l’hypothèse qu’un système économique et politique est « socialement neutre », correspond à une rationalité (laïque ou religieuse), bref, si l’on fait l’hypothèse du caractère « naturel » d’un système alors, l’Etat, dans ce sens, est neutre. L’Etat n’est que l’instrument technique de la résolution de ses dysfonctionnements.


La faille de tout ce raisonnement c’est qu’un système économique n’est pas un « produit naturel ». L’organisation économique et sociale n’est pas « dictée » par la Nature, elle est une production humaine.

Un système économique est une organisation sociale issue de rapports de forces, de conflits de pouvoirs et d’intérêts, fondé sur des valeurs, des règles, des lois imposées par ceux qui ont, à un moment donné, imposé leur domination.

L’Etat est l’instrument de la cohésion à défaut de cohérence de cet édifice social. A ce titre il n’est bien évidemment pas neutre. Il représente l’intérêt du groupe dominant, c'est-à-dire celui qui détient les moyens de vie, les moyens qui permettent aux hommes et aux femmes de physiquement exister.

Aujourd’hui l’Etat est le garant de l’existence d’un système social particulier, le salariat, il a pour cela des règles, des lois qu’il entend faire respecter. Il est totalement exclu pour lui de les remettre en question et toutes les solutions qu’il propose pour résoudre les conflits (économiques comme politiques) ne peuvent se concevoir que dans le cadre du système qu’il représente et garanti. Ceci explique que rien ne change et rien ne peut changer, même si à la tête de l’Etat on change le personnel.

 

 
ETAT DU LIBERALISME…

Qu’est ce que le libéralisme ?


Ce n’est pas un système, mais il est le fondement du système marchand (voir l’article « LES HABITS FRIPES DE L’ANTILIBERALISME »).


Le système marchand s’est développé en Europe à partir du 11e siècle et s’est impose comme système dominant à partir du 19e siècle.


La marchandise s’est imposée en tant que fondement d’un rapport social par le développement des échanges marchands aboutissant à la valorisation des richesses considérables accumulées au cours des échanges : le capital.


Contrairement à l’Ancien Régime fondé essentiellement sur la possession de la terre et la production agricole, le système marchand appelé aussi capitalisme, s’est fondé sur la libre circulation du capital, circulation uniquement motivé par la réalisation de gains, le profit.


L’utilisation marchande de la force de travail a, dans ce cadre, donné naissance à un nouveau rapport social, le salariat, qui s’est imposé comme rapport social dominant dès le 19e siècle.


Cette notion de liberté que revendique à son origine le système marchand est donc liée à sa genèse. Dès lors, la liberté de circulation du capital, la liberté des affaires deviendra la règle de ce système.

Pourtant, les conditions historiques et géographiques du développement de ce système ont fait que ce principe de liberté a subi des aléas :

 

- le développement concurrentiel des « capitaux locaux » dans le cadre de l’Etat-nation a imposé des règles pour sauvegarder les intérêts nationaux de ces capitaux.

- les conflits nés du salariat ont imposé des limites, des réglementations pour les désamorcer et sauver l’essentiel : le système.


Ainsi l’Etat, tout en préservant la pérennité du système a imposé des règles qui ont donné l’illusion de son indépendance et sa neutralité à son égard. De fait, l’interventionnisme de l’Etat n’a été que de circonstance.

 

… LIBERALISME DE L’ETAT


L’institution garante du système marchand, autrement dit l’Etat est fondamentalement d’essence libérale. Pourquoi ? Mais parce que le système marchand l’est. Seules, des conditions particulières ont fait que l’Etat a été ou non interventionniste, un « état providence »,… mais il n’est pas dans sa nature de l’être… S’il l’est, c’est par nécessité pour sauvegarder les intérêts historiques du capital.


La mondialisation marchande apporte une confirmation sans ambiguïté à cette affirmation. En effet :

 

- comment expliquer la démission progressive de l’Etat au profit des exigences du capital aujourd’hui largement mondialisé ?

- comment expliquer que les Etats acceptent, dans le cadre de l’OMC, la déréglementation progressive des économies ?

 

Le capital n’a aujourd’hui plus besoin de béquilles institutionnelles qui puissent garantir ses intérêts – la seule chose dont il ai besoin c’est d’un « Etat gendarme », c'est-à-dire d’une institution qui garantisse par la force la soumission de la « force de travail » à ses intérêts – l’Etat devient, ce qu’il a d’ailleurs toujours été, mais sous des formes plus sociales – le gardien du système marchand.

 

VIA L’ETAT, POINT DE SALUT


On comprend que, dans ces conditions, le recours à l’Etat, comme ce fut le cas pendant des décennies, pour régler les problèmes d’inégalité, de protection sociale, de retraites, de garanties d’emploi,… est voué à l’échec.


Si l’Etat a joué ce rôle « protecteur » c’est parce qu’il y allait, à un moment donné, de l’intérêt du capital, ne serait ce que pour apaiser les conflits nés de la condition salariale et en fonction d’un rapport de force favorable aux salariés.

Le recours à l’Etat comme éventuel arbitre ou régulateur est donc aujourd’hui extrêmement problématique. Les salariés veulent aujourd’hui faire jouer à l’Etat un rôle qu’il ne veut plus jouer… C’est ce qui explique l’impression d’abandon, de trahison, d’incompétence dans l’esprit des citoyens à l’égard d’un Etat qui n’agit plus dans le sens de leurs intérêts. Encore faut-il comprendre que l’Etat n’a jamais joué fondamentalement que dans le sens des intérêts du capital et que, quand ces derniers coïncidaient avec les intérêts immédiats des salariés, l’illusion était parfaite.


L’essentiel du « pouvoir » n’est plus aujourd’hui dans l’appareil de l’Etat mais entre les mains du capital qui s’est affranchi en grande partie des limites des Etats, ne connaît aucune frontière et a des moyens de pressions économiques et sociaux sans commune mesure avec ceux, limités des Etats-nation.


C’est donc toute une culture politique qu’il nous faut remettre en question, toute une stratégie obsolète qui était et est toujours fondée sur des faux semblants entretenus par des organisations syndicales et politiques sur la prétendue neutralité de l’Etat et la croyance naïve que si on accédait à ses rennes, on pourrait changer la société.


 20 Mai 2006                                                            Patrick MIGNARD


Voir aussi les articles « ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »


« FORMES DE LUTTE EN PERIODE DE DECADENCE »

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LES HABITS FRIPES DE L’ANTILIBERALISME

Se déclarer antilibéral est du dernier look à la « gauche de la gauche ». C’est devenu un titre tellement usité qu’il n’a plus besoin, hélas, d’être défini.

« Vous êtes antilibéral ? Ah bon, je vois où vous vous situez, et pas tout à fait ce que vous proposez ! » En fait on ne voit pas grand-chose ou plutôt on voit ce que l’on veut bien voir.

La langue de bois n’est hélas pas l’apanage de la Droite ou des Gauches officielles, elle a largement pénétré dans les sphères du politique qui fondait son originalité sur sa dénonciation.

L’éclaircissement en politique c’est comme le ménage, il faut le faire tous les jours... ou presque.

LES HABITS NEUFS DU LIBERALISME

Le système marchand est fondé sur la valorisation du capital et sa libre circulation. Ca c’est le principe. Celui-ci s’est décliné de différentes manières en fonction des époques, des rapports de forces et des circonstances.

Dans sa forme primitive, au 19e siècle le développement du capital s’est fait dans le cadre de l’Etat-nation qui le protégeait. C’est l’époque des grandes puissances industrielles, jalouses de leur indépendance et défendant farouchement leurs « intérêts économiques ». Les « capitaux nationaux » n’hésitent pas à demander aide et protection à leurs états respectifs quand leurs intérêts sont menacés... quitte à déclencher des conflits connus de toutes et tous... mais ils demeurent jaloux de leur indépendance quand il s’agit des « affaires ».

Cette indépendance a eu deux conséquences non négligeables : une réaction des salariés qui ont combattu pour imposer des revenus et des conditions de travail « décentes » et la « grande dépression » du début des années trente.

Ce que certains appellent abusivement la « révolution keynésienne » est revenue non sur les fondements du système marchand, mais au contraire a intégré pour le sauvegarder les nouvelles conditions : le poids des groupes de pression syndicaux et la nécessaire intervention de l’Etat pour corriger et rationaliser le fonctionnement de la machine économique. Cette conception a tenu jusqu’aux années 70.

La mondialisation marchande a fait mordre la poussière à l’interventionnisme keynésien qui voyait dans, un « monde fermé » (quelques grandes puissances seules maîtresses de l’économie-monde) l’intervention des pouvoirs publics comme élément régulateur de leurs économies, les seules qui comptaient. Les contraintes de rentabilité, la mondialisation des marchés et la volonté des Etats de garantir ce qui fonde le système marchand, la valorisation du capital ont rendu obsolètes l’interventionnisme de ceux-ci. Le marché a été alors déclaré le seul mécanisme de régulation de l’ensemble du système. Les Libéraux prenaient leur revanche, leur pouvoir n’avait plus de limites pas plus que leur champ d’expérimentation... c’était et c’est la planète.

UNE STRATEGIE AU RABAIS

Face à cette évolution, on a assisté à une capitulation totale des « interventionnisme », en particulier la tendance social démocrate. Celle -ci, sans le dire explicitement, et en prenant maintes précautions sémantiques, s’est ralliée au libéralisme ambiant... ce que l’on appelle aujourd’hui le social libéralisme.

Face aux dégâts et aux perspectives peu reluisantes qu’offre celui-ci, une frange non négligeable de l’opinion publique a réagi contre cette tendance... abandonnant par la même la critique fondamentale du système marchand, d’une certaine manière, lâchant la proie pour l’ombre ce qui convenait et convient parfaitement aux forces politiques qui ont « trahi » l’idéal du changement de rapport sociaux.

En effet, l’antilibéralisme se fonde essentiellement sur une vision dite « réaliste » de la société et de son fonctionnement, en d’autre terme une vision « conservatrice » qui consiste à dire « puisqu’il en est ainsi, on ne peut rien y faire, donc adaptons nous » En fait la critique anti libérale porte sur une contestation des conséquences et pas des causes. Un tel raisonnement peut donner l’impression de la radicalité, il suffit de choisir des mots durs pour s’exprimer... le problème c’est que derrière les mots il n’y a rien, ou pas grand-chose.

Il n’y a aucune contradiction à être contre le libéralisme et pour le système marchand. Etre antilibéral ne veut pas dire contester le système marchand dans son principe. Ce n’est absolument pas remettre en question le salariat fondé sur le statut marchandise de la force de travail, fondement même de l’exploitation du salarié. Ce n’est pas non plus remettre en question les principes de la valorisation du capital, le pouvoir des actionnaires, les principes de rentabilité aboutissant aux restructurations, aux délocalisations, à l’exclusion et à la pauvreté.

Etre antilibéral c’est finalement vouloir réguler le système marchand, faire en sorte qu’il soit supportable, acceptable, c’est trouver des politiques économiques qui garantissent la paix sociale entre les salariés qui vendent leur force de travail et les actionnaires qui spéculent... bref revenir à un régulationnisme et interventionnisme keynésien.

L’antilibéralisme permet de faire « passer à la trappe » la critique radicale du système marchand en ne s’en tenant qu’aux apparences, c’est-à-dire à ce qui choque le plus les gens à qui l’on s’adresse... et l’on en arrive à déclarer des choses du genre : « Contre les licenciements, votons des lois qui les interdisent »... ce qui est parfaitement illusoire et démagogique.

La « critique » anti libérale peut se résumer par ces simple mots : « il n’y a qu’à... », réduisant ainsi la stratégie de changement social à une simple prise du pouvoir politique par les soit disant « anti libéraux ». On sait ce que cela donne !

Dans un monde de communication où tout n’est qu’apparence, l’antilibéralisme devient ainsi un excellent produit de marketing politique. Il permet en effet de développer de manière efficace une « radicalité » à bon compte, surtout dans un monde où la doctrine officielle est le libéralisme à outrance, appelée par les « antilibéraux », l’ultralibéralisme, et où la critique du système marchand et la pertinence des stratégies alternatives laissent plus qu’à désirer.

L’antilibéralisme devient le drapeau d’une contestation soft, celle qui allie la superficialité de l’analyse à l’incapacité de la pratique. Celle qui permet d’être antilibéral quand on est dans l’opposition et « social-libéral » quand on est au pouvoir... il suffit alors de saupoudrer des mesures libérales de quelques artifices « sociaux ».

La Gauche, même celle qui se dit « anti libérale » (quoique toutes les tendances s’en réclament sans rire) est bien évidemment incapable de tenir ses promesses d‘antilibéralisme... Encore faudrait-il, pour qu’elle soit cohérente avec ses propos, qu’elle incite, qu’elle fonde son action, qu’elle fonde son analyse et son projet politique sur des pratiques nouvelles de relations sociales... ce qui n’est bien sûr pas le cas.

L’antilibéralisme ne saurait constituer un drapeau pour celles et ceux qui veulent un changement de rapports sociaux. Malgré ses contorsions sémantiques, l’antilibéralisme reste dans le cadre du système marchand qu’il est incapable de dépasser. Ceci a une implication directe sur la stratégie des forces antilibérales : elles lorgnent vers une

LES HABITS FRIPES DE L’ANTILIBERALISME

Se déclarer antilibéral est du dernier look à la « gauche de la gauche ». C’est devenu un titre tellement usité qu’il n’a plus besoin, hélas, d’être défini.

« Vous êtes antilibéral ? Ah bon, je vois où vous vous situez, et pas tout à fait ce que vous proposez ! » En fait on ne voit pas grand-chose ou plutôt on voit ce que l’on veut bien voir.

La langue de bois n’est hélas pas l’apanage de la Droite ou des Gauches officielles, elle a largement pénétré dans les sphères du politique qui fondait son originalité sur sa dénonciation.

L’éclaircissement en politique c’est comme le ménage, il faut le faire tous les jours... ou presque.

LES HABITS NEUFS DU LIBERALISME

Le système marchand est fondé sur la valorisation du capital et sa libre circulation. Ca c’est le principe. Celui-ci s’est décliné de différentes manières en fonction des époques, des rapports de forces et des circonstances.

Dans sa forme primitive, au 19e siècle le développement du capital s’est fait dans le cadre de l’Etat-nation qui le protégeait. C’est l’époque des grandes puissances industrielles, jalouses de leur indépendance et défendant farouchement leurs « intérêts économiques ». Les « capitaux nationaux » n’hésitent pas à demander aide et protection à leurs états respectifs quand leurs intérêts sont menacés... quitte à déclencher des conflits connus de toutes et tous... mais ils demeurent jaloux de leur indépendance quand il s’agit des « affaires ».

Cette indépendance a eu deux conséquences non négligeables : une réaction des salariés qui ont combattu pour imposer des revenus et des conditions de travail « décentes » et la « grande dépression » du début des années trente.

Ce que certains appellent abusivement la « révolution keynésienne » est revenue non sur les fondements du système marchand, mais au contraire a intégré pour le sauvegarder les nouvelles conditions : le poids des groupes de pression syndicaux et la nécessaire intervention de l’Etat pour corriger et rationaliser le fonctionnement de la machine économique. Cette conception a tenu jusqu’aux années 70.

La mondialisation marchande a fait mordre la poussière à l’interventionnisme keynésien qui voyait dans, un « monde fermé » (quelques grandes puissances seules maîtresses de l’économie-monde) l’intervention des pouvoirs publics comme élément régulateur de leurs économies, les seules qui comptaient. Les contraintes de rentabilité, la mondialisation des marchés et la volonté des Etats de garantir ce qui fonde le système marchand, la valorisation du capital ont rendu obsolètes l’interventionnisme de ceux-ci. Le marché a été alors déclaré le seul mécanisme de régulation de l’ensemble du système. Les Libéraux prenaient leur revanche, leur pouvoir n’avait plus de limites pas plus que leur champ d’expérimentation... c’était et c’est la planète.

UNE STRATEGIE AU RABAIS

Face à cette évolution, on a assisté à une capitulation totale des « interventionnisme », en particulier la tendance social démocrate. Celle -ci, sans le dire explicitement, et en prenant maintes précautions sémantiques, s’est ralliée au libéralisme ambiant... ce que l’on appelle aujourd’hui le social libéralisme.

Face aux dégâts et aux perspectives peu reluisantes qu’offre celui-ci, une frange non négligeable de l’opinion publique a réagi contre cette tendance... abandonnant par la même la critique fondamentale du système marchand, d’une certaine manière, lâchant la proie pour l’ombre ce qui convenait et convient parfaitement aux forces politiques qui ont « trahi » l’idéal du changement de rapport sociaux.

En effet, l’antilibéralisme se fonde essentiellement sur une vision dite « réaliste » de la société et de son fonctionnement, en d’autre terme une vision « conservatrice » qui consiste à dire « puisqu’il en est ainsi, on ne peut rien y faire, donc adaptons nous » En fait la critique anti libérale porte sur une contestation des conséquences et pas des causes. Un tel raisonnement peut donner l’impression de la radicalité, il suffit de choisir des mots durs pour s’exprimer... le problème c’est que derrière les mots il n’y a rien, ou pas grand-chose.

Il n’y a aucune contradiction à être contre le libéralisme et pour le système marchand. Etre antilibéral ne veut pas dire contester le système marchand dans son principe. Ce n’est absolument pas remettre en question le salariat fondé sur le statut marchandise de la force de travail, fondement même de l’exploitation du salarié. Ce n’est pas non plus remettre en question les principes de la valorisation du capital, le pouvoir des actionnaires, les principes de rentabilité aboutissant aux restructurations, aux délocalisations, à l’exclusion et à la pauvreté.

Etre antilibéral c’est finalement vouloir réguler le système marchand, faire en sorte qu’il soit supportable, acceptable, c’est trouver des politiques économiques qui garantissent la paix sociale entre les salariés qui vendent leur force de travail et les actionnaires qui spéculent... bref revenir à un régulationnisme et interventionnisme keynésien.

L’antilibéralisme permet de faire « passer à la trappe » la critique radicale du système marchand en ne s’en tenant qu’aux apparences, c’est-à-dire à ce qui choque le plus les gens à qui l’on s’adresse... et l’on en arrive à déclarer des choses du genre : « Contre les licenciements, votons des lois qui les interdisent »... ce qui est parfaitement illusoire et démagogique.

La « critique » anti libérale peut se résumer par ces simple mots : « il n’y a qu’à... », réduisant ainsi la stratégie de changement social à une simple prise du pouvoir politique par les soit disant « anti libéraux ». On sait ce que cela donne !

Dans un monde de communication où tout n’est qu’apparence, l’antilibéralisme devient ainsi un excellent produit de marketing politique. Il permet en effet de développer de manière efficace une « radicalité » à bon compte, surtout dans un monde où la doctrine officielle est le libéralisme à outrance, appelée par les « antilibéraux », l’ultralibéralisme, et où la critique du système marchand et la pertinence des stratégies alternatives laissent plus qu’à désirer.

L’antilibéralisme devient le drapeau d’une contestation soft, celle qui allie la superficialité de l’analyse à l’incapacité de la pratique. Celle qui permet d’être antilibéral quand on est dans l’opposition et « social-libéral » quand on est au pouvoir... il suffit alors de saupoudrer des mesures libérales de quelques artifices « sociaux ».

La Gauche, même celle qui se dit « anti libérale » (quoique toutes les tendances s’en réclament sans rire) est bien évidemment incapable de tenir ses promesses d‘antilibéralisme... Encore faudrait-il, pour qu’elle soit cohérente avec ses propos, qu’elle incite, qu’elle fonde son action, qu’elle fonde son analyse et son projet politique sur des pratiques nouvelles de relations sociales... ce qui n’est bien sûr pas le cas.

L’antilibéralisme ne saurait constituer un drapeau pour celles et ceux qui veulent un changement de rapports sociaux. Malgré ses contorsions sémantiques, l’antilibéralisme reste dans le cadre du système marchand qu’il est incapable de dépasser. Ceci a une implication directe sur la stratégie des forces antilibérales : elles lorgnent vers une prise de pouvoir, dans le cadre du système marchand pour le réformer. Pour cela, un succès électoral est essentiel pour mettre en place les « bonnes politiques » et les « bonnes décisions ».

12 mai 2006                                                                     Patrick MIGNARD

Voir également : « LE TROISIEME AGE DU SYNDICALISME »

 

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