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Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

ET MAINTENANT !....

Cette fois c’est fait, le NON est passé... qu’allons nous faire de cette nouvelle situation. Le fonctionnement marchand de l’Europe ne va pas s’arrêter pour autant, pas plus que les affaires.... Désormais « la balle est dans notre camp ». Nous avons, à juste titre refusé l’Europe que nous promettait le TCE... reste, et ce n’est pas le plus facile, à dire, et surtout à faire, ce que l’on veut.

Interpréter ce succès du NON comme une victoire n’est pas exempt d’ambiguïté. Une lecture non sectaire et lucide est nécessaire et surtout la mise en place d’une stratégie politique qui évite les erreurs du passé et se fonde sur une pratique sociale nouvelle fondement d’une autre vision de la société et de la politique. Ceci va nécessiter des révisions et réajustement douloureux, mais également un esprit et une volonté d’initiative nouveaux.

VICTOIRE , VOUS AVEZ DIT VICTOIRE ?...

Mais au fait, c’est la victoire de qui et pour quoi ? C’est la victoire, va-t-on me répondre (en résumé) de toutes celles et ceux qui veulent défendre une conception sociale de l’Europe et faire en sorte que l’économique n’écrase pas le politique, c’est-à-dire les citoyens.

Ca c’est ce qu’ont dit les « NON de gauche ». Il est vrai que les « NON de droite » ne se sont pas gênés pour reprendre les arguments sociaux de la « gauche », mais en arrière pensée il n’en demeurent pas moins des libéraux, fervents partisans de l’économie de marché. Et même si les « NON de droite » sont minoritaires au regard de ceux de « gauche », il n’existe pas de « camps du NON » homogène... le NON ne représente pas un projet.

Si l’on reste dans le champ de la politique traditionnelle, le NON est simplement une accumulation de bulletins de l’extrême droite à l’extrême gauche, du PCF. Certains socialistes et même certains bons réactionnaires de droite... peuvent revendiquer le résultat du référendum. L’expression sociale du refus du libéralisme ;, si elle commence par un NON, ne se résume certainement pas à lui. Autrement dit, après le NON, quoi ?

Toutes celles et tous ceux qui ont appelé à voter NON peuvent se revendiquer de cette « victoire »... d’ailleurs, l’extrême droite, sur la fin de la campagne a hautement fait « valoir ses droits » sur le résultat. Or, pour la droite et l’extrême droite il s’agit de maintenir un statu quo nationaliste et/ou nationalitaire... ce qui n’est évidemment pas le cas pour le « NON de gauche ».

La suite des évènements ne peut donc se dérouler dans le champ politique, mais prioritairement dans le champ social. Mais là se pose un problème : comment ?

LE VRAI/FAUX DEBAT SUR LE LIBERALISME

Cette question de la critique du libéralisme, non seulement a plombé la campagne du référendum, mais a empoisonné, et empoisonne, tous les débats du mouvement social depuis des décennies et altermondialiste depuis sa création. En effet, faire du « libéralisme » un « système » aboutit à fonder la critique sociale sur un faux débat. On critique le libéralisme sans jamais ne remettre en question le fondement marchand de la société, sinon dans de vagues discours sans conséquence. Or, le libéralisme n’est qu’une conception du fonctionnement du système marchand et ne s’en tenir qu’à sa critique revient à légitimer de fait le système marchand dans ses fondements en préconisant des mesures dont l’Histoire nous a montré qu’elles n’étaient que de fausses alternatives.

Ce faux débat est bien entendu entretenu par une classe politique qui trouve tout son intérêt dans la perpétuation d’un système économique et politique dont elle profite et dans des politiques de réformes qui ne font qu’ajouter de la dorure sur les parties les plus sombres du système marchand. Lorsque ces politiques peuvent se glorifier d’une légitimité populaire c’est la voie toute tracée à une continuité sans changement... c’est ce qu’a essayé de faire le TCE... le processus a été momentanément stoppé, mais le problème de fond demeure.

La gauche en particulier a usé et abusé jusqu’à la corde de cette stratégie au point que toute politique qu’elle préconise est devenue caduque, au point qu’il n’y a plus de différence entre une politique économique de droite et une politique économique de gauche.

DANGER : CONFISCATION DE LA POLITIQUE

Le référendum passé, les bureaucraties politiques vont rapidement se réorganiser. Les prétentions et les ambitions vont se concrétiser en marginalisant les « vaincus » et promotionnant les « vainqueurs ». Tout va se passer dans le cercle étroit de la classe politique qui va s’emparer, à son seul profit, des résultats du référendum.

Les médias qui ont un besoin impérieux de « personnalités », de « responsables politiques » (les citoyens ne l’étant pas comme chacun sait...), vont surdéterminer et accélérer le processus en réduisant le « débat politique » aux seules stratégies personnelles, aux ragots et magouilles d’appareils dans les organisations traditionnelles, à réduire la politique à ce qu’elle a de plus vulgaire : les conflits d’intérêts entre politiciens professionnels.

Les citoyens-électeurs auront joué le rôle qui leur est dévolu dans la démocratie marchande : voter... et ils vont être renvoyés à leurs occupations et difficultés quotidiennes. La classe politique n’a plus besoin d’eux, de nous, jusqu’en 2007.

La gauche va se recomposer, de nouvelles alliances vont se nouer, des places et des rôles vont se distribuer en vue d’une nouvelle accession au pouvoir. Des promesses faramineuses vont être faites, des programmes d‘« union » s’élaborer, des stratégies électorales s’échafauder, tout cela en vue... des prochaines élections.

Ce scénario, la classe politique nous le joue chaque fois... et ne sait d’ailleurs jouer que celui là. Allons nous une fois de plus tomber dans le panneau ?

Manifestement ce scénario n’est pas le bon pour sortir de la situation bloquée dans laquelle nous sommes.

Pourquoi ?

Parce qu’il cantonne l’action politique exclusivement dans la sphère du politique. Le changement, l’Histoire, se fait dans la sphère de l’économique et du social. Même le système marchand, aujourd’hui dominant, a acquis ses fondements dans l’organisation sociale de la société avant d’abattre politiquement l’ancien régime. Or le système de démocratie marchande a réussi l’extraordinaire exploit de faire croire, d’inscrire dans le marbre, le fait qu’il était la dernière, et meilleure étape de l’évolution de l’humanité et que son système électoral était le seul à même d’améliorer les situations. L’Histoire nous montre en fait qu’il n’en est rien, les choses ne se passent pas comme cela.

L’escroquerie, la mystification, la confiscation de la politique n’ont que trop duré

NE PLUS FAIRE LES ERREURS DU PASSE...

Il s’agit donc de dépasser cette situation bloquée dans laquelle nous maintiennent les politiciens.

Nous ne pouvons faire aucune confiance aux déclarations, projets, programmes des politiciens en place, de celles et ceux qui sont des femmes et hommes de pouvoir, et en particulier de celles et ceux qui, sans état d’âmes, ont géré (responsables de partis au pouvoir, députés, sénateurs, ministre, voire Premier ministre) le système marchand et ne découvrent que très opportunément le social.

Nous ne pouvons faire aucune confiance dans les organisations politiques qui ne conçoivent l’action politique qu’en terme de stratégie électorale et en terme de places à prendre dans les palais dorés de la République.

Nous ne pouvons faire aucune confiance dans une renégociation du TCE, en effet, comment se pourrait-il que, dans le cadre de la libéralisation internationale du système marchand, le social soit sauvegardé ? (voir l’article « LOGIQUE MARCHANDE OU LOGIQUE SOCIALE : FAUT CHOISIR ! »).

Le monde que nous voulons construire n’est ni dans les programmes des technocrates de la politique, ni dans les promesses des candidats, ni dans une éventuelle évolution du système marchand qui accroît la pauvreté et les inégalités.

Si ce monde de liberté et de solidarité existe il nous faut le construire, concrètement.

Comment ?

Par une pratique politique et sociale nouvelle. En développant dans les secteurs ou cela est dés à présent possible (l’agriculture par exemple) des relations entre producteurs et consommateurs, en organisant la défense du service publique en associant salariés et usagers, en informant sur les formes alternatives et solidaires d’activités économiques, en les fédérant dans une stratégie d’organisation économique et sociale, en développant les circuits courts de distribution, en favorisant les structures fondées sur la solidarité, en contactant à l’échelle internationale, et en premier lieu en Europe, celles et ceux qui s’inscrivent dans la même dynamique et en se faisant les propagandistes d’une telle évolution. Autrement dit faire ce qu’aucun parti actuel n’est capable de faire, qui n’en a pas d’ailleurs la moindre idée, et qui est pourtant absolument indispensable si l’on veut sortir de l’impasse mortelle dans laquelle nous accule le système marchand.

C’est de cette organisation et de ces initiatives que nous devons discuter, pas des promesses et programmes démagogiques des politiciens professionnels.

Alors la politique reprendra tous ses droits. Alors la représentation politique par des délégué-e-s responsables, révocables et non rééligibles prendra tout son sens. Alors nous montrerons que ce que nous voulons, les valeurs que nous défendons ne sont pas qu’un slogan lancé lors de « grandes messes » sans lendemains.

C’est ce défi qui se pose à nous dés maintenant. Saurons-nous y répondre ?... là est toute la question.

30 mai 2005                                                                           Patrick MIGNARD

Voir également les articles :

« DECADENCE »

« TRANSITION »

« DROIT DE GREVE ET SERVICE PUBLIC »

« DUALITE SOCIALE / DUALITE DE POUVOIR »

« SUR LES STRUCTURES ALTERNATIVES »

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LE DEVELOPPEMENT DURABLE : LA GRANDE ILLUSION

 

Le développement durable vient d'un constat qui a fini par s'imposer : il peut y avoir et il y a inadéquation entre le rythme de production et les contraintes imposées et qu'imposent notre mode de fonctionnement économique à la Nature. Autrement dit, l'activité économique humaine actuelle détruit la planète.

Le phénomène n'est pas tout à fait nouveau : une des hypothèses sérieuses de la disparition des Mayas, il y a un millénaire tiendrait, en grande partie, à la déforestation de leur environnement ce qui montre qu'un tel scénario, dans ce cas très limité,est possible .

L'ETERNEL PROBLEME DE LA CONSCIENCE

Ce n'est pas parce que l'« on sait », que l'« on a compris », que l'on fait. Si c'était le cas, la plupart des problèmes sociaux seraient résolus et depuis longtemps. La réponse simple et logique à un problème social n'est jamais simple et immédiate.

Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'un problème social, produit par l'esprit humain et non par une simple relation technique de « cause à effet ». Parce qu'il s'agit d'un processus historique dans lequel intervient la subjectivité, l'hésitation, le désir, les rapports de pouvoir, bref tout se qui constitue l’humain.

La formation de la conscience, l'évolution de celle-ci n’est pas une simple « réaction technique » à des faits. Toute une phase de maturation est nécessaire, phase qui passe le doute, l'espoir, l'hésitation, individuelles mais aussi collectives. Ainsi dans le cas de l'évolution d'un système économique et social, autant son émergence est longue et chaotique, autant son évolution et son issue le sont aussi et de ce fait rendent les prévisions plus qu'aléatoires.

Même celles et ceux qui sont les victimes sociales d'un système ont du mal à se déterminer et à agir pour se sortir de cette situation, c'est dire la complexité du mécanisme de la prise de conscience quand le danger n'apparaît pas directement comme imminent et qu'en plus, on profite de la situation, ce qui est le cas aujourd’hui dans la plupart des pays industriels développés pour ce qui est de l'écologie.

De plus, et ce n'est pas négligeable, dans un système économique, tout est fait pour que les choses restent en l'état : idéologie, action de l'Etat, formation des individus, ce qui fait que toute pensée qui sort du « cadre » imposé passe pour hérétique et utopiste est politiquement condamnée.

UN PRODUIT MIRACLE

Formellement, le principe du « développement durable » est tout à fait séduisant. C'est d'ailleurs cette qualité que ses partisans utilisent à outrance. Il permet « de concilier la croissance économique avec la protection de l'environnement et la cohésion sociale » autant dire un pur produit miracle.

Pour les pays développés, il permet de « concilier » les principes du fonctionnement actuel avec les exigences de la réalité écologique. Tout apparaît ainsi comme une sorte de « dosage raisonnable » dans les actions à entreprendre. Ainsi, la sacro sainte croissance est préservée dans ses principes. Autrement dit rien pratiquement ne change, mais tout s'améliore, ben voyons !

Pour les pays émergents et/ou en développement, leur mode de développement (identique à celui des précédents) n'est pas remis en question, autrement dit, comme dans le cas précédent rien nest pratiquement changé.

Tout est ainsi fait pour considérer, qu'à la limite, la forme du développement n'a rien à voir avec les problèmes de protection de l'environnement, ou si peu.

Le problème c'est que tout cela ne correspond pas à la réalité. Disons le simplement, une telle démarche, une telle conception est une véritable escroquerie morale et politique, doublée d'une aberration économique.

Parler de « développement durable » dans l'abstrait, c'est-à-dire indépendamment de la manière dont le système marchand fonctionne, de ses lois économiques, de ses implications sociales, de ses fondements éthiques, c'est disserter dans le vide, c'est élaborer des modèles idylliques qui n'ont pas la moindre chance de devenir la réalité, de fonder une pratique nouvelle et évidemment de résoudre les problèmes environnementaux qui se posent aujourd’hui.

La précipitation naïve avec laquelle certaines et certains, souvent de bonne foi, adhèrent à lidée du « développement durable », dénote une méconnaissance affligeante des mécanismes qui régissent les sociétés humaines.

LA FAILLITE DE LA PENSEE POLITIQUE

Le discours sur le « développement durable » fait fi en effet de la réalité du fonctionnement économique marchand. Il fonde son raisonnement sur le fait que le fonctionnement économique ne serait qu'un appareil technique qu'il suffit de « bidouiller » un peu pour améliorer ses résultats. C'est une vision mécaniste de la réalité économique qui préside à une telle conception, à moins qu’il ne s'agisse purement et simplement d'une mystification (hypothèse à ne pas écarter à priori du moins de la part de certains).

La réalité du système marchand, comme de tout système économique, est d'essence sociale. Ce sont les rapports sociaux (c'est-à-dire les rapports qu'entretiennent les individus entre eux dans l'acte de production et de distribution des richesses) qui le font ce quil est. C'est donc non seulement les mécanismes techniques du développement qu'il faut réinterroger, mais aussi et surtout ses fondements sociaux, éthiques, bref son sens. Si le système marchand fonctionne de cette manière c'est parce qu'il y a des choix qui ont été faits ce sont ces choix qu'il faut remettre en question. Toute autre démarche est vouée à l'impuissance.

Le concept de « développement durable » évite de poser les questions qui fâchent, qui vont à l'encontre des intérêts des grandes entreprises : quelles sources d'énergie utiliser ? quelle maîtrise des forces productives ? quelle utilisation du progrès technique ?comment répartir la richesse ? qui décide de la production ? que produire ? pour quoi ? pour qui ?...

Poser ces questions essentielles c'est remettre en question le dogme de la propriété des moyens de production, de l'infaillibilité du marché comme moyens d'affecter les ressources et distribuer les richesses, de la croissance pour quoi ? Bref, toutes ces questions qui sont tabou.

Le concept de développement durable permet en fait de retarder le moment au cours duquel il faudra véritablement poser le problème, le vrai. Or, le fonctionnement politique se fait toujours à court terme, considérant l'avenir en terme d’éternité : « ça a toujours été comme ça, ce sera toujours comme ça », vision puérile et conservatrice qui convient parfaitement aux intérêts du système en place.

Le discours sur le « développement durable » est une escroquerie du même type que le discours sur la « participation ». C'est cette vision naïve qu'il s'agit aujourd'hui de briser. Non pas seulement par le discours, la rhétorique, l'argumentation logique, mais surtout par la pratique, la praxis qui consiste à agir en faisant, en créant des relations sociales nouvelles, fondées sur des principes nouveaux, sur une éthique nouvelle.

Patrick Mignard

30 Mai 2005

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VISIONS ONIRIQUES ET REALITE HISTORIQUE

 

Si l’imagination est une des caractéristiques les plus remarquable de l’esprit humain et est à la base de toute culture, elle n’en représente pas moins un danger, ou tout au moins un lourd handicap quand elle se détache de la réalité historique. La projection des désirs individuels et collectifs dans la réalité sociale, voire leur utilisation comme éléments de stratégie politique peuvent friser la catastrophe.

L’Histoire n’est pas réductible aux rêves des humains, aussi généreux soit-ils.

DU REVE...

Il n’est certes pas interdit de rêver, mais il est fortement déconseillé de confondre rêve et réalité.

Ce conseil pourtant simple et logique n’a jamais empêché les « penseurs » d’imaginer des mondes, des hommes et des femmes de tenter des expériences, de braver des interdits, souvent au péril de leur vie, pour inciter à créer des situations imaginées, parfois imaginaires.

Les multiples expériences, au 19e siècle, en Europe et en Amérique, des « socialistes utopiques » ont fait rêver, et font encore rêver. Pourtant, ces « utopies » se sont toutes terminées, soit dans le drame, soit dans l’indifférence générale. Elles ne demeurent plus, dans la conscience collective, que sous forme d’anecdotes, d’expériences tragiques, voire pour certaines de farces. Leur caractère limité, dans l’espace et le temps en font des expériences singulières qui sont pour les uns un encouragement, pour d’autres la preuve irréfutable que « ça ne marche pas et ne peut pas marcher ».

Est-ce à dire que l’humanité a cessé de rêver ? Certainement pas, et heureusement. Mais elle a payé parfois très cher la confusion entre ses rêves et la réalité. Des expériences du 19e siècle, aux communes libertaires espagnoles et jusqu’aux communauté d’après 68 en Europe et aux Etats-Unis, on n’a pas arrêté d’innover et... d’échouer, il est vrai pour des raisons toutes différentes.

Le rêve pour certains est d’ailleurs devenu une véritable obsession et se suffit à lui-même. Il permet d’entretenir un espoir qu’aucune réalité ne matérialise. Le rêve est parfois devenu un cri de ralliement, un slogan qui est passé du monde rationnel à la vision magique de la réalité. Des exemples ? « Grève générale », « autogestion », « révolution »... ce sont des termes qui n’ont de sens que dans un contexte historique précis, ce qui ne veut pas dire passé...(voir l’article « SUR LA GREVE GENERALE »). Lancés comme simple incantation, ce qu’ils sont le plus souvent, détachés d’un contexte, ils n’ont qu’une fonction magique permettant de se projeter dans le monde irréel ou la situation que l’on imagine. A travers eux on se donne/on se fait le spectacle de sa propre illusion et par là même de son impuissance politique. Parallèlement et en opposition avec le spectacle du système marchand, on produit sur le même plan, celui du spectacle, son immédiate, mais vaine, négation. La pensée devient la scène d’un théâtre imaginaire où les désirs deviennent la réalité.... et au tomber du rideau c’est la frustration et la désillusion.

Pourtant, prononcer ces mots, assister à ce spectacle a une fonction apaisante (comme tout spectacle onirique) certes, mais ne sert en aucun cas à dépasser la situation réelle... et pour cause.

Doit-on en conclure que le rêve est vain ? Non. Il fait partie, comme l’imagination, du processus de connaissance et d’élaboration des structures sociales. Ce que l’on a coutume d’appeler l’utopie a joué un rôle et jouera un rôle dans l’avenir que nous aurons à construire.

Il y a une part de réalité dans l’utopie et une part d’utopie dans les réalisations sociales, mais le problème c’est qu’aucun instrument scientifique n’est capable d’indiquer le dosage, aucune formule n’est capable d’indiquer la proportion ainsi que la nature et la quantité des ingrédients qui composent ce mélange. Là est la difficulté.

... A LA REALITE

Qu’est ce qui fait que « ça ne marche pas » ou « que ça marche » ?

Donner une réponse définitive sera hasardeux et bien présomptueux... pourtant l’Histoire nous permet d’approcher, si non la solution, du moins d’avancer des hypothèses.

Une structure sociale, une société est un système complexe qui détient les moyens de sa propre reproduction et de sa défense contre les mécanismes qui remettent en question ses principes. Ce n’est donc pas par le discours seul, la démonstration logique et rationnelle que l’on peut déstabiliser un tel système, encore moins avec les moyens qu’il met à disposition des « contestataires ». Le projet de changement ne peut se faire que par une réalisation de rapports sociaux nouveaux qui mettent en œuvre concrètement les valeurs et les principes nouveaux. L’utopie devient en quelque sorte réalité lorsqu’elle montre, prouve que ces principes sont viables... elle cesse alors d’être utopie.

J’appelle « utopie réaliste », non pas cette utopie qui consiste à faire des promesses et ou des projets inconsidérés, totalement coupés des conditions historiques qui permettraient, ou non, leur réalisation, mais l’imagination qui consiste, partant de l’analyse du réel social, de le dépasser en jetant les bases d’une alternative économique et politique.

Exercice difficile allez vous dire,... et vous avez raison. Et d’autant plus difficile que nous n’avons à notre disposition aucun repère, aucun instrument de mesure qui permette de mesurer l’écart entre le possible, le souhaitable et l’impossible. Les paramètres qui entrent en ligne de compte pour entamer une action, élaborer une stratégie, ne sont pas quantifiables. Leur existence, leur crédibilité est même problématique. En effet comment mesurer un niveau de conscience, un état de mobilisation, un degrès de combativité, la solidité d’une solidarité, un esprit de détermination, la fiabilité d’un engagement, une capacité d’organisation et d’initiatives, l’efficacité sociale d’une structure, une satisfaction collective... ? Certes l’expérience joue, mais elle est la chose la moins bien partagée au monde, elle est trop affaire personnelle, trop liée au ressenti individuel, trop empreinte de subjectivité, trop liée à des situations particulières qui ne se reproduisent jamais à l’identique...

De plus, et pour couronner le tout, l’Histoire nous apprend que rien n’est jamais définitivement acquis, autrement dit qu’il faut aussi, en plus, intégrer le fait que tout peut être remis en question. L’impondérable dans l’instituant mais aussi dans l’institué.

Seule l’expérience, la pratqiue collective concrète, présente, peut constituer le ciment nécessaire à l’élaboration d’une alternative politique et sociale. La bourgeoisie commerçante n’a pas « pensé » son système pour en faire ce que nous connaissons aujourd’hui, elle l’a concrètement implanté, au sein même de l’ancien système, durant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’il lui permette d’accéder à la reconnaissance universelle. D’une certaine manière on peut dire qu’elle a vécu « son » utopie, dans les villes, dans les échanges, dans le commerce, et en a fait une réalité historique qui s’est imposée.

Cet exemple nous montre la voie (voir l’article « TRANSITION »). Le monde nouveau ne peut pas « jaillir » spontanément d’une idée, voire d’une volonté individuelle ou collective, aussi généreuse soit-elle. Il se construit patiemment au milieu des bouffées d’enthousiasme, mais aussi des déceptions et par là même transforme les esprits, les idées, les valeurs et fini par s’imposer à ceux qui le vivent et à ceux qui le combattent.

On est loin des programmes électoraux bidons, démagogiques et manipulateurs mais l’on est loin aussi du rêve éveillé de celles et ceux qui veulent que tout change spontanément. On ne peut pas faire n’importe quoi à n’importe quel moment.

ET AUJOURD’HUI , QUE POUVONS NOUS FAIRE ?

Deux axes.

1 - Cesser de croire au mythe du changement par la voie électorale. Celle-ci n’a pour fonction que de reproduire le système dans ses différentes variantes sans jamais remettre en question ses principes... deux siècles de cette pratique nous permettent de l’affirmer sans trop d’erreurs. De plus, une telle croyance joue un rôle parfaitement démobilisateur (un peu comme la religion au Moyen Age qui promettait l’Enfer aux incroyants). Croire au changement par l’élection empêche toute initiative concrète d’organisation collective de structures alternatives. (voir l’article « VOTER EST UN DROIT, MAIS EST-CE VERITABLEMENT UN DEVOIR ? » (ndlr : article absent sur altermonde) ainsi que « ELECTIONS : PARTICIPER OU PAS ? & ELECTION : PARTICIPER OU PAS ? (suite et fin) ») et cantonne le citoyen dans une attitude passive au point de ne réduire son activité citoyenne qu’au moment de l’élection. D’ailleurs, la réalisation du point 2- rendra rapidement obsolète la pratique électorale telle qu’elle existe aujourd’hui.

2- Organiser, à tous les niveaux (certains sont plus faciles que d’autres), des structures alternatives susceptibles de se substituer aux circuits marchands classiques. Dans ce domaine, toutes les expériences, des plus anciennes, comme les coopératives, jusqu’au plus récentes comme les SEL et les altervillages, les plus structurées comme les plus informelles sont importantes, contribuent par leurs succès mais aussi par leur échec et leurs hésitations à forger des rapports sociaux nouveaux. Ils ne s’instaurent pas facilement, spontanément et définitivement... il y a des hauts et des bas... des échecs et des réussites... mais aussi une opposition de l’ancien régime qui tente de s’imposer et de détruire l’intrus.

De toute manière, quoique l’on fasse et même en dehors d’une concertation, la décadence du système marchand (voir l’article « DECADENCE ») pousse à l’apparition de structures alternatives. Elles sont certes discrètes, marginales mais elles existent, répondent à des besoins concrets, elles deviennent indispensables lorsque la décomposition de l’ancien système devient insupportable et est incapable de créer du lien social.

L’action politique doit donc s’axer sur ces initiatives, les fédérer, les généraliser, en faire une alternative économique qui deviendra une alternative politique. Bien entendu ne pas se cantonner au territoire national mais établir des liens, des relations, des contacts, des échanges avec les autres pays qui connaissent aussi la décomposition de leur tissu social.

C’est dans cette problématique d’une stratégie alternative que prendra réellement et sérieusement forme l’action politique. L’organisation politique cessera d’être un instrument d’embrigadement et de propagande, elle sera au service d’une cause qui aura pour objectif de construire une société nouvelle fondée sur des valeurs nouvelles. Le rêve alors rejoindra la réalité.

17 mai 2005                                                                   Patrick MIGNARD

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LETTRE OUVERTE A CELLES ET CEUX QUI VONT VOTER « NON »

NON » au prochain référendum sur le « traité constitutionnel européen » et je pense que vous avez parfaitement raison. Je ne m’étendrai donc pas sur les raisons qui vous amènent à ce choix puisqu’elles nous sont communes et partagées - hormis, bien évidemment, les « raisons » qui sont celles de la droite nationaliste et/ou intégriste.

Ce qui m’incite à vous écrire c’est le sens de ce vote et surtout ses perspectives, les deux étant d’ailleurs intimement liés.

Si le « NON » est battu, tout sera comme avant, ou plutôt ira en empirant, et l’Europe, que nous ne voulons pas, se construira avec les drames et les conflits sociaux que nous prévoyons toutes et tous.

Et si le « NON » l’emporte ? Dans ce cas, les choses vont devenir à la fois intéressantes et délicates.

Quel sera le sens d’une victoire du « NON » ?

Plaçons nous au-delà du simple fait électoral et examinons la chose avec un maximum de lucidité et d’objectivité.

Ce « NON » sera probablement, en partie, un « NON » de politique intérieure... une sanction en quelque sorte du gouvernement. Soit ! et après tout pourquoi pas ?

Il sera aussi, je l’espère comme vous, un « NON » à une conception financière et libérale de l’Europe. Mais que va-t-il alors concrètement se passer ?

Passons sur la « soupe de grimaces médiatiques » (qui sera jouissive j’en conviens) des politiciens marrons le soir même dans les médias, et au tollé de l’Europe « bien pensante » dans les jours qui suivront.

Quel peut-être l’impact concret et réel d’un « NON » français ?. Peut-on imaginer un seul instant que, même s’il s’agit d’un pays comme la France, donc, tout de même, un des axes essentiels de la construction européenne, le processus mis en place depuis un demi siècle va être stoppé net ? Evidemment pas.

La construction européenne n’est pas qu’un échafaudage juridique et institutionnel qui s’adapte au grés de la variation des opinions publiques, il est en fait l’expression d’un système marchand qui, par ses exigences et ses impératifs, a modelé les institutions. Autrement dit, ce qui prime c’est l’organisation économique du système économique et c’est elle qui détermine le reste. Que ce système ait besoin, ne serait ce que, pour légitimer ce qui va suivre, du traité constitutionnel, c’est une évidence, mais qu’il en ait un besoin absolu, ça ce n’est pas vrai. Le système sait se passer de bonnes raisons démocratiques pour fonctionner. Il est impensable que les intérêts économiques et financiers en jeu en Europe soient sacrifiés à un « NON » français.

Je veux en venir à quoi ?

Simplement à dire que un « NON » français ne changera fondamentalement rien à ce qu’est aujourd’hui la construction européenne.

Je pense qu’il faille dire cela car la campagne du « NON » est nourrit des espoirs insensés.

Contrairement à ce qu’insinuent les protagonistes institutionnels du « NON », un tel résultat n’ouvre aucune perspective concrète... sinon de dire « On a gagné »... ce qui est puéril. Que feront-ils, les protagonistes « officiels » du NON, le lendemain de la victoire du « NON »... ils vont se réunir... ça c’est sûr ! Mais encore ? Demander la démission du gouvernement ? Du parlement européen ? De la commission européenne ? Certainement pas... encore que !

Ils vont créer un comité, des comités pour « une autre Europe », « pour une alternance », « Pour.... et contre .... », essayer de « fédérer les NON », voire faire « un comité de salut public ».... Soit ! Mais pendant ce temps les affaires vont continuer, le système va continuer, les décisions seront prises... autrement dit rien n’aura été changé. Cela peut durer des mois... et rien ne changera.

Si quelque chose changera !... Comme pour les Danois en 1992, qui avaient rejeté le traité de Maastricht, on va faire pression sur l’opinion publique française, la culpabiliser, la manipuler, la « mieux informer »... pour finalement dans quelques mois l’amener à voter « comme il faut ».

Et puis, soyons lucides, en l’absence de projet alternatif au modèle marchand, de stratégie de changement social en Europe, qui va bénéficier politiquement du NON ? Quel sont ces leaders autoproclamés (en dehors de l’extrême droite) de la campagne du NON ? Des bureaucrates qui ont déjà été ministres et même l’un d’entre eux Premier Ministre et qui s’est même payé à l’époque le luxe de mettre en place un « plan de rigueur économique »... Et c’est à ces gens là qu’il faudrait faire confiance ?

Alors ?

Alors, ne rêvons pas, notre bulletin de vote n’a en soi aucun pouvoir, et l’on va s’en rendre compte une fois de plus,... ce qui ne veut pas dire qu’il faille ne pas l’utiliser... ça n’engage à pas grand-chose, mais cessons de nous illusionner. Toutes les circonvolutions pseudo démocratiques des politiciens n’ont pour objectif que nous faire croire que l’on sert à quelque chose et que notre opinion compte, alors qu’il est évident que tout se passe, du moins jusqu’à aujourd’hui, au dessus de nos têtes sans se préoccuper de ce que nous souhaitons.

La construction d’une autre Europe, d’une Europe comme nous la concevons, encore qu’il faudrait que l’on soit d’accord sur ce que nous voulons, passe par d’autres chemins que ce simulacre de démocratie formelle. Ce qui nous détermine ce ne sont ni le Parlement, ni la Commission mais bien le système marchand qui dicte ses conditions. Tant que nous limiterons notre action politique aux jeux électoraux stériles qui nous sont offerts et auxquels nombre d’entre nous se délectent et essayent par la même de se faire une notoriété pour eux et leur organisation, nous resterons ce que nous sommes, des otages « citoyennement consentants ».

Un système ne se combat pas avec les armes qu’il met à disposition de celles et ceux qui le combattent. La critique d’un système social n’a de sens que si on est capable de lui opposer concrètement une alternative crédible et viable.

A défaut de l’avoir compris nous allons une fois de plus au devant d’une cuisante déception. Saurons nous enfin un jour en tirer les leçons ?

8 mai 2005                                                                          Patrick MIGNARD

 

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Publié dans : #matiere a reflexion

L’APPEL DU "LUNDI DE PENTECOTE"

 

Le gouvernement qui n’a de cesse de démanteler les services publics, la protection sociale, les retraites, la santé, s’en prend aujourd’hui au temps de travail. Ce gouvernement prenant prétexte de la mondialisation marchande porte une atteinte irréparable aux acquis sociaux gagnés par les générations qui nous ont précédé.



Certes, nous sommes aujourd’hui submergés par une force politique et idéologique. Infiniment plus que leurs arguments fallacieux, ce sont les mesures prises qui nous font reculer. C’est l’intransigeance et le mépris du social qui nous a amené là où nous en sommes aujourd’hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?

Non! Rien n’est perdu. De nouveaux moyens que ceux qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour le changement et la victoire.

Car nous ne sommes pas seuls. D’autres peuples en Europe aspirent à une réduction du temps de travail. Nous devons faire bloc avec eux. Nous pouvons et devons utiliser notre intelligence, notre imagination et notre détermination. Cette lutte n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette lutte est de dimension mondiale.

Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour changer notre condition. Terrassés aujourd'hui par une politique anti sociale, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force politique et sociale supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, simple citoyen, enseignant en économie, j’invite les étudiants, les lycéens, qui se trouvent aux environs de l’IUT Ponsan (Université Paul Sabatier) ou qui viendraient à s’y trouver, avec leur courage ou même découragés, j’invite les salariés, les retraités, les chômeurs qui pourraient y parvenir, à venir débattre dans mon cours le Lundi 16 mai (Lundi de Pentecôte) à partir de 9 heures du matin sur le thème «LE DROIT A LA PARESSE» de Paul Lafargue- IUT PONSAN-115 route de Narbonne-Département GEA-amphi A

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance et de la critique sociales ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Patrick MIGNARD                                                                          1er mai 2005

 

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