Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE DENI

Il y a une attitude et un sentiment encore plus grave et dangereuse, après un conflit, que l’amertume et l’abattement, c’est le déni.

Savoir que l’on a été battu peut-être la source d’un sursaut, d’une prise de conscience, d’une révision de l’attitude qui a conduit à l’échec. Le déni, lui, c’est l’aveuglement et la persistance dans l’erreur. C’est la démission non seulement au moment de la lutte mais le refus de reconnaître la réalité après… s’interdisant ainsi de tirer les leçons de l’échec, stérilisant toute possibilité future de victoire.

UN ÉCHEC BIEN PRÉPARÉ

Sur la question des « régimes spéciaux », il faut être clair : le gouvernement n’a rien cédé. Le chef du gouvernement parle d’un « tournant historique »,... il a raison.

Sont remises totalement en question les dispositions socialement progressistes qui faisaient bénéficier certains salariés de régimes de retraites avantageux.

Jamais, à aucun moment, nous n’avons entendu des responsables nationaux syndicaux, (sauf SUD à propos de la pénibilité de certaines professions…), à fortiori politique, demander un alignement de tous les régimes de retraites sur les régimes les plus avantageux… et en appeler sur ce thème à l’opinion publique. Ce « terrain idéologique » a été exclusivement laissé au Gouvernement… et qui s’en est donné à cœur joie.

Pourquoi ?

Probablement pour deux raisons :

- ils, les syndicats, savaient dès le début que le Gouvernement ne lâcherait pas ;
- ils, toujours les syndicats, ont un mode de raisonnement comptable et gestionnaire identique à celui des gestionnaires du capital : il faut réformer le système des retraites dans le sens de la rentabilisation.

Bien sûr, ils ne l’avoueront jamais, ils ne peuvent pas le reconnaître au risque de se déconsidérer définitivement.

Pourquoi alors cette comédie ? Il n’y a pas eu certainement concertation, mais assurément complicité objective :

- le Gouvernement voulait passer à tout prix – avant la grande réforme des retraites de 2008 où l’on passera de 40 annuités à 41… pour le moment…- mais en sauvegardant une attitude dite « positive »... d’où ces appels incessants, indécents et cyniques au « dialogue » alors qu’il ne lâchait rien, et n’a rien lâché ;
- les syndicats ne pouvaient pas « laisser passer »… au regard de leur base c’était une attitude impossible à tenir. Il fallait sauver les apparences.

LA PROIE ET L’OMBRE

Les organisations syndicales ont lâché la proie pour l’ombre. La proie, c’étaient les acquis sociaux dits : « régimes spéciaux ». Ce sont eux qu’elles avaient pour mission de défendre, et s’étaient engager à défendre. C’était d’ailleurs cela, et uniquement cela, qu’attendait, et pour laquelle luttait, la base salariée.

Le Gouvernement a décidé de revenir sur ces acquis au lieu de les étendre, ce qui est parfaitement possible, à l’ensemble des salarié-e-s. Ferme sur le principe, et ne voulant pas ridiculiser les syndicats dont il a besoin pour maintenir la paix sociale, il a lâché quelques miettes : des avantages financiers pour les salariés déjà embauchés et quelques aménagements qui passeront plus tard à la trappe. Le principe lui a été maintenu et rien ne l’a fait fléchir.

Certains diront : « il vaut mieux cela que rien ». Soit, mais alors disons le clairement, ne jouons pas sur les mots. Disons que l’on a lâché sur l’essentiel pour se contenter de l’accessoire, ce que le Gouvernement a bien voulu concéder. Ne faisons pas croire qu’il y a une victoire.

La défaite n’est d’ailleurs pas seulement celle des salariés qui ont lutté, c’est une défaite de l’ensemble des salarié-e-s. C’est une défaite qui sonne le glas d’une lutte générale des salarié-e-s pour la réduction du temps d’activité professionnelle et l’amélioration des conditions de vie. Les syndicats se sont d’ailleurs toujours refusés à faire de cette lutte un exemple, ce qu’elle est incontestablement. Pourquoi ?

Ce recul qui se veut tactique n’est en fait qu’une authentique défaite stratégique pour tous les salarié-e-s. On sauve petitement quelques avantages financiers pour les présents, mais l’on sacrifie les générations futures, celles et ceux qui arriveront plus tard sur le « marché du travail »… car on a mis le « doigt dans l’engrenage », le système ne va pas en rester là.

Les directions syndicales font miroiter à leur base la « possible remobilisation »…

Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’être vigilant !

Mais vigilant à quoi ? Aux négociations ?

Mais chacun sait que les négociations ne vont pas porter sur le principe, objet au départ de la lutte, mais seulement sur les miettes qu’est prêt à accorder le Gouvernement pour justement faire de l’élimination de ce principe la règle générale applicable à tous : l’allongement de la durée du temps de travail.

Autrement dit, toute cette tactique n’est qu’un leurre pour faire « passer la pilule ».

POURQUOI CE DÉNI ?

On est généralement en situation de déni, lorsque la réalité est trop difficile à supporter, ou à faire supporter et/ou lorsque ce qui se passe est inavouable.

On assiste à la fois à un déni syndical et à un déni gouvernemental, qui ne sont tout de même pas de même nature.

Coté syndical : si les syndicats veulent montrer leur utilité il faut qu’ils apparaissent comme offensif,… et qu’ils obtiennent satisfaction, surtout quand ils ont affirmé poussé par leur base que « ce n’était pas négociable ».

L’expérience a montré que leur position était intenable… Ca c’est inavouable. Il faut donc tricher avec la réalité : à la fois montrer sa force (la grève) et cacher sa faiblesse (on négocie le couteau sous la gorge). La subtilité finale consistant à dire : « Le gouvernement a été contraint sous la pression à négocier »… Ce qui n’est évidemment pas la vérité. D’ailleurs une grande partie de la base n’est pas dupe, même si elle ne le dit pas… n’ayant pas d’autre alternative.

Côté gouvernemental : l’exercice est moins difficile. Le Gouvernement et le patronat ne veulent cependant (différence avec la stratégie « thatchérienne ») faire perdre la face aux syndicats. Ceux-ci doivent demeurer des relais capables de canaliser la colère de la base et d’être les seuls interlocuteurs à qui on cèdera, pour la forme, quelques miettes… Stratégie qui a toujours bien marché.

La vie syndicale, comme d’ailleurs la vie politique n’est ainsi faite que de faux semblants, d’attitudes ambiguës qui ne disent jamais ce qu’elles sont et qui apparaissent comme on voudrait qu’elles apparaissent.

Tout est faux dans ce que nous voyons au Parlement, à la télévision, … On nous fait jouer un pièce dont nous sentons bien qu’il y a « quelque chose qui cloche », mais dont ne sait ni qui est le scénariste, ni le metteur en scène, … et dont ne savons plus très bien quel pourrait être le dénouement.

Le citoyen n’existe plus, nous ne sommes que des acteurs manipulés et pour supporter cette situation nous nous affublons d’un masque qui nous trompe lorsque nous nous regardons dans une glace et qui déroute notre voisin lui-même victime de son masque.

Bas les masques !

Patrick MIGNARD
28 novembre 2007

Voir aussi :
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN ! »
« NEGOCIER, MAIS NÉGOCIER QUOI ? »
« LES LIQUIDATEURS »

 

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LES LIQUIDATEURS

Ils ne se cachent même plus, ils ne cachent pas même leurs intentions. Nous sommes prévenus. Ils veulent mettre à bas tous les acquis sociaux et revenir aux fondamentaux du système salarial.

« Ils », ce sont le patronat et le gouvernement qui agissent de concert et avec de plus en plus de facilité.

Ce que Madame Thatcher a fait brutalement, Sarko le fait avec doigté et démagogie.

SACHONS LES ENTENDRE

Dans la revue « Challenge », en date du 4 octobre 2007, Denis Kessler (ancien n°2 du MEDEF) expose clairement ce que veut faire N. Sarkozy. Il précise avec un luxe de détails, sans ambiguïté, les intentions du Gouvernement Fillon sur la réduction des services et du personnel dans le public, et sur les mesures limitant le droit de grève et « réformant » le système de retraites.

Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! (…) Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse.

On ne peut pas être plus clair… Autrement dit, tous les acquis sociaux sont à jeter à la poubelle….

Cela dit, comme dirait le Gouvernement, une fois accepté cela,… on peut négocier ! ? !

Et ce n’est pas tout… En pleine lutte des cheminots, la présidente du MEDEF en rajoute une couche dans Libération du 21 novembre :

S’exprimant à propos du pouvoir d’achat, elle déclare : « C’est vrai qu’il y a un problème de pouvoir d’achat (...), c’est un ressenti totalement objectif ».

Elle précise « la vraie question n’est pas comment je contribue à ce qu’il y ait plus de pouvoir d’achat, mais comment je contribue à ce qu’il y ait plus de croissance »… ce qui, soit dit en passant, montre qu’elle a tout compris quant à la préservation de l’environnement…

"Pour moi, il y a deux axes principaux à travailler : comment on fait pour baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises, c’est prioritaire, et deuxième chose, n’est-il pas temps d’aller plus loin sur la question de la durée du travail ?", a-t-elle ajouté. "Je me demande s’il ne faut pas accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail", a-t-elle déclaré. Tout le monde voit bien que le mécanisme des heures supplémentaires n’est pas suffisant". "Les dispositifs permettant déjà aux entreprises de travailler au-delà de 35 heures par semaine sont "rébarbatifs" et l’utilisation du contingent d’heures supplémentaires autorisé (220 heures/an) est "très lourd, car il suppose des négociations de branche", a-t-elle ajouté.

"Ma préconisation, c’est de rendre les choses beaucoup plus simples en balayant tous ces mécanismes très complexes, et en revenant à la détermination du seuil de déclenchement des heures supplémentaires, branche par branche, ou entreprise par entreprise".

Et elle termine : "Je sais autour de quoi certains ministres réfléchissent depuis quelque temps, et la question de la durée du travail est un axe de réflexion"

Autrement dit, au nom de la Liberté (elle a bon dos !), de l’efficacité, de la simplicité, cette déréglementation du « marché de la force de travail » va livrer pieds et poings liés les salariés au bon pouvoir patronal.

C’est ça la modernité !

LE PIEGE DES NEGOCIATIONS

Dans ces conditions, les négociations sont un véritable piège. En effet que penser de responsables politiques qui disent : « D’accord pour négocier, mais de toute manière nous ne reculerons pas sur ce que nous comptons faire » ?

Quel sens peut avoir dans ces conditions le verbe négocier.

Car c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui. La capitulation des syndicats face à l’intransigeance du Gouvernement/patronat va faire « jurisprudence » politique. Cette lutte de novembre 2007 va faire date en montrant que l’intransigeance paye et en montrant qu’en face les organisations syndicales cèdent.

La limite entre ce qui devrait être un compromis – résultat d’une négociation – et une compromission est bien difficile à établir. Tout se joue sur les nuances, les déclarations… et dans l’infini des subtilités trouvées par le Gouvernement, le patronat et les syndicats on veut nous faire croire que l’on ne sait plus très bien qui gruge qui… chacun suggérant qu’il y a recul de l’autre.

La négociation n’est pour le gouvernement qu’un prétexte pour faire croire qu’il entend, qu’il écoute et qu’il propose.

Pour le syndicat c’est une manière de ne pas perdre la face alors qu’il y laisse la chemise, le pantalon et même le reste.

Le terme même de négociation perd tout son sens.

Non seulement le gouvernement et le patronat n’ont rien à négocier, ne veulent plus négocier, mais plus grave,… savent qu’en face, les organisations syndicales ne font plus le poids, ne peuvent se raccrocher qu’à une « négociation » forcément bidon et deviennent l’instrument de la démobilisation des assemblées générales petit à petit isolées et finalement désavouée. .. ;

Le défi, comme on le voit, dépasse largement les capacités et les stratégies syndicalo-politiques mises en œuvre jusqu’à présent. Relever ce défi va exiger autre chose que ces pratiques d’un autre temps que nous venons de voir dans les dernières mobilisations. Supprimer les acquis sociaux, c’est, de fait, revenir aux conditions sociales du 19e siècle.

Il est à craindre que, du côté du gouvernement et du patronat le pli soit pris et la leçon tirée. Le grand projet de démantèlement est, si j’ose dire, sur les rails… les conditions politiques, économiques, idéologiques et stratégiques sont favorables aux liquidateurs.

Quelle peut-être la riposte ? Certainement pas celle que l’on connaît et que l’on pratique depuis des décennies.

Patrick MIGNARD
23 novembre 2007

Voir aussi :
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »
« NEGOCIER… MAIS NEGOCIER QUOI ? »
« MARCHANDISE : LE RETOUR AUX FONDAMENTAUX »

 

 

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

DES « ACQUIS SOCIAUX » AUX… « PRIVILEGES »

Depuis des mois nous assistons à des manœuvres sournoises accompagnées d’un florilège de qualificatifs ayant pour objectif avoué de remettre en question ce que nos prédécesseurs ont réussi à conquérir, souvent de haute lutte : retraites, protection sociale, temps de travail, service public,…

La question de fond du sens de ces conquêtes étant beaucoup trop sulfureuse pour le système en place, toute une batterie de discours, et de pratiques, testés timidement par la Gauche au pouvoir, et repris sans hésitation par la Droite conservatrice, fleurissent dans les médias pour stigmatiser celles et ceux qui veulent conserver ces acquis.

HARO SUR LES « PRIVILEGIÉS » !

Les nazis avaient les Juifs, l’extrême droite, les arabes et les noirs, les libéraux ont les « privilégiés »… oubliant au passage (mais peut-on penser à tout ?) que ce sont les propriétaires du capital qui sont les nantis et les vrais privilégiés… sans parler de la classe politique complice de cette mise à mort.

Le terme de « privilégié » a, il faut le reconnaître, une consonance bien particulière dans notre inconscient collectif. Il renvoie à la Révolution Française et à sa fameuse « nuit du 4 août » qui a une place hautement symbolique dans toute mémoire d’écolier-citoyen…

Pour les « privilégiés » c’est/c’était la guillotine… « Pas de quartier pour les privilégiés », « Les privilégiés/aristocrates à la lanterne ! » …

Le Gouvernement actuel privilégiant (décidément !) le superficiel, le médiatique, le sommaire, le faux semblant… a trouvé dans ce terme le parfait repoussoir pour « honnête citoyen »… Il ne reste plus qu’à marteler ce slogan, et les médias s’y emploient, pour faire de cette catégorie de salariés des monstres d’égoïsme et d’ennemi de la cohésion sociale, bref des « ennemis des valeurs de la République » ( ?)

Il faut dire que ces « privilégiés » font désordre dans une vision libérale du monde marchand… En effet, ce sont non seulement des salariés qui ont réussi à arracher des avantages au Capital, qui donc lui coûtent,… et qui, de plus, sont un très mauvais exemple dans la mesure où ils peuvent donner de « mauvaises idées » aux jeunes générations.

DU GUEUX AU… « PRIVILEGIÉ »

Quand on se donne la peine d’y regarder de plus prés, ces fameux « privilèges » faisaient, il y a quelques décennies seulement, aussi bien la joie des salariés qui amélioraient leur vie, étaient un objectif pour les autres… et étaient acceptés par leurs patrons qui acquéraient, contre mauvaise fortune bon cœur, un label de « social » et surtout,… une garantie de paix sociale.

Ces « privilèges » que l’on appelait alors les « acquis sociaux » que les politiciens de tous poils se vantaient, un peu rapidement, d’avoir accordés ( ?), étaient en fait le produit de luttes opiniâtres de la part de « gueux », de « prolétaires », de la « masse » à la fois craints des possédants mais qui leur était nécessaire pour engranger les profits.

A partir des années 70, la mondialisation marchande a largement relativisé le poids des salarié-e-s ce qui a eu deux types de conséquences

  ils se sont retrouvés dans un marché mondialisé de leur force de travail et de ce fait ont perdu de leur importance (modernisation technique de la production, délocalisations) ;
  ils ont vu remis en question leurs acquis par le capital qui, d’une part fait des économies sur leur dos pour faire face aux contraintes de la concurrence inter capitaliste, tout en profitant de leur faiblesse pour liquider ces acquis.

Le glissement sémantique d’ « acquis sociaux » à « privilèges » s’est fait tout logiquement dans le cadre d’une reprise en main par les gestionnaires du capital pour déconsidérer les bastions les plus combatifs des salariés, mais aussi pour soulever contre eux le reste de leurs collègues qui, par comparaison à leur situation, mesurent un décalage qui leur parait « défavorable ».

Le système marchand réussi ainsi le tour de force extraordinaire de faire d’un positif social un,… négatif, et de faire en sorte que l’aspiration au mieux soit transformé en l’aspiration à… une régression sociale collective ( ???).

A faire admettre à tous que, pour le « bien collectif », il faut « vivre moins bien » ( ???).

A faire croire que l’accroissement de la richesse est un facteur inévitable et juste d’appauvrissement ( ???)

A faire croire que moins on a besoin de travail, plus il faut travailler ( ???)

Cette manœuvre idéologique de la part des gestionnaires du capital est particulièrement sordide et abjecte : combinant le mensonge et la haine, elle tend à diviser les salariés pour les affaiblir participant ainsi à leur atomisation, les rendant de plus en plus désarmés face à un patronat tout puissant.

La Gauche, quant à elle, ou du moins ce qui se prétend être « de Gauche » (PC, PS et autres groupuscules de notables repus,…), un peu gênée aux entournures, et portant le poids politique et moral des premières atteintes grave à ces acquis, dans les années 80, fait le dos rond espérant que la colère se portera sur une Droite décomplexée qui elle n’hésite pas à engager cette coupe réglée des acquis sociaux sous la haute vigilance du MEDEF.

UN COMBAT ESSENTIEL

L’infra « politisation », au sens noble du terme, des organisations politiques et syndicales rend ce combat difficile car, les premières, bureaucratisées, imbibées d’une culture électoraliste et souvent gestionnaire, hésitent, et même se refusent, à poser la question dans ses vrais termes. Les secondes, les « officielles » elles aussi largement bureaucratisées, quand elles ne sont pas liées aux premières, ne s’en tiennent qu’à des conceptions et revendications catégorielles qui faussent l’analyse et le message. Toutes se complaisent dans une situation qui, à court terme, correspond à leurs intérêts dérisoires.

Les acquis sociaux ne sont pas des privilèges, ils sont le produit inaliénable du combat contre un système essentiellement inégalitaire et qui instrumentalise l’être humain.

Les acquis sociaux, dont les « régimes spéciaux » font partie doivent être des exemples, des buts, des objectifs, des guides, des références pour tout salarié. Ils sont l’étalon des luttes sur lequel celles-ci doivent se caler. On accepte plus, mais pas moins.

Le soutien aux défenseurs des « acquis sociaux » est un impératif catégorique, politique et moral absolu. Il y va des acquis actuels, mais aussi des conditions de vie des générations futures. Entrer dans le jeu pervers du discours gestionnaire officiel, c’est non seulement trahir les luttes du passé, rendre caduque les sacrifices de celles et ceux qui ont lutté et nous ont laissé un héritage social, mais hypothéquer gravement l’avenir de nos descendants.

La lutte engagée dépasse largement le cadre étroit d’un secteur, d’une profession, d’un statut particulier.

Ce qui se joue c’est un rapport de force fondamental entre celles et ceux qui créent la richesse et celles et ceux qui en profitent impunément et inégalitairement.

Ce qui se joue c’est un ordonnancement social, une manière d’être socialement, de reconnaissance… bref de dignité.

Capituler c’est trahir celles et ceux qui se sont aussi battu pour nous.

Capituler c’est laisser un monde socialement et politiquement en ruine à nos successeurs.

Patrick MIGNARD

17 novembre 2007

Voir aussi :
« ACQUIS SOCIAUX : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS »
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »
« NÉGOCIER, MAIS NÉGOCIER QUOI ? »

 

 

DES "ACQUIS SOCIAUX" AUX... "PRIVILEGES"
Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

CHRONIQUE D’UNE CAPITULATION ANNONCEE

Ce texte va me valoir les foudres à la fois des « bien pensants de Gauche » et des « honnêtes et dévoués militants »... et ce d’autant plus que nombreuses et nombreux savent, sans se l’avouer, que j’ai raison. Peu m’importe... Je prétend ne partager ni leur aveuglement et ni leur naïveté, ni leur déni devant l’évidence.

Il y en a aujourd’hui assez de continuer à « croire que… », « à faire croire que… » sous prétexte de « ne pas désespérer », « garder l’espoir »,… et autres expressions tirées du bréviaire religieux.

La situation est catastrophique, apparemment sans issue, et il faut le dire haut et fort. Se taire est politiquement et socialement irresponsable.

Essayons de raisonner lucidement et sans a priori simplement à partir des faits, mais aussi de la connaissance que l’on peut avoir des attitudes, objectifs et intentions des uns et des autres.

LES FAITS

Une offensive sans précédent, inaugurée par la Gauche dès le milieu des années 80, contre tous les acquis sociaux : service public, protection sociale, retraites, tout y passe…pour nous soumettre à la loi du marché.

Lentement et consciencieusement, tous les gouvernements gestionnaires ont donné un coup de masse pour cette entreprise de démolition.

Toutes les luttes menées depuis plus de dix ans, si elles ont parfois freiné momentanément le processus ne l’ont jamais stoppé. Les victoires proclamées n’étaient en fait que des défaites ajournées. Le stade ultime est entrain d’être atteint…On liquide les derniers acquis.

Restaient à mater les gros bataillons de ce qui, à une époque, a constitué le fer de lance de la « classe ouvrière » et farouchement défenseurs des « acquis sociaux ».

Appuyée par une campagne de dénigrement médiatique unique en son genre, le pouvoir, secondé en cela par une « opposition de gauche » débile et un peu/beaucoup complice… a tout fait pour briser le moral des grévistes ainsi que pour dresser contre eux une opinion gavée de stupidités télévisées et de paroles d’ « experts » et écrivassiers aux ordres.

Les organisations syndicales dans leur crasse bureaucratique et conservatrice, sont incapables d’innover en matière de lutte et de contact avec les usagers…. Et se refusent à toute convergence de luttes.

Le double discours syndical « résister mais négocier » est parfaitement entré en phase avec le double discours du pouvoir « négocier mais ne rien lâcher » après un temps d’adaptation afin de permettre d’entretenir les illusions de la bases et de préparer la capitulation.

Conclusion : on va négocier, le gouvernement ne lâchera rien, mais les syndicats pourront dire qu’ils ont résisté. Dérisoire et affligeant !

QUE VA-T-IL SE PASSER ?

Je ne prend pas trop de risque en prédisant – le schéma est hélas terriblement classique.

Les premiers actes ont déjà été joués.

Un syndicat a été acheté par des promesses, brisant l’unité d’action.

Un deuxième syndicat lâche prise cédant aux pressions officielles,… rien de surprenant, c’est sa pratique habituelle.

Quant aux autres grands syndicats ils ne demandent qu’à lâcher prise, seule la base est déterminée coincée entre des directions syndicales qui monopolisent le conflit dans sa phase critique et un pouvoir intransigeant prêt à tout.

Le gouvernement actuel joue sa crédibilité… il ne reculera pas. Il est absolument déterminé à faire sauter les derniers verrous de la résistance des bataillons les plus déterminés des salariés. Ca les organisations syndicales le savent depuis le début, ne le disent pas et ont adapté leur stratégie de « lâchage » de la grève en fonction de cette donnée.

Tout le monde attend la grande messe protestataire de mardi 20 novembre avec grands défilés et grandes déclarations… et les syndicats vont conclure la partie en disant à quelques nuances près : on a montré notre force, il faut négocier. Celles et ceux qui voudront continuer la lutte, avec le syndicat le plus combatif, seront traités d’irresponsables et abandonnés à la répression patronale et policière.

J’exagère ? On va bien voir…

LA SUITE…

Rien, bien évidemment, ne sera réglé !... On sera descendu d’un cran de plus dans la capitulation, la soumission.

Le désespoir guette des millions de personnes, de salariés qui vont se retrouver grugés, marginalisés, toujours plus instrumentalisées,… et qui vont culpabiliser, à juste titre, d’avoir capitulé, cédé et de laisser à leurs enfants une société encore plus inégalitaire et difficile à vivre.

De cela, le Capital et ses gestionnaires n’en ont que faire.

Ils vont acheter les plus contestataires, les plus corruptibles… ils ont commencé ;

Ils vont s’efforcer de réduire au silence et à la servilité la masse amorphe grâce aux médias – leurs jeux, leurs séries, leurs émissions « politico-people », les commémorations bidons, les coupes du mondes, le Tour de France, et les mariages princiers……

Ils appâterons le « bon peuple » (ils le font déjà) avec des promesses électorales, et veilleront à ce qu’il remplisse bien les urnes… peu leur importe le résultat, ils sont dans tous les cas gagnant ;

Ils réprimeront et réduiront « démocratiquement » au silence celles et ceux qui appelleront à la révolte.

Le Capital pourra régner ainsi sur une masse « démocratiquement » taillable et corvéable à merci

Ne nous faisons aucune illusion… tout ce petit monde politique et syndical va crier, comme d’habitude, victoire. Chacun va tirer la couverture à soi, qui pour les municipales, qui pour regonfler le syndicat.

Les politiciens incapables et les syndicalistes « responsables » vont nous montrer la voie… toujours la même : « vigilance » (on se demande pourquoi faire) et élections (même question).

Et la vie va reprendre… les acquis en moins, l’insécurité en plus.

Soumission et explosions sont au bout de ce processus. La soumission deviendra insupportable et l’explosion entraînera la répression car l’Etat est armé, a ses chiens de garde, et n’hésitera pas à les utiliser… ce qu’il fait déjà d’ailleurs.

QUE FAIRE

L’Histoire nous montre que l’affrontement direct n’aboutit pas et ce pour deux raisons :

  l’Etat a, et aura toujours, des moyens de répression sans commune mesure avec les notres,
  en l’absence d’alternative concrète le futur nouveau, différent, est incertain et improbable.

Il ne sert à rien de trépigner frénétiquement et d’en appeler à une hypothétique « grève générale » qui non seulement ne se produira pas, mais même ne saurait aboutir à un changement…. Après la « grève générale » on fait quoi ?

Ceci veut dire que toute la stratégie politique est à revoir de fond en comble. Tous les vieux schémas, modèles, violents ou pacifiques, légaux et illégaux, sont obsolètes. Le discours politique actuel est nul et non avenu.

La bouffonnerie politico-exhibitionniste qui consiste à créer de « nouveaux partis révolutionnaires » ne va qu’affaiblir le mouvement et retarder les échéances.

Un système ne s’effondre que quand il pourri, quand il n’a plus de sens aux yeux de la plus grande partie du peuple. Mais le changement ne peut se faire que s’il y a aussi des relations sociales nouvelles, alternatives qui prennent le relais et dans lesquelles se forge le monde nouveau auquel on aspire.

La sortie du conflit va être difficile, dure, porteuse de lourdes déceptions que vont essayer de canaliser les politiciens de tous poils.

Retomber dans leurs pièges, croire en leurs sirènes, c’est capituler définitivement. Méfions nous, il y va de notre avenir et de celui de nos successeurs.

Patrick MIGNARD
Toulouse le 17 novembre 2007

Voir aussi :
« LUTTE SOCIALE ET REPRESSION »
« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »
« LE 3e AGE DU SYNDICALISME »

 


 

 

CHRONIQUE D'UNE CAPITULATION ANNONCEE
Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LA CONSCIENCE ET LA FOI

Les élections approchent les ambitions s’expriment, les appétits s’aiguisent et les belles résolutions se fondent dans le magma informe des pratiques, peu ragoûtantes, de l’électoralisme.

Savoir qui est le plus « unitaire », avec qui « on va pouvoir composer une liste », discuter, celles et ceux que l’on va pouvoir « soutenir »… Rien que du « fondamental » aux yeux de celles et ceux qui veulent construire un « monde nouveau ».

LA LENTE DÉCADENCE DES « COLLECTIFS UNITAIRES »

Pour s’en rendre compte il suffit de lire les interventions et les déclarations sur les sites et sur les forums…et le résultat de tout ce déploiement, stérile, d’énergie.

Aujourd’hui tous les regards, toutes les volontés, toute l’énergie militante sont tournés vers un seul et unique objectif,… participer aux prochaines élections. Ils ne parlent plus que de ça, ne pensent plus qu’à ça !

Celles et ceux qui se sont proclamés leader de ce/ces mouvement/s n’en finissent pas de magouiller et d’expliquer doctement que la stratégie qui est la leur et qui a fait faillite est évidemment la meilleure… des noms ?...

Que la plupart des militants et non militants, anti libéraux et altermondialistes qui peuplent et animent ces collectifs soient politiquement honnêtes, c’est-à-dire agissent en toute bonne foi, sans arrières pensées bureaucratiques, c’est certain…. C’est d’ailleurs ça qui fait le pathétique de la situation… il n’ont pas le moindre doute sur le sérieux et l’efficacité de leur action… alors qu’irrémédiablement ils vont, une fois de plus, « se faire avoir »… Et si encore ce n’était que la première fois, mais c’est chaque fois la même chose..

Ainsi, ce qui pourrait représenter l’un des niveaux le plus conscient et le plus déterminé pour « changer la société », se fourvoie systématiquement dans des impasses, tombe naïvement dans les pièges grossiers que tend le système dominant pour égarer les critiques et stériliser toute velléité de changement.

Le vrai problème c’est que ces militants ne se rendent pas compte que leur attitude est essentiellement et purement défensive. La virulence critique de leur discours leur donne l’illusion de la radicalité dans l’action.

Nous en sommes aujourd’hui à un tel point de soumission aux règles soit disantes « démocratiques », et à une perte de réalité de ce qu’est concrètement l’action politique, que l’on confond le discours et la pratique.

L’ENTONNOIR POLITIQUE

Le débat politique aujourd’hui, si l’on peut appeler cela un débat, c’est comme un liquide que l’on a agité et que l’on fini par verser dans un entonnoir… un tourbillon se forme, emportant tout… et fini par passer par le trou. Une fois dans la bouteille, il n’y a plus qu’à mettre un bouchon, l’étiquette, la date et le tour est joué…

Une fois dans l’entonnoir, il n’y a plus rien à faire, les bords sont glissants, aucune prise possible, on est irrémédiablement entraîné et le résultat est sans surprise, il est même prévu à l’avance.

Que les organisations politiques traditionnelles foncent têtes baissées dans cette fiction politique, on peut le comprendre, elles défendent avant tout leurs intérêts d’organisation et se sentent parfaitement à l’aise dans ce type d’ « opposition »,… l’entonnoir fait partie de leur univers. Mais, que des structures essentiellement militantes, sans à priori organisationnel, sombrent dans la même pratique… voilà qui est affligeant.

Le tourbillon des prochaines élections est entrain d’emporter le débat politique, de le réduire à de misérables spéculations qui se règleront au niveau des états majors des organisations politiques et de préférence… à Paris.

Oh bien sûr, on va faire miroiter au militant de base, bien fidèle et bien disposé, son pouvoir, son autonomie, sa libre détermination,… et autres fadaises. Mais, pris dans la dynamique électorale, à l’exclusion de toute autre, il va se retrouver, comme chaque fois, à faire des « choix » qui n’aboutiront à rien… sinon à une nouvelle frustration… à partir de laquelle il espèrera, parce qu’il ne faut jamais désespérer, que la « prochaine fois sera la bonne ».

Comme pour la préparation de l’ « arbre de Noël » , le système nous fait exposer bougies, boules et autres « flon flon », puis nous les fait ranger jusqu’à l’année suivante. Les mêmes artifices que nous ressortirons pour nous saouler d’images, d’espoir, nous donner l’impression du rêve et de… l’existence du Père Noël.

Ainsi, d’élections en élections, de générations en générations, on joue, en toute bonne fois le jeu d’un système qui nous a emprisonné dans une logique que l’on n’a même plus l’idée de remettre en question et qui constitue l’univers féerique du militant.

OU EST L’ERREUR ?

Il y a au moins deux erreurs.

La première erreur consiste à ne pas voir (je vais être dur, militant-e-s sensibles s’abstenir) !) que la majorité des citoyens se foutent totalement des discussions qui animent les organisations d’extrême gauche et les collectifs anti libéraux et mondialistes.

Vous avez bien lu : je dis bien qu’ « ils s’en foutent ». Pas qu’ils le fassent savoir bruyamment en agressant,… bien au contraire, ils s’en foutent tellement qu’ils n’en parlent même pas et que, quand il faut voter, l’écrasante majorité vote pour les candidats que vous savez… Ne me racontez pas à ce propos la « fable du NON » qui a « mélangé » l’extrême gauche et l’extrême droite et qui va être déboulonné dans un silence assourdissant ! …

Ceci, devrait mettre la « puce à l’oreille » des altermondialistes, non pas sur le fond de leurs analyses… que je partage, mais sur la stratégie à mettre en place.

D’où la deuxième erreur. Tout ces militant-e-s en quête d’un « monde nouveau », ne voient ce monde qu’en pensée, en images, dans leur imagination assurément fertile… Ils en parlent abondamment, le décrivent et… finissent par croire qu’à force d’en parler, il va se matérialiser.

Il y a une coupure entre le monde imaginé et les conditions de sa réalisation. Cette dernière ils la voient de manière magique que l’on peut résumer par :

  convaincre le plus grand nombre,…
  le faire voter (ce plus grand nombre) pour le porteur de ce projet,…
  une fois élu mettre en place le projet.

Comme les choses seraient simples si elles fonctionnaient comme cela ! ! !

Mais ça ne marche pas comme cela, ça n’a jamais marché comme cela. L’Histoire ne fonctionne pas suivant ce schéma simpliste. Toutes les expériences violentes ou pacifiques au 20e siècle qui ont « tenté l’expérience », ont toutes fini dans le drame et le chaos, toutes ont fait faillite.

L’agitation fébrile qui agite les milieux alternatifs, altermondialistes, « révolutionnaires » est non seulement naïve mais est l’expression concrète d’une impuissance politique fondée sur une faillite de la pensée stratégique.

Ce qui est extraordinaire et ahurissant c’est la cécité, la farouche et inconsciente attitude actuelle qui, quoique conduisant systématiquement à l’échec, est maintenue, reproduite, conseillée et théorisée. Ce n’est plus de la conscience, mais de la foi.

Patrick MIGNARD                                        11 novembre 2007

Voir aussi :
« ETRE OU NE PAS ETRE EN POLITIQUE »
« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »
« MISERE DE LA CONDITION MILITANTE »

 

Publié par PM sur
Publié dans : #matiere a reflexion

LE MYTHE DE L’« UNION »

Il est des mots, dans l’action politique au sujet desquels on ne réfléchit plus. Leur contenu est censé avoir un sens en soit. Il font l’objet d’un véritable culte, un fétichisme et se réinterroger à leur propos est de la dernière incongruité voire une hérésie. L’union ou l’unité font partie de ces mots obligatoire pour tout militant et inévitable dans la vulgate militante.

Cette religion de l’union est basée sur un principe apparemment indiscutable : « l’union fait la force ». C’est un axiome qui, comme tout axiome, ne se discute pas… il est. Ainsi soit-il

GRANDEUR ET SERVITUDE DES CERTITUDES

L’union, la cohésion, l’unité d’individus dispersés face à un danger commun est évidemment la tactique la plus élémentaire à adopter… les hommes préhistoriques sont probablement les premiers à l’avoir expérimenté, et pas seulement les êtres humains. Cette évidence qui semble être commune à tous les êtres vivants prend une dimension différente dans le cas de l’espèce humaine, pour une raison simple, les hommes n’agissent pas que par instinct.

Ainsi, le regroupement, l’union se construit en fonction des intérêts particuliers de ceux qui s’unissent et constitue également une construction stratégique et tactique, en fonction d’un but à atteindre.

C’est là, pour les humains, que les choses se compliquent.

Contrairement aux animaux qui ont des structures collectives relativement simples et essentiellement animées par l’instinct, chez les êtres humains la structure sociale et politique est fondée sur la conscience et les valeurs éthiques… ce qui situe la démarche d’union dans une logique complexe alliant à la fois négociations sur les intérêts, sur les moyens et sur les objectifs…. Le tout se compliquant lorsque l’on sait que les situations sont continuellement changeantes… ce qui explique que seuls les êtres humains ont une Histoire.

L’union n’est pas une simple principe, ou plutôt un principe simple.

En matière de fonctionnement social et politique, rien n’est jamais complètement certain

L’UNION VICTIME DE LA LOGIQUE D’ORGANISATION

Qu’est ce que la logique d’organisation ? c’est le fait de soumettre son action et son engagement aux intérêts de l’organisation à laquelle on appartient, et exclusivement à eux. Le choix de l’action ne se fait plus en fonction de faits objectifs, et objectivement analysés, mais subjectifs, ceux qui conviennent à l’organisation, à ses principes, à ses valeurs, voire à ses croyances et certitudes souvent trouvés dans des vieux textes. On comprendra que l’altérité est dans ce cas curieusement traitée quand on parlera d’objectif commun.

Ainsi, l’union apparaît comme un simple prétexte aux allures d’évidence et de bonne foi (foi étant le terme adéquat)… En fait nombre de celles et ceux qui se réclament de l’union militent activement, et avec la plus parfaite bonne foi, du moins le croient-ils sincèrement, pour le compte de leur propre organisation. En effet, quand on appartient une organisation qui « détient la vérité », ou tout au moins la « ligne politique juste », la stratégie la plus efficace, on est bien sûr prêt à partager tout cela à condition que les autres y adhèrent…

J’exagère ? Mais c’est exactement ce qui c’est passé dans les réunions tragi-comiques des collectifs unitaires le premier semestre 2007.

Tout le monde est unitaire, mais pour chacun, c’est l’autre qui ne l’est pas… conclusion, personne ne l’est …et on se déchire au nom de… l’unité…

Ca ne vous rappelle rien ça ? Revoyez la logique des « guerres de religions » où chacun détient le vrai Dieu, la vraie foi et où l’on s’étripe au nom de Dieu et de l’amour et la sauvegarde de l’« âme de son prochain » ( ?).

Qui peut trancher dans cette affaire ? Evidemment personne… Personne ne détenant la vérité, surtout pas surtout celles et ceux qui participent à ce pugilat.. Seule la pratique, la vraie, celle qui consiste à construire et vivre de nouveaux rapports sociaux, peut faire l’objet d’un débat, peut-être d’une certaine manière l’arbitre de prises de position à partir d’actions, peut arbitrer des divergences, en tout cas donne un sens aux prises de position la concernant et aux divergences s’exprimant.

La pratique est à la fois l’objet de la réflexion, ce qui constitue la praxis, et donne tout son sens à la théorie qui s’exprime à son sujet.

Mais là non plus il n’y pas de vérité toute faite, on peut être en accord ou en désaccord sur la pratique… La divergence a cependant, un sens concret. L’union exprime alors la volonté de continuer ensemble ou d’infléchir la pratique dans laquelle on est engagé. Le débat n’est plus stérile, il est, à priori constructif, il a du sens…

Tout ceci repose évidemment la question de l’organisation. Doit-elle précéder l’action ou le contraire ? Vaste et essentielle question que l’on ne se pose hélas plus. Pourtant, les dérives sectaires actuelles devraient nous alerter. Les pensées « fermées », celles qui bouclent sur « elles mêmes » sont légion dans le mouvement à prétention alternative. Les organisations totalement « fermée » ne posent pas problème… elles vivent leur vie d’ermite, il en va tout autrement pour les autres qui ont l’ambition d’être absolument indispensables… c’est autour de ces dernières que tournent les conflits.

L’UNION PLUS FREIN QU’ACCELERATEUR

Brandie comme un Saint Sacrement, voire comme le Saint Graal, par la plupart des organisations, elle serait l’élément fondamental de la Victoire… Mais de quelle Victoire ?

L’union est généralement affaire d’appareils et de bureaucrates… les militants, et le « peuple » sont priés de suivre. L’union est ainsi affaire de spécialistes qui débattent en vase clos de ce qu’ils jugent de fondamental et d’essentiel.

Mais sur quoi et de quoi discutent-ils ? Allons, un petit effort ! Réfléchissez ?

Ca y est vous y êtes,… de candidature aux élections !

Dans la bouche des organisations politiques, l’union n’a pas d’autre sens que de s’entendre lors d’un scrutin, de se mettre d’accord sur un/e candidat/e , sur un éventuel désistement, sur un regroupement de députés, de sénateurs, de ministres, de différences tendances, représentants différents partis,…

L’union est ainsi réduite à son expression la plus vulgaire, la plus inessentielle, celle d’être l’instrument du système électoral, système qui n’est fondé sur aucune pratique sociale et n’a de sens, l’Histoire nous le montre, qu’au travers des aménagements superficiels compatibles avec le système marchand.

L’union dont nous parlent les organisations politiques n’a fondamentalement aucun intérêt. C’est un appât agité par des bureaucrates pour nous faire marcher, au nom d’une soit disante « union fait la force », mais pour nous réduire en fait à des instrument de leurs manipulations, intérêts et prétentions politiques.

Patrick MIGNARD

6 novembre 2007

Voir aussi :
LES « MACHINES À PERDRE »
LA « FAUSSE DEMOCRATIE » DES PARTIS POLITIQUES

 

 

Pourquoi ce site ?

fedetlib.overblog.com

Rédigé par PM

Pourquoi ce site ?

Articles récents

Archives

Hébergé par Overblog