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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

 

LES FAUX NEZ DE LA DEMOCRATIE MARCHANDE

Le véritable débat politique n’existe pas. Est-ce à dire qu’il a un jour existé ? D’une certaine manière oui.

Pourquoi ? Parce que le système marchand avait un sens, faisait illusion, promettait des « lendemains radieux ». Il pouvait s’acheter, au sens le plus trivial du terme, l’équilibre qu’il est aujourd’hui entrain de perdre.

C’est maintes fois, au cours du 20e siècle que l’on a enterré, à tort, le système marchand… A toutes les crises du 20e siècle on a annoncé sa fin… Et il est toujours debout, apparemment plus en forme que jamais.

Pourtant, sans vouloir faire des prédictions, qui sont, en général, toutes fausses car fondées simplement sur des impressions et surtout des désirs, on peut constater aujourd’hui que la « magie » du système joue de moins en moins.

L’âge venant, la décrépitude faisant son œuvre, il est de plus en plus souvent et de plus en plus intensément obligé de se farder.

LE COMMENCEMENT DE LA FIN… IN CAUDA VENENUM

Dans un monde où dominaient des puissances coloniales qui possédaient les capitaux, les technologies, la force de travail qualifiée, les marchés, les contradictions du système étaient masquées par les avantages économiques et sociaux qu’il pouvait accorder… Jouant habilement sur la répression et le compromis, débauchant les organisations politiques et syndicales, les pliant à ses intérêts, le système a su maintenir une paix propice à sa pérennisation… Dans aucun pays développé il n’a était mis bas.

Cette époque est finie. A défaut de « penseurs sérieux », comme il a pu, et su, en produire en son temps, le système ne peut produire aujourd’hui que des saltimbanques, spécialistes de la médiatisation et de la mise en spectacle des situations et problèmes auxquels il se heurte et pour lesquels il n’a aucune solution. Ceci tient au fait que ce système arrive au bout de sa logique, comme tous les systèmes dans l’Histoire sont arrivés au bout de la leur.

Le lien social qui assurait contre « vents et marées » sa solidité est entrain de se déliter. Comment ? En étant incapable de fournir un emploi, seule condition d’existence dans le système… L’exclusion structurelle et massive en est la plus parfaite illustration.

L’environnement est menacé par le développement illimité du capital aussi bien dans son utilisation sans limite des ressources naturelles que dans l’émission de substances polluantes.

Or, ces deux grandes contradictions, le système marchand est incapable de les dépasser. Il n’en a évidemment ni les moyens, ni la volonté politique… ce qui remettrait en question son existence.

La situation ne peut aller qu’en se dégradant. Certes, le système va donner des gages, des garanties, mais qui vont être de moins en moins opérantes et vont faire de moins en moins illusion, jusqu’à ….

LE SPECTACLE COMME INSTRUMENT DE LA DEDRAMATISATION

Le spectacle peut jouer aussi bien dans le sens de la dramatisation que dans celui de la dédramatisation. En ce sens il est parfaitement manipulatoire.

Tout pouvoir se donne en spectacle, l’astuce, c’est qu’il faut, tout en les excluant, qu’il donne l’impression aux individus qu’il n’est que leur propre reflet, et dans un système qui se dit démocratique, c’est relativement facile… ainsi il se reconnaîtront dans le pouvoir et auront d’autant moins de raison de le contester.

Quand la politique n’a plus de solution pour donner un sens au système qu’elle représente, elle cherche un dérivatif, quelque chose qui donne l’impression que « l’on va faire quelque chose, et qu’il peut-être fait quelque chose ». Quel est ce « quelque chose »… ça n’est jamais dit, juste suggéré. Et il faut que le citoyen se dise : « C’est pas grand-chose, mais il vaut mieux ça que rien »… et le tour est joué.

Un bon spectacle est celui dans lequel « on entre »… comme dans un bon film. Entrer dans le spectacle c’est entrer dans du virtuel, « décoller » de la réalité sociale dans laquelle on est, on vit. Quand le spectacle est juste un divertissement, ceci ne prête pas trop à conséquence. Il en va tout autrement lorsqu’il s’agit de faire « décoller » le citoyen de la réalité sociale dans laquelle il vit. Or c’est à cela que les politiciens s’emploient.

Ce n’est pas un hasard s’ils font tous appel à des « spécialistes de la communication »… autant dire de la manipulation. La communication est devenue un instrument du processus d’asservissement dans lequel la victime est en partie anesthésiée, consentante et parfois en redemande. Elle est sacrée actrice de sa propre aliénation dans un décor qui répond parfaitement à ses angoisses, ses espoirs, ses fantasmes… Un peu à l’image des Mystères joués sur les parvis des Eglises au Moyen Age pour soumettre le peuple en le convainquant de l’existence du Paradis et de l’Enfer.

L’art de la mise en scène politique est de faire apparaître le spectacle comme un élément de la décision politique à laquelle tout le monde ne peut qu’adhérer.

Qui peut nier que l’on soit en démocratie, comme au Moyen Age qui pouvait nier l’existence de Dieu ?

Ces saltimbanques ne se distinguent entre eux que par les fonctions qu’ils occupent sur la scène : politiciens, artistes et sportifs de Cour, pseudo scientifiques, experts en tout genre, politologues zélés, et animateurs de spectacles politico médiatiques… faut-il citer des noms ?

Ces gens là sont à la politique ce que les poupées gonflables sont à l’amour.

DIALOGUER ? MAIS AVEC QUI ET SUR QUOI ?

Qui peut discuter sérieusement avec des clowns ?

Qui peut négocier avec des gens qui n’ont plus rien à négocier ?

Car le problème se pose aujourd’hui en ces termes. Les défenseurs et gestionnaires du système marchand arrivent au bout des concessions qu’ils peuvent faire. Leurs marges de manœuvres, pour sauver, non seulement le système, mais même les apparences, sont réduites au minimum… contrairement à il y a seulement une trentaine d’années.

L’essentiel est donc mis, non plus dans les concessions, mais dans les apparences. Le système ne peut plus « convaincre » avec des faits mais avec des mots. Il ne peut plus faire rêver sur des faits concrets, mais sur des hypothèses, voire des croyances. Il érige en « évidences » des choses qui lui sont manifestement impossibles à réaliser : réduire la pauvreté, l’exclusion,, améliorer la qualité de vie, des soins, des retraites, du travail, de l’environnement. Les promesses qu’il avait fait pendant des décennies sont aujourd’hui caduques, les acquis qu’il avait concédés sont repris…

Seule l’illusion peut sauver les apparences, et il a pour cela deux extraordinaires atouts :

un formidable appareil de propagande, les médias, qui formate les cerveaux, abruti les consciences et marginalise la pensée critique ; une extraordinaire passivité de la conscience collective qui tel un somnambule suit passivement ses directives politiques et n’a, du moins pour le moment, aucune stratégie de changement sérieux. Les paillettes et l’apparat tiennent donc lieu de décor au spectacle politique qui a la prétention extravagante de jouer une pièce dont le titre est, ou serait, « La démocratie ».

Il n’y a plus d’interlocuteur. Toutes les formes de protestations (manifestations, pétitions, grèves, votes,…) sont ridiculement obsolètes et dans tous les cas ignorées.

La pièce de l’Histoire ne peut plus se jouer dans cette salle de spectacle laborieusement aménagée par le système, l’ambiance y est étouffante et enfumée et les acteurs jouent faux. L’avenir est ailleurs, dehors !

24 décembre 2006                                                               Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« NEGOCIER ?... MAIS NEGOCIER QUOI ? »

« AUX LIMITES DU SYSTEME MARCHAND »

« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »

 

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DE l’ « ANTI ELECTORALISME » EN POLITIQUE

Ne nous méprenons pas, l’anti électoralisme est aussi stérile que l’électoralisme. Jeter à priori l’anathème sur le principe de la pratique de l’élection c’est confondre le moyen avec l’objectif.

Que le processus électoral soit aujourd’hui un instrument entre les mains du système en place est une évidence, et qu’à ce titre il soit dénoncé, est un impératif politique catégorique. Cela ne doit cependant pas nous aveugler au point de se priver d’un outil de fonctionnement social et politique qui peut rendre de grands services.

SUR LE PRINCIPE DE L’ÉLECTION

Le principe de l’élection n’a rien en soi de scandaleux. Elire dans une collectivité des représentants peut être un moyen commode et efficace de fonctionner socialement dans une collectivité.

Ce qui fait problème ce n’est pas le principe de l’élection mais le contexte et l’objectif dans lequel il est utilisé et la manière dont elle est utilisée.

Le principe du suffrage universel a été incontestablement un grand progrès. Issu des Lumières il posait comme principe fondamental de toute vie en société, la primauté de l’Homme et sa liberté absolue en tant qu’être social. L’aboutissement d’une telle conception a été un long combat et le principe de l’élection a été vécu, à juste titre, comme un immense progrès social et politique. Ce n’est donc pas le principe qui est à remettre en cause.

ÉLECTION / SYSTÈME MARCHAND : LE COUPLE INFERNAL

Le problème c’est que ce progrès a fondé, à son origine, l’instauration du système marchand. En effet, celui-ci, qui naquit dans les replis et les marges de l’Ancien Régime a promu des valeurs qui lui étaient indispensables pour s’imposer face à l’ancien ordre en particulier celle de la liberté d’entreprise… qui est devenue la LIBERTE et celle de l’égalité politique face aux privilèges de la Noblesse… et qui est devenue l’EGALITE. Ces valeurs « absolues », et toujours présentées comme telles, n’ont en fait un véritable sens que dans leur acception sociale concrète.

Au fur et à mesure du développement du système marchand, on a vu ce que ce qu’elles sont véritablement devenues.

Le principe de l’élection n’est qu’une forme de l’instauration de l’ordre nouveau, celui qui met bas l’absolutisme et consacre l’Homme comme acteur politique et non plus sujet du Roi ou d’une divinité quelconque.

Cette idylle entre ces valeurs et l’ordre marchand ne pouvait pas durer.

Pourquoi ? Parce que le système marchand s’est essentiellement fondé sur des principes profondément inégalitaires qui ne pouvaient qu’entrer en contradiction avec les valeurs qu’il proclamait. par exemple le salariat qui en est le fondement, instrumentalise l’individu, le rend dépendant, le prive d’une partie de la richesse qu’il a produit et est donc parfaitement contradictoire avec ces valeurs.

Ainsi, une fois installé dans la société, le système marchand a entretenu le mythe de la LIBERTE et de l’EGALITE notons que dans l’Histoire, tous les systèmes ont procédé de la sorte.

Ainsi, l’élection, qui dans son principe, est parfaitement respectable, est devenue une machine à assurer et à conforter le pouvoir des nouveaux maîtres. Une machine qui a confisqué de fait le pouvoir au nom de ceux là même qu’elle a spolié. Cette évolution est parfaitement logique, il aurait été absurde que le système en place permette à ses adversaires de le renverser.

Bien sûr les apparences ont été respectées, mais tout a été fait pour la vider de son sens : manipulation, conditionnement, règne de l’argent,… S’est créé une caste de privilégié-e-s, que le système a pu corrompre lorsqu’ils avaient, pour certains, des visées révolutionnaires, qui se reproduit, gère et assure la pérennité du système marchand. Cette caste incompétente et parasite la classe politique entretien l’illusion du « fonctionnement démocratique » et de la « possibilité de changement par les élections ».

Il est aujourd’hui évident que l’élection ne peut en aucune manière permettre le changement de rapports sociaux… pourtant la croyance demeure chez nombre de citoyens.

UN SYSTEME COHÉRENT

De même que sous l’Ancien Régime on croyait « dur comme fer » que le « Roi représentait Dieu sur la Terre » et que « les misères du monde ouvraient grandes les portes du Paradis », la plupart des citoyen-nes sont convaincu-e-s aujourd’hui que la pratique de l’élection est la quintessence de la démarche citoyenne et qu’elle ouvre les portes de l’avenir. Il faut dire que le système, comme tous les autres systèmes avant lui, se donne tous les moyens pour entretenir l’illusion…. et il réussi pas mal jusqu’à présent ! L’instruction civique est en effet plus axée sur ce point que sur un entraînement à l’analyse critique du système.

L’élection a d’ailleurs parfaitement réussi à mystifier, aux yeux de la plupart des citoyens, la réalité économique et sociale au point qu’elle constitue exclusivement la seule expression du désaccord, du mécontentement, mais aussi de la colère. Le processus électoral a stérilisé toute pensée politique.

On a ainsi assisté depuis le 19e siècle au passage progressif de la plupart des mouvements « contestataires », parfois radicaux, de la contestation radicale… à l’acceptation du jeu électoral. Ainsi, le politique est devenu la politique qui n’a plus comme seul objectif que la gestion du système en place.

Le système politique boucle ainsi sur lui-même. Il en est à la fois le moyen et la finalité. Pris dans cette logique, le citoyen, tout en étant formellement libre, est tout à fait impuissant.

GRANDEUR ET SERVITUDE DU BOYCOTT

Pour celle ou celui qui a pris conscience de cette réalité, la tentation est grande tout en dénonçant l’électoralisme, de ne pas participer à l’élection. La démarche est, au premier abord, logique… et si elle apporte la satisfaction de « ne pas se faire avoir », elle n’en demeure pas moins stérile car elle « s’imprime en creux » dans un système qu’elle ne permet pas de dépasser.

L’impuissance du boycotteur n’est que la réplique dérisoire de l’impuissance de l’électeur. Dans les deux cas, le système est gagnant, car aucune des deux attitudes n’est capable de remettre en question le système ; la première parce qu’elle le cautionne, la seconde parce qu’elle dénonce de manière incompréhensible pour celles et ceux qui « y croient », et n’offre aucune alternative concrète.

C’est la question généralement posée à l’abstentionniste : « OK, mais qu’est ce que tu proposes ? »

Une « campagne de boycott ou d’abstention » a donc à mes yeux un intérêt des plus limités.

Et imaginons par exemple un boycott massif, une abstention massive !… Pensez vous qu’au lendemain des élections les choses changeraient ? Mais dans quel sens ? et pour faire quoi ? Même si l’immense majorité des citoyens-nes était convaincue du caractère pernicieux du système électoral actuel, est ce que ça voudrait dire qu’une alternative est possible ? J’en doute fort. C’est une condition probablement nécessaire pour le changement mais certainement insuffisante.

Les choses seraient bien entendu différentes si, parallèlement à un boycott massif, des luttes et une organisation alternative de relations sociales existaient… Alors là oui, l’abstention serait un des aspects, et certainement pas le plus important, d’une dynamique sociale de changement.

Aujourd’hui on est bien loin d’une telle hypothèse.

Dénoncer la logique électorale ! Soit, mais ne rêvons pas. N’en attendons pas plus qu’elle ne peut apporter. Moduler une action de boycott ou d’abstention sur le même modèle que la campagne électorale serait totalement dérisoire.

Un mouvement d’ abstention, même si il se dit « révolutionnaire » n’a pas de sens en soi. Ce qui est révolutionnaire, ou pas, c’est une situation sociale, c’est-à-dire un état de la société. dans laquelle les rapports sociaux dominants ne peuvent plus assurer la cohésion sociale et où de nouveau rapports sociaux sont prêts, économiquement et politiquement à prendre le relais.

De fait l’abstention n’est qu’une réaction« contre institutionnelle » à l’encontre de l’institutionnalisation d’un mécanisme totalement détourné, l’élection, dans le but inavoué de la pérennisation du système économique et politique en place. C’est une forme de« grève civique ». c’est une révolte froide, certes respectable dans ce qu’elle a de conscience et de détermination, mais limitée tout de même à un aspect purement formel de la contestation.

L’anti électoralisme ne peut prendre son sens que s’il y a parallèlement une pratique concrète qui œuvre dans le sens du changement social. Et même, peut-être que dans ce cas, et dans ce cas seulement, l’électoralisme peut se retourner contre le système lui-même… mais nous n’en sommes pas là.

16 décembre 2006                                                                Patrick MIGNARD

Voir également les articles :

« DE L’ELECTORALISME EN POLITIQUE »

« VOTER EST UNE DROIT, MAIS EST-CE VERITABLEMENT UN DEVOIR ? »

« TEMPS ELECTORAL CONTRE TEMPS CITOYEN »

« DELEGATION DE POUVOIR ET DEMOCRATIE »

 

 

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LA CATASTROPHE (A DEFAUT DE LUTTE) FINALE

Ce qui se passe à la « gauche de la gauche », chez les antilibéraux est absolument affligeant.

Ce qui l’est tout autant c’est la naïveté et l’obstination des militant-e-s, organisé-e-s et/ou inorganisé-e-s qui trépignent d’impatience devant une situation qui leur échapper complètement.

Toute journée qui passe enfonce un peu plus les antilibéraux dans la confusion à leurs propres yeux, mais aussi aux yeux d’une opinion publique incrédule.

LA MAL DONNE

Tout est parti pourtant d’un constat exact : la Gauche, telle qu’on l’a connu jusqu’à présent, n’existe plus en tant qu’alternative, si tant est qu’elle ai jamais existé en tant que telle, mais aujourd’hui le constat est général, évident et les conclusions inévitables. Ainsi naquit la « gauche de la gauche », avec ses organisations traditionnelles, ses nouvelles organisations altermondialistes, et toute une nuée de citoyens-nes syndiqués ou en rupture avec des organisations qui se reconnaissent dans un « mouvement social » aux contours et aux objectifs mal définis

Après une longue série d’échecs dans les luttes sociales dans une situation économique et sociale qui voit partir en fumée la plupart des « acquis sociaux », la victoire coup sur coup sur le TCE et le CPE (Contrat Première Embauche) a joué le rôle d’un électro choc. Nombreuses et nombreux ont été celles et ceux qui ont vu là un signe de la reprise de l’offensive contre le système.

Le Non au référendum sur l’Europe au printemps 2006 a fait perdre complètement la tête aux antilibéraux, il a agi sur eux comme une drogue hallucinogène. Ils ont vu là une sorte de « Renaissance » d’une gauche radicale susceptible d’effacer les frustrations passées et de conduire une offensive générale et décisive. C’était hélas sans compter sur des facteurs déterminants qui faussent tout jugement hâtif et superficiel. Ces facteurs, quels sont-ils ?

- la victoire du NON lors du référendum qui n’est certainement pas ce que l’on croit : hétérogénéité des NON (comprenant entre autre l’extrême droite),... Aucune conséquence notable sur le développement de l’Europe libérale qui poursuit son « petit bonhomme de chemin »...

- la victoire sur le CPE qui n’a été qu’un feu de paille (sympa mais feu de paille tout de même) Comme pour les retraites, le gouvernement (de droite ou de gauche) remettra ça à la prochaine occasion et sous une autre forme,

- les intérêts partisans des organisations qui, dans une élections, jouent leur notoriété, leur image et d’une certaine manière leur existence politique,

- les discours, promesses, programmes et autres chartes et candidatures qui ne s’appuient sur aucune réalité sociale alternative,...

L’absence d’une conscience claire de ces facteurs a entraîné la partie la plus militante et la plus engagée du « mouvement social » dans des spéculations qui tournent aujourd’hui au tragique. Rajoutez à cela l’appétit médiatico narcissique ou narcissico médiatique de quelques personnes... et vous aurez le tableau peu reluisant de l’état de la « gauche de la gauche » aujourd’hui.

LE QUANTITATIF ET LE QUALITATIF

La plupart des militants politiques aujourd’hui, et depuis quelque temps, a complètement perdu les repères essentiels. On peut l’admettre de la part des militants des organisations qui ont pour objectif la gestion du système... ce que leur raconte leurs chefs leur suffit largement pour leur « bonheur politique ».

C’est moins admissible pour des militant-e-s qui ont pour objectif de changer les rapports sociaux. Or, à première vue, ils se comportent à peu prés comme les précédents, sinon dans le contenu de leurs propositions du moins dans leur manière d’agir.

C’est là qu’est l’erreur fondamentale.

L’action politique est réduite au strict minimum décidé par le système que l’on remet en question, autrement dit on rentre dans la problématique du système lui-même et l’on s’étonne de ne pas aboutir ( ?)

L’exemple des collectifs antilibéraux est révélatrice de ce qui se passe : ces collectifs, qui ne sont de fait que des sortes de « comités électoraux » sont - malgré la présence de militants sincères - le théâtre de toutes les manipulations pour la désignation du ou de la candidate. Foire d’empoigne d’où rien n’en sort, quoique certaines discussions soient fort intéressantes, et rien n’en sortira... tout le monde sera dégoûté. Lieu d’expression purement « théorique », toutes les surenchères y sont possibles, lieu de discussion d’un « programme » qui ne s’appui sur rien de concret, sur aucune pratique sociale alternative.

L’importance de l’opération est évaluée en fonction du nombre de personnes qui se déplacent dans ces « collectifs » et des participants aux « meetings antilibéraux » qui ne sont, comme toutes les autres réunions publiques, que des « grandes messes », des lieux d’extase et d’auto excitation en présences des chefs... bref rien de nouveau par rapport à ce que nous offre le spectacle affligeant de la politique.

Tout cela, c’est confondre le quantitatif et le qualitatif. C’est se laisser impressionner, berner, influencer par l’apparence des choses. C’est oublier ce qu’est l’essentiel dans l’évolution des sociétés : la pratique sociale, l’organisation de rapports sociaux alternatifs.

L’IMPASSE

A trop vouloir imiter ceux qui ont le pouvoir on fini par prendre leurs habitudes et leurs pratiques, avec une différence cependant, c’est que c’est eux qui ont le pouvoir et qu’ils ont mis en place tout un arsenal de règles, dites démocratiques, pour le garder... et que l’on croit naïvement que c’est en passant par elles que l’on changera la situation.

Cette démarche a toujours conduit, à plus ou moins long terme à une impasse. Une fois de plus celles et ceux qui souhaitent « changer » s’y sont précipité tête baissée.

On croit encore naïvement que c’est en prenant ou en accédant au pouvoir que l’on peut changer la société... il n’y a rien de plus faux et toutes les expériences de « renversement du capitalisme » au 20e siècle sont là pour en donner la preuve.

Il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence, pour expliquer ces échecs, il ne s’agit pas d’erreurs ou de concours de circonstances malheureux... il s’agit essentiellement d’une erreur stratégique majeure, une incompréhension de la dynamique de l’Histoire.

Celles et ceux qui, aujourd’hui, veulent changer le système, transformer les rapports sociaux, mettent ou remettent pesamment leurs pas dans les traces de celles et ceux qui ont irrémédiablement chuté dans leurs entreprises de transformation. Ils appellent ça de la fidélité, j’appelle cela de l’obsession et de l’aveuglement.

Les élucubrations médiatico bureaucratiques des leaders de l’altermondialisme et de l’antilibéralisme nous font faire du « sur-place » et finissent de désespérer les plus décidés et ce ne sont pas les déclarations délirantes du style « on a de grandes chances d’être au 2e tour » ( ?) qui peuvent changer les choses.

Leur échec n’est pas possible, il est évident... une fois encore ils ont conduit l’espoir du changement dans une impasse. Les trépignements d’impatience, les déclarations enflammées et les prêches dans le désert des consciences saturées de slogans alléchants ne changeront rien.

On aurait pu se scandaliser du traitement par les médias, qui ignorent superbement les antilibéraux,... on fini par être satisfait de leur attitude qui permet finalement, par leur silence, d’éviter le ridicule qui tue à celles et ceux qui avaient la prétention de « faire de la politique autrement ».

Au delà de cet épisode affligeant, après le cirque électoral, il va bien falloir reposer les vrais questions, prendre à bras le corps les vrais problème, éviter de recommencer une fois encore à reconstruire un édifice politico électoral bancal et tout à fait stérile. Mettre en congé les bureaucrates (faut-il citer des noms ?), chefs d’un « orchestre cacophonique », à défaut de « symphonique », spécialistes de la méthode Coué qui ne trouvent leur bonheur médiatiques, et leurs intérêts matériels, que dans la répétition mortifère de situations d’échec.

7 décembre 2006                                                                      Patrick MIGNARD

Voir également les articles :

« DE L’ELECTORALISME EN POLITIQUE »

LES « MACHINES A PERDRE »

« QUO VADIS »

 

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VERS LE BIPARTISME

Le bipartisme, la belle affaire, la quintessence d’une « démocratie moderne »... et qui pourrait en douter ? L’exemple ne vient-il pas d’authentiques démocraties, les USA et la Grande Bretagne ? Réduire au strict minimum le choix de l’électeur quoi de plus efficace, de plus rentable, de plus sécurisant.

Un choix simple, qui n’engage à rien. Le bipartisme, pour que rien ne change tout en mobilisant un maximum de monde en ayant l’impression de tout bouleverser.

IMAGE SIMPLE POUR ESPRIT SIMPLE

Le langage de la politique, politicienne s’entend, emprunte beaucoup au sport et à la compétition. Sur un stade ou un terrain de jeux il n’y a toujours que deux équipes... Il ne viendrait à l’idée de personne de mettre face à face plusieurs équipes. D’ailleurs si, dans une compétition, il y a plusieurs candidats, l’affrontement final, essentiel, celui qui a le plus d’intérêt c’est celui qui se déroule entre les deux qui restent et qui désigne le vainqueur.

Ne parle-t-on pas dans les médias de compétition, de match, de finale, d’esprit d’équipe, de préparation, d’arbitrage, de « fair play », etc... à propos de la seule manifestation de la vie politique : l’élection. On ne va pas jusqu’à parler de spectateur concernant les citoyens, l’aveu serait trop significatif, mais on n’hésite pas à parler de « supporter ».

Plus largement cette vision binaire de l’univers imprègne nos esprits : le bien/le mal, l’enfer/le paradis, le vrai/le faux, l’ombre/la lumière, le masculin/le féminin, le chaud/le froid, le positif/le négatif, la santé/la maladie, la vie/la mort... en informatique : le zéro et le un.

Quoique ces « couples » soient de natures totalement différentes ils sont un raccourci simple pour une vision simpliste de la réalité.

Cette vison simpliste convient parfaitement au monde de la politique pour s’adresse au... citoyen qui « n’a pas le temps et n’y comprend rien ». Les « élites » (sic) sont là pour lui expliquer.

POURQUOI LE BIPARTISME ?

Pour une raison bien simple : ça évacue la possibilité de tout changement : l’alternance fait place à la possibilité d’alternative.

Certains n’hésitent pas à voir implicitement dans ce bipartisme une « simplification » de la vie politique. En effet, une fois admis que le système marchand est indépassable, et pour beaucoup, l’effondrement de l’empire soviétique en serait la confirmation ( ?), les différences politiques ne peuvent se jouer qu’au sein même du système en place. Seuls les grands courants de pensées réformistes et/ou réformateurs ont véritablement leur place dans ce que l’on croit être le « débat politique »... ce qui exclu, et c’est clairement signifié aujourd’hui, tous les « extrémismes », aussi bien ceux qui prônent des politiques inutilement déstabilisantes (l’extrême droite), que ceux qui prônent le changement de système (l’extrême gauche).

Un des principaux arguments qui tend à instaurer ce système est la nécessaire stabilité de la vie politique car, comme chacun sait, l’ « instabilité n’est pas propice aux affaires ». Mais comme l’« on est en démocratie » et que « c’est le peuple qui décide », il faut qu’il ai le choix - mais attention, un « choix formel » ; un choix qui ne remette jamais en question l’essentiel, c’est-à-dire la structure du système en place. Et donc quoi de mieux que de lui faire choisir entre deux tendances ayant pour unique objectif la gestion du système.

Ainsi le bipartisme concilie l’impératif de ne rien changer avec le souci du « choix » citoyen. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui une « démocratie moderne » ou la « modernisation de la vie politique ».

EN ROUTE VERS LE BIPARTISME

Le bipartisme existe aujourd’hui en France, sinon de droit, du moins de fait.

L’hypothèse est faite que ces grands courants de pensée, ayant pour vocation à gérer le système peuvent s’allier politiquement aux courants auxquels seuls quelques nuances et sensibilités les séparent. Toute la pratique politique actuelle œuvre en ce sens et en particulier sur le plan électoral qui impose ce genre de regroupement... au risque de disparaître à terme.

Toutes les réformes dans le domaine électoral vont dans ce sens et en particulier concernant l’élection présidentielle qui est en grande partie verrouillée (essayez d’obtenir les parrainages nécessaires, les finances nécessaires, le temps nécessaire, l’audience nécessaire !) par les deux principales formations du « bipartisme à la française ». Le système des parrainages avait été officiellement instauré et durci pour « éviter les candidatures fantaisistes », en fait c’est une excellente machine de guerre, qui sauve les apparences, pour limiter la pluralité dans le débat. L’entreprise électorale devient quasiment une entreprise industrielle dans laquelle on investi des fonds et qui doit être rentabilisée.

Les médias quant à eux font tout pour réduire la consultation électorale à un match entre deux candidats et ce avant même le premier tour. C’est une véritable mise en condition de l’électorat qui signifie simplement : « quoique vous fassiez, quoique vous croyez, ça se jouera entre ces deux candidats »... alors pourquoi parler des autres ! CQFD.

Pas si simple allez vous dire, il y a aussi l’ « hypothèse Le Pen » au deuxième tour comme en avril 2002.

Pas du tout, cette hypothèse renforce tout à fait la tendance au bipartisme. En effet, il est exact que l’extrême droite puisse s’ « intercaler » entre les deux partis dominants... ce qu’elle a déjà fait, et c’est justement pour éviter cette éventualité que les grands partis restreignent le choix... l’existence et la percée du Front National a parfaitement agi dans ce sens.

Le Front National, contrairement aux apparences, est tout à fait manipulé, dans son existence électorale, par les gestionnaires de droite et de gauche du système. Favorisé médiatiquement et institutionnellement par les uns et les autres, il sait aussi servir de repoussoir, d’épouvantail quand le besoin s’en fait sentir et les circonstances l’exigent. Sa présence finie par diriger, orienter, canaliser l’opinion publique vers les « votes utiles », autrement dit, voter alternativement et exclusivement pour la droite et/ou la gauche. Le Front National devient une sorte de « chien de troupeau » qui permet, à distance, de contrôler la masse des électeurs/trices en fonction des peurs, des fantasmes, des intérêts partisans.

LE FORMALISME DEMOCRATIQUE : DE LA FORCE A LA FARCE

Le « débat », ou ce qui en tient lieu, est ainsi réduit à sa plus simple expression. Ce formalisme c’est ce qui reste de ceux que certains appellent pompeusement, le débat républicain.

Ce formalisme constitue la forme spectaculaire de ce qu’est devenu aujourd’hui la « démocratie ». Il occupe tout l’espace de ce qui devrait constituer la réflexion et l’action citoyenne. Il organise, canalise l’action politique qui devient, et est inéluctablement devenue, l’action politicienne.

Ce formalisme démocratique permet avantageusement de culpabiliser le citoyen qui refuse de tomber dans son piège. Réduisant l’élection, processus démocratique en principe fort honorable, à une fausse alternative, la faisant passer de la force politique à la farce politique, le discours politique dominant brandit solennellement et perfidement les luttes et les héros du combat pour la démocratie - « Il y en a qui sont morts pour le droit de vote » - pour faire admettre ce qui est finalement la caricature de l’essence même de la citoyenneté, ce pourquoi précisément ils sont morts.

Ainsi, le « nœud coulant de l’électoralisme » est entrain de se serrer autour du cou de la citoyenneté complètement vidée de son sens.

Le bipartisme assure une stabilité trompeuse sous le couvert d’une modernité ( ?) politique qui n’a qu’un seul objectif : assurer la pérennité du système marchand en déviant toutes analyses critiques, réduisant celles-ci à des utopies irréalistes.

Le processus électoral dans lequel se fonde aujourd’hui l’action politique est devenu une sorte d’entonnoir, aux pentes de plus en plus glissantes, qui conduit inéluctablement au bipartisme. Se situer dans ce cadre c’est finir dans une impasse. Nous ne sommes pas encore au fond mais chaque scrutin nous en rapproche.

6 décembre 2006                                                                      Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« VICTOIRE DE « LA » POLITIQUE, MORT « DU » POLITIQUE »

« PEUT-ON AVOIR CONFIANCE DANS LES HOMMES/FEMMES POLITIQUES ? »

« SUR LES STRUCTURES ALTERNATIVES »

 

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