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Publié dans : #matiere a reflexion

LES CRABES ET LES HOMARDS

C’est l’histoire d’une bande de crabes qui, pour redorer leur blason terni, ont réussi à embrigader dans leurs manœuvres, deux homards…. consentants.

Il était une fois,… une population de crabes qui, lors de son apparition sur la plage, avait suscité bien des espoirs. Ils avaient pour objectif, plus que louable, de nettoyer la plage et les rochers environnants des déchets qui les défiguraient et qui faisaient craindre pour l’équilibre écologique du milieu.

Pourtant, au fil du temps, la belle unanimité qui les liait, et qui les faisait paraître sympathiques, s’est effilochée… Apparurent des crabes verts, rouges, roses, bariolés,… il y en a même un roux… Ce n’est pas la couleur qui faisait problème mais leur manière de vivre, de fonctionner, d’envisager la manière de nettoyer la plage… Et le panier qui les abritait bruissait de leurs conflits, de leurs disputes, de leurs querelles picrocholines, de leurs divergences.

Certains d’entre eux, attirés par des festins plus substantiels, s’allièrent à des créatures peu recommandables qui, même si verbalement elles donnaient le change, se foutaient pas mal de la propreté de la plage. Et… ce qui devait arriver, arriva : la scission… l’éclatement du groupe.

Certains disparurent, mais un groupe resta accroché sur ses positions, redoublant d’activité en vue de s’approprier les meilleures places – et même parfois plusieurs – sur la plage et dans les rochers. Les bons vieux principes du début furent jetés et emportés par la marée descendante.

Entre temps, la propreté de la plage et des rochers alentour, quoique toujours aussi souillés, était devenue une mode très prisée… tout le monde parlait nettoyage au point que celui-ci était tellement devenu un lieu commun, mis à toutes les sauces, qu’il ne voulait plus rien dire,… en fait on en parlait de plus en plus et on nettoyait de moins en moins… et l’on continue aujourd’hui.

La bonne chère et les banalités des discours firent que l’objectif initial était abandonné et que la course aux bonnes occasions alimentaires devint la priorité… Trouver une place de choix pour se faire une place au soleil, trouver un fromage pas trop avarié, une charogne bien en décomposition…. Voilà ce qui occupa, et occupe, la bande.

L’abandon des bonnes résolutions du début, et les conflits incessants d’intérêts, n’allaient pas dans le sens d’une nouvelle crédibilité, et menaçaient les positions acquises. La bande des crabes se mit à ressembler – et même parfois en pire - de plus en plus aux autres créatures qu’ils avaient pris au début comme contre exemple.

Les parades aquatiques et autres concerts de claquements de pinces n’arrivaient pas à redonner un minimum de sérieux à la troupe. Il fallait trouver autre chose de plus substantiel, et rapidement,… les élections approchant.

Les « maîtres-crabes » – celles et ceux qui avaient pris les meilleurs places, et qui entendent les garder – trouvèrent une solution classique et infaillible : redorer l’image du groupe.

Il y a sur cette plage,… et dans les rochers environnants, deux homards qui font, chacun dans leur domaine, grand bruit et grande agitation.

Le premier est un animal d’une belle prestance, soucieux de son look, entourés de myriades de langoustines et adorés des vieilles morues soucieuses de se trouver un gendre qui présente bien. Il fréquente, de préférence les fonds marins dans lesquels circulent les plongeurs caméra aux poings… La fréquentation des grands aquariums médiatiques, et à la mode, fait, aussi partie de ses activités,… de même que la compagnie des requins et autres méduses… il y a toujours à manger auprès d’eux. Super branché sur les problèmes de propreté - surtout devant les caméras – et en recherche permanente de notoriété, une bonne place au soleil, et là où est la bonne chère, ne serait pas pour lui déplaire.

L’autre homard est totalement différent… Look rustique, quoique moderne, il mène grande activité dans les environs, cisaillant avec ses pinces, à juste titre, avec d’autres et avec force, les algues transgéniques en faisant le plus de tapage possible. Omniprésent, à la répartie redoutable, d’un courage physique qui n’a d’égal que son génie dans la maîtrise médiatique du spectacle qu’il produit, il est tout disponible pour de nouvelles aventures…. Surtout qu’il court en permanence le risque de finir dans un casier – cette menace est un plus médiatique pour ses admirateurs,… et peut-être électeurs.

Ces deux homards sont mûrs pour démultiplier leur présence et apporter leur image longuement travaillée. Séducteurs en diable ils sont de vraies bêtes médiatiques…

Exactement ce dont ont besoin les crabes.

Ainsi, en plein cœur de l’été, sur la plage ensoleillée un pacte, pas encore tout à fait conclu, a été passé. Les anciens, les vermoulus, les crabes vont avoir l’appui, la caution d’une valeur médiatique inestimable de ces deux homards. Ceux-ci entraînant leur cour : langoustines et morue pour l’un, crevettes et bernards l’hermite (toujours à la recherche d’un logement) pour l’autre. Notoriété et foi feront le reste.

Ainsi, le panier de crabes va « prendre des couleurs » et va accroître ses chances… au moins le temps d’une élection – ce qui est l’essentiel - afin que les « maîtres crabes » et les deux homards soient élus.

De contenu, point,… seulement de l’image, du spectacle, de la notoriété, du médiatique, de l’affectif… bref du vent (marin).

Le consommateur toujours naïf n’y verra que du feu…. Car c’est bien connu,… il n’est intéressé que par les couleurs de l’emballage, pas par la qualité de la chair qu’il mange, ni par la fraîcheur du produit.

Patrick MIGNARD
 30 septembre 2008

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LA SANTE MALADE DE LA MARCHANDISE

Le rapport de confiance entre médecin est patient est essentiel, aussi bien pour le travail du médecin dans son rapport avec le patient que pour ce dernier pour la sauvegarde de sa santé.
Avec la marchandisation, qui se généralise, de la médecine ce rapport, apparemment évident est radicalement remis en question.

DOUBLE CASQUETTE

Imaginons un patient souffrant d’une affection et qui doit subir une intervention chirurgicale dans une clinique privée ce qui est de plus en plus courant. Cette intervention est préparée par une consultation au cours de laquelle sont examinés les différents paramètres à prendre en considération pour son bon déroulement.

A priori, les examens, pré et post opératoires à effectuer sont tous motivés par des raisons médicales.

Mais imaginons le cas, de plus en plus fréquent aujourd’hui, où le praticien est simple salarié et/ou actionnaire dans le capital de cette clinique privée.

Question essentielle : sa motivation dans l’exercice de son métier est-elle purement médicale ? Tous les médecins, dans ce cas, répondront évidemment par l’affirmative et seront même scandalisés que l’on puisse poser cette question.

Pourtant qu’en est-il de la réalité ? Posons la question autrement :

Une clinique privée, avec des capitaux privés, appartenant à des groupes financiers privés, n’a-t-elle pour seule motivation de son fonctionnement que des raisons strictement et exclusivement médicales ?

Répondre positivement c’est faire preuve d’un cynisme peu ordinaire ou bien alors ne rien comprendre au fonctionnement d’une entreprise privée… Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une entreprise privée. Or, une entreprise privée, fondée sur des capitaux dont des actionnaires attendent des dividendes substantiels, en situation de concurrence avec d’autres établissements, a des préoccupations (gestionnaires et financières) infiniment plus importantes que l’éthique,… médicale fut-elle ! Il y va en effet de la survie de l’établissement.

Dans le cas d’une clinique privée, la situation est compliquée, ou plutôt simplifiée, par l’intervention des mutuelles et de la Sécurité sociale.

Est-il donc scandaleux de supposer, de faire l’hypothèse, que la motivation de l’acte médical n’est plus, dans ce cas, uniquement d’ordre médical ?

Aux yeux du caractère formel de ce qu’est l’éthique médicale, oui, mais aux yeux de ce qu’est la réalité économique dans laquelle elle s’exerce,… certainement pas.

Dans cette situation, tout praticien a évidemment une double casquette : médecin et garant de la situation financière de la structure dont il est actionnaire ou salarié.

ÉTHIQUE MÉDICALE ET RAPPORT MARCHAND

On peut dire que le rapport marchand, ici comme dans tous les autres secteurs, détruit le rapport de confiance

Des abus dramatiques ont déjà eu lieu et les gestionnaires du système n’ont su, en guise d’explication, qu’accuser des « actes individuels en contradiction avec l’éthique médicale ». Certes, en médecine, comme dans tous les secteurs de l’activité économique, on peut trouver des personnages peu ragoûtants, plus intéressés par l’argent que par la santé de leurs patients. Mais, n’en rester qu’à ces cas individuels est aujourd’hui largement insuffisant pour expliquer la tendance générale du secteur.

Les structures médicales et hospitalières qui se mettent en place, leurs principes, économiques, de fonctionnement ne peuvent que produire et généraliser ce type de pratique. Au nom d’une soit disante, et fausse, efficacité médicale, en fait purement financière, on ouvre dans un secteur sensible, la « boîte de Pandore » de la rentabilité financière.

Il y a fort à parier que la dégradation que l’on peut constater aujourd’hui entre les patients et les praticiens, comme par exemple le recours quasi généralisé à la juridiciarisation des contentieux dans les actes n’est qu’un premier symptôme de cette dérive marchande. En effet ce phénomène en progression exponentielle est l’expression de la destruction du rapport de confiance qui existait entre médecin et patient.

Le respect et la confiance sont remplacés par le rapport marchand. Le médecin et le chirurgien ne sont plus considérés comme des hommes de l’art, d’un art difficile, mais comme de simples prestataires de service : « je paye, je veux la marchandise ».

Les praticiens, du moins ce qui sont honnêtes dans leur rapport à leur métier et soucieux de leur éthique professionnelle, ont évidemment tout à perdre dans ce type de rapport qui s’instaure dans leur secteur d’activité. Ils y perdent la confiance de leurs patients et se font instrumentaliser par une logique financière sur laquelle ils n’ont que peu de prises.

Bien sûr, certains peu scrupuleux, vont « tirer les marrons du feu », mais le plus grand nombre, inéluctablement se paupérisera économiquement, socialement et éthiquement.

Toute cette démonstration pour en conclure quoi ?

Que le rapport marchand, de manière générale profondément inégalitaire et pervers dans ses conséquences, prend une dimension grave et dramatique dans certains secteurs très sensibles comme dans le cas de la santé, de la médecine, on porrait ajouter de la pharmacie. Rentabilisation à outrance des hôpitaux publics, leur démantèlement et l’explosion de la privatisation des structures préparent l’instauration généralisée de ce type de rapport.

La désinvolture et l’inconscience avec laquelle les citoyens acceptent ce démantèlement et cette privatisation du domaine sanitaire, médical et hospitalier augure très mal d’un avenir de la santé publique. Abus, gaspillages, traitements inégalitaires, rentabilisation des structures,… vont devenir, et sont déjà le « pain quotidien » de celles et ceux qui ont recours à ce secteur.

Patrick MIGNARD
22 Septembre 2008

Voir aussi :
« LE VRAI VISAGE DE LA CONCURRENCE MARCHANDE »
« LE FAUX HUMANISME DE LA MARCHANDISE »

 

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ALTERMONDIALISME : LE RENDEZ VOUS MANQUE

La fin du 20e siècle qui a vu la chute de l’empire soviétique et l’accentuation des contradictions du système marchand, caractérisé par un accroissement de la pauvreté, les inégalités à l’échelle mondiale et les effrayantes perspectives écologiques,… n’aura pas vu une « renaissance » politique à la fois nécessaire et urgente.

Ces évènements ont pourtant suscité un regain d’interrogations, d’analyses et une incontestable, authentique et impuissante, volonté de dépassement des impasses dans lesquelles se perdent les « mouvements progressistes ».

DIX ANNÉES D’ERREURS ET D’ERRANCE

Cette volonté s’est en effet heurtée à un manque manifeste de perspicacité politique dans les analyses et par voie de conséquence dans les stratégies.

Le mouvement altermondialiste a reproduit l’erreur qui verrouille depuis plus d’un siècle tout mouvement ayant la prétention de changer les rapports sociaux.

Cette erreur consiste à faire de l’analyse du système et de la stratégie de changement, deux champs séparés.

Incontestablement héritier d’une analyse qui faisait / fait de la classe ouvrière, le moteur essentiel du changement social, l’altermondialisme a slalomé opportunément et « opportunistement » entre les différentes analyses en donnant la primauté à de nouvelles questions et questionnement comme la mondialisation financière et l’écologie ; tout en laissant en friche ce qui pouvait constituer l’ébauche d’une stratégie.

Ce pusillanime théorique, qui avait pourtant embouché les trompettes du renouveau, n’a pas permis une percée théorique en vue d’une dynamique de changement mais au contraire a permis un investissement de ce « champ théorique » par les théories les plus éculées et de faillites des organisations politiques de la gauche et de l’extrême gauche en manque de sang neuf, tant sur le plan de la pensée que sur celui du militantisme.

Durant ces dix années, c’est donc plus à un chassé croisé de tactiques politiciennes, de tentatives de récupération, voire de stratégies médiatico-personnelles que nous avons assisté qu’à une véritable renaissance de la pensée politique alternative.

Mais revenons à l’essentiel.

SUR LA DIALECTIQUE ANALYSE /STRATÉGIE

On aurait pu imaginer que le mouvement altermondialiste allait « accoucher », enfin, d’une stratégie de changement politique et social, ou du moins en jeter les bases… Il n’en a rien été. Pourquoi ?

Analyse du système marchand et stratégie de changement sont demeurées dans des champs séparés.

L’analyse du système marchand, fondé sur des prémisses correctes et qui développe des champs d’analyse tout à fait intéressants – en particulier sur la financiarisation de l’économie – a une approche du processus de marchandisation, et une conception des implications sociales de ce processus qui ne va pas au-delà de la simple crainte et alarme, au demeurant parfaitement justifiées.

Ainsi, l’analyse stoppe au moment même ou elle prend/prendrait tout son sens.

En effet, l’utilité d’une analyse politique ne peut s’expliquer que par l’élaboration d’une stratégie politique, sinon il ne s’agit que de cogitations purement spéculatives. Or, jamais, à aucun moment, les différents courants de l’altermondialisme n’ont franchi le pas. Pourquoi ?

Il y a manifestement un interdit, implicite à toute démarche, dérisoire mais réel, interdit « non dit », mais bien ancré dans la conscience collective : le domaine de la stratégie politique appartient exclusivement aux partis politiques. Dés lors, et inévitablement, les analyses de l’altermondialisme ne pouvaient que tomber, et sont tombées, entre les mains avides des partis politiques qui les ont dénaturé en les accommodant à leur propre sauce.

Tout ce que la pensée altermondialiste a eu, et a d’intéressant s’est perdu, et se perd, dans les chemins tortueux et inféconds des stratégies politiciennes des organisations traditionnelles, voire des stratégies médiatico-personnelles…. Les deux pouvant d’ailleurs se combiner.

On peut donc dire que, et l’impasse dans laquelle se trouve le mouvement le confirme, paradoxalement, l’altermondialisme est mort en tant qu’alternative politique… ce qui est tout de même un paradoxe des plus curieux.

LES NOUVELLES VOIX/VOIES DE L’ALTERMONDIALISME

Ceci explique l’errance théorique actuelle des consciences individuelles et collectives, le désarroi intellectuel de nombreux groupes locaux informels qui « essayent de comprendre », « souhaiteraient y voir plus clair… »,…

La force de gravité des analyses classiques, plombée par la tyrannie idéologique, de fait, des organisations politiques et des médias, empêche toute évolution, toute libération de la pensée.

Ceci explique l’incapacité collective à produire une analyse débouchant sur une authentique et efficace praxis, colonne vertébrale d’une stratégie de changement.

C’est donc à une véritable et sérieuse révision de toute la pensée politique que doit se livrer ce mouvement et ce malgré son hétérogénéité et ses contradictions.

Faire de l’analyse du système en affinant certains concepts – comme la marchandise – et de la stratégie de changement, un champ unique, telle est la tache aujourd’hui qui s’impose à toutes celles et tous ceux qui souhaitent construire de nouveaux rapports sociaux.

Cette praxis, dont il vient d’être question, émerge cependant dans certains pays… Certes pas comme pratique collective globale, rarement même, quoique ça se produise, lors de luttes exemplaires. Mais, l’exacerbation des contradictions du système marchand, la dynamique implicite d’exclusion sur laquelle il se fonde, les craintes qu’il suscite par ses excès en matière de dégradation de l’environnement, de pertes de qualité de la vie, de peurs dans le domaine alimentaire,… invite/incite des groupes à prendre des initiatives originales qui se fondent sur les principes même défendus par celles et ceux qui veulent un monde nouveau.

Cette praxis, encore marginale, méprisée et incomprises par les organisations politiques traditionnelles ou tout au moins considérées par elles comme exotique, représente le seul véritable espoir pour l’avenir. Pourquoi ?

D’abord parce qu’elles émergent de la décomposition économique et éthique du système marchand. Or, dans l’Histoire, c’est généralement sur la décomposition, et par la décomposition d’un système qu’un autre système s’est fondé.

Ensuite parce qu’elles constituent la seule alternative concrète au système dominant qui ne cèdera jamais la place tant que les rapports sociaux sur lesquels il se fonde ne se décomposeront pas…. L’expérience des révolutions et autres « alternatives de gauche », partout et durant la fin du 19e et tout le 20e siècle, en sont la preuve tangible.

Sans aller jusqu’à dire que les voies de l’altermondialisme sont toutes tracées, on peut cependant affirmer que la décomposition du système marchand et les initiatives, certes encore limitées, prisent dans ce cadre, ouvrent des perspectives qu’il nous suffit de développer, d’encourager, d’y participer, de les fédérer et d’en faire un véritable mouvement de libération de renouvellement des relations sociales.

C’est à cette tâche que doit se consacrer le mouvement altermondialiste s’il veut être à la hauteur de ses prétentions.

Patrick MIGNARD

7 septembre 2008

 Voir aussi :
MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE
« QU’EST-CE QUE CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE (1) (2) (3) (4) »
« LES LIMITES DE L’ALTERMONDIALISATION »
« LES AMBIGUITÉS DE L’ANTI/MONDIALISATION »

 

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